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La haute montagne française Les Alpes Les Pyrénées La Corse Source Encyclopedia universalis version 10 ![]() Prise de vue Au cœur du continent européen, placées en travers des communications entre le monde méditerranéen et les régions basses du Nord et de l’Ouest, les Alpes font figure de montagnes par excellence. Aucun autre massif au monde n’a suscité tant d’intérêt, n’a été l’objet de tant d’amour, au point de devenir une référence incontestée. Le privilège de la position géographique s’associe à une configuration arquée et à un bâti dont l’aération du relief amoindrit l’impression d’obstacle et d’isolement issus du cloisonnement des différentes unités autant que des fortes altitudes. Traversées et occupées par l’homme de manière ininterrompue depuis les temps préhistoriques, les Alpes se singularisent au niveau de notre planète par l’intensité et le perfectionnement de l’organisation de leur espace. Montagnes jeunes aux dénivellations considérables, les plus peuplées à l’échelle mondiale, elles ont vécu au cours du XXe siècle des mutations essentielles qui, du recul de l’agriculture au tourisme conquérant, constituent à l’aube du troisième millénaire un futur prometteur. Partagées entre sept nations à la superficie, à la population, à l’histoire et à la culture très variées, ouvertes sur l’Europe dont elles représentent un espace central, les Alpes demeurent une terre de particularismes et amalgament une infinité de « pays » remarquablement individualisés les uns par rapport aux autres tout en étant intimement soudés par l’incomparable dénominateur commun de la nature montagnarde, astreignante, contraignante, irritante parfois, mais en définitive jamais invincible. ![]() Majestueux, isolés les uns des autres par des vallées comparables à des avenues, déserts seulement en apparence, auréolés de nuages ou inondés de soleil, les massifs alpins se dressent en plein milieu de l’Europe comme un symbole d’éternité. Étirées sur 1 200 km, les Alpes couvrent un espace qui s’étend de Vienne à la Ligurie. On est frappé par la netteté avec laquelle l’édifice toise sa périphérie. ![]() Trois composantes peuvent être dégagées pour mieux appréhender cette montagne hors du commun : – Les Grandes Alpes cristallines sont le domaine des hautes altitudes, des sommets élancés et vigoureux aux noms universellement prestigieux : mont Blanc, mont Rose. – Développées dans l’enveloppe sédimentaire à forte dominante calcaire, les Préalpes occupent une position géographique externe. L’épaisseur et la compacité des calcaires sont à l’origine des célèbres parois verticales qui se dressent au-dessus de la nappe vert foncé des forêts de conifères et se mirent dans les lacs aux teintes quasi surnaturelles. – Les roches tertiaires, détritiques ou à dominante schisteuse, constituent les Alpes internes. Élevées, en Vanoise notamment, ces montagnes ne sauraient posséder la vigueur et la majesté de leurs homologues cristallines ou calcaires. Une originalité incontestable réside dans la présence des grands sillons longitudinaux. Les Alpes françaises sont fières de leur Sillon alpin, qualifié à juste titre par Raoul Blanchard de « chemin de ronde », mais les autres pays ne sauraient être en reste. Globalement, la montagne alpine est humide et fraîche. Cependant, l’extension longitudinale et le découpage des divers ensembles du relief introduisent une bonne quantité de nuances. L’humidité élevée favorise une végétation abondante que la topographie permet de reconnaître selon la superposition bien connue des étages collinéen, montagnard, subalpin et alpin. Il n’a pas fallu attendre la fin du XXe siècle pour que soit reconnue la vocation européenne des Alpes. Dès la plus haute antiquité se multiplient les marques de l’occupation humaine, attestant que la montagne n’a jamais été perçue comme un obstacle infranchissable. L’Empire romain, première construction politique européenne unissant Gaule, Germanie et Italie, favorise le rôle de lien que les Alpes ne cesseront de remplir jusqu’à nos jours. L’agriculture a été de tout temps la base de la subsistance des montagnards. Dans ce cadre austère, le relief laisse la place à d’amples corridors, remblayés d’alluvions fertiles comparables à des plaines, d’autant plus que les altitudes sont basses. En hauteur, parfois jusqu’à plus de 2 000 m, c’est une civilisation agraire tout à fait spécifique qui s’est implantée. L’homme s’est toujours accommodé de la tyrannie de la pente, et il est parvenu à utiliser des ressources étagées : cultures associées à l’élevage, rythme complexe des migrations des hommes et des bêtes au fil des saisons. Au bas des adrets, sur les sols parfaitement égouttés s’étalent et s’étagent les vignobles. Cet aménagement de la montagne par une civilisation rurale se complète par l’utilisation d’autres ressources, le bois et l’eau par exemple. 1869 est une année capitale dans les Alpes. Venu deux années plus tôt en Grésivaudan pour installer une râperie, le Pyrénéen Aristide Bergès met en service à Lancey une turbine actionnée par une chute de 300 m, créant la houille blanche, dont il invente le nom. C’est le point de départ de la tradition industrielle des Alpes. L’expansion énergétique et manufacturière est indissociable de l’essor frénétique du tourisme. Sans que l’on puisse vraiment dater les débuts de cette activité (n’a-t-on pas écrit qu’Hibernatus, dont le corps remarquablement conservé par le glacier de Similaun, a été découvert en 1991 et daté par les spécialistes d’Innsbruck de cinq mille trois cents ans, était déjà un « touriste » !), on est forcé de constater que la dimension du phénomène a radicalement changé dès les années qui suivent la fin du second conflit mondial. La « révolution du ski », confortée par la généralisation en Europe des « vacances de neige », prend le relais de l’alpinisme, du climatisme ou du thermalisme, sans pour autant les supplanter. Ce grand tournant entraîne inévitablement des effets contradictoires : on évoque la déstructuration d’un équilibre ancestral, les toiles d’araignée des remontées mécaniques, l’ampleur des infrastructures de communication, sans parler des plaies ouvertes que créent les pistes de ski, hors saison, sur les versants. On ajoute la pollution que génèrent des usines insuffisamment modernisées. Mais en contrepartie, après des décennies d’exode, voire d’hémorragie démographique, la tendance s’inverse et les derniers dénombrements de population permettent d’afficher – certes pas partout – un certain optimisme. ![]() Fréquemment citées en référence, les Alpes possèdent une incontestable spécificité. Du point de vue naturel, on y rencontre tout ce qui se rattache de près ou de loin au concept de chaîne récente : volume montagneux, altitudes élevées, dénivellations prononcées dans un relief généralement contrasté ; vigueur de l’érosion héritée et actuelle symbolisée par une empreinte glaciaire très forte. L’ensemble favorise la pénétration, donc l’humanisation et la mise en valeur ; cependant, il faut également voir là un paramètre favorable à l’exode... S’ajoutent bien sûr les éléments climatiques, accentués par l’altitude et l’orographie : refroidissement au fur et à mesure que l’on s’élève, lié à une augmentation des coefficients de nivosité et de pluviosité, avalanches liées à l’enneigement copieux, torrentialité accrue et dévastatrice. L’originalité alpestre est en second lieu d’ordre humain et économique : les Alpes sont la région montagneuse la plus peuplée du monde et surtout la plus développée économiquement. Même si les passages transversaux ont été empruntés très tôt, et pendant des millénaires, ce fut le règne de l’autarcie, si bien matérialisé par la constitution de ces cellules intramontagnardes vivant presque totalement repliées sur elles-mêmes : paysans colonisateurs des hautes vallées, en particulier dans les Grisons, les Walser apportent l’illustration la plus achevée de l’économie autarcique ancestrale. L’élevage bovin s’ajoute à un fort sentiment individualiste pour expliquer une incroyable atomisation de l’habitat (plus de 50 écarts à Obersaxen, 45 à Gressoney). Deux révolutions affectent la chaîne en moins d’un siècle à partir de 1860 : celle de la houille blanche, de l’industrie et des transports modernes et celle du tourisme, le tout s’accompagnant d’une urbanisation galopante, au terme de laquelle les grandes villes sont présentes jusqu’au cœur de la montagne. Particularités encore dans le domaine du partage politique : sur sept pays alpins, quatre le sont à part entière ou dans une proportion très élevée (Liechtenstein, Autriche, Suisse et Slovénie). Deux autres (Italie et France) possèdent une grande majorité de leur territoire hors des Alpes, mais accordent à la montagne une importance considérable. Très peu alpine géographiquement (1,6 p. 100 de la superficie), l’Allemagne, enfin, l’est infiniment plus à titre sentimental. On en a la preuve par le rôle qu’ont pu jouer les montagnes bavaroises à diverses époques. Mais ce partage n’est rien par rapport à l’innombrable quantité de régions et de « pays », entités spatiales si clairement distinctes les unes des autres que chacune représente un monde en soi. La diversité semble régner partout, mais la mosaïque des pays, régions ou espaces ne saurait être synonyme de confusion. L’émiettement ne gomme nullement les éléments de synthèse, et de nombreux dénominateurs communs surgissent systématiquement. En premier lieu, les hommes, solides, ingénieux, entreprenants, qui ont su si brillamment répondre à un cadre physique bien souvent hostile. Ensuite, ce capital de beauté, universellement répandu, de la paroi nord de l’Eiger ![]() Cathédrales de la Terre, les Alpes en sont devenues un authentique et incomparable terrain de jeu. Avantagées par leur position centrale dans une Europe qui marche vers son unification, elles sont bien davantage qu’une sorte d’hinterland récréatif. Espace vaste et varié, elles demeurent une terre de labeur, une terre de grandeur. Ainsi, les Alpes nous apparaissent comme un patchwork, la terre, par excellence, des particularismes. Cela ne rend pas facile pour le géographe le problème du partage de l’espace et de la régionalisation. ![]() Les Alpes ne sont qu’une partie de l’arc alpidique qui, partant de Gibraltar, se poursuit, au-delà de Vienne, par les Carpates et la chaîne du Balkan, en bordure sud du continent européen. Cet arc alpidique n’est lui-même qu’une partie des chaînes méditerranéennes, qui relèvent également de l’orogenèse alpine, de même d’ailleurs que l’ensemble des chaînes téthysiennes, qui forment une vaste ceinture montagneuse allant des Antilles aux îles de la Sonde entre l’ensemble Amérique du Nord-Eurasie et l’ensemble Amérique du Sud-Afrique-Arabie-Inde-Australie. Bien que formant un arc montagneux continu de Nice à Vienne, les Alpes sont néanmoins constituées de deux secteurs totalement différents juxtaposés à la suite des mouvements tectoniques alpins ![]() Les Alpes viennent en contact avec d’autres édifices tectoniques ![]() – en avant, avec la Provence (et, de là, avec les Pyrénées), dont elles ne sont séparées que par les plans de Canjuers qu’entaillent les gorges du Verdon ![]() – en arrière, avec l’Apennin, chaîne symétrique qui leur tourne le dos de part et d’autre de Gênes, et avec les Dinarides, qui passent insensiblement au versant sud des Alpes orientales sur les confins italo-yougoslaves. ![]() Les Alpes occidentales sont, mutatis mutandis, le secteur à la fois le plus « simple » des Alpes et le plus caractéristique des chaînes alpines au sens large. On peut y distinguer des Alpes franco-italiennes, où, malgré la puissance des déformations, les différents éléments sont restés dans leur position paléogéographique relative, et des Alpes suisses, où la tectonique prend une ampleur beaucoup plus grande. ![]() La flore de la chaîne alpine est d’une grande richesse ; pour les seules Alpes françaises, on peut l’évaluer à environ 3 500 espèces, c’est-à-dire plus de 80 p. 100 de la flore française. La variété des essences forestières est remarquable : ainsi toutes les grandes espèces de conifères de l’Europe sont présentes dans la chaîne ou sur ses limites. Cette richesse s’explique à la fois par des causes actuelles (position des Alpes en un carrefour entre les régions médio-européenne, méditerranéenne, atlantique et pannonique) et par des causes anciennes (migrations dues à l’alternance des glaciations et des réchauffements) : le peuplement botanique de la chaîne s’est donc fait d’une manière complexe et souvent difficile à reconstituer. La flore alpine, et plus généralement la flore de haute montagne, présente des adaptations biologiques particulières : modification de la forme et du mode de croissance des plantes, tendance à un port ramassé ou en coussinet, importance de la multiplication végétative du fait que les graines mûrissent souvent mal. Certaines familles ont fourni un apport particulièrement important : Renonculacées, Saxifragacées, Gentianacées, Primulacées, Salicacées (avec notamment les curieux saules nains). La connaissance de la flore, c’est-à-dire de l’ensemble des espèces qui croissent dans une région, doit être complétée par celle de la végétation, c’est-à-dire de la manière dont ces espèces s’associent par affinités biologiques en constituant des ensembles appelés groupements végétaux. Dans les montagnes, où les forêts sont en général mieux conservées qu’ailleurs, les groupements les plus facilement reconnaissables et qui fournissent d’excellents repères biogéographiques sont les associations forestières. Les différents types de forêts matérialisent souvent, sur le terrain, l’existence d’étages de végétation dont la reconnaissance est la première étape de l’étude biogéographique. ![]() On peut distinguer les ensembles ou « cortèges floristiques » suivants : – un fond d’espèces appartenant à la flore générale de l’Europe, et notamment des espèces de plaines infiltrées dans les vallées ou les massifs périphériques ; – un fond d’espèces orophytes, appartenant à l’ensemble des massifs montagneux européens ou eurasiatiques ; – un groupe d’espèces d’origine boréale, dites souvent arctico-alpines parce que leur aire comprend d’une part les régions subarctiques et d’autre part les hautes chaînes tempérées. Ce sont des plantes dont l’aire s’étendait d’une manière continue, à la faveur des périodes glaciaires, jusqu’aux approches de la Méditerranée et qui, au cours de leur recul pendant le réchauffement ultérieur de l’Europe, se sont disjointes en se réfugiant d’un côté dans les régions nordiques et de l’autre dans les massifs élevés ; – une remontée méridionale, constituée d’éléments méditerranéens ou subméditerranéens qui se sont étendus vers le nord au cours de cette période plus chaude et qui sont localisés aujourd’hui sous forme de colonies dans des stations favorables (pentes abritées en expositions sud) jusqu’en Savoie ; certaines paraissent actuellement en voie de progression ; – des pénétrations atlantiques, qui sont toutefois peu importantes, la plupart des espèces atlantiques ne dépassant guère le Rhône vers l’est et quelque-unes seulement atteignant le bas Dauphiné ; – des pénétrations orientales, notables surtout dans le Briançonnais et les Alpes maritimes : Ostrya, astragales. À ce contingent, il faut rattacher le mélèze et le pin cembro, probablement immigrés à partir des chaînes asiatiques et qui, en Europe, sont limités aux Alpes et aux Carpates ; – enfin des espèces spéciales à la chaîne, dites endémiques, dont certaines sont localisées à un seul massif ou même à quelques stations : ainsi, dans les Alpes françaises, le Dauphiné méridional et les Alpes maritimes sont particulièrement riches en endémiques. ![]() Dans les Alpes se succèdent : – un étage collinéen (à faciès) subméditerranéen dans les Alpes du Sud, occupé par les chênes, le charme, le châtaignier et l’essentiel des cultures (jusqu’à 800 m en moyenne) ; – un étage montagnard (de 800 à 1 500 m environ) à hêtre et sapin, partiellement ou totalement remplacés par le pin sylvestre et l’épicéa dans les parties méridionales ou internes de la chaîne ; – un étage subalpin (de 1 500 à 2 200 m environ) à pin à crochets, mélèze, pin cembro et épicéa à sa base ; une grande partie est occupée par des abrisseaux (landes à myrtilles et à genévriers nains, rhododendrons, pelouses diverses) ; – un étage alpin, au-dessus de la cote 2 200 en moyenne, dans lequel l’altitude empêche la présence des arbres. La réalité est naturellement beaucoup plus nuancée. D’une part, les étages doivent être subdivisés en sous-étages ou en faciès dans lesquels le type forestier peut être différent suivant l’exposition, l’humidité, la nature du sol. D’autre part, l’étude de la végétation doit nécessairement tenir compte des groupements non forestiers : pelouses naturelles, landes, prairies artificielles, cultures, qui ne sont d’ailleurs pas distribués au hasard mais sont en relation ave l’association forestière dominante en chaque point. ![]() La composition floristique des groupements et leur étagement altitudinal varient suivant les grandes régions de la chaîne. Les domaines phytogéographiques correspondant aux Préalpes au climat plus doux (domaine centre-européen, domaine ouest-subméditerranéen, domaines padan et illyrique) et aux massifs internes (domaine intra-alpin) peuvent alors se découper en secteurs, particulièrement étudiés dans les Alpes occidentales ![]() |
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