FACTEURS RESPONSABLES DE LA DEPRESSION Depuis les 30 dernières années, l’intense activité de recherche a permis de mettre en évidence plusieurs facteurs impliqués dans la pathogénèse de la dépression et qui provoquent des altérations neurochimiques et neuroanatomiques. On peut classer ces facteurs en 3 groupes :
Les facteurs environnementaux : ce sont les facteurs externes, les événements de la vie d’un individu qui peuvent déclencher le syndrome. On compte parmi ces facteurs les événements traumatisants (la violence, la perte d’un être cher, un accident), l’abus de substances et le stress.
Dépression, stress et axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS):
De nombreuses études ont démontré que la dépression est accompagnée d’une vaste gamme de troubles neuroendocriniens qui se manifestent principalement en terme de modifications de la réponse sécrétrice de l’adénohypophyse aux facteurs de relâchement ou d’inhibition, ou bien dans le profil circadien des hormones . Les patients atteints de dépression majeure présentent des altérations dans les fonctions de l’axe HHS, particulièrement, de hauts niveaux de corticostéroïdes dans le liquide céphalo-rachidien. Il est intéressant de noter qu’un fort pourcentage des patients dépressifs (20-50%) sont définis comme des non-suppresseurs du dexaméthasone, un dérivé synthétique du cortisol. En effet, ils sont incapables de supprimer les concentrations plasmatiques de l’hormone de relâchement de l’adrénocorticotropine (ACTH) et des corticostéroides après l’administration d’une seule dose de dexaméthasone.
On observe aussi :
↑ épisodes de sécrétion de l’ACTH
↑cortisol et de l’hormone de relâchement de la corticotropine (CRH) dans le LCR
Un stress interprété par le cerveau active la production de CRH par l’hypothalamus. Le CRH provoque la production et le relâchement d’ACTH dans le système sanguin. Cette hormone active des récepteurs sur les glandes surrénales et ces dernières produisent les corticostéroïdes qui, par l’entremise des récepteurs GR, peuvent se lier sur le promoteur "Glucocorticoid Responsive Element" (GRE) présent dans certains gènes. L’activation de ce promoteur permet d’augmenter ou diminuer l’expression des gènes qui le possèdent.

Les facteurs biologiques : ce sont les changements biologiques présents lors du syndrome et que la communauté scientifique suppose être responsables de l’apparition du syndrome. Durant les 3 dernières décennies, 3 grandes hypothèses cherchant à expliquer la dépression ont fait leur apparition :
L’hypothèse monoaminergique : cette théorie dérive de l’observation que l’administration de la réserpine, une drogue utilisée contre l’hypertension et qui agit en réduisant les niveaux d’amines biogènes dans l’espace synaptique, induisait chez les patients une symptomatologie dépressive. Les chercheurs ont donc conclu que la dépression était provoquée par une déficience en 5-HT, NE et/ou DA. Cette théorie fut appuyée par la découverte que de nombreux antidépresseurs provoquent une augmentation à court terme des niveaux synaptiques des monoamines.
L’hypothèse des récepteurs des monoamines : cette théorie dérive de la nécessité d’une administration chronique de la majorité des antidépresseurs pour pouvoir observer des effets cliniques. Il a donc été supposé que la dépression pourrait être provoquée par une trop grande densité des récepteurs monoaminergiques, probablement causée par le manque de neurotransmetteurs, ce qui entraînerait une mauvaise propagation du signal de transduction. L'effet clinique observé après un traitement chronique aux antidépresseurs pourrait être la conséquence d’une diminution de l’expression de ces récepteurs. Par contre, les changements dans la densité des récepteurs apparaissent en un laps de temps qui est beaucoup moins long que le temps nécessaire pour voir apparaître les effets cliniques.
D’autres grands systèmes de neurotransmission sont impliqués de façon plus ou moins partielles dans la dépression: système cholinergique, GABA-ergique, R N-méthyl-D-aspartate (NMDA).
L’hypothèse monaminergique de l’expression génique : celle-ci met en cause la transduction du signal. Le système des seconds messagers et les facteurs de transcription (CREB) qui contrôlent l’expression des gènes (BDNF) pourraient être la cause de la déficience en monoamines dans la dépression. Cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable car elle apporte une explication sur la longue durée d’administration des antidépresseurs nécessaire pour observer des effets cliniques.

Les facteurs génétiques : une des caractéristiques de la dépression est qu’elle est un syndrome qui comporte une incidence familiale; ce qui porte à penser que certains gènes pourraient être responsables de l’apparition ou de la prédisposition au syndrome. Depuis quelques années, de nombreux chercheurs se sont penchés sur les phénomènes de polymorphismes et de mutations dans certaines populations pour tenter de trouver une origine génétique à la dépression. Quoique peu de données existent sur le sujet, certains polymorphismes retrouvés dans certains gènes ont été identifiés comme pouvant être corrélés à la dépression. On retrouve entre autre : le gène codant pour le récepteur 5-HT1B et 5-HT2C, le gène du transporteur de la 5-HT, le gène CREB1 codant pour la protéine CREB, le gène codant pour le récepteur cholinergique muscarinique 2 (CHRM2), le gène codant pour le promoteur de la monoamine oxydase A, le gène codant pour le récepteur dopaminergique D3.
RAPPELS SUR LA TRANSMISSION SYNAPTIQUE :
Synthèse des monoamines à partir de la tyrosine pour (NA, DA) et du tryptophane pour la (5HT)
-1-Ces amines sont ensuite libérés dans la fente synaptique (les vésicules synaptiques fusionnent avec la membrane cellulaire)
-2- ils peuvent soit être :
Recapturés au niveau présynaptique par des transporteurs spécifiques
Dégradés par les monoamines oxydases (MAO) [mitochondrie] ou par la catéchol-O-méthyl transférase (COMT) [intracellulaire]
-3- Fixés sur des récepteurs postsynaptiques, présynaptiques (autorécepteurs) donnant différentes effets :
LES ANTIDEPRESSEURS:
Les antidépresseurs sont des psychotropes appartenant au groupe des psychoanaleptiques selon la classification de Jean Delay et Pierre Deniker (1953). Il s’agit de médicaments améliorant l’humeur déprimée en agissant sur l’ensemble du syndrome dépressif. Certains antidépresseurs sont également utilisés pour combattre les troubles obsessionnels compulsifs, les douleurs rebelles, l'énurésie.
En fonction de leur mode d'action et de leurs effets indésirables, les antidépresseurs sont divisés en différentes familles: les Imipraminiques et apparentés , les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, les IMAO (sélectifs ou non sélectifs). Enfin, d'autres antidépresseurs n'appartiennent à aucune de ces familles, car ils possèdent des propriétés originales.
On distingue : Ce sont des psychotropes qui corrigent l’humeur dépressive, ce sont des stimulants psychiques mais qui ne sont pas euphorisants s’ils sont administrés a un sujet sain.
Les thymeretiques : Ce sont des stimulants de l’humeur euphorisants ( IMAO)
Les thymorégulateurs : les sels de lithium
LES DONNEES DU CENTRE ANTI-POISON D’ALGER :
La très grande utilisation des antidépresseurs (type imipramine) et leur grande diffusion en thérapeutique ambulatoire font que ces médicaments sont fréquemment absorbés à des fins suicidaires ou accidentellement.
Les donnés 2011 du centre anti poison d’Alger rapportent que les antidépresseurs représentent :
5,05% des intoxications médicamenteuses.
3.28% des intoxications totales.
Deux principales molécules sont incriminés : l’amitriptyline ( 63%) et la clomipramine (15%)
D’autres molécules sont retrouvés avec une fréquence moindre : :mirtazapine (Remeron®) et Escitalopram (Séruplex®), Paroxétine, Duloxétine , Trimipramine ,
Les antidépresseurs sont classés selon plusieurs critères, aucun n’étant à ce jour vraiment satisfaisant. (Senon, 2003).
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