Mutilations sexuelles, le point de vue de l'enfant








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"Si vous n'êtes pas tout (pas entier), vous n'êtes plus rien qu'un délirant qui se trompe..., le roi est nu."
"Le sacrifice est une pièce maîtresse de la paranoïa sensitive." (page 37),
- le sacrifice du prépuce !
Pour désigner cette paranoïa, Olievenstein a ensuite recours (p. 37) au terme de paranoïa "sensitive", qui renvoie à l'organe affecté, et cite Lacan à propos de la folie : "la réalité est pervertie même si elle garde un ordre."
Un peu plus loin, page 38, nous retrouvons la compulsion à une écriture répétitive du crime premier, abjecte "écriture" sur le corps d'une loi inique :
"… je ne peux pas m'empêcher d'écrire (pour un oui, pour un non) aux journaux… Je ne démordrai… (pas) de la pulsion épistolaire qui me fait écrire, même si je sens le ridicule de la chose."
Cet irrépressible besoin de dévoiler "un oui ou un non" au public dénonce inconsciemment la criminelle opération, hâtivement considérée comme mineure, habituellement dissimulée sous la feuille de vigne. Olievenstein s'identifie au tagueurs.
Nous arrivons, page 41, à une illustration particulièrement révélatrice de cette vindicative compulsion de répétition, compulsion à circoncire à son tour :
"J'ai le souvenir cuisant d'avoir annulé la sortie d'un jeune malade à l'hôpital psychiatrique parce qu'il avait eu le front d'être insolent lors du dernier entretien. Le remords que j'en ai eu n'a pas effacé la vilenie de l'acte, encore aggravée par le fait que je l'avais condamné, pour avoir persisté, à demeurer seul, sans vêtement (sans pyjama), dans une chambre d'isolement."
Il s'agit d'un enfermement dans la nudité, métaphore de la circoncision. L'abus de pouvoir commis sur l'enfant génère l'abus de pouvoir par les adultes qu'ils deviennent, selon les observations constantes d'Alice Miller.
Une perle page 43 :
"… la parano des adultes commence me semble-t-il très tôt dans l'enfance, tout près de la sortie de l'utérus maternel.",
- huit jours après !
Aussi, lorsque "l'homme le plus digne du monde", le grand-père Olievenstein, est "frappé et insulté en pleine rue… par un SS", il s'agit d' "un enchaînement inéluctable", "dans l'ordre des choses",
- c'est presque bien fait pour lui !
Un peu plus loin, page 44, un paragraphe criant de vérité :
"La grande peur est la locomotive de toute l'histoire de la parano : peur de ses origines (peur d'Abraham)… De l'insignifiant (le prépuce) au signifié majeur (le phallus, la castration), tout entre dans la peur, colle à la peau, raidit les attitudes. Elle apparaît toute nue, douloureuse à l'infini (le gland). Pourquoi et où la peur commence-t-elle ? Dans cette injustice de recevoir un pyjama (ce qui évoque l'idée d'être privé de prépuce et de recevoir la calotte à la place) au lieu d'un jouet ? Apparemment, toutes les raisons (hygiéniques) d'offrir un tel cadeau sont valables et justes. Toutes sont avouables sauf la majeure, la pire, celle non dite : faire souffrir l'enfant sans qu'il n'y ait rien à reprocher, véritable raffinement dans l'usage sadique d'une vraie méchanceté enveloppée dans une fausse bonté."
Olievenstein, avec une extraordinaire justesse, "désigne" ensuite, inconsciemment une des causes profondes de l'établissement de l'abominable "institution" : la jalousie incestueuse entre les femmes : "la haine entre les deux belles-sœurs", haine de commères, incestueuse, se retournant contre les jeunes hommes. "… c'est l'enfant qui trinquera… " et "… se croira coupable d'une faute archaïque.", "… le point de départ n'est pas l'autre mais le péché originel, la faute archaïque d'où tout est parti.", c'est à dire la folie d'Abraham, partagé entre Sarah et Agar. Les lecteurs des Secrets de l'Exode ne seront pas surpris par cette mise en équivalence entre les mythes d'Adam et d'Abraham. Mais tout le monde sent la ressemblance entre être chassé du paradis terrestre pour se retrouver nu après avoir goûté le fruit de l'arbre du bien et du mal, et la perte du prépuce.
Pour finir nous apprenons que :
"Tous les Polonais sont antisémites. On ne peut pas dire qu'ils ne le sont pas. Tous ? Un petit adjectif suffit à dévier la trajectoire de la réalité."
De l'adjectif antisémite au nom anti-circoncision, il n'y qu'un - petit - pas, à franchir au plus vite.

Conclusion : les derniers sacrifices humains doivent être abolis.

"La raison finira bien par avoir raison."

D'Alembert

La psycho-criminologie explique et comprend l'intolérable, c'est pour mieux prévenir et condamner.
L'infâme barbarie de la mutilation sexuelle des jeunes gens est née, à l'âge de pierre, chez les primitifs des moins vertueuses des sociétés polygames, incapables de trouver un autre moyen de prévenir l'inceste à la mère ou à la sœur (l'infibulation est également une barrière contre l'inceste). Cette finalité fut renforcée, dans des sociétés plus évoluées, par le besoin de main d'œuvre et de soldats, asservissant l'individu par la terreur et orientant les jeux de l'amour vers la reproduction.
De plus, une désastreuse confusion s'est établie entre la souhaitable interdiction de l'inceste et l'inadmissible prohibition de la sexualité juvénile. La plupart des sociétés, à divers degrés, répriment cette dernière. Toutes affichent un mépris plus ou moins prononcé envers la sexualité dite infantile, l'autosexualité. En public, elle est hypocritement et pitoyablement considérée comme dégradante. En privé, elle est couramment pratiquée. De nombreuses sociétés vont jusqu'à condamner la sexualité pré-maritale. Cette interdiction de la sexualité juvénile demeure le plus souvent verbale, mais certains vont jusqu'à la mutilation sexuelle. Castration quasi-totale pour la fille, c'est, pour le garçon, un début d'exécution d'une implicite mais particulièrement sévère menace de castration. Cet héritage de cruauté primitive est tellement ancré dans les mœurs que les plus "civilisés" en oublient l'humanité élémentaire due à l'enfant. Il s'est transmis, dans l'histoire, au puritanisme de diverses églises. Ce dernier a trouvé dans la répression de la sexualité juvénile un moyen d'expression privilégié : le châtiment préalable - ou la mise à l'index - des organes du prétendu péché ravit les dévots. Cette insidieuse et terroriste technique de domination de la jeunesse est un instrument de la guerre des générations, accessoirement au service de la rivalité silencieuse entre misandres et misogynes. L'éventuel forçage au mariage est particulièrement répréhensible : on ne joue pas avec la vie de l'autre.

Derniers des sacrifices humains, ce sont d'inacceptables survivances d'un obscurantisme mystique antédiluvien. Elles reposent sur les frayeurs des cauchemars de l'enfance, les craintes primitives profondément enfouies et la soumission aveugle à l'ordre établi.

D'une monstrueuse cruauté, la coutume des mutilations sexuelles est source de violence mais aussi de narcissisme pervers. Par une sorte de clonage primitif, elle instaure une distinction tribale conduisant à l'exclusion "raciste", à la paranoïa réciproque entre les intacts et les non-intacts. Cette xénophobie mutuelle (par sentiment de supériorité) est d'autant plus redoutable qu'elle demeure inconsciente lorsqu'elle n'est pas ouvertement affirmée. Hérodote fut le premier à en témoigner :
"Aussi ni homme ni femme en Egypte ne consentirait à embrasser un Grec sur la bouche, pas plus qu'à user… du couteau d'un Grec." 83
Les mutilations sexuelles sont ainsi l'un des pires fléaux de l'humanité. C'est aussi le plus simple à éradiquer (cf. l'exemple du Royaume-Uni). Dans les pays où ces immondes ordalies sont coutumières, seuls quelques héros les refusent. Ils sont exclus de la société. Cependant, l'initiation pendant la toilette, par la main maternelle, est inoffensive.
Les mutilations sexuelles ne sont pas "un substitut symbolique de la castration" (l'euphémisme est un déni) mais une réelle castration, partielle ou quasi-totale, avec toutes les conséquences physiques et psychologiques d'une telle opération. Elles ne sont pas non plus "une soumission au père" qui s'incline lui-même devant les grands-parents, avec la complicité de la mère. Menace de mort et/ou de castration, elles peuvent fausser l'issue normale du complexe d'Oedipe, le pervertissant en une soumission à des clans de frères hors-la-loi. La problématique freudienne déplace sur la famille une difficulté d'ordre politique : celle de la soumission aux mauvais chefs, à ceux qui, prétendant gérer les détails les plus intimes de la vie familiale, tiennent les foyers sous leur emprise, par la terreur. Les mutilations sexuelles ne sont pas une soumission consentie à un père noble et généreux, mais un supplice humiliant et barbare imposé par des chefs forcenés.

De même, l'étrange caprice des empereurs chinois, la torture du bandage des pieds, prétendit imposer le silence aux femmes. Freud reprend ici l'avantage : on doit considérer que l'inventeur de la redoutable technique souffrait, par un déplacement bien banal, de la croyance fantasmatique infantile qu'un pénis - abominable attentat à sa majesté - risquait de "pousser" aux petites filles ! Des esprits mécanistes tenteront de rationaliser et soutiendront que la vraie raison était d'entraver la marche pour briser toute velléité de fuite. Mais d'une part de petits pieds n'empêchent pas de courir, d'autre part pourquoi leurs dignes épouses voudraient-elles les quitter ? Le clitoris est un mini pénis tout comme le prépuce est un mini vagin. Couper ou empêcher la croissance est relativement similaire : dans les deux cas, il s'agit d'interdire à l'autre l' "hermaphrodisme" naturel qui lui assure une insupportable autonomie.

Cependant, les mutilations sexuelles cristallisent aujourd'hui sur elles la réprobation : l'éthique élémentaire et la psychologie des profondeurs rejoignent la médecine et le droit pour affirmer leur barbarie, leur agression du corps et de la dignité humaine à un âge où ils sont tout particulièrement vulnérables. Mais, dans une civilisation à cet égard plus judaïque que chrétienne, réprimant sévèrement l'autosexualité, prendre la défense de cette dernière est s'attaquer à un tabou extrêmement difficile à briser. Peu de voix s'élèvent pour condamner la circoncision. Celle de Frédérick Leboyer 37 fut l'une d'elles.

Une telle position est exceptionnelle. La grande majorité, lorsqu'elle ne tombe pas dans la fable de l'artifice érotique, considère la circoncision comme un détail négligeable. Seule une infime minorité de nos contemporains perçoit les répercussions psychologiques profondes de l'opération. La réaction courante consiste à se laver les mains d'une question gênante parce qu'elle concerne le sexe. Elle conduit à la mise à l'abri générale, sans examen, derrière l'argument hygiéniste, pseudo-scientifique, ou derrière le respect de la diversité des cultures précisément là où certaines s'en prennent à la vie même. Les circonciseurs exploitent cette veulerie et s'en réjouissent. Alors qu'ils font chaque année quinze millions de malheureuses victimes, cette attitude est objectivement complice de leur crime. Mais Freud, un des plus grands génies de l'humanité, condamna la circoncision. Réprouvée par les grands chefs religieux : Moïse, Jésus et Mahomet, elle s'est perpétuée par la force de l'habitude et la compulsion à soumettre.

L'abomination des mutilations sexuelles s'abrite derrière le respect dû à la religion. Elles se déguisent sous l'innocence et la gaieté du folklore. Mais leurs alibis médicaux, esthétiques, sociaux ou religieux ne résistent pas à l'analyse. Elles sont nuisibles aux yeux du sexologue, dangereuses et inutiles à ceux du médecin, malsaines pour le psychanalyste. Elles sont une source de violence pour l'historien, l'anthropologue et le sociologue. Pour le juriste, elles violent les droits de l'homme et de l'enfant, ainsi que les législations pénales, civiles et médicales nationales. Pour l'économiste, elles sont d'un coût faramineux (accidents et complications). La barbarie circonciseuse ne saurait, pour se perpétuer, ni s'abriter derrière des arguments pseudo-scientifiques (les médecins wasp Etats-Uniens), ni se targuer du titre de culture ou qualifier d'impérialisme la civilisation (tenants des cultures traditionnelles). Elle émane autant de l'islam que des Etats-Unis protestants, de l'animisme et du judaïsme. Mais l'excuse religieuse ne saurait l'emporter sur le droit fondamental à l'intégrité physique. La circoncision de masse est une aberration similaire au clonage de masse. La circoncision, comme le clonage, n'est envisageable que pour des motifs médicaux très sérieux.

Alors que Rio Cruz, directeur de la Coalition internationale pour l'intégrité génitale, écrit :

"A la date d'aujourd'hui, les autorités médicales n'ont rien fait pour identifier et exciser d'entre elles de tels sadiques. Ils continuent à couper et torturer dans un anonymat protecteur, froids et ignorants des hurlements qui les entourent." 84,
Sami Aldeeb A. Abu-Salieh, professeur de droit musulman à l'université de Lausanne, estime :
"… il est illusoire de vouloir lutter contre les circoncisions en cherchant à ménager toutes les sensibilités et les convictions… " 44
En effet la mégalomanie sadomasochiste inconsciente ne recule devant rien : elle se taille des quartiers de fausse noblesse dans la chair même de ses enfants. La race des seigneurs est bien celle des saigneurs et l'espèce humaine identique à elle-même quelle que soit sa couleur et ses (petites) différences. Pour dominer le monde, le sado-masochiste commence par tenter de dominer son monde, femmes et enfants d'abord, en niant l'enfance et la féminité en lui-même derrière des prétexte de parade : son "honneur". Mais en prétendant se dominer au prix d'une auto(?)-mutilation sauvage, il triche au jeu en instaurant des relations humaines fondées sur la séduction, le mensonge et la violence, jusque dans l'acte de la plus haute intimité transformé en prouesse gymnastique au détriment de la communion. Ces relations s'accompagnent d'une pédophobie inconsciente qui fait de l'enfant un simple pion sur l'échiquier parental.
Assez !

Un corollaire non négligeable de cette étude est d'ordre sexologique. La découverte des fonctions du prépuce par la médecine moderne incite à en généraliser la méthode à l'ensemble de l'appareil sexuel.
La situation extérieure du clitoris signifie qu'il est là pour permettre la jouissance pendant la gestation. Car le fœtus ne doit être perturbé sous aucun prétexte : son impossibilité de comprendre ce qui se passe autour de lui ne lui permet de tolérer ni les chocs du coït ni les cris d'amour. Alors que la plupart des spectacles associent plaisir et violence, tout doit être fait pour éviter à l'enfant en gestation ce conditionnement destructeur.
L'extravagant hara-kiri japonais transforme l'échec guerrier des prétendus braves (curieuse bravoure que d'imposer à son entourage un aussi atroce spectacle) en un hommage au souvenir des coïts parentaux. La plupart des maladies dites psychosomatiques sont provoquées par les agressions subies par le fœtus. L'autisme en particulier, est une réaction qui, pour être extrême, n'en stigmatise pas moins une jouissance de coucous. L'église diffusait un savoir millénaire : les aumôniers prodiguaient aux jeunes époux le conseil d'abstention pendant la grossesse, malheureusement répété - diabolus obligat - pour les règles. Mais dès que la science se crût en mesure de se prononcer, quelques médecins du dix-neuvième siècle, et à leur suite certains parents, attribuèrent ces maladies à l'autosexualité. Ils se déchargeaient à bon compte sur leurs rejetons de leur propre manque de retenue. La médecine se prononça en faveur du coït pendant la gestation, sans songer à la tranquillité du fœtus. Mais les allergies sont devenues monnaie courante, en particulier l'asthme qui mime la respiration haletante des amants. Les cas d'autisme ou d'anorexie se multiplient. On peut penser que nombre de cas de prématuration sont dus au fait que l'enfant fait le nécessaire pour quitter un endroit inhospitalier. Au contraire, pendant la grossesse, les parents doivent, en donnant l'exemple au fœtus, l'accompagner dans sa manusexualité.

Le fœtus perçoit le coït comme une insupportable fessée dont l'individu souffrira toute son existence. Alors que la plupart des pays d'Europe du Nord ont légiféré contre claques et fessées, faudra-t-il en faire de même pour empêcher la pénétration pendant la grossesse ?
Les injonctions de la Bible et de Rome contre le plaisir vont à l'encontre de la volonté patente du créateur. Cette volonté est inscrite sur le corps pour ceux qui veulent bien prendre la peine de l'y déchiffrer. Elle ne saurait être ignorée ou effacée par une compulsion, iconoclaste et malsaine, à dominer et asservir la jeunesse, forçage à la reproduction.
Le sacrifice du clitoris ou du prépuce est une des pires formes de pulsion d'emprise perverso-obsessionnelle du groupe sur l'individu. Chaque année il coûte la vie à nombre de personnes. Mieux vaut conserver ces quelques centimètres carrés de peau et ne pas risquer le reste.

Ecoutons notre corps, la voix de la raison : ne forçons pas la nature, conservons les instruments donnés par le créateur pour la traversée des déserts de l'existence. Avec la Croix-Rouge, "Ne tolérons pas la douleur.". Mères et pères de tous les pays, ne jetez pas le clitoris ni le prépuce de bébé avec l'eau du bain. Refusez toutes propositions de circoncision de vos enfants et abstenez-vous de menaces de castration : accordant au "zizi" une importance qu'il n'a pas, elles sont une source de perversion.

Au terme de cette étude, nous sommes en mesure d'affirmer que, pour éviter les dégâts irrémédiables de la violence physique, la seule circoncision acceptable est celle, éthique, du cœur par l'esprit (Moïse, Paul). Elle doit s'accompagner de celle de l'esprit par le cœur. Nous retrouvons là les principes de toute bonne éducation et les trois domaines de la psyché de la trilogie freudo-lacanienne.

DE R.S.I. à P.S.M.
Avec le schéma R.S.I., Jacques Lacan a illustré son intuition majeure : voir dans les trois instances de la psyché définies par Freud des champs linguistiques, ensembles de concepts se recoupant par endroits. D'où son lumineux emprunt de la schématisation de la théorie mathématique des ensembles (cercles d'Euler, lesquels opèrent une "circoncision" langagière de chacun des champs par les deux autres). En transposant dans le langage philosophique le vocabulaire psychologique de Freud, Lacan a généralisé la représentation freudienne de la psyché. Nous pouvons extrapoler sa démarche au discours courant. Freud et lui ressortent limpides de l'opération.

Moi, Ca et Surmoi de Freud deviennent, chez Lacan, Réel, Imaginaire et Symbolique. Il suffit de constater que Lacan a abusivement étendu à l'ensemble du Ca la dénomination (Imaginaire) de la lunule entre le Sentimental (Ca) et le Symbolique (Surmoi), pour s'apercevoir que Moi, Surmoi et Ca (R.S.I.) ne sont autres que Physique, Sentimental et Mental. Cela formule les trilogies freudo-lacaniennes dans un langage accessible à tous : corps, cœur, esprit. Faisant passer le deuxième terme avant le premier, Voltaire en avait fait sa devise : "Vérité, raison, justice".

A chaque champ correspond une grande pulsion : pulsion de survie, pulsion sentimentale et pulsion morale. Et c'est à l'intérieur de chacune de ces trois pulsions fondamentales qu'on retrouve le dualisme freudien entre pulsion de vie et pulsion de mort : bon et mauvais, amour et haine, bien et mal.
La linguistique comparative apporte un soutien puissant à cette vision des choses : l'espagnol dit "corazon" pour "cœur" (l'organe de l'accord). Or "razon" signifie "raison". La raison égoïste du corps est ainsi tempérée par celle du cœur. Celle-ci est donc une "co-raison", dans laquelle la raison d'un corps est renvoyée en écho et amplifiée par la ré(ai)sonnance de plusieurs cœurs. Elle prend en compte celle de l'autre, celle des deux autres termes de la trilogie : d'une part la nomination, l'éthique, la justice, les droits de l'autre, d'autre part ses sentiments.
Car le sujet de l'envie, aliéné dans ses envies, est le sujet de l'inconscient. Le sujet humain, sujet de besoins, de sentiments et de culture, transcende ses envies pour parvenir à la conscience et au désir, par la synthèse des trois dimensions ci-dessus énoncées, synthèse par laquelle il s'inscrit au centre du schéma de Jacques Lacan.

S'il n'y parvient pas, il reste fixé dans une ou plusieurs des trois lunules entre deux cercles : le sensuel, à cheval entre le corps et le cœur, l'imaginaire, entre le cœur et l'esprit, l'habitude ou la coutume - champ de l' "habitus" cher à Pierre Bourdieu -, entre l'esprit et le corps. Dans ces trois zones intermédiaires, le physique, réduit au sensuel, l'emporte sur le sentimental (perversion), le sentimental, ramené à l'imaginaire, prend le pas sur le mental (psychose), le mental, ravalé à l'habitude, opprime le physique (névrose). Jacques Lacan a fait remarquer que, dans ce cas, seule l'intervention du troisième terme, jusque là exclu, peut dénouer (re-nouer) la situation. Nous voyons que les trois cercles se lisent dans le sens du développement psychogénétique (sens des aiguilles de la montre).

Ce processus est celui du complexe d'Oedipe. Remis en jeu tout au long de l'existence, il exige un minimum d'entraînement et souvent la bienveillance d'autrui pour être mené avec succès. Rappelons que l'Oedipe freudien, empêtré dans le judaïsme circonciseur, a fâcheusement dénaturé celui de Sophocle en remplaçant menace de mort par menace de castration. Il apparaît cependant, chez Sophocle comme chez Freud, que c'est le tabou de l'autosexualité qui génère l'éventuel mauvais passage de l'Oedipe.

Cette épreuve nécessite souvent davantage de courage que les circoncisions du corps. Elle se renouvelle perpétuellement, au hasard des rencontres. Car la bête en nous-mêmes et en l'autre est là, tapie dans l'ombre, toujours prête à blesser et tuer. Et nous devons toujours et de nouveau la calmer, l'apprivoiser, la dompter. Un petit rien suffit à éveiller sa fureur : c'est le détail qui tue. Gare au détail et merci, lecteur, pour ton indulgence, car le mal est aussi universel que le bien.

Le philosophe Vladimir Jankélévitch se disait pessimiste pour les grandes choses et optimiste pour les petites. Prendre la décision de ne pas circoncire sa fille ou son fils est une petite chose. Il est bien facile de lui expliquer que grand-mère et grand-père ont cru bien faire avec maman ou papa. La multiplication des petites choses peut en entraîner de grandes.
ANNEXE I

UNE CIRCONCISION

par Rio Cruz


Je n'y avais jamais rien vu de mal jusqu'à ce que j'assiste à la circoncision de mon fils. Le docteur m'assurait que c'était un simple petit bout de peau en trop qui ne servait à rien et que cela ne faisait absolument aucun mal. "Vous voulez qu'il vous ressemble, n'est-ce pas ?" Puisque je n'y avais jamais beaucoup réfléchi et que moi aussi, j'y étais passé à la naissance, je dis : "Certainement, je crois bien. Pourquoi pas ?".

Il ne répondit rien au "Pourquoi pas ?" mais je compris vite. Mon nouveau-né fut enlevé du sein chaud et nourrissant de sa mère et déposé, nu, sur une froide planche de plastique appelée une circattache. Ses petites jambes et ses bras furent écartés et attachés avec des bandes de velcro. Il protesta immédiatement et se mit à pleurer. Le docteur recouvrit le corps frissonnant d'un tissu léger avec un trou au milieu et y fit passer le petit pénis.

Le docteur lava le pénis de mon bébé avec une solution antiseptique. Il prit une paire d'hémostats en acier et, tenant le pénis d'une main, inséra le bout de l'hémostat dans l'ouverture du prépuce et commença à le pousser entre le prépuce et le gland, déchirant les deux structures pour les séparer. Le prépuce et le gland étaient étroitement confondus par la naturelle membrane balano-prépucielle appelée le synechia, similaire à celle qui attache l'ongle au doigt. C'est, pour partie, la façon qu'a le corps de se protéger contre les bactéries nuisibles.

Mon bébé poussait maintenant des cris perçants, sa protestation allant du simple cri à ce qui résonnait comme des hurlements de pure terreur. Son corps était rigide, contorsionné, alors qu'il luttait contre les attaches et la douleur. Si la circattache n'avait pas été vissée, elle et mon enfant se seraient écrasés par terre. Tout mon instinct me disait que cela n'était pas juste, que j'aurais dû protéger mon fils au lieu de consentir à ce spectacle barbare. Mais je suis un homme "civilisé". J'ai été socialisé et instruit à accepter ce que fait le docteur. C'est la bonne chose à faire. Non ?

Le prépuce ne se détachait pas facilement du gland de mon fils. Le docteur continua à déchirer la peau avec l'hémostat. Mon fils était pris de secousses, agitant sa tête d'un côté à l'autre, ses poings et ses yeux étaient crispés, la sueur perlait sur son front.

Le docteur réussit finalement à séparer le prépuce du gland, puis il agrippa fermement le prépuce avec un autre hémostat et coupa verticalement la peau avec des ciseaux. La blessure saignait abondamment. Il essaya d'insérer un cône d'acier dans le tissu mais il dut le forcer car l'incision était trop courte. Mon fils cessa de crier. Ses yeux étaient vitreux et révulsés en arrière. Il paraissait dormir mais était en réalité dans un état de choc complet et total.

Le docteur mit une attache métallique autour du prépuce sanguinolent, le cône apparemment placé pour protéger le gland, et il entreprit d'écraser les nerfs, les vaisseaux et les tissus du prépuce avec l'attache. Il prit un couteau et découpa autour de l'attache, laissant tomber le prépuce sur le drap. Mon fils gisait sans mouvement sur la planche, complètement dissocié dans quelque autre monde, plus hospitalier. Le docteur me regarda et cligna de l'œil. Il quitta la pièce. Une infirmière rendit mon fils à sa mère. Bienvenue en Amérique, petit homme.


Extrait et traduit par Sigismond de "Genital mutilation American style", Fathering magazine, 1998. fathermag.com/health/circ/gmas/
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