Mutilations sexuelles, le point de vue de l'enfant








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Chapitre IV




Pourquoi donc la circoncision ?


(petite histoire et sociologie de la circoncision)

"... l'injustifiable circoncision"

Dr. Gérard Zwang 43
L' "ordre moral" vise d'abord le sexe.
Cependant il fut un temps, de sinistre mémoire, où les attaques contre la circoncision émanaient de l'extrême droite européenne judéophobe. Elle ne prétendait pas protéger les nouveau-nés israélites d'une coutume qui, pour être au moins hexamillénaire, n'en est pas moins atroce : elle ne s'en prenait pas à la circoncision en elle-même, mais aux circonciseurs juifs, sans mentionner les autres, des cinq continents et de diverses religions. Les nazis et le stalinisme interdirent la circoncision. Nombreux s'en passèrent. Mais les armées du troisième Reich tolérèrent la chose dans les pays musulmans qu'elles occupèrent. La raison en est simple, idéologique : seule l'alliance avec le peuple élu est incompatible avec le "Got mitt uns.".
La circoncision est ou fut pratiquée chez les Aztèques, les Mayas, quelques tribus d'indiens des deux Amériques, nombre d'insulaires du pacifique, les Malais, les Philippins, les habitants des îles Célèbes, les aborigènes d'Australie, une grande partie des Africains, les sémites et les musulmans de diverses contrées, de toute antiquité‚ quelques communautés chrétiennes en pays musulmans (coptes (Egypte), Ethiopiens et jacobites (Syrie)) et récemment, les Anglo-Saxons (*) et les Coréens du Sud (depuis 1945). Cette mutilation (début de castration) barbare et puritaine affecte vingt pour cent de la population mondiale : 500 millions d'hommes (13 millions de garçons par an) et quinze pour cent des français. La circoncision féminine frappe 130 millions de personnes (2 millions de filles par an) 56.
Les motifs avoués sont plus souvent coutumiers que religieux. Ainsi Mahomet, qui serait né sans prépuce, n'a pas voulu imposer l'opération à ses fidèles : le mot circoncision ne figure pas dans le Coran et les musulmans confient la chose au barbier.
Dès 1190, le philosophe libre-penseur hébreu Maïmonide dresse contre elle un réquisitoire à demi-mot :
"On sait combien le prépuce est utile au membre en question... "
"Le véritable but, c'est la douleur physique à infliger au membre... qui diminue la passion et la trop grande concupiscence."
"Ce commandement n'a pas été institué‚ pour corriger une déficience congénitale, mais une déficience morale." 11
La référence à un ordre moral, imposé par le fer après l'avoir été par le silex, est explicite. Cette visée d'accès à la pureté et à la sainteté par la mortification est une hypocrite exagération. L'esprit écrase ici le corps et le cœur. Car la sublimation ne peut être obtenue par la force du couteau qui fait dégénérer la mystique en mystification. L'autosexualité, exutoire normal du besoin de plaisir sexuel en l'absence de partenaire amoureux, est officiellement condamnée. Les cultures de l'ancienne Egypte et hébraïque en font le motif religieux proclamé de la circoncision.

Quoi qu'il en soit, les mutilations sexuelles sont, symboliquement, totalement contradictoires avec le but recherché : détacher une partie du sexe est une représentation de la naissance ou de l'éjaculation. Le résultat pratique ne peut être qu'opposé à l'objectif des "mystiques" : des excès sexuels (Chassez le naturel, il revient au galop).

Cette conception trouve son origine dans la confusion entre sexualité et péché. Elle conduit au mépris du "non-circoncis", assimilé à l'impur, voire au malpropre, et à un sentiment de supériorité qui dégénère parfois en snobisme. Ainsi au Royaume-Uni où la circoncision se répandit d'abord dans la noblesse et aux Etats-Unis où elle était un critère de standing social. Ce sentiment de supériorité trouve sa consécration dans la langue : l'intact, l'entier devient un "non" ou "in" -circoncis, avec toute la connotation de perte, de manque, attachée à la négation. Ce renversement des réalités est caractéristique de la perversion. N'est-il pas pervers, en effet, de diminuer l'autre dans sa différence même, par une nomination humiliante, plutôt que tout simplement exacte.

En quoi celui qui a perdu les 9/10èmes de ses cellules érogènes sexuelles, 2/3 de sa principale zone érogène, 25% de sa sensibilité du gland et - par la transformation de l'ultra fine muqueuse du gland en une peau 10 fois plus épaisse - toute possibilité de contact étroit avec sa compagne devrait-il se considérer supérieur ? En réalité, vivre dans le mensonge conduit à se targuer de sa propre aliénation pour en faire un instrument de domination. Ce phénomène, bien connu en psychanalyse, consiste à tirer de la maladie des bénéfices illusoires. Ces idées névrotiques, véhiculées par les religieux et les classes dominantes, gagnent toute la société. Un principe fondamental du droit trouve ici à s'appliquer à la spiritualité :
"Nul ne saurait se prévaloir de sa propre turpitude."
La nature, par contre, fait bien les choses : le prépuce permet aisément la stimulation manuelle du sexe. Mini vagin portable, il supplée à l'absence de femme, donnant aux épouses une certaine assurance de fidélité. Il est l'indispensable outil d'une délicieuse technique autosexuelle : frotter l'une contre l'autre les mains jointes sur le gland calotté, par un mouvement latéral à ce dernier plutôt que longitudinal.

Son ablation détruit le frein, partie la plus proche du méat urinaire. Ce petit centimètre carré est, à sec, la zone la plus érogène de l'homme, un véritable point d'acupuncture digitale érotique.
Pour Johnson, Kolodny et Masters :
"La croyance actuelle des américains qu'il faut circoncire immédiatement les nouveau-nés est un reliquat des convictions victoriennes, selon lesquelles cette intervention éviterait la masturbation." 42
La circoncision tente donc surtout d'empêcher l'autosexualité de l'enfance ou de l'adolescence, pour ne rien dire de celle de l'adulte ou du vieillard. Ce but n'est bien évidemment pas atteint, mais les victimes sont privées d'un précieux adjuvant.

Cet acharnement (au sens propre) contre l'autosexualité doit être relié à la croyance, infantile et névrotique, qu'il faudrait épargner la semence masculine. Ce fantasme ignore la physiologie généreuse de l'homme. Quoi qu'il en soit, c'est à chacun d'éviter les excès.
Le deuxième but profond de la circoncision, souligné par Freud, apparaît le plus clairement chez les animistes africains et les musulmans qui la pratiquent à l'adolescence. Il est d'imposer la soumission du jeune homme à ses aînés. Cette soumission s'accomplit par un forçage vers l'hétérosexualité, une "préparation" au mariage par une sanglante ordalie. Car la circoncision est le "diplôme" d'accès aux noces. On parle de promotion sociale, d'entrée dans le clan des hommes. Ce sont des réalités : le circoncis aura la pleine citoyenneté, le droit de labourer, planter, prendre femme... etc.
"C'est comme ça, il ne faut pas demander pourquoi !"
et,
"Un incirconcis, ce n'est pas un homme !",
dit-on en Afrique.
Rituel d'entrée dans la société, la circoncision s'assimile au marquage du bétail : en Egypte antique, seul le pharaon pouvait se dispenser de ce symbole d'asservissement. Elle s'accompagne de grandes festivités et de flatteries envers ses victimes, pour faire passer la chose et les amener à s'enorgueillir d'un signe de virilité purement formel. Mais il est clair qu'elle réalise une instrumentalisation de l'homme, et tout particulièrement de la femme, promise en cadeau par la société en échange de la perte du prépuce !
Autre motivation inavouée de la circoncision : favoriser les unions entre membres de l'ethnie, en écartant les étrangers par la force de la coutume comme par celle de l'image. Elle est ainsi une subtile incitation à la xénophobie, dans laquelle une différence artificielle favorise l'endogamie.
Les phallocrates forcenés, infantiles inconscients, entendent débarrasser leurs garçons d'un outrageant ersatz de féminité.

- Pourquoi ne se suppriment-ils que le prépuce ? Le corps entier, chair de la chair de la mère, est femme jusque dans les parties génitales. Il ne faut pas confondre le genre - rôle imposé par la nature ou la société - et la substance. Il n'y a qu'un seul véritable genre : le genre humain.

- Pourquoi tolèrent-ils l'ablation des clitoris ? Les femmes, comme tous les êtres humains, ont droit à la sexualité et à leur phallus.

- Que ne vont-ils jusqu'au bout de leurs convictions et ne se passent-ils de femmes !
L'ignoble motivation économique ne peut être omise : la dîme du Lévite, les dons au mohel ou au mollah, les honoraires conséquents du médecin ou de l'exciseuse ne sont pas absents des rationalisations "scientifiques" ou "spirituelles".
Nous avons jusqu'ici rappelé le discours psycho-sociologique courant. Cependant nous estimons que les mutilations sexuelles des jeunes furent dictées par deux raisons majeures.

Elles furent à l'origine des pratiques terroristes de prévention de l'inceste adoptées par les moins vertueuses des sociétés polygames. La crainte des pères d'être trompés par leurs jeunes femmes avec leurs fils, celles des jeunes femmes de l'être par leur mari avec les filles des plus vieilles, fut la motivation profonde de l'instauration de ces coutumes. Là où la modernité imposa l'abandon de la polygamie, elles demeurèrent par habitude.

Par la suite, dans les sociétés plus évoluées, cette "nécessité" se trouva renforcée par le souci machiavélique d'empêcher les couples d'avoir recours aux préludes amoureux comme moyen de contraception. Les mutilations sexuelles furent exigées par les féodaux pour obtenir davantage de main d'œuvre et de soldats. Par contre, les exploiteurs de "bétail" humain du dix-neuvième siècle ont vite compris les ravages provoqués par la circoncision et ont interdit la chose à leurs esclaves africains. Ils y perdaient beaucoup trop d'argent, aussi bien en vies humaines (accidents, hémorragies, infections, etc...) qu'en immobilisation du "capital" pendant la cicatrisation. Ce fut un des rares effets positifs de la servitude. Fait significatif, les mouvements noirs africanistes, outre-atlantique, n'ont jamais prôné le retour à la circoncision.

La surpopulation de la planète devrait mettre fin à cette cruelle folie.
La théorie freudienne de la circoncision-soumission par acceptation d'une castration symbolique est étroitement liée à la théorie de la horde primitive, empruntée à Darwin :
"Un père violent, jaloux, qui garde toutes les femelles pour soi et évince les fils qui arrivent à l'âge adulte... Un jour les frères expulsés se groupèrent, abattirent et consommèrent le père et mirent un terme à la horde paternelle." 30, page 360-61
Freud va jusqu'à penser que la circoncision est un progrès par rapport à la castration qui aurait été pratiquée en punition par le père primitif :
"Nous supposons qu'aux temps originaires de la famille humaine, la castration était effectivement exécutée sur les garçons adolescents par le père jaloux et cruel, et que la circoncision, qui, chez les primitifs, fait si fréquemment partie intégrante du rituel de nubilité, est un reste bien reconnaissable (sic) de cette castration." 29, p. 170
Nous nous élevons formellement contre cette justification de la circoncision comme prévention à un simple accident (l'inceste). La polygamie primitive a longuement persisté et persiste encore. Les relations de jalousie qui en découlent nécessairement ont engendré des coutumes atroces qui perdurent même après son extinction. Les hordes de frères appartiennent à l'enfance ou à l'adolescence. Il y a surtout des hordes de pères qui ont intériorisé et reproduisent le modèle patriarcal, de génération en génération. En témoigne éloquemment l'absence des sœurs dans le modèle darwino-freudien. Ce dernier n'est ainsi qu'un moyen de préservation de l'image d'un père sinon noble et héroïque, du moins fraternel, démocrate et rebelle à la tyrannie. La réalité est tout autre.
Les mutilations sexuelles sont susceptibles de générer un "racisme" (sentiment de supériorité) artificiel, fondé sur le narcissisme du groupe et solidement ancré dans l'esprit par le tabou de l'autosexualité et le déni par l'homme (la femme) de sa propre féminité (masculinité). Il est renforcé chez l'homme par une crainte inconsciente de la castration ou de la mort. Ce racisme, conscient et résolu chez les élites extrémistes, reste inconscient et dénégatif chez les modérés.
La suppression du jour au lendemain de cette intégration "au bistouri" (dans le meilleur des cas) ne pourra qu'améliorer la vie des générations désormais intactes. Seuls de formidables fantasmes collectifs sont réalisés, d'un coût social incalculable.

Le cancer des mutilations sexuelles doit être extirpé de toutes cultures.

Chapitre V
Histoire, anthropologie et circoncision
L'institution par écrit de la pire des tyrannies, voici quatre millénaires, dans le chapitre 17 de la Genèse (voir page 33) est la plus monstrueuse imposture politico-religieuse de l'histoire de l'humanité. Ses conséquences sont d'une extrême gravité. La civilisation n'a pu commencer à se développer qu'à la renaissance, avec la redécouverte de la pensée démocratique et épicurienne grecque, écartée par la croyance judéo-christiano-islamique au péché originel.


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