Et les traductions regroupées dans notre rubrique








titreEt les traductions regroupées dans notre rubrique
page5/8
date de publication15.04.2017
taille287 Kb.
typeDocumentos
p.21-bal.com > droit > Documentos
1   2   3   4   5   6   7   8

BURUNDI

Burundi : des défenseurs des droits humains dénoncent une « dynamique génocidaire »

Deux responsables de la FIDH et de l’ONG burundaise Iteka décryptent la situation du pays, miné par la dérive du régime de Pierre Nkurunziza.

Propos recueillis par Cyril Bensimon et Christophe Châtelot

LE MONDE Le 15.11.2016 à 17h04 • Mis à jour le 15.11.2016 à 18h15

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la ligue burundaise des droits humains Iteka publient, mardi 15 novembre, un rapport sur la situation au Burundi intitulé « Répression aux dynamiques génocidaires ». La crise politique est née de la candidature de Pierre Nkurunziza en 2015 alors que la Constitution de 2005 lui interdisait de se représenter pour un troisième mandat présidentiel. Malgré la forte contestation d’une partie de la population, Pierre Nkurunziza est réélu en juillet de la même année. Florent Geel, responsable Afrique à la FIDH, et Anschaire Nikoyagize, président d’Iteka, analysent la dérive du régime du président burundais.

Le Burundi est-il au bord de l’explosion ?

Florent Geel Il est difficile d’affirmer la nature génocidaire du régime, mais tous les éléments sont en place pour cela : un Etat-parti [le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie ou CNDD-FDD], des unités de répression – notamment les Imbonerakure, ces milices de jeunes parfois intégrées dans les services de sécurité, présents dans tout le pays –, la volonté d’éliminer toute forme d’opposition, une idéologie largement diffusée par la propagande. La répression, concentrée à Bujumbura au début, s’est étendue aux régions. En bref, le Burundi est entré dans une phase de répression systématique.

Constate-t-on un ciblage de la minorité tutsi par le pouvoir hutu ?

Anschaire Nikoyagize Depuis un certain moment, dans les quartiers contestataires, les Tutsi sont particulièrement ciblés. Selon les témoignages que nous avons recueillis, les Imbonerakure s’encouragent entre eux quand ils violent les femmes tutsi avec ces mots : « Engrossez les adversaires pour qu’ils mettent au monde des Imbonerakure ! »

On assiste donc à un double mouvement : épuration politique des opposants hutu et ciblage plus large des Tutsi ?

FG Le pouvoir est rationnel. La menace la plus sérieuse pour lui est au sein de la communauté hutu parce qu’elle est la plus nombreuse, parce que son existence même montre, malgré ce que dit le pouvoir, que ce n’est pas un problème ethnique. L’opposition hutu dispose également des groupes armés les mieux organisés et structurés, principalement avec les FNL [Forces nationales de libération, rébellion hutu active depuis le début des années 1990]. Il fallait donc, pour le pouvoir, réprimer les Hutu, faire des exemples, pour leur dire : « Ne vous joignez pas aux Tutsi ! »

Le deuxième mouvement est idéologique, celui dans lequel ont été élevés les Imbonerakure. Il cible les Tutsi parce qu’ils sont tutsi, cela se réfère aux moments dramatiques de l’histoire du pays, en 1972 et en 1993.

Le point de rupture du régime remonte à la tentative de coup d’Etat militaire du 13 mai 2015 contre Pierre Nkurunziza. Le pouvoir prend alors conscience de l’existence d’une opposition armée, extrêmement dangereuse, issue de l’armée et donc du pouvoir. Celui-ci choisit alors délibérément la voie idéologique et d’ethniciser le conflit.

Des informations font état d’un recensement « ethnique » des fonctionnaires ?

FG Le président du Sénat, un thuriféraire du régime, a en effet ordonné un recensement des Hutu et des Tutsi au sein de l’administration, des entreprises publiques, des services publics officiellement pour se conformer aux accords de paix d’Arusha [signés en 2000 pour mettre un terme à la guerre civile burundaise]. Ce qui est un faux prétexte.

AN En 2013, le pouvoir avait déjà eu l’intention de dresser ce type de listes. Les syndicats d’enseignants s’y étaient alors opposés. La différence aujourd’hui, c’est que les organisations de la société civile ont été neutralisées, radiées. Il n’y a plus personne pour s’opposer à la volonté du régime, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur du système. Les opposants au sein du CNDD-FDD ont été tués ou sont en exil.

Un embryon d’opposition armée existe. Constitue-t-elle une menace sérieuse pour le régime ?

AN Il y a trois principales forces armées. Il y a les FNL, mouvement historique, dans le maquis depuis longtemps. Ses membres sont ciblés en priorité par le pouvoir parce qu’ils sont hutu et dans l’opposition. Deux autres groupes ont été constitués pour lutter contre le régime Nkurunziza. Il s’agit des Forces républicaines du Burundi, ou Forebu, dans lesquelles on retrouve beaucoup d’anciens membres des Forces armées burundaises, hutu et tutsi. Et enfin la Résistance pour un Etat de droit, le Red Tabara, où l’on retrouve beaucoup de jeunes qui ont fui le pays. On dit, ces derniers jours, que des consultations sont en cours pour qu’ils se regroupent.

FG Les Red Tabara sont les plus nombreux, ils bénéficient d’un soutien populaire, mais ils ont très peu de capacités opérationnelles. Les Forebu sont plus professionnels, mais peu nombreux. Il y a là d’anciens officiers supérieurs qui ont quitté l’armée après le coup d’Etat raté de 2015. Leurs capacités opérationnelles sont limitées, notamment parce qu’ils disposent de peu de relais dans la population, d’autant moins que 310 000 Burundais ont dû quitter le pays. Restent les FNL, le groupe le plus structuré.

L’existence d’une opposition hutu ne constitue-t-elle pas un bouclier aux tentations génocidaires ?

AN N’eût été cette opposition, le génocide aurait déjà eu lieu. Mais le gouvernement continue à intoxiquer la population. La Commission nationale du dialogue interburundais [CNDI], notamment, est un instrument créé pour véhiculer davantage l’ethnicisation.

Quelle suite donner à votre rapport ?

FG Il va être déposé au bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), vraisemblablement vendredi. Il comprend des annexes confidentielles qui attribuent des crimes précis, mêmes limités, à certains acteurs de la répression au sein du régime. Tout ça va alimenter l’examen préliminaire de la procureure en espérant qu’elle [Fatou Bensouda] se décide à ouvrir une enquête.

Lire aussi :   Après le Burundi, l’Afrique du Sud veut sortir de la CPI

Comment éviter les crimes de masse au Burundi ?

FG Une question politique se règle sur le terrain politique. Il faut certes protéger les civils, en urgence. Les missions de la paix sont alors nécessaires, mais la réponse politique ne peut venir que d’un dialogue politique. Dialogue imaginable seulement en mettant la pression sur le régime. Mais on a le sentiment que l’Union africaine et l’ONU ne réagiront vraiment qu’en cas de catastrophe majeure, sinon ils « laisseront filer ».

AN Quels crimes de masse ? Des gens sont tués quotidiennement. La catastrophe est déjà là. Le pouvoir fait tout pour que la communauté internationale ne soit pas informée.

FG Le régime a compris qu’il devait dorénavant dissimuler ses crimes tout en continuant à éliminer tous les témoins possibles. Les disparitions forcées se multiplient, des gens sont enterrés par petits groupes dans des tombes, et non plus dans des fosses communes trop visibles, de plus en plus de personnes disparaissent dans des centres de détention clandestins… C’est une répression à huis clos pour passer sous les radars de la communauté internationale. Mais on est clairement dans une séquence de radicalisation, voire d’une fuite en avant. Le gouvernement n’a plus la volonté de discuter.

Quelles solutions alors ?

AN Il faut étendre les sanctions ciblées aux membres du gouvernement, pas seulement aux services de sécurité. Il faut également adopter des sanctions économiques et impliquer davantage les Etats de la sous-région. En bref, il faut isoler complètement le Burundi. Ceci dit, le pouvoir de Pierre Nkurunziza s’est renforcé. Le président n’est pas seul, il y a un cercle cohérent autour de lui.

FG Le problème est que la solution s’éloigne avec un nouveau président américain élu pour lequel le Burundi ne sera sûrement pas une priorité. Un nouveau secrétaire général de l’ONU va entrer en fonction… Le plus crédible, malheureusement, est de voir les Européens rester sur leur ligne, un peu coincés, et les Américains relâcher la pression, ce qui permettrait à l’Union africaine de… ne rien faire. Tout ça au bénéfice du régime burundais.

Restent plusieurs interrogations. Quel va être le jeu des groupes armés et du pouvoir ? Surenchère, modération ? Par ailleurs, des dynamiques génocidaires ne signifient pas nécessairement génocide. Il est ainsi difficile d’évaluer la pénétration de l’idéologie au sein de la population. Mais le pouvoir dispose de suffisamment de forces avec les Imbonerakure, la police, l’armée, les services de renseignement pour commettre un génocide.

Cyril Bensimon

Christophe Châtelot
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/15/burundi-des-defenseurs-des-droits-humains-denoncent-une-dynamique-genocidaire_5031653_3212.html#Stkk6wqSvYCeBq3X.99

Burundi : «Comment attirer l'attention sur un petit pays africain menacé de génocide ?»

Libération
Par Maria Malagardis — 15 novembre 2016 à 18:52
Un cri d'alarme pour un pays où l'on massacre à huis clos : tel est le sens de la campagne lancée ce mardi par la Fédération internationale des droits de l’homme sur la situation tragique du pays.

Et pour cause : son titre, Génocide au Burundi. Et son pseudo-auteur pas si fictif : Pierre Nkurunziza, l’actuel président du pays, qui en forçant le destin pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir, a plongé le Burundi dans un cauchemar de violences. Une répression aveugle qui depuis avril 2015 s’intensifie sans cesse, franchissant à chaque fois de nouvelles étapes vers le pire. Le 22 septembre, un rapport de l’ONU utilisait pour la première fois ce mot symboliquement lourd de sens : «génocide». Il n’a pas encore eu lieu, même si la liste des morts, des personnes détenues ou disparues, ne cesse de s’allonger. Même si la torture, qualifiée de «correction» est systématique. En réalité, «tous les instruments, tous les indices d’une dérive génocidaire sont là», s’inquiète Florent Geel, qui couvre le continent africain pour la FIDH.

«Massacre à huis clos»

D’où l’idée de cette fausse bande-annonce qui reprend les codes du cinéma pour alerter l’opinion publique et la communauté internationale sur «un massacre à huis clos» dans ce minuscule pays de l’Afrique des Grands Lacs, où les journalistes et les observateurs des droits de l’homme ne sont plus les bienvenus. D’ailleurs depuis la publication du rapport de l’ONU, les enquêteurs qui l’avaient rédigé ont été déclarés persona non grata. Et l’agence des droits de l’homme des Nations unies a été priée de plier bagage. Le film, ou plutôt le clip, ne contient aucune image violente. Ce qui n’empêchera pas certains de lever les yeux au ciel en suggérant un procédé «racoleur»«Mais comment fait-on aujourd’hui pour attirer l’attention sur un lointain petit pays africain menacé de génocide ? » rétorque Geel.

Génocide au Burundi sera diffusé sur les réseaux sociaux (#StopThatFilm), le site d’Allociné, dans certaines salles de cinéma parisiennes mais aussi sur un écran géant à Times Square à New York ce mardi, alors que le rapport de la FIDH sur le Burundi devait être évoqué aux Nations unies. Bien plus que le film, c’est ce rapport de synthèse sur la genèse du drame burundais et son péril génocidaire qui est au cœur de la campagne que lance la FIDH pour tenter de rompre l’indifférence et l’apathie de cette étrange entité appelée «communauté internationale».

Depuis soixante-dix ans, le mot «génocide» est devenu un mot contraignant pour cette dernière, impliquant l’impérieuse nécessité d’agir. «Nous ne l’employons pas à la légère à la FIDH», rappelait Florent Geel lors de la conférence de presse organisée au Louxor. «La dernière fois c’était en 1993», ajoute-t-il.

A l’époque, il s’agissait du génocide en préparation au Rwanda. Résultat : 800 000 morts en seulement trois mois en 1994. Le même phénomène est-il en train de se reproduire vingt-deux ans plus tard au Burundi, pays voisin du Rwanda ? Pas exactement même si les similitudes existent. Ne serait-ce que parce que dans un cas comme dans l’autre «la connotation ethnique» est un leurre qui cache des enjeux bien plus politiques.
1   2   3   4   5   6   7   8

similaire:

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconEt les traductions regroupées dans notre rubrique

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconTitre : Activités Scientifiques et technologiques : «La vie, Le corps...
«Le savais-tu?» Une rubrique courte (quelques paragraphes) qui constitue une amorce sur le sujet à venir. On en profite aussi au...

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconLe corrigé des Traductions

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconLéo était comme un frère pour moi, de notre rencontre jusqu'à notre...

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconL'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisateurs. C'est notre mission

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconL'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisateurs. C'est notre mission

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconL'accès à notre travail est libre et gratuit à tous les utilisateurs. C'est notre mission

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconLes carburants préférés de notre organisme sont le glucose et les...

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconBonjour (ou plutôt bonsoir pour les couche-tard !) aux internautes...

Et les traductions regroupées dans notre rubrique iconCréation et recréation d’images symboliques de femmes fortes dans...
«mérite» ont dans notre langue une connotation morale qui peut gauchir la notion grecque d’arété. Le monde des cités grecques peut...








Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
p.21-bal.com