télécharger 109.14 Kb.
|
« SUIVRE LA ROUTE » MOBILITES ET ECHANGES ENTRE MALI, MAURITANIE ET SENEGAL Armelle Choplin (Université Paris-Est Marne-la-Vallée, ACP / Prodig) Jérôme Lombard (IRD Prodig) Résumé Cinquante ans après l’indépendance du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie, la question de l’intégration régionale, de la fluidification des échanges et des mouvements de populations entre les trois Etats se pose avec acuité. Il s’agit de confronter les principes de la CEDEAO (libre circulation des biens et des hommes) à la réalité des mobilités dans cette région. Reposant sur une enquête de terrain multi-située le long de la route, cet article rend compte des contradictions entre l’essor des réseaux de transports, l’intensification des échanges et les pratiques sociales transnationales, entravées par de nombreux contrôles. Mots Clefs Mobilités, échanges, transports, contrôles, frontières, CEDEAO, Union Européenne, Sénégal, Mali, Mauritanie Summary Fifty years after the independence of Senegal, Mali and Mauritania, the issue of regional integration and political relations between the three states is at stake. The ECOWAS promotes the establishment of a common market and free movement of people. This article sheds light on the spreading of transports networks, increasing exchanges and people transborder practices. Based on a multi-sited fieldwork along the “route”, this paper highlights new form of popular transnationalism but also the contradiction between Ecowas theoretical principles and the growing controls, which hinder circulation. Key words Mobility, exchanges, transports, controls, borders, ECOWAS, European Union, Senegal, Mali, Mauritania S’appuyant sur les accords de coopération qui existent au sein de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) et s’inspirant du modèle de l’espace Schengen, l’Union européenne entend aider au renforcement de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. À travers son 10e Fonds européen de développement (FED), elle prône la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des hommes en Afrique de l’Ouest. Dans cette logique, la création d’un ensemble régional doit permettre de consolider les économies et de soutenir le processus de développement (Club du Sahel, 2009). Cinquante ans après l’indépendance et de difficiles constructions nationales, la question de l’intégration économique, de la fluidification des échanges et, par conséquent, de la normalisation des relations internationales dans la région se pose avec acuité. Nous proposons d’interroger la nature réelle des liens entre trois pays de la zone : le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. Dans la région ouest-africaine qui nous préoccupe, des travaux récents exposent la difficulté à mettre en place un espace efficient de concertation, comme celui de la CEDEAO (Fall, 2004 ; Adepoju, 2009). Alors que la liberté de circulation des personnes est officiellement reconnue, les voyageurs restent à la merci des politiques coercitives menées par chaque État1. Ici comme ailleurs, les dynamiques transnationales de circulations, si elles sont prégnantes, comme le démontrent les travaux menés ailleurs dans le monde (Péraldi, 2001 ; Tarrius, 2001), se heurtent aux cadres étatiques rigides. Pourtant, en dépit des nombreux obstacles à la mobilité, voyageurs, transporteurs, hommes et femmes d’affaires, commerçants, migrants, aventuriers déploient à différentes échelles leurs trajectoires qui rencontrent, s’opposent ou ignorent les différents processus d’intégration territoriale nationaux et supranationaux. Pour rendre compte de ces paradoxes, nous nous sommes confrontés à cet espace prétendument ouvert. En novembre 2009, nous avons circulé entre les trois États (sur un parcours de près de 2 500 km) et franchi les frontières terrestres en transport en commun (carte 1). Notre enquête de terrain, en mouvement et « multi-située » (Marcus, 1995), devait rendre compte des aspérités de l’espace régional et des obstacles qui entravent les circulations. Par ailleurs, nos précédents travaux dans la zone avaient amené à reconsidérer la figure du migrant, trop souvent cantonnée à la seule image du jeune aventurier qui transite par cet espace en espérant gagner l’Europe (Bredeloup, 2008). Aussi, à l’instar d’Olivier Pliez (2009) et Julien Brachet (2009), nous avons choisi de « suivre la route » au côté d’individus circulants afin de mettre en lumière la multiplicité des trajectoires et l’emboitement complexe des territoires2. Pour saisir les intrications d’échelles et l’opposition notoire entre ouverture et fermeture dans la zone, nous reviendrons sur les processus de construction Carte 1 : Parcours des auteurs durant l’enquête ![]() |
![]() | «vieux» : isolement, dépendance des personnes très âgées, avenir incertain des régimes des retraites, déclin de la solidarité intergénérationnelle,... | ![]() | «Cinquante ans après la création de l’organisation panafricaine des femmes, quelles sont nos attentes ?» |
![]() | ![]() | «placé en dessus» d’une société qui ne l’aurait jamais produit et ne l’a jamais demandé», observe Virginia Luling, universitaire... | |
![]() | «la coopération régionale s’affiche comme un instrument clé d’intégration «économique» des Etats africains dans l’économie mondiale»... | ![]() | |
![]() | «maître des créatures» dans les Veda, engendre les dieux Ogo et Nommo chez les Dogons du Mali, le géant P’an-kou en Chine, la voûte... | ![]() | «guerre improbable, paix impossible». Mais deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et l’urss n’entendent... |
![]() | «glaçon» ? | ![]() | ... |