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![]() www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Élie WIESEL (Roumanie – France – États Unis) (1928 -) ![]() Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’La nuit’’ et le ‘’Le testament d’un poète juif assassiné’’ qui font l’objet de fichiers particuliers), puis est tentée une synthèse finale. Bonne lecture ! Il est né, le 30 septembre 1928, dans la ville de Sighet, en Transylvanie, une région de Roumanie où des gens de langues différentes (roumain, hongrois, allemand, polonais, ukrainien, russe) et de religions différentes (catholique, orthodoxe, juive) vivaient côte à côte depuis des siècles, parfois en paix, parfois en conflit amer ; qui était depuis longtemps disputée entre la Hongrie et la Roumanie, et qui, durant le XXe siècle, changea de mains à maintes reprises, selon les sorts de la guerre. Sa famille appartenait à la communauté juive qui comptait trente-huit mille personnes sur les deux cent mille habitants de la ville. Ses parents, Shlomo et Sarah, étaient des juifs orthodoxes qui possédaient une épicerie. Il avait deux sœurs plus âgées, Hilda et Béa, et une plus jeune, Tzipora. Il eut une enfance pauvre, mais heureuse. À l’âge de trois ans, il commença à aller à une école juive où il apprit l’hébreu classique, étudia la ‘’Torah’’, puis le ‘’Talmud’’ et le ‘’Midrash’’, sa vie étant entièrement centrée sur ces textes religieux : «Pendant le jour, j’étudiais le Talmud, et, la nuit, je courais à la synagogue pour pleurer sur la destruction du Temple» (‘’La nuit’’). Très tôt, il écrivit, en hébreu ancien, des commentaires de la Bible. Son rêve était de posséder une machine à écrire. Comme il n’en avait pas, il se rendait chaque jour au bureau de la communauté juive où il y en avait une, en caractères hébraïques. Il fut influencé par son grand-père maternel, Doddye-Grey, qui était un important membre de la secte des «hassidims», qui met l’accent sur le mysticisme, la prière, le zèle religieux et la joie («hassid» veut dire «joyeux») ; lors de la veillée du «shabbat», il évoquait la mémoire des maîtres du hassidisme, qui trouvaient Dieu non dans la pénitence mais dans la célébration. Il aimait aussi converser avec Moshe, le gardien de sa synagogue, qui lui parlait du Messie et d’autres mystères du judaïsme. À la maison, pendant la semaine, on parlait le yiddish, et Élie Wiesel put déclarer : «J’aime le yiddish, car il m’accompagne depuis le berceau. C’est en yiddish que j’ai prononcé mes premiers mots, exprimé mes premières craintes : il constitue pour moi un pont vers mes années d’enfance. C’est un royaume à lui tout seul, où vivent amitié et envie, grandeur et bassesse, savoir et ignorance, joies et deuil.» - «Il est des chants que je ne peux chanter qu’en yiddish. Il est des prières, que seules les grands-mères juives avaient coutume de chuchoter dans la pénombre du crépuscule. Il est des bons mots qui ne sonnent juste qu’en yiddish. Il est des contes dont seule la langue yiddish, inondée de tristesse et de nostalgie, peut rendre la magie et le mystère.» - «J’ai besoin du yiddish pour rire et pleurer, célébrer et regretter. Et pour me plonger dans mes souvenirs. Existe-t-il une meilleure langue pour évoquer le passé avec son poids d’horreurs? Sans le yiddish, la littérature de l’Holocauste n’aurait pas d’âme. […] Si je n’avais pas écrit mon premier récit en yiddish, les livres qui lui succédèrent seraient restés muets.» Il aurait voulut devenir écrivain yiddish, mais il en fut dissuadé par la gérontocratie de cette littérature. Il écrit des articles pour le seul hebdomadaire yiddishophone encore publié en Amérique. Pendant le shabbat, on parlait l’hébreu ancien. Ses parents conduisaient leurs affaires en allemand, en hongrois ou en roumain selon le cas. Son père, bien que religieux et envisageant d’émigrer en Palestine (cependant lorsqu’un certain nombre de certificats d’émigration parvinrent dans la ville, une seule personne accepta l’offre), l’encouragea à étudier l’hébreu moderne (il l’apprit à travers la lecture d’illustres poètes : Chaïm Nahman Bialik, Saul Tchernikowski, etc.), et à ne pas négliger ses études séculières. Il apprit aussi à jouer du violon. Les premières années de la Seconde Guerre mondiale laissèrent Sighet relativement intacte, même si, en 1940, les nazis firent passer la Transylvanie de la Roumanie à la Hongrie. Elle se croyait à l’abri des persécutions subies par les juifs en Allemagne et en Pologne. Mais, en 1942, le gouvernement hongrois statua que les juifs qui ne pouvaient prouver leur citoyenneté hongroise devaient être transférés dans la Pologne alors tenue par les nazis. La seule personne de Sighet qui fut alors envoyée en Pologne mais put s’en échapper fut Moshe, qui revint à Sighet pour raconter son histoire, parler du massacre par balles auquel il vait échappé. Mais les gens pensèrent qu’il était devenu fou, et la vie se poursuivit comme avant. En 1942, fut célébrée la «bar mitzvah» d’Élie. Il continuait d’étudier la Bible et d’autres livres religieux. Contre la volonté de son père, il se plongea même dans la mystique juive de la secte des hassidims. Comme elle valorise l'ascèse du langage, pendant certaines périodes, lors du «shabbat», il ne prononçait pas un mot, ce qui déplaisait à ses parents. Il voulait devenir enseignant, et éclaircir des textes sacrés ; il confia qu’il aurait pu devenir «un obscur talmudiste dans un village sans histoire.» Il fut aussi attiré par la Kabbale, l’astrologie, la parapsychologie, l’hypnotisme et la magie. En mars 1944, des soldats allemands occupèrent Sighet. Ils forcèrent les juifs à porter l’étoile jaune. Ils fermèrent les magasins juifs, firent des razzias dans leurs maisons, et créèrent deux ghettos. En mai, les déportations commencèrent. La servante chrétienne des Wiesel, Maria, les invita à se cacher dans son chalet de la montagne, mais ils préférèrent rester avec la communité juive. Au début de juin, ils furent parmi les derniers juifs à être embarqués dans des wagons à bestiaux, à raison de quatre-vingts personnes dans chacun. Wiesel allait plus tard écrire : «La vie dans les wagons à bestiaux fut la mort de mon adolescence.» Après quatre jours, le train s’arrêta à Auschwitz. Wiesel suivit les conseils d’un autre prisonnier, et déclara à l’officier S.S. qui les contrôlait qu’il avait dix-huit ans, qu’il était un fermier et en bonne santé. Lui et son père furent envoyés au travail forcé. Sa mère et sa plus jeune soeur furent envoyées aux chambres à gaz. Wiesel et son père, qui réussirent à rester ensemble, survécurent d’abord à Auschwitz puis au camp de travail de Buna pendant huit mois, devant, sans chaussures ou vêtements adéquats, en endurant les coups, la faim, les interminables appels et d’autres tortures, travailler jusqu’à l’épuisement. L’adolescent, qui, comme les autres internés, avait été dépouillé de son identité, n’étant désigné que par son numéro : A-7713, vit des pendaisons et, une fois, un «procès» fait à Dieu par trois rabbins. Cependant, il ne cessait de prier chaque jour. Au cours de l’hiver 1944-1945, son pied droit (dans ‘’La nuit’’) ou son genou (dans ‘’Tous les fleuves vont vers la mer’’), enfla, et un médecin du camp l’opéra. Deux jours plus tard, le 19 janvier, les SS forcèrent les internés de Buna à une «marche de la mort». Pendant dix jours, ils furent forcés de courir jusqu’au camp de Gleiwitz, puis entassés dans des wagons de marchandises, et envoyés à Buchenwald que, sur les vingt mille qui avaient quitté Buna, six mille seulement atteignirent. À leur arrivée, le 28 juin, le père de Wiesel mourut de dysenterie, de famine et d’épuisement. Élie fut envoyé dans le baraquement 66 où se trouvaient six cents enfants. Comme les troupes américaines approchaient, le 6 avril 1945, les gardes dirent aux prisonniers qu’ils ne seraient plus nourris, et commencèrent à vider le camp, tuant dix mille prisonniers par jour. Au matin du 11 avril, des prisonniers insurgés attaquèrent les S.S.. Tôt dans la soirée, les premières unités de la Troisième armée américaine arrivèrent, et libérèrent le camp. Interrogé sur la façon dont il avait pu survivre à un tel enfer, Élie Wiesel confia : «Je n'ai rien fait pour : j'étais trop timide, trop peureux, trop jeune. La bonne question serait : comment fait-on pour ne pas devenir fou, plongé dans le froid et la faim, la peur et les coups, les hurlements des kapos et l'aboiement des chiens? Ce qui m'a sauvé de la folie, c'est ma passion de l'étude, du savoir. J'avais un coéquipier, avec qui je devais transporter des pierres très lourdes. C'était un ancien directeur d'académie talmudique en Pologne. Tout en portant ces pierres (j'étais derrière lui, je ne voyais que sa nuque), nous évoquions ensemble le Talmud...» Après sa libération, il connut des problèmes intestinaux, et passa plusieurs jours dans un hôpital. «Paradoxalement revenu optimiste» des camps de la mort («J'ai sincèrement cru que l'antisémitisme, le racisme appartenaient au passé.»), mais tourmenté par le besoin obsessionnel de dire ce qu’il avait vécu, il se donna la mission de témoigner à ce monde qui s'était tu lors de l'Holocauste (nom qu’il donna au génocide commis par les nazis, son autre nom étant «la Shoah», depuis le film que Claude Lanzmann lui consacra en 1985) se jura de ne pas garder «le silence là où l'homme endure la souffrance et l'humiliation». Il établit alors l’esquisse d’un livre décrivant son expérience. Mais il n’était pas prêt à la rendre publique : «Si pénible était ma peine que je fis un vœu : ne pas parler, ne pas toucher à l'essentiel pour au moins dix ans. Assez longtemps pour voir clair. Assez longtemps pour apprendre à écouter les voix qui pleuraient en moi. Assez longtemps pour regagner la possession de ma mémoire. Assez longtemps pour unir le langage des hommes avec le silence des morts.» Quand il sortit de l’hôpital, comme il croyait sa famille exterminée pendant la guerre, il refusa de retourner à Sighet. Il faisait partie d’un groupe de quatre cents vingt-sept orphelins rescapés de Buchenwald qui refusaient de retourner en Europe centrale, et auxquels les Américains refusaient le droit de se rendre en Palestine, du fait des restrictions des autorités mandataires britanniques sur l'immigration. De Gaulle, ayant appris leur existence, leur permit de venir en France. À la frontière, leur fut proposée la nationalité française, mais, n’ayant rien compris au discours qui avait alors été prononcé, il ne la prit pas. Une organisation juive, l'Œuvre de secours aux enfants, s’occupa d’eux, les plaça dans différents foyers, où il allait demeurer de 1945 à 1947. Il apprit alors que ses deux sœurs les plus âgées avaient survécu à la guerre, retrouvant d’abord Hilda, qui avait épousé un juif algérien, et vivait à Paris ; puis Béa, qui était dans un camp de personnes déplacées en Allemagne, en attente d’un visa pour les États-Unis ou le Canada, et qu’il vit à Anvers. En 1946, il rédigea un essai, «une étude comparée sur l’ascétisme chez les chrétiens, les juifs et les bouddhistes». S’il continua à suivre les pratiques d’un juif orthodoxe, tout en se posant des questions au sujet de Dieu, qui aurait dû lui faire abandonner la foi, il fit, à la synagogue de la rue Pavée, une rencontre décisive : celle de «Monsieur Chouchani», surnom d'un enseignant juif dont on ne sait que peu de choses (et même pas son vrai nom), sinon qu'il était un prodige qui enchantait ses auditoires avec ses aperçus dans tous les domaines de la connaissance, dont les sciences, les mathématiques, la philosophie et le Talmud. Retombant dans l’habitude prise dès son enfance, de 1947 à 1950, Élie Wiesel étudia le Talmud avec Chouchani, qui l’influença profondément : «Ce personnage étrange m'a appris à me défier de toutes mes certitudes, pour mieux reconstruire ensuite sur les ruines.» Il lui fit se rendre compte combien il savait peu de choses. En 1947, il commença à étudier le français, qui, pour les Roumains était la langue européenne par excellence, le nombre de Roumains devenus écrivains français étant considérable. Il confia : «J'avais besoin d'une autre langue, comme d'un autre foyer : la langue française est devenue mon foyer. Mon tuteur, celui qui m'a enseigné le français, qui m’a fait découvrir Racine, Pascal, Hugo, Stendhal, Balzac, Aragon, Malraux, Sartre et Camus, était un homme exceptionnel, François Wahl, que l'Œuvre de secours aux enfants avait engagé pour nous aider dans nos études. Pour moi, apprendre la technique de l'explication de texte fut une chose assez facile : c'était presque l'étude du Talmud !» Le français lui offrit «un nouveau commencement, une nouvelle possibilité, un nouveau monde», fut pour lui, et demeure encore, «un refuge». Il expliqua : «Le français est une langue cartésienne, logique. Or ce que j’ai vécu dans mon enfance, mon adolescence, toutes mes aventures intérieures, c’était juste le contraire : je baignais dans le mysticisme. S’il y a une langue qui rejette le mysticisme, qui s’y oppose, c’est le français. Transformer, retraduire en français les notions, les concepts, les découvertes, les secrets du monde mystique, c’était une gageure, un pari, donc ça m’a tenté.» - «Ce qui m'a attiré, c'est d'opérer la synthèse du mysticisme de la tradition juive et du cartésianisme de la langue française !» - «L’anglais est ma langue de tous les jours. Mais le français est ma langue littéraire au plus haut sens du terme.» - «Je peux écrire un article en hébreu, pas un livre. Je peux écrire un article en anglais, pas un livre. Le livre vient d’une zone à part.» - «Quand une langue ne vous convient pas, sous votre plume, elle ressemble à un chant étouffé. On ne peut écrire que quand la langue elle-même chante et, pour moi, la langue qui chante, c’est le français.» Il devint aussi sa langue de lecture : «Aujourd’hui encore, je préfère lire les auteurs américains dans leur traduction française.» Le premier livre qu’il lut en revenant des camps fut, en 1947, ‘’La peste’’. Il confia : «Je ne maîtrisais pas encore le français, et pourtant j’ai ressenti une grande parenté avec Camus. Peut-être parce qu’il m’a fait comprendre que la littérature doit avoir une dimension éthique.» Il se reconnut dans l’état mental et physique d’emprisonnement que décrivent les deux premiers chapitres, dans la volonté de Rieux (son héros d’œuvre de fiction préféré) d’être un témoin du fléau, dans la conception d’une littérature qui est une force politique pouvant œuvrer en faveur d’un changement social, car, pour lui, l’Holocauste ayant mis fin à l’innocence littéraire, l’art pour l’art n’a plus de sens. Il apprécia aussi Malraux, «celui des débuts et aussi celui des oraisons funèbres». Cependant, il se nourrit surtout de Dostoïevski, Tolstoï, Kafka, Thomas Mann. Le 29 novembre 1947, une résolution de l'O.N.U. décréta le partage de la Palestine pour y créer une patrie pour les juifs. Élie Wiesel devint traducteur de l’hébreu au yiddish pour l'hebdomadaire de l'organisation sioniste d’extrême droite Irgoun, ‘’Zion im Kampf’’ (‘’La lutte de Sion’’). Il allait traduire des articles jusqu’en janvier 1949. En 1948, âgé de dix-neuf ans, il fut envoyé en Israël comme correspondant de guerre par le journal français ‘’L'arche’’, le mensuel du judaïsme français. Là-bas, s’il se lia d'amitié avec Golda Meir, il fut déçu par le regard que les jeunes Israéliens portaient sur les survivants des camps, qui arrivaient plein de récits horrifiques, et qui, comme partout ailleurs, constatèrent vite qu'«une barrière de sang et de silence» les séparaient, alors qu’on estime qu'un Israélien sur trois était un survivant de la Shoah, soit 350 000 personnes environ. Il nota : «Dans ce pays neuf, à l'idéal héroïque, les victimes du nazisme, les survivants des camps de la mort n'étaient pas bien acceptés. Et puis je n'étais pas prêt. Psychologiquement, je me sentais intégré à la diaspora. Israël, c'était l'accomplissement du rêve, et moi, j'étais encore attaché au rêve.» Il décida de revenir à Paris. Ayant hésité avec le conservatoire, car il aurait aimé faire des études de musique pour devenir chef d’orchestre, en 1948, il s’inscrivit à la Sorbonne où il étudia la littérature, la philosophie et la psychologie, suivant les conférences de Jean-Paul Sartre et de Martin Buber. Il prit aussi des cours de psychopathologie à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne. Il vivait d’expédients, donnant des cours d'hébreu, enseignant le Talmud, dirigeant une chorale. Mais il était extrêmement pauvre, et, parfois, était déprimé au point de penser au suicide. S’étant, en Israël, assuré d’un emploi de correspondant à Paris du tout jeune quotidien israëlien ‘Yediot Aharonot’’, dans les années cinquante, il voyagea à travers le monde en tant que reporter, et rencontra ainsi d'importantes personnalités, des artistes, des philosophes, et des chefs d'État. Il s’engagea dans la controverse née de la question de savoir si Israël devait accepter de l’Allemagne fédérale de l’argent en manière de réparation. En 1954, Élie Wiesel se décida à donner le témoignage sur l’expérience terrible qu’il avait vécue pendant la Seconde guerre mondiale. Il le commença en hébreu, puis, quelques mois plus tard, se trouvant à bord d'un bateau faisant route vers le Brésil, où il devait effectuer un reportage sur les communautés juives parlant yiddish et voulant bénéficier de la loi du retour pour émigrer en Israël, il continua son récit dans cette langue : «Fiévreux et comme hors d'haleine, j'écris vite, sans me relire. J'écris pour témoigner, pour empêcher les morts de mourir, j'écris pour justifier ma survie […] Mon vœu de silence arrivera bientôt à terme ; l'an prochain, ce sera le dixième anniversaire de ma libération […] Des pages et des pages s'entassent sur mon lit. Je dors peu, je ne participe pas aux activités du bateau ; je ne fais que taper, taper sur ma petite machine à écrire portative.» (‘’Tous les fleuves vont à la mer’’). Il produisit ainsi un manuscrit de 862 pages qu’il intitula ‘’Un di Velt hot geshvign’’ (littéralement : ‘’Et le monde se taisait’’), où il appelait les juifs à la vengeance et à la rébellion. Il fut publié, à Buenos Aires, par Mark Turkov, un éditeur de textes en yiddish, sous forme d'un volume de 245 pages, dans la collection ‘’Dos poylishe yidntum’’ (‘’La judéité polonaise’’), une série de Mémoires sur l'Europe et la guerre. Cette publication ne suscita aucun intérêt, et Élie Wiesel continua sa carrière journalistique. En mai 1955, afin de pouvoir approcher du premier ministre français, Pierre Mendès-France, il fit une interview de son ami, le célèbre écrivain catholique et lauréat du prix Nobel, François Mauriac. «Le problème était que Mauriac aimait Jésus. C'était la personne la plus correcte que j'aie jamais rencontrée en ce domaine - en tant qu'écrivain, écrivain catholique. Honnête, intègre, et amoureux de Jésus. il ne parlait que de Jésus. Quoi que je demande - Jésus. Finalement, je lui dis : ‘’Et Mendès-France?’’ Il répondit que Mendès-France, comme Jésus, souffrait… Avec ce Jésus, c'en fut trop, et pour la seule fois dans ma vie, je fus discourtois, ce que je regrette encore aujourd'hui. Je lui dis : ‘’M. Mauriac, on l'appelait maître, il y a de cela dix ans à peu près, j'ai vu des enfants, des centaines d'enfants juifs, dont chacun a souffert mille fois plus, six millions de fois plus, que le Christ sur la croix. Et on ne parle pas d’eux’’. Je me sentis soudain gêné. Je fermai mon bloc-notes et me dirigeai vers l'ascenseur. Il me rattrapa. Il me retint ; il s'assit dans sa chaise, moi dans la mienne, et il se mit à gémir. J'avais rarement vu un vieil homme pleurer de la sorte, et je me sentais si bête… Et puis, à la fin, sans rien dire d'autre, il dit : "Vous savez, vous devriez peut-être en parler".» Et François Mauriac, pour qui il a une grande gratitude («Je lui dois beaucoup.») et qu’il considère un homme généreux, noble et courageux, qui est toujours allé à contre-courant, contre son propre milieu, le convainquit de réécrire son témoignage en français, et alla porter lui-même le manuscrit à plusieurs éditeurs ; on le refusa car on préférait oublier (ou ne rien savoir?), on trouvait le livre trop sombre, trop triste, on craignait aussi que son auteur soit «l'écrivain d'un seul livre». Mais Jérôme Lindon, aux ‘’Éditions de minuit’’, l’accepta, en réduisant toutefois le nombre de pages, et en changeant le titre, ce que Wiesel accepta. Ainsi parut : _________________________________________________________________________________ “ |
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