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Venise – vers 1990 Il n’y a que Venise, peut-être, pour exhaler à des kilomètres à la ronde cette vapeur d’eau saumâtre si particulière. (Nathalie Poiret) (43) Pienza - Toscane - vers 1995 Dès que l’on rentre, tout le village sent le Pecorino: c’est un fromage comme le parmesan. (S. J.) (44) Brest – vers 1995 L’odeur du soja, quand souffle le surcroît sur Brest, les effluves caractéristiques du lisier, très fréquent dans le Finistère et en Bretagne, sont perçus, inévitablement, par quiconque réside ou passe quelques jours dans la ville et sa région . […] Les odeurs de la ville : ce sont celles, d’abord, inhérente au site. Brest est une ville de bord de rade et vers le fond, au débouché de l’Elorn, on signale, selon la marée, des relents de vase. C’est aussi le cas sur les bords de la Penfeld, à cause de la marée, mais aussi par la présence d’eaux plus stagnantes. […] Il reste l’usine de trituration du soja (Soja-France du Groupe Cargill) et c’est aujourd’hui la principale source d’odeurs sur la ville. Le soja, provenant essentiellement des Etats-Unis, d’Argentine et du Brésil, est déchargé et transféré directement du bateau dans des silos. Lors de cette opération, des graines, s’échappent constituant la “ freinte “ (terme de la marine marchande désignant les pertes au moment du déchargement de marchandise). Les graines perdues et dispersées autour de l’usine s’imprègnent d’humidité, fermentent et dégagent une odeur caractéristique plus ou moins tenace. L’odeur peut provenir aussi du séchage des graines avant traitement. Le taux d’humidité ne peut être supérieur à 12%. La vapeur d’eau dégagée est imprégnée du “parfum “ du soja. Les vents du Sud ou du Sud-Ouest selon leur force la répandent sur une partie de la ville. Les quartiers jouxtant le port la subissent le plus souvent et de façon intense et les riverains s’en plaignent fortement. En s’éloignant vers le centre-ville et jusque vers les quartiers plus au Nord ou Nord-Est (Lambézellec, Kergaradec), on sent épisodiquement “le soja“, sans que cela apparaisse comme une gêne. De temps en temps et en petites quantités, le port de Brest importe du manioc lequel génère des relents très forts, plus désagréables que le soja. On le signale moins et c’est un fait acquis : quand souffle le surcroît, “ Ca sent le soja “. Ainsi, la ville porte-t-elle une “étiquette olfactive “ : odeur locale certes, mais qui témoigne de l’intégration de Brest, dans un espace très vaste, mondial même depuis les Amériques jusqu’au Sud-est asiatique : c’est l’avant-pays d’un port qui reçoit et traite des produits destinés à l’alimentation animale. Au sortir de l’usine, la farine de soja est distribuée dans un arrière-pays restreint aux limites du Finistère. (Nicole Mainet-Delair) (45) Maisons-Alfort - 1995 Depuis plus d’un siècle, l’odeur fétide de la fermentation marque l’espace et le rythme le temps des Maisonnais. L’usine Springer, qui fabrique de la levure, (15 ha d’usine en plein centre ville), produit des odeurs qui marquent de leur empreinte fluctuante et impalpable l’ensemble d’un territoire urbain. Quand on les interroge à propos de l’odeur, les gens ont souvent du mal à décrire autrement que par une réaction de rejet: “c’est extrêmement désagréable”, “c’est à vomir”, ‘c’est une horreur, épouvantable”, “ça a un côté douceâtre, écoeurant”. Les équarrissages de chevaux qui étaient encore pratiqués jusqu’à une date récente à l’Ecole Vétérinaire représentaient la deuxième nuisance olfactive dont souffraient les Maisonnais. (Vincent Moriniaux) (46) La Rochelle – 1995 A La Rochelle, en l’occurrence, le Rochelais ne sent plus la mer, l’iode ou d’autres odeurs marines. Ce n’est que par grand vent, pluie, ou grandes marées que les effluves parviennent jusqu’à ses naseaux lésés, atrophiés qu’ils sont par trop de familiarité avec les embruns. […] L’arrivée à La Rochelle depuis Poitiers ou Paris par le train et l’esplanade de la gare ne mettent pas le voyageur en contact visuel avec la mer. Pourtant, il n’est pas rare d’entendre nombre de réflexions sur les odeurs océanes : “Ca sent la mer, l’iode, le poisson “. […] La Rochelle est une ville moyenne (déchets) et une modeste ville industrielle. Les quartiers de Port-Neuf et de La Pallice concentrent plusieurs grosses infrastructures. Deux posent de sérieux problèmes au voisinage de par leurs odeurs : la station d’épuration à Port-Neuf et l’usine Rhône-Poulenc à La Pallice. Les problèmes sont récurrents depuis des années et les odeurs rebutantes. L’usine d’engrais Angibeau/Gratecap dans le quartier de Bongraine. C’est l’élément phare de cette géographie rochelaise des odeurs. A elles seules, les aires de stockage de cette usine d’engrais sont capables de perturber les conditions de vie de nombreux habitants de la préfecture de la Charente-Maritime. L’usine est isolée entre d’anciens marais-salants et les voies de chemin de fer et les premiers quartiers h’habitation sont à 500 mètres. Pourtant, l’aire odoriférante de l’usine peut atteindre la quasi-totalité de la ville de La Rochelle quand le vent vient du Sud, Sud-Sud-Est. Les mauvaises odeurs sont fréquentes dans un rayon d’un kilomètre (8 à 10 fois par mois selon les saisons et les conditions météoroloiques). Le centre ville est touché annuellement dans des proportions similaires (une dizaine de fois), mais l’odeur est si particulière qu’elle marque les esprits. On sent que ça sent. Le quartier de Tasdon, proche de l’usine, subit les désagréments les plus importants. (L. Marrou, Ph. Guerry, M. Jean-Bart, F. Lartigou) (47) Virton (Belgique) - 1996 A Virton (Sud de la Belgique, après Arlon), nous savons que nous nous approchons du centre parce que l’odeur prononcée de choux, provenant de l’usine de pâte à papier voisine s’accentue. Dès qu’il pleut, toute la région sent le choux, je ne sais pour quelle raison c’est plus prononcé à ces moments-là. Ca sent plus fort dans les cuvettes. Il y a des gens que ça dérange, moi pas. Les gens étaient contents de retrouver l’odeur quand l’usine a rouvert après 3 années de fermeture. (l’usine emploie environ 1500 personnes) [Source principale des odeurs: juste après cuisson qui se fait avec une solution de soude caustique et de sulfure sodium, on vide les autoclaves produisant un dégagement d’H2S, composés organiques sulfurés qui sont odoriférants à faible dose.] (Sophie Duquet) (48) Lorsqu’on traverse cette région, on dirait que tout le monde cuit de la choucroute. (Chantal Cornil) (49) Nîmes - 1996 Quand on roule en voiture sur l’autoroute, pendant toute la route on a les vitres fermées, quand j’arrive à Nîmes au péage et que j’ouvre les vitres, là il y a une odeur de garrigue qui ressort et qui est vraiment typique ... à Nîmes et à sa région. ... Bon alors c’est surprenant parce que Nîmes c’est quand même ... la garrigue ne se trouve pas ... à côté du péage d’autoroute, mais cette odeur dégage ... ça dégage le midi, les cigales, la garrigue, (...) c’est surprenant quoi. Et je n’en aperçois dès que j’ouvre ma vitre au péage de Nîmes quoi. (...) là on reconnaît où on est, y’a pas de problème. (Y, cité dans Suzel) (50) Oulu – (Finlande) - 1998 Durant tout mon séjour en mars, cela sentait le suret dans toute la ville. Les usines de pâte à papier répandaient cette odeur constamment présente. (Marc Crunelle) (51) Lisbonne – vers 1999 Il y a aussi des voix, des odeurs à reconnaître – des odeurs, et quelles odeurs: sans aller plus loin, celle du poisson salé en tonneau dans les boutiques de la Rua do Arsenal; celle de la mer à certaines heures dans les docks du Tage; celle de l'été nocturne des parterres de Lapa; des dépôts d'articles de marine entre Santos et Cais do Sodré; et encore celle du poisson en train de griller sur les braseros à la porte des gargotes, dans les encoignures et les ruelles, depuis le Bairro Alto jusqu'à Carnide. (José Cardoso Pires) (52) 2 tel quartier, telle rue dans la ville France - Moyen Age Notons qu’aux jours de fête (passage d’un prince, d’une procession), les rues étaient ornées comme un intérieur riche: jonchées d’herbes et de fleurs sur le sol, tapisseries ou étoffes tendues sur les murs. Cette décoration prévaut encore dans nos villes de l’Ouest pour les processions de la Fête-Dieu. [...] Durant les tournois, [...] On jonchait les rues de menthe, de jonc, de glaïeul. (Geneviève D’Haucourt) (53) Paris - Louvre - vers 1670 ... Aux environs du Louvre, en plusieurs endroits de la cour et sur les grands degrés, dans les allées d’en haut, derrière les portes et presque partout, on y voit mille ordures, on y sent mille puanteurs insupportables, causées par les nécessités naturelles que chacun y va faire tous les jours, tant ceux qui sont logés dans le Louvre que ceux qui y fréquentent ordinairement et qui le traverse ... Dans la ville, plusieurs endroits sont aussi infectés de ces mêmes ordures ... Au Palais, le même inconvénient arrive, comme dans un lieu qui est ordinairement rempli de toutes sortes de personnages, qui font leurs nécessités en plusieurs endroits dudit palais, ce qui peut aussi nuire en temps de peste, même à messieurs du Parlement. (pétition adressée à Louis XIV par un aspirant concessionnaire désirant installer des cabinets d’aisance à usage public) (54) Paris - la rue du Pied-de-Boeuf vers 1785 Aux belles rues Saint-Honoré, Saint-Antoine, Saint-Louis-au-Marais, opposez la rue du Pied-de-Boeuf, située tout au coeur de la ville; c’est bien l’endroit le plus puant qui existe dans le monde entier. [ la rue du Pied-de-Boeuf était située à l’emplacement actuel du Théâtre de la Ville, place du Châtelet] Là une juridiction qu’on nomme le Grand-Châtelet; puis des voûtes sombres et l’embarras d’un sale marché; ensuite un lieu où l’on dépose tous les cadavres pourris, trouvés dans la rivière, ou assassinés aux environs de la ville. Joignez-y une prison, une boucherie, une tuerie; tout cela ne compose qu’un même bloc empesté, emboué et placé à la descente du Pont-au-Change. De ce pont si surchargé de vilaines maisons, voulez-vous aller à la rue Saint-Denis? Les voitures sont obligées de faire un détour par une rue étroite, où se trouve un égout puant, et presque vis-à-vis de cet égout est la rue Pied-de-Boeuf, qui aboutit à des ruelles étroites, fétides, baignées de sang de bestiaux, moitié corrompu, moitié coulant dans la rivière. Une exhalaison pestilentielle n’abandonne jamais cet endroit, et dans le débouché qui donne près de chute du pont Notre-Dame, dans la rue de la Planche-Mibray [qui tirait son nom des planches jetées au-dessus de la bray ou boue de la rue], on est obligé de retenir sa respiration et de passer vite, tant l’odeur de ces ruelles vous suffoque en passant. (Louis Sébastien Mercier) (55) Paris - porte d’Enfer vers 1785 Qui n’aime point à sentir l’odeur du foin nouvellement coupé, celui-là ne connaît pas le plus agréable des parfums; qui aime cette odeur, qu’il aille deux fois par semaine vers la porte d’Enfer [aujourd’hui Denfert-Rochereau]. Là, sont de longues files de charrettes surchargées de foin; elles sont immobiles, et attendent les acheteurs. Je régale mon odorat en passant à travers ces charrettes, car je ne connais rien de plus agréable que l’odeur du foin nouvellement coupé. (Louis Sébastien Mercier) (56) Lisbonne – la Patriarcale (S. Vincente da Fora) 7 juin 1787 Je regagnai ma fenêtre pour avoir une vue d’ensemble du cortège du Saint-Sacrement. Tout n’était qu’attente et silence dans la foule, rangée par les gardes de part et d’autre des degrés devant l’entrée de la basilique. Enfin une pluie d’herbes aromatiques et de fleurs annonça l’approche du Patriarche portant l’hostie sous un dais fastueux, entouré des Grands et précédé d’une théorie de visages mitrés, de mains dévotement jointes, de robes écarlates balayant le sol, accompagnés de desservants portant crosses, reliquaires d’argent et autres attributs de la grandeur pontificale. (William Beckford) (57) Paris - le Palais-Royal - 1797 On ne sait, en été, où se reposer, sans y respirer l’odeur d’urine croupie. (Pierre Chauvet) (58) Florence – la Tour de Giotto – 1875 C’est dans ce coin de terre que la moderne Florence a fait sa principale station de fiacres et d’omnibus. Les fiacres, avec leurs litières d’étable, formées par le foin répandu, et leur odeur, où domine celle du fumier de cheval, peuvent encore, à la rigueur, s’accorder davantage avec ce cadre que ne le pourrait la populace ordinaire d’une promenade en vogue, avec ses cigares, ses crachats et l’éclat provoquant de ses prostituées ; mais la station d’omnibus, en face de la tour, empêche qu’on puisse s’arrêter un instant pour regarder les sculptures des côtés est et sud, tandis que le côté nord est outragé par une grille et également presque toujours encombré de décombres. (John Ruskin) (59) Prague et en particulier son ghetto - vers 1890 À propos de la synagogue: Dans l’odeur suffocante des lampes à huile, dans l’obscurité, un chantre psalmodiait ... [...] Le pavé poisseux était encombré de déchets répugnants, de cloaques et de ruisseaux malodorants. Des milliers de rats avaient élu domicile dans ces passages puants. En raison de l’absence d’égouts, on y respirait des relents infectés de miasmes. [...] Les ruelles du Cinquième Quartier étaient riches en tavernes, bouges et pièges de toutes sortes. Tavernes enfumées, puant la moisissure et la décrépitude, avec leurs clients agglutinés dans un petit espace sous une lampe à huile qui jetait une lueur jaunâtre sur leurs corps enflés. [...] La puanteur, l’humidité, la saleté nauséabonde, la décrépitude des logements surpeuplés, cause de contagion et de mortalité élevée, la carence des services d’hygiène et d’eau potable, l’étroitesse des rues en mauvais état, à peine aérées et sans soleil, la misère, (...) tout cela conduisit les autorités de Prague à détruire le ghetto.” [en 1893] (Angelo Maria Ripellino) (60) Le Havre - vers 1895 La rue est faite pour qu’on y passe, mes enfants, et non pour qu’on y joue. Ne vous attardez jamais dans la rue. Et méfiez-vous de tout. “ Ainsi parlait notre maman qui ne savait pas nous convaincre. Qu'étaient, à nos yeux, les périls de la rue, au prix de ses enchantements?... J’aimais la rue Vercingétorix, la rue du Château, et, si je ressuscite un jour, fantôme aveugle, c’est au nez que je reconnaîtrai la patrie de mon enfance: senteurs d’une fruiterie, fumet de la blanchisserie, bouquet chimique du pharmacien qu’illuminent, dès la chute du jour, une flamme rouge, une flamme verte, noyées toutes deux dans des bocaux ronds, haleine de la boulangerie, noble, tiède, maternelle. J’allais, les narines en éveil. (Georges Duhamel) (61) Milan - galerie Victor Emmanuel - 1909 La Galerie de Milan [...] ouvre une bouche énorme sur la place du Dôme, [...] jour et nuit, la gueule de la Galerie crache et aspire le flot des passants. [...] Elle grouille de peuple, à toute heure. Il y règne un luxe épais. La Galerie est pleine de magasins, de boutiques, de cafés. Les pas des promeneurs, le talon de ceux qui se hâtent, la voix de ceux qui demeurent, les appels, le cliquetis des verres et des cuillères dans les tasses, tous ces rayons sonores engendrent une sphère de bruit, où l’on reste assourdi. Un peu partout les échos retentissent. Le luxe vulgaire de la Galerie répond au faste de la façade: la pierre de taille est sale; les membres de l’édifice semblent de vieux papier. Sous le berceau des vitres, il fait une chaleur de serre. La lumière est aussi laide, aussi crue, que dans un atelier de chimiste. Par temps de pluie, rien de faux et de pesant comme ce jour lugubre, qui traîne en linge gris. Mais l’odeur, surtout, est à donner le frisson: l’air humide sent le chien crevé, les socques, le caoutchouc, le poil, le cadavre et la chique. dans la saison chaude, la poussière pétille: les atomes dansent dans le soleil; chaque grain a son poivre qui se mêle à la puanteur profonde des chambres correctionnelles, au remugle de la fiente humaine, à la note écoeurante des mauvais savons et aux nuages du tabac noir percé d’une paille. (André Suarès) (62) |
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