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Clausewitz De la guerre Etude du livre I (3) : le facteur humain (plan et documents) Préambule et mise en perspective « Clausewitz passe souvent, et à juste titre, pour l’écrivain militaire qui introduisit dans la théorie la notion du moral (d’une armée) ou des forces morales (moralische Potenzen » (Aron, 1976, a, p.195).
Clausewitz De la guerre Etude du livre I (3) : le facteur humain (plan et documents)
La « compassion » La peur Cf II,2 p. 130-131) distinctions peur= réponse au danger réel/ angoisse, réponse au danger possible, peur du simple soldat/ angoisse du commandant, dont « la responsabilité pèse sur son esprit d’un poids qu’il décuple » => responsabilité du commandant n’est pas simplement un honneur, mais aussi, littéralement, une charge, révélée à son paroxysme dans ce rapport au danger.
« l’habitude » Le courage du « génie martial ». Prolongement Voltaire : Candide (III) Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés. Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande ; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de monsieur le baron avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de Mlle Cunégonde. Stendhal : La Chartreuse de Parme (I,3) Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois la peur ne venait chez lui qu'en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. L'escorte prit le galop; on traversait une grande pièce de terre labourée, située au-delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres. -- Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards de l'escorte, et d'abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu'en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d'horreur ; il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore, ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s'arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge. L'escorte s'arrêta ; Fabrice, qui ne faisait pas assez d'attention à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessé. -- Veux-tu bien t'arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal des logis. Fabrice s'aperçut qu'il était à vingt pas sur la droite en avant des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurs lorgnettes. En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d'un air d'autorité et presque de réprimande ; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité ; et, malgré le conseil de ne point parler, à lui donné par son amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dit à son voisin: -- Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ? -- Pardi, c'est le maréchal ! -- Quel maréchal? -- Le maréchal Ney, bêta ! Ah çà! où as-tu servi jusqu'ici ? Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher de l'injure ; il contemplait, perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova, le brave des braves. Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée d'une façon singulière. Le fond des sillons était plein d'eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui : c'étaient deux hussards qui tombaient atteints par des boulets ; et, lorsqu'il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l'escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses pieds dans ses propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans la boue. Ah ! m'y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J'ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. A ce moment, l'escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c'étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du côté d'où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il n'y comprenait rien du tout. A ce moment, les généraux et l'escorte descendirent dans un petit chemin plein d'eau, qui était à cinq pieds en contre-bas. Le maréchal s'arrêta, et regarda de nouveau avec sa lorgnette. Fabrice, cette fois, put le voir tout à son aise ; il le trouva très blond, avec une grosse tête rouge. Nous n'avons point des figures comme celle-là en Italie, se dit-il. Jamais, moi qui suis si pâle et qui ai des cheveux châtains, je ne serai comme ça, ajoutait-il avec tristesse. Pour lui ces paroles voulaient dire : Jamais je ne serai un héros. Il regarda les hussards ; à l'exception d'un seul, tous avaient des moustaches jaunes. Si Fabrice regardait les hussards de l'escorte, tous le regardaient aussi. Ce regard le fit rougir, et, pour finir son embarras, il tourna la tête vers l'ennemi. Tolstoï : Guerre et paix (octobre 1805. Les troupes russes viennent de passer le pont de l’Enns. Nicolas Rostov vit son 1er affrontement avec les troupes françaises. Dès que les Français commencent à tirer sur l’escadron, une inquiétude saisit les troupes ) « L'air était calme et de la hauteur qu'occupaient' les Français parvenaient parfois des appels de clairon et des>i cris. Entre l'escadron et l'ennemi il ne restait plus que quelques petites patrouilles. Un espace vide de près d'une demi-verste séparait les deux armées. L'ennemi avait cessé de tirer, ce qui rendait plus perceptible encore cette ligne redoutable, rigide, infranchissable et insaisissable qui sépare deux troupes ennemies. « Un pas seulement au-delà de cette ligne semblable à celle qui sépare les vivants des morts, et c'est l'inconnu, la souffrance, la mort? Et qu'y a-t-il là-bas? Qui est là, au-delà de ce champ, derrière cet arbre, ce toit qu'éclairé le soleil? Nul ne le sait. Et on voudrait le savoir; et on a peur de franchir cette ligne, et on voudrait la franchir. Et l'on sait que tôt ou tard il faudra la franchir et apprendre ce qu'il y a là-bas, de l'antre côté de la-ligne, de même qu'on apprendra inéluctablement ce qu'il y a de l'antre côté de la mort. El soi-même, on ost fort, en bonne santé, joyeux, excité, et entouré d'hommes tout aussi bien portants, excités, pleins d'allant. » C'est ce que ressent, sinon, pense, tout homme en présence de l'ennemi. Et ce sentiment, confère en de tels instants un éclat particulier, une âpre allégresse, à toutes les impressions. Sur la hauteur occupée par l'ennemi apparut la légère fumée d'un coup de canon et un boulet passa en sifflant par-dessus les têtes des hussards. Les officiers qui se tenaient groupés se dispersèrent et chacun d'eux regagna son poste. Les hussards rectifiaient, l'alignement de leurs chevaux. Le silence tomba sur l'escadron. Tous jetaient de rapides regards tantôt dans la direction île l'ennemi, tantôt sur le commandant, dans l'attente de ses ordres. Un second boulet passa, un troisième. On tirait visiblement sur les hussards; mais les projectiles passaient avec un nullement rapide, régulier, au-dessus de l'escadron et tombaient quelque part derrière lui. Les hommes ne se retournaient pas, mais à chaque sifflement tout l'escadron, comme au commandement, se dressait sur ses étriers puis retombait en selle, et les hommes dont les visages si divers maintenant se ressemblaient, relouaient leur souffle au passage du boulet. La tête droite, chacun situ lait curieusement du coin de l'œil les impressions du voisin. Une expression de combativité et d'énervement marquait à la commissure des lèvres et au menton tous les visages, aussi bien celui de Dénissov que celui du trompette. Les sourcils froncés, le maréchal des logis parcourait ses hommes du regard d'un air menaçant » (Puis l’escadron reçoit l’ordre de brûler le pont. Alors c’est la peur, l’agitation, les sabres s’accrochent aux brides des chevaux et Rostov, jusque-là enthousiaste d’aller au combat, ne comprend + ce qu’il doit faire) « Rostov s'arrêta sur le pont, ne sachant ce qu'il devait faire. Il n'y avait personne à sabrer selon l'image qu'il s'était toujours faite d'uni bataille. Aider à mettre le feu au pont, il ne le pouvait pas non plus, ne s'étant pas muni comme les autres de bottes de paille. ») (+ tard, ses visions sont décrites comme dans un rêve. Touché par une balle, il ne sait s’il est en train de charger ou non) « Ayant juste le temps de monter en selle, l'escadron auquel appartenait Rostov fut niasse face à l'ennemi. De nouveau, comme sur le pont de l'Emis, entre l'escadron et l'ennemi c'était le vide, et les séparant, à travers le vide passait cette même ligne terrifiante et mystérieuse, pareille à celle qui sépare les vivants des morts. Tous éprouvaient la présence de cette ligne et se demandaient avec angoisse s'ils passeraient ou. non de l'autre côté et comment ils passeraient. (…) — A la grâce de Dieu, mes enfants! s'écria Dénissov. Au trot! km avant! lies croupes des chevaux des premiers rangs ondulèrent. Grat-cliik tira sur sa bride et partit de lui-même. A droite, Rostov voyait les premiers rangs de son escadron et plus loin, en avant, une ligne foncée qu'il ne pouvait pas distinguer nettement mais qui devait êlre l'ennemi. On entendait des coups de feu, mais au loin. Un commandement retentit : — Accélérez! Et Rostov son lit que Gratchik donnait de l'arrière-train en passant du trot au galop. Il devinait à l'avance tous les mouvements de sa monture et se sentait de plus en plus gai. Il aperçut devant lui un arbre isolé qui se dressait sur cette ligne qui paraissait si effrayante. Et voilà qu'on l'avait franchie cette ligne, et que non seulement il ne s'était rien produit d'effrayant mais qu'on se sentait de plus eu plus gai, de plus en plus excité. « Ah! comme je vais sabrer! » se disait Rostov en serrant le pommeau de son sabre. — Hou-r-r-a-a-l hurlèrent des voix. « Que quelqu'un me tombe seulement sous la main, qui que ce soit », songea Rostov en enfonçant ses éperons dans les lianes de Gratchik; et il le lança à fond de train, dépassant les autrrs. Il voyait déjà nettement l'ennemi. Soudain ce fut comme si un immense coup de fouet cinglait l'escadron. Rostov leva son sabre, prêt à frapper mais à ce moment il lui parut que le hussard Nikitenko, qui le devançait, s'éloignait de lui et Hoslov sentit comme en un rêve qu'il continuait d'avancer à une vitesse folle et qu'en même temps il restait sur place. Le hussard Bondartchouk, qu'il connaissait bien, arriva sur lui par-derrière et lui jeta un regard furibond. Le cheval de Bondartchouk fit un brusque écart et repartit de plus belle. « Pourquoi est-ce que je n'avance pas? Je suis tombé... .l'ai été tué... » se demandait et se répondait Rostov. Il était déjà seul au milieu du champ. Il ne voyait plus les chevaux au galop et les dos des hussards, mais des chaumes immobiles. Du sang chaud coulait sous lui. « Non, je suis blessé, et le cheval est tué. » Gratchik essaya de se soulever sur ses pieds de devant, mais retomba en écrasant la jambe de son cavalier. Du sang coulait do la tête du cheval. Il se débattait et n'arrivait pas à se lever. Rostov voulut se remettre debout, et retomba lui aussi. Où étaient les nôtres? Où étaient les Français? il ne le savait pas. Il n'y avait personne!. »
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