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![]() DE LA NAISSANCE A LA MORT D’UNE USINE EN BEARN ET LA FIN D’UNE MULTINATIONALE FRANCAISE ! Mémoire de militant : Georges Ducasse – Juin Octobre 2013 "Pour nos combats de demain, pour un monde plus libre, plus juste, plus égalitaire, plus fraternel et solidaire, nous devons maintenir vivante la mémoire de nos luttes". __________________________________________ 1959, une usine d’aluminium s’implante en Béarn. Suite à la découverte d’un gisement de Gaz naturel dans le Béarn, la Compagnie Pechiney construisait en fin des années cinquante cette unité de production d’aluminium primaire avec la technologie des cuves d’électrolyse à anodes auto cuisantes dites Soderberg. Elle fut doublée d’une usine pilote construite à l’échelle industrielle, basée sur une autre technologie expérimentée à Grenoble, le projet de construire six autres unités de cette technologie étaient conditionné à la réussite de l’unité pilote. Cet ensemble a été construit sur le territoire de la commune de Noguères, il a nécessité de soustraire une surface de 135 ha de terres à l’agriculture, (activité essentielle de cette petite commune). L’usine pilote ne fit pas long feu ! Après un premier arrêt et un redémarrage suite à quelques modifications dans la méthode de production, elle cessa définitivement son activité en 1966. Des salariés, ouvriers et encadrement, sont venus de cette usine de Grenoble enclavée dans cette ville d’où elle devait disparaitre, ils étaient tous unanimes pour dire que ce projet, financé à hauteur de 80 % par l’état, était voué à l’échec, néanmoins 90 salariés y furent affectés ! Impossible d’exclure que tout cela était calculé en vue de laisser une ceinture de terres non cultivables entourant l’unité d’électrolyse très polluante ! Cette unité d’électrolyse était la plus importante au monde, de par sa capacité de production, 120 000 t/ans, et sa puissance de 110 000 ampères. La production d’aluminium primaire était transformée sur place en alliages adaptés aux différents marchés dans une fonderie, grosse consommatrice elle aussi de gaz et d’électricité. L’exploitation de ce gisement de gaz était prévue pour durer 30 à 40 années, y implanter une industrie énergivore comme l’électrolyse d’aluminium apparait aujourd’hui avoir été un véritable gâchis ! Ce gisement, épuisable, allait donc assurer la fourniture de l’énergie électrique, avec une centrale thermique construite en grande partie par la Compagnie Pechiney. La gestion de cette centrale confiée à EDF, (entreprise d’état), allait permettre à Pechiney (entreprise privée) de bénéficier d’un tarif préférentiel du Kwh ! Faut-il que nous nous posions la question de savoir s’il aurait été plus bénéfique pour cette région de l’aquitaine et pour notre pays, que le gouvernement de cette époque fasse opposition à cette construction grosse consommatrice d’énergie électrique en vue de réserver ce gaz à d’autres activités étant donné les multiples dérivés chimiques du gaz pour préserver ainsi une activité industrielle durable et une activité agricole de qualité et rentable ? En tout cas, préserver cette ressource minière pour l’intérêt et l’indépendance nationale n’a pas résisté à la pression des industriels, à leur avidité et à la course aux profits financiers, si tant-est qu’elle ait pu être seulement envisagée un instant ! Nous laisserons le soin à des personnes plus informées d’y répondre, même si en ce début du nouveau millénaire nous pouvons considérer que ce fut un énorme gâchis. Un gisement qui allait s’épuiser, un contrat de fourniture en énergie signée pour une trentaine d’années, et une centrale thermique de ce type qui ne dure guère plus de 25 à 30 ans, comment ne pas penser que cette usine disparaitrait au terme de ce contrat ? Comme nous le savons tous, industriels et politique ont toujours réponses à tout. Ainsi le PDG de la Compagnie Pechiney se voulait rassurant, l’or de l’inauguration de cette usine en déclarant : « un jour il n’y aura plus de gaz en Béarn mais Pechiney sera la seule industrie qui y restera, car on pourra toujours y amener de l’électricité…. » Etait-ce une belle histoire d’avenir ou un lamentable gâchis économique et humain en prévision, accommodé d’affabulations grossières et irresponsables qui s’engageait, à vous d’en juger ? Une dure réalité pour les salariés ! Dans cette usine d’électrolyse les conditions du travail étaient horribles. Une intense chaleur régnait dans des halls de production de plus de 800 mètres de longueur, où des gaz et des fumées, de fluor, de brai, d’alumine fluente, de coke et d’amiante, rendaient l’atmosphère irrespirable et une visibilité très souvent réduite à quelques dizaines de mètres ! Bruyante avec des marteaux piqueurs permanents, des compresseurs et du matériel roulant sur des rails métalliques. Dangereuse ! Les accidents y furent nombreux et fréquents notamment par des projections de métal en fusion et par des explosions ! Etc. Le travail en « feu continu » en 3 x 8 sur 365 jours, avaient des conséquences sur la santé et la vie de famille de ceux qui y étaient contraints, c'est-à-dire plus des trois-quarts de l’effectif ! Son démarrage débutât en octobre 1959 et de tout le complexe industriel du bassin de Lacq qui entrait en activité dans cette même période, c’était l’usine qui proposait les salaires les plus élevés. Mais, en quelques années seulement, elle assurait les salaires les plus bas et les conditions de travail les plus horribles de tout ce complexe industriel du bassin de Lacq ! Tout cela semblait avoir été soigneusement préparé dans le but d’attirer une main d’œuvre qualifiée, avant de la rétrograder au niveau le plus bas possible en bloquant les évolutions de carrière sous le prétexte que les fonctions n’évoluaient pas et en doublant les échelons des classements de chacune de ces fonctions ! La crainte (je dirais même, la certitude) de voir surgir un mécontentement du personnel avait conduit la Compagnie Pechiney à favoriser l’implantation des syndicats CFTC et FO, plus prompts à le canaliser qu’à organiser les luttes contre un patronat rétrograde et une direction incompétente du type « meneur d’hommes » qui fut mise en place après son démarrage ! Il faut toutes-fois noter que le premier directeur qui avait eu la charge de la mise en place de cette usine et d’en assurer son démarrage, n’avait pas fait long-feu après avoir donnée la « bonne image » que cette Compagnie Pechiney attendait. Un nombre important d’agriculteur, ayant du vendre toutes (ou en parties) leurs terres, avaient été embauchés et affectés à la production, avec l’espoir, (du moins le croyait-elle), que cela pouvait favoriser une soumission souhaitable! C’était mal connaitre le monde paysan et les Béarnais, mais vu de Paris on peut se tromper ? Déjà, dés les premières élections professionnelles, ces deux organisations syndicales étaient loin, très loin d’avoir fait le plein de voix, un signe qui en disait long. Aussi, la compagnie Pechiney tentât de « parachuter » dans cette usine un syndicat maison, la CGSI, de crainte sans doutes que ne vienne s’implanter la CGT ! Mais peine perdue, le Syndicat CGT s’implante en 1963 et devient le premier syndicat de cette usine. A noter au passage que les camarades qui ont créé la CGT ont eu le désagrément d’être poursuivis et placés sous le contrôle des RG qui suivaient leurs déplacements et leurs faits et gestes. Isolé dans cette usine pilote ou il était interdit de venir sans habilitation pour des questions de « secrets professionnels » laissez moi en rire encore, je n’ais pas participé à la création de cette CGT, mais je suis allé immédiatement quérir ma carte d’adhérent. Venaient s’ajouter à des conditions de travail déjà insupportables, des relations hiérarchiques lamentables, ou l’esprit colonialiste dominait, utilisant des méthodes militaristes, répressives et dépourvues de tout humanisme, le climat devenait insupportable et très vite des conflits éclataient ! Tout au long de la première décennie de cette usine, les conflits sociaux furent nombreux, mais aucunes revendications n’aboutissaient, le personnel à du recourir à des arrêts de travail ! Faire grève était considéré au sein de la Compagnie Pechiney comme un acte criminel, les cuves d’électrolyse ne pouvant pas supporter le moindre arrêt de l’alimentation électrique ni du minerai qui les alimentaient, sous peine de les détruire ! Assurer la sécurité de l’outil de travail, sans exclure que tout arrêt de travail doit obligatoirement entrainer des conséquences économiques, était un impératif difficile à résoudre, surtout quand une direction exigeait que tout le personnel affecté à la production demeure en place pour l’assurer ! Durant cette même décennie, le syndicat CFTC devenait CFDT, ce qui dans un premier temps avait quelque peu facilité des démarches et des actions communes, qui furent nombreuses. On comprendra rapidement que la CGT servait d’authentifiant à) cette CFDT qui n’avait pas percé en tant que CFTC. Au niveau des fédérations de la Chimie, le syndicat FO fusionnait avec le syndicat CFDT, la FUC-CFDT apparaissait ainsi dans cette branche industrielle et dans notre usine, sans pour autant en diminuer leur anticégétisme primaire, bien au contraire ! C’est dans cette situation que survenait Mai 1968, ressentit par nos adhérents avec soulagement, et l’espoir d’une ouverture sociale nationale permettant l’aboutissement de nos revendications constamment repoussées ! Mai 68 à Noguères : Nous avions donc proposé à cette FUC-CFDT d’occuper notre usine et d’en bloquer toutes les issues, ne laissant entrer que les salariés grévistes. Au bout de plusieurs heures de discussions stériles avec la délégation FUC-CFDT, nous ne parvenions pas à sortir d’un « barrage » incompréhensible, le leadeur de cette organisation nous déclarait au terme de plusieurs heures de débats: « Entendu, nous faisons grève, nous occupons notre usine, le général de Gaulle et Pompidou sont chassés de l’Elysée et de Matignon et après, que faites vous, vous livrez nos usines aux communistes ? » Nous avons reçu cette phrase comme un coup de poignard ! Je me souviens que notre secrétaire s’est levé stupéfait et en colère en déclarant brutalement : « faites donc ce que vous voulez et croyez ce qui vous plaira, nous nous allons bloquer l’usine. ». Visiblement, cette organisation syndicale qui était consciente du mécontentement du personnel, voulait bien participer à des manifestations, sans s’engager dans une action d’occupation, sans doute avait-elle reçut des consignes en ce sens ! Mais face à notre insistance, car nous avons insisté outrageusement, elle n’avait pas trouvé d’autres justificatifs ! Visiblement « cette création de la FUC-CFDT» n’arrangeait rien , si tant est que la CFDT aurait eu le feu vert pour une action de ce type dans un contexte politique qui les inquiétaient , avec De Gaulle au commande, une FGDS exsangue, un PCF à 25% et une CGT combative et de lutte des classes, bref, comme faire valoir on les intéressait, pas pour des luttes de cette ampleur ! Résultats, nous sommes partis seuls à 2 h 30 du matin bloquer l’usine avec nos adhérents disponibles à cette heure tardive ! Surprise ! Une demi-heure plus tard la FUC- CFDT nous rejoignait. Il est certain que la grande majorité des adhérents FUC-CFDT n’auraient pas approuvé le comportement de leurs délégués cette nuit là. L’usine fut occupée durant 21 jours ! Le personnel ouvrier, seul, sans encadrement, dans des conditions particulièrement difficiles et dangereuses, coulait la production d’aluminium dans un format non commercialisable et non titré ! L’outil de travail était maintenu en excellent état et les conséquences économiques étaient considérables ! Un grand exemple de responsabilité et de capacité des ouvriers à gérer une situation particulièrement nouvelle et imprévue, ce qui fit dire à cette FUC-CFDT que cette expérience d’autogestion, (leur slogan en cette période) les mettait à l’honneur. Ils utilisairent amplement par la suite cette expérience pour doper leur projet d’autogestion. En ce qui nous concernait, l’action unitaire est toujours souhaitable, et pour ce type d’actions elle est nécessaire. Mais, il est impératif qu’elle le soit sur des objectifs clairement établis, en l’occurrence c’était nos revendications, sans aucunes ambitions politiques, d’autant plus que l’occupation d’une usine, où il est impossible de mettre les installations à l’arrêt sous peine de les détruire, doit se faire dans le cadre d’une organisation rigoureuse et volontaire ! La participation du syndicat FUC-CFDT était donc souhaitable et la bien bienvenue malgré tout. La proposition de ne pas laisser entrer les non grévistes dans l’usine, exception faite du directeur, fut approuvée par l’assemblée. Il s’agissait là aussi d’une nécessité. Un « comité de grève » fut mis en place pour diriger cette forme nouvelle d’action. Je tiens à rendre hommage à tous ces salariés qui ont décidé de s’engager dans une action de cette nature et tout particulièrement aux adhérents CGT qui en avaient fait la proposition On y reconnait l’esprit de la lutte des classes. Ils ont fait preuve de courage et d’un esprit de responsabilité hors du commun. Ce que nous avions subit durant prés d’une dizaine d’années, rendait notre lutte légitime. Le personnel voulait en finir avec cette situation, et seule l’action pouvait nous permettre d’y parvenir. Alors, je dirais aux médias, aux arrivistes de tous poils, aux « soumis » du patronat qui ne pensent qu’à leur « bien-être », qui attendent sans se mouiller de pouvoir profiter des avantages acquis par la lutte des autres, à tous ces « carriéristes » qui voient dans les grévistes des gens irresponsables, des « gréviculteurs » comme ils le clament, des « preneurs d’otages » même, dont le but est de favoriser la répression, de porter atteinte au droit de grève, je leur dirais donc, que l'on ne rentre pas de gaieté de cœur dans une action de ce type. La seule chose dont est sûr, c’est qu’un salarié qui décide de participer à une grève, sait qu’il perdra son salaire ! Il sait fort bien que la paye ne tombera pas au terme de cette grève et pire, s’agissant d’une occupation, il sait qu’il lui faudra travailler deux fois plus et plus dangereusement ! Pour exemple, sur 21 jours j’ai passé 3 nuits dans mon lit et je n’étais pas le seul bien entendu. Il faut noter que couler de l’aluminium en fusion dans des « Bloums » (moules en fonte) à l’extérieur d’une fonderie, il y à un impératif, ces Bloums doivent être rigoureusement secs, la moindre humidité, c’est l’explosion ! Les dirigeants de Pechiney se sont trompés sur la capacité que nous avions à surmonter les problèmes et à les résoudre. Peut-être avaient-ils pensé que du fait qu’aucun cadre et agent de maîtrise ne participeraient à cette occupation de l’usine, la direction les en ayant détournés sous des menaces de mutations sanctions, nous serions vite dans l’embarras… Mais, au bout de quelques jours ils ont vite compris que nous maîtrisions une situation difficile et ils décidèrent de nous mettre quelques "bâtons dans les roues" ! Comme les cuves d’électrolyse avaient près de 3 tonnes de métal en plus dans le ventre par le fait que nous ne les avions pas coulées pendant plusieurs jours, cela avait pour conséquences une consommation énergétique supérieure à la normale ce qui pouvait être aisément constaté sur les compteurs d’EDF ! Nos camarades d'EDF (Eux aussi établis en occupation avec « Comité de grèves) reçurent un appel téléphonique anonyme leur signalant que nous n’étions pas en grève et que pour en avoir la confirmation il leur suffisait de surveiller notre consommation électrique ! Nous eûmes la surprise de voir débarquer sur notre usine des camarades d’EDF assez remontés suite à cette information. Heureusement, nous avons pu leur donner l’explication technique, totalement crédible et responsable de ce phénomène inhabituel. Notre intérêt d’ouvriers est bien de conserver notre outil de travail en bon état de marche et qu’il est compréhensible que des cuves d’électrolyse ayant 30 à 40 % de métal en plus, consomment obligatoirement plus d’énergie. Nous n’étions pas au bout de nos peines, les stocks d’alumine baissaient rapidement, nous devions absolument faire arriver des trains depuis l’usine de Gardanne, dans les Bouches du Rhône qui nous approvisionnait. Deux trains d’alumine nous furent envoyés mais n'arrivèrent jamais à Noguères ! Retrouver ces trains n’était pas une mince affaire. Ils étaient bien partis de Gardanne mais demeuraient introuvables ! Ma formation de radiotélégraphiste et télétypiste durant le régiment m’a servi à faire les recherches nécessaires auprès des comités de grèves de la SNCF, j’ai donc passé des nuits entières au télétype de l’usine à rechercher nos trains qui avaient sans aucun doute été détournés ! Ainsi j’ai pu localiser un de ces deux trains détournés sur une voie de garage de la gare de Lyon Perrache et le second dans la gare de Port-Bou, tout à coté de la frontière Espagnole. Pour ce dernier il fallut envoyer une délégation à la gare SNCF de Carcassonne pour identifier un train suspect pour le comité de grève SNCF ! Nous avons suspecté, à juste raison sans doute, des manœuvres patronales, en vue de mettre en échec notre lutte afin de nous obliger à recourir à eux pour sauver l’outil de travail. Cette occupation dura 21 jours, sans le moindre accident du personnel et sans le moindre incident technique. Rendons hommage à tous ces camarades qui restaient 15 à 18 heures sur le site et qui assuraient des postes de travail de 10 à 12 heures. Rendons hommage aussi aux épouses des grévistes, elles méritent également un grand coup de chapeau pour avoir supporté de telles situations… Elles étaient en droit d’être fières, et dignes face à la cruauté patronale et gouvernementale et de crier leur colère à la face de l’exploiteur. Une anecdote qui demande réflexion. Un ouvrier, que je ne citerais pas, mais qui a tenu des rôles « très particuliers » tout au long de sa carrière dans notre usine, se rendit à Paris pendant ce conflit. Sa voiture était chargée de "volontaires", la CGT n’y participait pas, elle n'avait même pas été consultée pour cette expédition très particulière ! J’ignore par qui fut missionné ce curieux déplacement, qu’allait-il faire à Paris ? Nous ne le savions pas, en tout cas à leur retour, ce personnage est venu nous interpeller pour nous reprocher en ces termes : "qu’ils étaient, cité Malesherbes au siège de la FGDS (socialiste) et qu’ils avaient attendu avec des armes les communistes et la CGT, pour aller s’emparer de l’Elysée et de Matignon, nous reprochant que ni les communistes ni la CGT n’étaient venus ce soir là." !!! Cette même soirée, il y avait un meeting au stade Charlety où Cohn-Bendit et Geismard, leaders gauchistes du mouvement étudiants, ainsi que des responsables politiques de la FGDS s’étaient lancés dans un anticommunisme lamentable ! Sans doute pensaient-ils que la CGT et le PCF se c’etaient engagés dans un coup d’état, profitant de l’exode du Général De Gaulle en Allemagne pour se placer sous la protection du Général Massu et de Georges Pompidou en Roumanie !! Ce soir là, parlons-en, lui avons-nous répondu : « Vous espériez sans doute que les communistes et la CGT feraient un coup d’état….Ce soir là, ils auraient été du coté des crosses et le lendemain vous les auriez mis face aux canons " ! Il n’a pas insisté !!! Que la CGT et le PCF fassent un « coup d’état » … Qu’elle aubaine. !!! Ne disait-on pas que les chars de l’Union Soviétique étaient en route pour la France et seraient déjà rendus à la frontière Franco-allemande !!! Comment ne pas faire un rapprochement entre cela et la réunion que nous avions eu avec la FUC-CFDT pour envisager l’occupation de l’usine et le fait qu’ils voulaient savoir si nous allions chasser De Gaulle et Pompidou et remettre en suite nos usines aux communistes ? Curieux aussi d’apprendre aussi que ce triste personnage, ouvrier dans notre usine, ait pu être muni d’une carte barrée de tricolore ? Une carte qu’il présentait dans les restaurants et dans les salles de spectacles (le Lido et le Moulin Rouge), pour y passer « sans bourse déliée » durant leur petit séjour dans la capitale, c’est ce que l’un deux nous a confié à son retour ! En tout cas, je suis convaincu que tout cela a été organisé en hauts lieux ? Les objectifs de la FGDS et du PSU étaient uniquement "politique" ! Cet aspect prenait le dessus sur le social qui lui était notre seul souci, l'unique motivation des salariés et le but de nos actions. La "solution Mitterrand" était à l’ordre du jour de ce meeting, ce qui suffit à démontrer que le politique était prioritaire sur le social ! Que la CFDT s'y soit associée ne me surprends pas. C’était ma conviction et j’en suis toujours convaincu. Il y eut par la suite d’autres exemples, avec une CFDT qui optait pour le gauchisme, mais qui se montrait de plus en plus clairement anti-cégétiste ! Pour continuer dans les rumeurs, il se disait aussi que des cars de CRS étaient à proximité des usines occupées, prêts à intervenir ! Nous n’en avons pas vu un seul, ce qui n’exclu pas qu’ils aient été prévus, mais nos occupations dans l’usine étaient telles que nous n’avions guère le loisir de suivre toutes ces informations et faire la part entre l’intox et la réalité. Les négociations qui conduisirent aux accords de Grenelle s’engagèrent. Pour nous c’était l’essentiel. Georges Séguy représentait le syndicat CGT. Au terme de ces négociations un accord était signé après consultation des salariés dans les usines. Les acquis de MAI 68
Nous faisions le constat qu’il n'y avait pas de mesures concernant les évolutions des carrières. Néanmoins, ces accords furent considérés comme acceptables et nous formulions l’espoir que la direction de Pechiney saurait tirer les enseignements de notre action très largement suivie. Le courage, la détermination, la compétence mais aussi la volonté, le sens des responsabilités et de la solidarité avaient fait leur preuve. Chez les 420 salariés ouvriers grévistes de l’usine de Noguères naissait enfin l’espoir que, dorénavant, les relations seraient moins conflictuelles et plus respectueuses. A la décharge des AM, il faut savoir que, si leur comportement ne correspondait pas aux souhaits de la direction, la menace de « mutations sanctions » pesait comme l’épée de Damoclès sur leurs têtes ! De nombreux témoignages nous confirmaient que la direction leur avait dit qu’ils n’étaient pas leur place au coté des ouvriers en grève ! Leurs craintes étaient entièrement justifiées par la peur d’être mutés avec leurs familles en zone de montagne, dans des vallées encaissées ou se trouvaient certaines usines ! Les agents de maîtrise auraient bien voulu pouvoir construire leur maison dans la région et demeurer à Noguères. Certains ont osé le faire, bien que cela leur soit déconseillé et la crainte des mutations devenait encore plus pesante ! La direction n’appréciait que des AM soient candidats sur des listes CGT, ce qui les exposait aux mêmes risques ! A la fin du conflit après 21 jours d’occupation, les ouvriers sont rentrés la tête haute, plein d’espoir, unis par le partage d’une lutte exemplaire, ayant fait aussi la démonstration de leurs aptitudes techniques, d’un sens des responsabilités remarquable et d’un grand sérieux durant un tel conflit. Nous ouvriers, sommes finalement bien naïfs de croire que les patrons allaient reconnaître le mérite que nous avions d’avoir conduit une usine durant trois semaines dans de telles conditions et qu’ils pouvaient traduire cette reconnaissance par des actes. Au contraire, ils avaient souhaité notre échec, ils ont même tenté de le provoquer. Ils ont échoué et décidé de nous le faire payer !!! |
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