Littérature russe








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9 en le confiant à la surveillance d’un chicaneur qui, depuis bien longtemps, était homme d’affaires de la famille Golovleff.

Que fit Stépane Vladimiritch Golovleff au Nadvornyi Soude — et comment s’y conduisit-il ? Mystère ! Ce qui est certain, c’est qu’il en partit au bout de trois ans. Arina Pétrovna en vint alors aux mesures extrêmes : elle se décida à donner à son fils « un os à ronger, » « un morceau » qui consista en une maison à Moscou, achetée par madame Golovleff au prix de douze mille roubles. Ce fut la bénédiction paternelle. Et pour la première fois de sa vie Stépane Golovleff respira librement. Sa maison avait un rapport de mille roubles10 d’argent et, comparée à sa position précédente, cette somme faisait miroiter devant ses yeux le mirage d’une réelle prospérité. Aussi embrassa-t-il avec effusion la main de mamenka, quoique celle-ci lui dit à ce moment : — « Prends garde nigaud, voilà tout ce que tu as à attendre de moi. »

Stépane promit de justifier la bonté dont il était l’objet. Mais hélas ! il était si peu habitué à manier l’argent, comprenait d’une façon si singulière la pratique de la vie réelle, que cette « fabuleuse » somme de mille roubles lui devint vite insuffisante. Au bout de quatre ou cinq ans il était totalement ruiné. Il fut alors enchanté de s’engager en qualité de remplaçant dans la milice qui s’organisait à ce moment. Du reste, ce corps ayant été licencié à Kharkoff à la conclusion de la paix, Golovleff revint à Moscou, vêtu de l’uniforme des miliciens et cent roubles en poche. Avec ce capital, il essaya de spéculer, ou plus simplement il tenta la chance aux cartes, mais en peu de temps il perdit son petit avoir. Alors il en vint à rendre visite aux paysans riches de sa mère installés à Moscou : il dînait chez les uns, obtenait des autres du tabac à fumer, chez d’autres encore empruntait de petites sommes. Enfin il finit par se trouver pour ainsi dire face à face « avec un mur sourd ». Déjà il frisait la quarantaine et s’avouait à lui-même qu’il ne lui était plus permis de continuer son existence de bohème. Il ne lui restait qu’un seul chemin à prendre, celui de Golovlevo.

Après Stépane Vladimiritch, fils aîné de la famille Golovleff, venait Anna Vladimirovna sur laquelle Arina Pétrovna n’aimait pas davantage amener la conversation. Le fait est qu’Arina Pétrovna avait eu sur Annouchka11 certaines vues ; or, non seulement celle-ci n’avait pas justifié les espérances de sa mère, mais elle s’était laissée aller à commettre un scandale, qui avait fait potiner dans le district. Sa fille sortie du pensionnat, Arina Pétrovna l’avait installée chez elle à la campagne dans l’espoir d’en faire son secrétaire, une manière de teneur de livres non rétribué. Mais un beau jour, Annouchka s’enfuit avec le porte-drapeau Oulanoff qui l’épousa.

— Et voilà, ils se sont mariés comme des chiens, ils se sont unis sans bénédiction paternelle, disait à ce sujet, en se lamentant Arina Pétrovna. — C’est encore heureux qu’il l’ait épousée. Un autre à sa place aurait profité de la situation et décampé ensuite. Et qu’on aille le chercher ?

Madame Golovleva se comporta avec sa fille comme avec son fils, elle lui jeta aussi un « morceau » c’est-à-dire un capital de cinq mille roubles et une petite propriété : trente âmes12 et des bâtiments tombant en ruines. Au bout de deux ans les nouveaux mariés avaient mangé leur avoir, le mari disparut, on ne sait où, en laissant sa femme avec deux jumelles. Trois mois après, Anna Vladimirovna mourut à son tour, et bon gré, mal gré, Arina Pétrovna dut se charger des orphelines. Elle les installa dans une maisonnette isolée sous la surveillance d’une vieille femme borgne Palachka. « Dieu est inépuisable dans sa bonté, disait-elle à cette occasion, les orphelines ne me mangeront pas et voilà une consolation à mon âge : Dieu m’a pris une fille, il m’en donne deux ! »

Elle écrivait en même temps à son fils Porfiry Vladimiritch : Ta sœur est morte comme elle a vécu — en débauchée et laissant à ma charge ses deux « gosses ».

Mais si cynique que paraisse cette observation, il est juste de convenir qu’en jetant un « morceau » à son fils aîné et à sa fille Arina Pétrovna non seulement n’endommageait pas ses finances, mais encore décroissait indirectement le bien fonds de Golovlevo en diminuant le nombre de ses co-intéressés. Femme de principes sévères, elle se croyait une fois le « morceau jeté » quitte de tous devoirs vis-à-vis de ses enfants « malpropres. » Et quand elle pensait aux deux petites orphelines, jamais il ne lui venait à l’esprit de leur faire à la longue une part quelconque. Elle tâchait seulement de tirer le plus de revenu possible du petit bien qu’elle avait donné à Anna Vladimirovna et de mettre à la banque au nom des deux petites orphelines ce qu’elle lui faisait produire.
Quant à ses enfants cadets, Porfiry et Pavel, tous deux étaient à Pétersbourg ; le premier était marié et employé dans une administration, le second, célibataire, était à l’armée.

Porfiry Vladimiritch était connu dans la famille sous les surnoms de « Judas », « sangsue », etc., sobriquets qui lui avaient été donnés, alors qu’il était encore tout jeune, par son frère Stepka le Nigaud. Dès son âge le plus tendre, il aimait à cajoler « sa bonne amie mamenka », à lui baiser furtivement l’épaule et aussi à lui faire des rapports. Quelquefois, il ouvrait tout doucement la porte de la chambre d’Arina Pétrovna, se blottissait dans un coin et couvait des yeux « mamenka » pendant que celle-ci écrivait ou vérifiait ses comptes. Madame Golovlevo regardait avec une certaine méfiance les avances de son fils et même, cet œil obstinément fixé sur elle lui semblait énigmatique ; elle ne savait si ce regard distillait le venin ou exprimait la soumission filiale.

« Quels singuliers yeux, se disait-elle, quelquefois je ne puis les comprendre. On dirait qu’ils vont vous mettre la corde au cou : ils semblent lancer du venin. »

Et à cette occasion elle se rappelait quelques détails significatifs qui avaient marqué sa grossesse alors qu’elle était enceinte de Porfirka. Dans ce temps-là, il y avait à la maison un vieillard pieux, une sorte de prophète que l’on nommait « Porfirka le bienheureux » et à qui Arina s’adressait chaque fois qu’elle voulait interroger l’avenir. Lorsqu’elle l’interrogea pour savoir si elle allait accoucher bientôt, le vieux poussa par trois fois le cri du coq et marmotta ensuite :

— « Le petit coq ! le petit coq aux ergots pointus menace la poule : elle fera Koudach, trach trach mais il sera trop tard ! »

Et ce fut tout. Mais trois jours après (et voilà pourquoi le vieux avait chanté trois fois) elle mit au monde ce petit coq qu’elle baptisa du nom de Porfirka en honneur du vieux devin. La première partie de la prédiction s’était donc accomplie, mais que pouvaient signifier ces mystérieuses paroles : « la poule fera koudach trach ! trach ! mais il sera trop tard. » Et c’est à cela que songeait Arina Pétrovna en jetant des regards furtifs sur Porfirka pendant qu’il était dans son coin et la contemplait de son œil énigmatique.

Et le petit se tenait toujours immobile dans l’angle et continuait à regarder sa mère si fixement que ses yeux grands ouverts se remplissaient de larmes.

Il semblait comprendre les doutes de mamenka à son égard et se conduire avec tant de tact que la suspicion la plus profonde devait se reconnaître sans force devant sa douceur. Au risque d’ennuyer sa mère, il se tenait toujours près d’elle, semblant lui dire : « regarde-moi ! Ne suis-je pas tout obéissance et non seulement par crainte mais par conscience ! » Et si forte qu’était sa conviction de la fourberie de Porfiry, sa petite personne respirait tant de douceur, de dévouement, que malgré elle son cœur ne pouvait y résister et involontairement elle donnait à ce fils caressant les meilleurs morceaux du plat malgré la vague crainte que la seule vue de Porfiry faisait naître en elle.

Pavel Vladimiritch était le contraste vivant de son frère. C’était la personnification la plus complète d’un homme sans action. Tout enfant, il ne manifestait d’inclination ni pour l’étude, ni pour le jeu, ni pour la société, et se complaisait dans la solitude. Le plus souvent il se tenait caché dans quelque coin la mine renfrognée, et rêvait qu’il avait été nourri de tolokno13, que ses pieds étaient devenus très minces et qu’il n’apprenait rien. Ou bien qu’il n’était pas Pavel, fils de nobles, mais le berger Davidka ; que, comme ce dernier, il avait une bosse au front et était dispensé d’étudier. Quand Arina Pétrovna le voyait dans son coin, elle ne pouvait s’empêcher d’aller lui tirer les oreilles.

— Qu’as-tu à rester ainsi, gonflé comme une souris gorgée de gruau ? criait-elle. Serait-ce le mauvais esprit qui agit déjà en toi ? Il ne te vient jamais à l’idée d’approcher un peu de ta mère et lui dire : « Mamenka, ma petite mère chérie, embrassez-moi ! »

Pavloucha14 quittait alors son coin et lentement, comme s’il était poussé dans le dos, s’approchait d’Arina Pétrovna.

— Mamenka, ma petite mère chérie, répétait-il d’une voix de basse bien peu naturelle pour un enfant.

— Va-t’en de devant mes yeux, molasse ! Tu crois, sans doute, que je ne te devine pas. Sois tranquille, mon petit, je comprends ton jeu, aucune de tes pensées ne m’est cachée.

Et Pavel s’en retournait du même pas lent dans son endroit de prédilection.

Les années s’écoulèrent et peu à peu Pavel Vladimiritch se transforma en une de ces personnalités apathiques et sombres, d’aspect rébarbatif qui deviennent par la suite des individus sans caractère, incapables d’agir. Au fond, il était peut-être bon mais il n’avait jamais fait de bien à personne ; il n’était pas bête, mais n’avait jamais fait preuve d’intelligence !

Il était hospitalier, mais son hospitalité ne tentait personne : il dépensait volontiers son argent ; sans qu’il en résultât pour un de ses semblables quelque chose d’utile ou d’agréable. Il n’avait jamais offensé personne, mais on ne lui en savait aucun gré. Il était honnête, mais jamais on n’avait entendu dire de lui : « Pavel Vladimiritch Golovleff a agi honnêtement dans tel ou tel cas ». Il craignait sa mère, ce qui ne l’empêchait pas parfois de lui répondre assez grossièrement. Je le répète : c’était un homme morose, mais derrière sa morosité se cachait l’absence d’une activité quelconque et rien de plus.

Quand les deux frères furent arrivés à l’âge mûr, ce fut alors que se manifesta la différence de leurs caractères dans leurs relations avec leur mère. Judas envoyait régulièrement tous les huit jours à « mamenka » une longue épître dans laquelle il l’initiait à tous les détails de la vie pétersbourgeoise et l’assurait dans les termes les plus choisis de son dévouement désintéressé. Pavel écrivait rarement ; ses lettres étaient brèves, mystérieuses même, comme s’il avait quelque mal à mettre au monde ses mots. « Excellente et chère mamenka, j’ai reçu tant d’argent à telle date de votre paysan de confiance Iéroféeff écrivait, par exemple, Porfiry Vladimiritch, et je vous présente l’expression de ma profonde reconnaissance pour l’argent que vous m’avez envoyé et que vous avez jugé utile à mon entretien. C’est avec un sincère dévouement que je vous baise les mains, chère mamenka. L’unique chose qui me chagrine et m’inquiète, c’est la crainte que j’éprouve que vous fatiguiez trop votre précieuse santé par la peine que vous vous donnez pour non seulement subvenir à nos besoins, mais encore prévenir nos moindres caprices ! Je ne sais quels sont les sentiments de mon frère, mais quant aux miens… » et la lettre continuait sur ce ton.

Voici comment s’exprimait Pavel à cette occasion :

« Chère mère, j’ai reçu tel jour la somme de tant, mais selon mes prévisions il me faudrait encore six roubles cinquante kopecks. Excusez-moi, je vous prie. »

Lorsqu’Arina Pétrovna blâmait ses enfants pour leur dissipation, ce qui arrivait souvent, quoiqu’il n’y eût pas de motifs vraiment sérieux, Porfirka acceptait toujours ses réprimandes et écrivait :

« Je sais, mamenka chérie, combien nous vous donnons de peine, je sais que notre conduite ne justifie pas les bontés que vous avez pour nous et, ce qui est pis, nous tombons dans ce défaut inhérent à la nature humaine d’oublier le bien que vous nous faites ; aussi, je vous supplie d’agréer mes regrets les plus sincères et vous promets de devenir plus circonspect dans mes dépenses ».

Et Pavel répondait :

« Chère mère, quoique jusqu’ici vous n’ayez pas encore eu à payer mes dettes, j’accepte sans discussion la qualification de dissipateur en quoi, je vous prie de recevoir l’assurance de votre… »

La lettre où Arina Pétrovna annonçait à ses deux fils la mort de leur sœur fut accueillie par eux d’une manière tout aussi différente.

Porfiry Vladimiritch écrivait : « La nouvelle de la mort de ma chère sœur et amie d’enfance, Anna Vladimirovna, a rempli mon cœur de tristesse, laquelle tristesse s’est encore accrue à l’idée que vous, chère mamenka, avez à porter une nouvelle croix en vous chargeant de deux orphelines. Et vraiment n’était-ce pas assez que vous, notre commune bienfaitrice, vous vous priviez de tout, vous usiez vos forces et votre santé, vous qui vous efforcez d’assurer à votre famille, non seulement le nécessaire, mais encore le superflu ! C’est un péché de se plaindre du destin, et peut-on faire autrement ! ? Selon moi, chère mamenka, l’unique consolation qui vous reste dans cette passe douloureuse, c’est de vous rappeler combien le Christ a souffert sur le Golgotha ! »

Et Pavel écrivait ceci :

« La nouvelle de la mort de notre sœur qui est morte en victime m’a profondément ému. Du reste, j’espère que Dieu aura pitié de son âme, quoique ceci ne soit pas encore tout à fait certain. »

Arina Pétrovna relisait ses lettres et cherchait à deviner lequel de ses fils était le « traître ». Lorsqu’elle tenait en main l’épître de Porfiry Vladimiritch, elle sentait ses soupçons se porter sur lui.

— En voilà un qui ne me ménage pas ses protestations d’amitié, — se disait-elle. Ce n’est pas pour rien que Stepka le Nigaud l’a surnommé Judas. Dans tout cela, il n’y a pas un mot de vrai. Tout est mensonge d’un bout à l’autre de la lettre. Et comme il sait parler, ce doucereux !… ah oui, je suis « sa chère mamenka ». Ressent-il mes « peines ! » Il semble porter « ma croix », ce flatteur !

Et quand elle parcourait ensuite la lettre de Pavel Vladimiritch, elle s’imaginait que le « traître c’était lui ». — Si bête qu’il soit, il ose encore malmener sa mère en sourdine et il me prie « de recevoir l’assurance »… Excusez du peu. Attends, je vais te faire voir si je reçois… Je vais te « jeter un morceau » comme à « Stepka le Nigaud ». Tu sauras alors comment je « reçois tes assurances… »

Et en fin de compte, de sa poitrine s’échappait ce cri tragique :

« Sans trêve ni repos, je thésaurise, j’amasse et pour qui ? pour qui ? ! ! »

Telle était la situation de la famille Golovleff au moment où le bailli Anton Vassilieff mettait Arina Pétrovna au courant de la vente de la maison qu’elle avait achetée à son fils, au courant de la vente de la « bénédiction paternelle » de ce « morceau » que, suivant son propre dire, elle lui avait jeté.
Arina Pétrovna se tenait toujours dans sa chambre à coucher, sans paraître reprendre ses sens. Il se passait en elle quelque chose qu’elle ne pouvait définir. Était-ce une sorte de compassion venue par miracle, on ne sait d’où, pour ce fils malpropre, mais toujours fils ou bien le sentiment de la blessure faite à son amour-propre, qui parlait en elle, le psychologue le plus expérimenté n’aurait pu le définir, tellement étaient embrouillés et mobiles en elle les sentiments et les sensations. Mais au milieu de ce chaos se dégageait plus clairement la crainte que le « malpropre » vînt lui tomber encore une fois sur les bras. Et elle se disait : « Anninka m’a laissé ses deux roquets et maintenant c’est autour du Nigaud ». Elle resta longtemps ainsi les yeux fixes, sans prononcer une parole, et ne toucha guère au dîner qui était servi. On vint lui demander l’eau-de-vie du « barine » et elle jeta sans mot dire les clés du buffet. Après le dîner, elle se retira dans sa chapelle, fit allumer les lampes devant les saintes images et, après avoir ordonné de préparer son bain, se renferma. Tout cela disait assez clairement combien la barynia était furieuse. Aussi un silence de mort ne tarda-t-il pas à régner dans la maison. Les femmes de chambre marchaient sur la pointe des pieds, la femme de charge, Akoulina, allait d’un coin à l’autre comme folle : il avait été question de faire des confitures après le dîner et maintenant, les fraises étaient épluchées, tout était prêt, mais la barynia ne donnait ni ordre, ni contre-ordre. Enfin le jardinier Matvéï étant venu dans la chambre des filles demander si il était temps de cueillir les pêches, il reçut un tel accueil qu’il dut se retirer immédiatement.

Après avoir prié Dieu et pris son bain de vapeur, Arina Pétrovna se sentit plus calme et fit mander de nouveau Anton Vassilieff.

— Et mon Nigaud, que fait-il donc ? demanda-t-elle.

— Moscou est grande — une année ne suffirait pas à l’explorer…

— Mais, j’imagine, ne faut-il pas encore boire et manger ?

— Ils se nourrissent chez nos paysans. Ils mangent chez les uns et les autres leur payent leur dix kopecks de tabac.

— Et qui leur a permis de lui donner ?

— Comme il vous plaira, soudarynia
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