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J'écoute, dit-il impitoyable. - Bien, répondit Lange; nous pouvons donc maintenant examiner comment tourna l'affaire Akhenaton en Egypte, une fois que le clergé d'Amon réussit à mettre un terme à l'entreprise délirante du pharaon qui s'était cru Messie à la lettre de son destin et qui avait risqué d'entraîner son peuple par la volonté d'une évolution ultérieure. L'intelligentsia et la propagande considérèrent à l'inverse qu'il s'agissait de naïveté et de régression au moins rapportée à un millier d'années antérieure. AkheTaton fut détruit:. Les historiens qui n'ignorent pas qu'on ne sait rien de ce qui advint du prince enregistrent néanmoins qu'une précipitation peu commune, un acharnement et une rage inexpliquée présida à la démolition et à l'effacement de l'épisode et du Messie renié. - Il faut bien remarquer, insista Lange en se penchant vers Fred, l'habitude des égyptiens d'embellir leur histoire de la réécrire, et à l'occasion, la falsifier pour se mirer avantageusement la façade - de plus, ce décors idéal était doublé par l'usage que les politiciens prisaient, de la présentation admirable des images pharaoniques. Très singulièrement tout cela ne fut employé pour l'occasion. Or, si Akhenaton s'était éteint à ce moment, comme l'imaginent Freud et d'autres, ces méthodes étaient tout indiquées pour contrevenir aux menaces de critique, de révolte et d'anarchie dans le royaume! Car, pour renoncer à l'expérience atonienne de justice et de vérité, de renouveau ou d'invention, il était tout à fait indiqué de faire passer le roi défunt pour un adorable et courageux essayiste qui avait reconnu son échec et prouvé que la "real-politique" était plus raisonnable que celle de la franche Lumière. Sans même parler qu'il eut été flatteur de savoir qu'on avait évolué depuis On; le peuple aurait donc été convaincu de revenir dans les rangs d'Amon. Pourquoi est-ce que ce ne fut pas le cas? On n'employa pas l'éloge du prince; et une réécriture de l'Histoire allait intervenir beaucoup plus tard. On proclama même le pharaon criminel. N'est-ce pas le signe qu'Akhenaton était encore vivant et gênant; qu'il fallait vivement le repousser, s'en défendre et l'interdire? Puisque les Maîtres égyptiens subjuguaient les masses avec l'idolâtrie du régent, qu'ils aient déclaré le peraâ infâme et criminel, n'est-il pas le signe qu'il était toujours vivant, menaçant d'une reprise en main de la situation thébaine? Et s'il subsistait, c'est qu'il était à l'étranger car il est facile d'imaginer que les militaires qui prirent alors le pouvoir auraient aimé l'avoir sous la main pour lui faire un beau mausolée qu'on imagine. Lange bascula en arrière avec un air satisfait. Sa tête s'appuya au fauteuil. Il songeait qu'OEDIPE A COLONE décrivait précisément ces faits et cette situation politique; cependant il menait Fred à d'abord les estimer virginalement comme la chose la plus logique, avant de renforcer jusqu'à confirmer l'hypothèse selon la vérification par Sophocle. I1 regarda le plafond et repris son discours: - Il y eut Ay qui succéda à Akhenaton, oncle ou beau-frère, en tout cas proche de Tiy la mère; puis Semenkhare & Toutankhamon, tous trois régnèrent très peu de temps comme nous en avons parlé. Leur succéda Horemheb le militaire; son oeuvre fut double: d'une part rétablir l'autorité de l'Etat et défendre aux frontières - d'autre part dépêcher le "nettoyage": abattre les temples et raser la cité du soleil - or ça faisait une somme de pierres moins commode à faire disparaître que du papier ou une mémoire électronique! Et il fallait être discret, tandis qu'on prévenait tout le pays de se garder du prince "abominabilisé". Je vous invite à contempler le plan que, pour parvenir rapidement à son but et se débarrasser du tat de cailloux encombrant, le général conçut: les enfouir était la solution - mais ou donc pour qu'en lieu sûr ils disparaissent à jamais? Dans les fondations de ses propres monuments, évidemment! (Lange soupira) Je me permettrai de vous suggérer une autre lecture: LA LETTRE VOLEE d'Edgar Poe, traduite par Beaudelaire et interprétée par Lacan "" un message arrive toujours à destination ""; car si la parole est détournée, l'Inconscient cache toujours la lettre dans l'évidence, sur l'autel de son altération - autrement dit, le refoulé fait la pulpe du symptôme. Pour cacher quelque chose, mettez-le là où il crève la vue - et "plus c'est gros plus ça passe", nous connaissons tous ces formules qui nous gouvernent. Autrement dit: vous trouverez la vérité dans ce qui l'efface; ou encore le symptôme est le véhicule de la vérité; c'est pourquoi il a des airs de mensonge. Les briques d'Akhetaton, les fresques, les livres de l'époque, furent empilés, soigneusement calés et, par bonheur, préservés intacts pour des siècle, mieux que partout ailleurs: dans la substance des pylônes qu'Horemheb se fit ériger! Et le procédé ne parut pas louche au peuple soupçonneux; utiliser les vieilles pierres a été, toujours et partout, pratiqué avec les meilleures intentions du monde. Ces documents sont appelés talataât et on les dégage actuellement; évidemment tout cela est en vrac mais Freud l'avait dit.! - plaisanta Lange - "vous trouverez la vérité dans le désordre". Ainsi, le fait que la structure de l'Inconscient se retrouve de la façon la plus concrète dans les manifestations-même de l'Histoire - voilà quelque chose que vous serez heureux de considérer. Songez aussi qu'une des tombes parmi les plus fameuses de l'Occident devait être celle d'un frère d'Antigone (car Etéocle fut Toutankhamon') et néanmoins n'attrapez pas le vertige; tenons-nous au livre du Freud, cet histothérapeute s'il en est. Il y eut un moment de silence; qui se doubla un instant d'immobilité. Fred restait impassible mais semblait attentif. Lange déclara que s'il avait suivit et compris que tout le contexte égyptien indiquait déjà, par lui-même, un destin très particulier quant au peraâ d'Aton - qu'on pouvait donc se repérer encore sur ce que Freud ne disait pas pour regarder où il fallait voir dans le tableau égyptien. Fred ne pipa pas. - Freud qui ne se soucia pas de l'Egypte, dit Lange en s'éclaircissant la voix, sur la scène de cet "arrière-plan" lut attentivement le discours hébreu. Il fit grand cas, dans son interprétation, de ce qui s'appelle Quadesh (Kadech, Quadés). En effet ce ne fut, selon lui, rien de moins que l'endroit d'où le peuple d'Israël adopta définitivement sa religion; ce qu'il appelle un compromis entre les tribus. Il y consacre de nombreuses pages, estimant la figure de Moïse inséparablement défaite et associée à Quadés. Selon Freud Kadesh était le lieu de l'instauration du Dieu Iévé, un délai passé après l'Exode, venant modifier de façon complexe, inverser et supplanter le dieu Aton, transmise, selon lui, par le "familier" d'Ikhnaton. Mais une lecture prévenue s'étonne d'un fait essentiel - d'autant qu'il n'était pas inconnu de Freud. - Je m'explique, ponctua Lange: Freud connaissait très bien la réputation d'un Exode daté pendant le règne de Ramsès.2 qui régna prés d'un siècle après Akhenaton et Horemheb (une génération). Et Freud n'ignorait pas ce qui est un des morceau les plus célèbre de l'histoire de l'Egypte; c'est à dire la bataille de "Quadesh" où Ramsès.2 s'illustra, qui eut lieu en 1274avJC, qu'on cite comme "la première bataille rangée de l'histoire", et qui se déroula sur la terre du Liban actuel (au Nord d'Israël nommé Canaan à l'époque, colonie égyptienne). Or Freud, avec la bonne excuse, peut-être, de vouloir situer l'Exode en date d'un contemporain d'Akhenaton, consacre le minimum à la question, ne citant pas Ramsès - tant que Freud donc, n'évoqua jamais la célèbre bataille tandis qu'il parlait des Kadés Massa et Meriba qui signifient "épreuve" et "dispute", et autres, Qadés de toutes sortes qui bornent la définition d'Israël, tant que signifiant aussi hiérodule. C'est une lacune si franche que de la plus haute importance pour exploiter l'analyse de Freud. Est-ce que vous me suivez? Est-ce que je suis assez clair? Fred n'avait pas changé d'humeur et il était résolument critique, non seulement sur les fréquentations, mais sur les manières qu'il supposait de Lange. Néanmoins ils s'astreignait à diriger son projet de mise-en-pièce de l'intellect-même de son adversaire. De sorte qu'il écoutait avec une extrême attention. Il le confirma. - Je comprends que Freud, dit l'auditeur, en voulant déplacer la phénoménologie de l'Exode, de Ramsès2 à Akhenaton y transporta tout en bloc et délaissa les indications propres à Ramsès.2. D'autre part, à l'écoute des Ecritures, il négligea les renseignements que le coté égyptien pouvait lui fournir quant au point de départ de la religion de Jahvé, au lieu-dit Qades Mais Moïse dans tout ça.. - Excellent, estima Lange; eh: Bien, voyez-vous, nous pourrions nous amuser à conter que, si au Quadés de Freud, Kadesh biblique, Moïse fit couler l'eau d'un rocher en le tapant de son bâton, c'était le Qadés libanais, Mont Hermon, d'où le Jourdain allait donner l'eau à la terre d'Israël - une eau beaucoup plus appréciable que celle du premier mont, prés du Sinaï qui, au Sud, côtoie la mer morte, plutôt salée... Mais ne nous amusons pas: il y avait selon Freud un Moïse atonien suivit d'un Moïse Jahvéen; écoutez comme Freud est proche de la vérité (et Lange repris MOISE ET LE MONOTHEISME: "" Supposons un instant qu'entre la fin de Moïse et l'établissement de la religion à Quadés, deux générations - un siècle peut-être - aient passé. Comment déterminer si les Néo-Egyptien (j'appellerai ainsi, pour les distinguer des autres Juifs, ceux qui étaient revenus d'Egypte) si les néo-Egyptiens, dis-je, rencontrèrent leurs frères de race avant ou après que ceux-ci eurent adopté la religion de Jahvé? Probablement avant. Mais le résultat final fut le même. Ce qui se produisit à Quadés fut un compromis à l'établissement duquel la tribu de Moïse prit évidemment part. "" - Par quelle magie, s'exclama Lange, n'est-ce-pas, Freud ne cite-t-il pas Ramsès.2' Evidemment que tout cela vous semble embrouillé! Je ne cherche pas à vous répéter l'impossible démonstration de Freud; je vous fait sentir, estimer, palper comment se pose la question. Et bien sûr qu'avec Freud nous sommes maintenant sur la question de Moïse plutôt que sur celle d'Akhenaton! Permettez-moi de vous parler du Quades Egyptien - ne faisons pas la même omission que Freud. Le médecin se leva et s'appuya au mur pour parler. - De même, déclara Lange, qu'Horemheb un siècle plus tôt fit deux choses: rétablir l'Etat et effacer le règne de même Ramsès.2 fit deux choses: d'une part il consolida les frontières et par ailleurs réécrivit l'Histoire - puisqu'elle avait effacée. Tout laisse voir qu'il fit les deux choses à la même occasion de Qadesh... un instant! Lange sortit de nouveau et revint avec un livre; pendant qu'il l'ouvrit, Fred put en lire le titre: LE ROI DE LA THEOCRATIE PHARAONIOUE. Lange commença à lire: "" On peut se demander pourquoi c'est spécialement cette "bataille de Qadesh" qui fait l'objet de ces grandioses compositions au nom de Ramsès.2, que nous trouvons sur la façade extérieures du pylône du temple de Louqsor, sur la façade extérieure de la grande salle hypostyle de Karnak, sur les façades intérieures des deux pylônes du Ramesséum, et sur la paroi intérieure de la salle hypostyle du temple d'Abou'Simbel (entièrement creusé dans la montagne occidentale bordant le Nil en Nubie), et pourquoi enfin cette bataille de Qadesh est particulièrement racontée par Ramsès.2 "" - Stczhwaller de Lubikctchz y consacre toute une étude, expliqua Lange; après qu'il l'eut introduite par le rappel que Saint Antoine, expert en la manière de traiter des intoxications à l'ergot de seigle (LSD), était un hermite du désert égyptien où furent bâtis les premiers monastères chrétiens, qui furent actifs jusqu'à l'Islam du 7em siècle. Il est manifeste pour tous que cette célébration historique racontée comme la grande victoire de Ramsés contre les armées des Kheta, alias "ceux de Seth", "réécrit" et enjolive une bataille contre les Hittites (de la Turquie actuelle) qui se déroula sur le sol du Liban actuel; mais à la vérité l'issue du combat fut tout à fait indécise - particulièrement on peut supposer que les deux adversaires se soient mutuellement épuisés. Ils disputaient la frontière et chacun avait un immense pays en arrière pour toujours s'y replier. Bref et peut-être pour d'autres raisons encore, la bataille qui avait lieu au début du règne de Ramsès.2 s'annula; et quelques années plus tard à Thébes, Ramsès.2 accueillit en ami les souverains Hittites qui lui offrirent deux de leurs filles pour épouses. En quelques années un arrangement avait donc été conclu et la paix ainsi scellée. Pour expliquer cela, voici les faits très remarquables qui ont présidé à ce combat puis à cette alliance: la réconciliation eut lieu entre Ramsès.2 et Hattoushili.3, neveu et successeur de Mouwatalli qui avait été l'adversaire de Qadesh. Et au moment-même où Ramsès.2 achevait les dernières falsifications, l'effacement et l'anéantissement de la conclusion messianique (et universelle) des deux millénaire précédent, Hattoushili.3, de son coté opéra chez lui la "damnatio memoriae" de son oncle prédécesseur, qui avait été au moins presque contemporain d'Akhenaton. Saviez-vous d'autre part que ce pays Hittite était très voisin de celui qu'on appelle Mitanni (ou royaume de Mari à une autre époque), où Akhenaton fut supposé avoir été élevé, selon Vélikovsky sur la foi des lettres (tablettes) échangées entre ces différents royaumes. Lange griffonna sur un bloc un résumé qu'il tendit à Fred: ![]() ..\mop\graphmop\MOPFIG02 - Ainsi, conclut Lange, la bataille de Qadés et sa réconciliation présida au réaménagement de l'histoire et à la fin de toute une période de la civilisation. Vous comprendrez donc que ce moment de Kadesh marque un nexus d'une immense importance dans l'histoire de ce Proche-Orient - d'autant encore que, géographiquement, il était le verrou - ou la serrure - qui permettait à la mouvance anciennement Min (Tamul), puis Babylonienne, et Phénicienne, l'accès à la Méditerranée. Mais avant de pouvoir goûter complètement la structure de cette poignée de main que les Eurasiens hittites et le Africains égyptiens se tendirent en coupant au moins le chemin, si ce n'est le Taureau, d'Europe sur son Taureau - vous vous souvenez? - avant cela, cher Monsieur, il faut que nous nous arrêtions là où ni Freud, ni Vélikovsky ne se sont alimentés; c'est à dire à OEDIPE A COLONE. Parce que la ville de Kolona était une espèce de "Monaco" sur la mer Egée par rapport au vieux royaume Hittite; il s'agit de Troie comme je vous l'ai déjà dit. Et vous vous souvenez que Vélikovsky traita Sophocle de vieux débile en supposant qu'il choisit Colone pour sa propre ville natale. Avez-vous donc lu OEDIPE A COLONE? Fred n'avait pas lu la pièce de Sophocle; il n'en avait eu aucune envie et n'en avait pas l'intention. Il aurait voulu dire à Lange qu'il n'avait pas lu non plus la Comtesse de Ségur; et que si Freud n'en avait pas parlé il y avait certainement une raison! Propos qui lui parurent assez excessifs et surtout ambigus pour qu'il les retint. Mais il fulminait; le temps passait et Lange parlait en vain. Il voyait bien où il voulait en venir; c'est à dire à une imbécillité qu'il aurait été facile de dire avant lui... mais... Tout ce que ruminait Fred aboutissait à des paradoxes; par exemple, des imbéciles, ça n'avait jamais manqué et... il comprenait bien qu'on avait jamais dit ce que Lange lui expliquait, patiemment. A la SAMCDA non plus, on ne parlait jamais d'OEDIPE A COLONE; pour être franc, certains psychanalystes n'avaient pas lu OEDIPE ROI et le marquis de Sade avait remplacé Antigone dans la figuration de l'Ethique. Il y avait certainement une raison à cela! se disait Fred... (avec raison mais sans découvrir laquelle). Et ce ne serait pas ce publicitaire de bas-fond (il assimilait Lange à Claude, passionnément, sans s'étonner des emportements nerveux qui l'agitaient) qui allait damer le pion de sa digne Société d'Assistance. C'était exaspérant. Fred, toujours déterminé à défendre l'honneur de sa cause, tenait tête. Il atteindrait Claude - point final - tandis que pour l'instant il hochait en signe de négation. - Vous n'avez pas eu le temps, supposa Lange; il va falloir que vous me croyiez sur parole dans ce cas. Mais avez-vous bien suivi? Est-ce que ce que je dis vous est compréhensible? Fred releva le défi. - |
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