Fred posa le livre. Immobile un instant, IL imaginait encore; IL venait d'achever la lecture d'une analyse de caractères de représentants d'une classe. Tout y








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Selon ce que j'ai cru comprendre, relança Fred, vous ne fournites cependant d'arguments qu'anecdotes (il s'étonna de défouler ses longs moments d'écoute dans de telles prouesses stylistiques)... il eut fallu que j'ouisse un abysse pour m'y senser en c'truc t'Ures...

Fred céda sur la prononciation du dernier mot. Sauf lapsus, il ne pensait pas à Ur, cité d'origine de l'écriture! Il avait manqué de glousser et s'effarait de ce qu'il avait proféré sans retenue. Il ne savait si le résultat était honteux ou ridicule. Il s'ordonna le silence en gonflant ses joues rougeoyantes.

Lange le regarda de coin, d'un oeil et sans bouger; il prit une profonde inspiration et s'immobilisa encore; puis tout doucement commença à se dégonfler. Il répondit à Fred:
- Freud s'est évanoui deux fois dans sa vie. La première il était avec Jung qui lui parlait de momies naturelles, conservées dans les fondrières du Nord de l'Europe; c'était en 1909. La seconde fois, ce fut en 1912 à Munich; selon Jones, Freud reprochait aux suisses d'avoir publié à Zurich des études psychanalytiques dont son nom était absent - les suisses répliquaient que pareille mention avait été inutile, vu que nul n'ignorait qui était l'inventeur de la psychanalyse; ç'aurait été par trop d'honneur que Freud aurait craqué. Mais selon Jung l'évanouissement survint à un moment où la conversation tournait autour d'Akhenaton; Freud défendait l'idée qu'en effaçant le nom d'Aménophis.3 des stèles de Thébes, Akhenaton aurait obéi à des désirs de morts envers son père. Jung contestait ce point de vue en opposant que les noms effacés devaient correspondre à leur glyphe en la forme "Amenhotep"...

- Je ne voudrais pas paraître lourd, épargna Lange, mais il y a aussi une histoire de vin dont je ne vous ai pas parlé; et avec ce facteur "devin", les deux évanouissements traduisent, quant aux moyens de prophéties et à la propre toxicomanie de Freud cocaïnomane, que quelque chose concernant la drogue (neuromédiateur) étaient en scène dans ces événements. Personne n'analyse jamais les débuts de Freud premier expérimentateur de la cocaïne moderne; pourtant Einstein aurait-il été le premier expérimentateur du LSD, qu'on s'en poserait de raisonnables questions épistémologiques concernant ses théories; ne croyez-vous pas? Mais enfin, tenons-nous-en à ce que ces évanouissements signalent concernant la nomination du corps et sa persistance en l'absence que constitue la mort. Appelons cela, si vous le voulez bien, la "nominature" pour le distinguer de la nomination, qui n'est pas perdurante, et de la nomenclature, qui est politique en URSS, de façon plus transparente qu'ailleurs, au titre du Semblant.

- Vous m'avez demandé quelque chose d'abyssal! opina Lange; vous voyez qu'il y a dans ces pertes de connaissance de Freud quelque chose de cette profondeur. Plus tard Lacan fera encore avancer le szmilblick en associant cette nominature à la fonction triale du Noms-du-père. N'oubliez pas que si Freud avait assimilé Moïse à Akhenaton, il n'avait pas encore les éléments de l'égyptologie des années 1950 qui permirent à Vélikovsky d'être crédible sur l'identification d'Oedipe. Par conséquent Freud se serait trouvé avec la seule binarité de la personne; ce qui implique, pour un occidental, qu'il suspende sa motion première - ainsi que vous auriez pu le lire en consultant l'article sur les trois prisonniers de la Taverne et LE TEMPS LOGIQUE de Lacan.
Fred n'avait rien à redire à cela et de toutes façons, il était encore sur le coup de ses propres dernières paroles. Il admit donc le jus étrange qu'avait répondu Lange, maintenant pressé par le temps. Le médecin en effet indiquait qu'il devait lever la scéance et il réitéra seulement sa suggestion que Fred lut OEDIPE A COLONE. Il restait au jeune homme du temps libre; Lange devant quitter les lieux, après qu'ils se soient salués, il se retrouva seul pour la deuxième fois dans la bibliothèque.

Il se rasséréna, fit craquer ses doigts, s'étira, fit le mort affalé sur la table; puis sans hésiter, entreprit d'examiner le dossier précédemment repéré. Sous le titre, probablement générique de COLLECTIF, il était spécifié: DOC. PUBLIC.

Fred l'ouvrit et commença à consulter des documents divers, concernant des organismes de santé, indiquant des réunions, présentant des publicités; certains désignaient des groupements, d'autres des personnes, d'autres encore étaient purement fonctionnels, graphiques ou fiches de renseignement qui avaient dû avoir une utilité à un moment donné; les pièces étaient diverses mais le tout semblait avoir été conservé au titre d'une unité précise. Puis il atteignit une zone plus substantielle; des listes de nominales étaient annotées, des invitations, des coupures de journaux, ventant une psychanalyse par téléphone présentée par un certain P.F - Fred s'en amusa. Il lut aussi une lettre dénonçant une conférence où l'auteur, un certain Lange refusait de participer. Il déplia enfin une liasse de pages d'un journal d'annonces, rencontres sentimentales émaillées de réclames pour tel astrologue ISIS ou le réseau EROS. C'est à ce moment le plus inattendu, que son regard se crasha douloureusement sur un pavé: W.CLAUDE - PSYCHANALYSE - suivait un N° de téléphone. Claude faisait de la publicité:! Sur une dizaine de pages l'effarant pavé trônait, voisin des mérites de Mme GILDA, de la méthode RZ12 pour gagner au LOTO, du GAY-CLUB 2000, d'une librairie X et même, comble de l'horreur; d'une WANDA qualifiée Sadothérapeute! Fred assommé, repensa en même temps à la désignation grotesque du "détecteur de mensonge" et il sombra dans le cauchemar de voir la psychanalyse, gracieuse fleur éthique, mêlée à la boue de ces tragédies de l'escroquerie. Du coup le jeune homme ne vit plus rien et comprit tout! Il éprouva des sentiments d'une violence tout à fait inattendue; Claude était donc de ces immoraux qui profitaient du flanc stoïcien de sa future pratique, noble et fragile comme une jeune fille, pure et sans défense à coté des loups sales! Il ne songea pas aux voix qui appelaient Lacan le diable; il ne songea pas aux parisiens qui accueillirent Freud comme Le Grand Sexologue quand il allait mourir à Londres; ni aux 2467 erreurs que contenait (selon l'auteur) le dernier chapitre de LA SCIENCE DES REVES ou du chiffre 17 obsédant Freud à la Loterie. Il aurait été incapable de penser à cela. Il eut une suée en se remémorant les allusions de Lange sur l'abjection technique de la Praxis et l'obèse détecteur fut entraîné dans le même ouragan de malédiction; jusqu'à ce que le fond du coeur de Fred frémisse des échos d'un serment renouvelé à la SAMCDA de la défendre contre la présentation dépravé où des irresponsables entraînaient l'héroïque exploration freudienne des pulsions refoulés. Jugeant cela bien envoyé il résista à empocher les liasses accusatrices, se ravisa en pensant qu'il y avait peut-être à savoir plus. Il rangea le classeur du mieux qu'il put et s'en alla demander sans trouble apparent un froid rendez-vous à Mme de la Voaof.

CHAP.4 - PAGE#57

Les nuits qui suivirent la tragique révélation des activités de Claude, Fred fit quelques rêves et quelques cauchemars. Il n'en parla pas car depuis qu'il était en mission il ne voyait plus son psychanalyste et ses seules visites régulières étaient consacrées à son dentiste. Entre les scéances de plombage il allait à la SAMCDA où il ne manifesta pas la moindre bonne humeur. Plus tard, en pensant à sa vie sentimentale, il garda néanmoins un bon souvenir de cette période.

Ses études lui paraissaient moroses. Mais il obtint par hasard, au décours d'une conversation, quelques renseignements intéressants concernant Zénon Kelper auquel Lange avait fait allusion. Il s'agissait d'un médecin psychiatre dont on savait peu de chose. On le décrivait comme un personnage passablement désespéré qui s'était compromis dans des applications groupales de la psychanalyse, "groupissante" disaient les plus sévères se moquant de "groupies". Pour des raisons obscures il avait été inquiété par la justice et on lui aurait retiré la garde de son enfant. Décidément avait ironisé Fred en lui-même; une ribambelle de détritus accompagnaient Lange. En fin de compte il ne regrettait pas d'être averti de ces troubles états de faits - ils l'armaient contre les séductions du discours de Lange et l'aiguillonnaient, imaginant démasquer le psychanalyste schismatique.

Par contre son enquête n'avait pas plus avancé - le N° de téléphone qu'il avait tiré de l'annonce de Claude n'était plus attribué. Maintenant qu'il s'apprêtait de nouveau à opérer au local de la rue Nette, il devait encore passer par un entretien avec le gros homme aux yeux bleus; mais il en accepta le prix, dut-il de nouveau souffrir en apprenant de nouvelles dépravations de l'éthique qu'il n'arrivait pas à concevoir.
Ella De la Voaof lui indiqua que Lange était dans la salle d'attente. Il le trouva en train de lacer sa chaussure. Et après qu'ils se soient lancés un "bonjour", Fred fut assailli par la violente image de lui remonter la tête d'un coup de mallette. Il recula d'un pas car il n'aimait pas les chocs assassins de tels fantasmes soudains. Enfin Lange se releva, fendu d'un large sourire et déclara: "Oui n'avait pas de noeud était sans nom - c'est pas Napoléon qui a dit ça".

Fred assentit d'un pâle sourire.

- Allons au bureau, dit Lange en le précédant; vous êtes-vous fait une opinion sur ce que j'ai appelé la nominature, la dernière fois? Ce qui concerne le complexe d'effacement et l'inscription du nom, en tant que résistance du premier psychanalyste?

Evidemment la question éveillait en Fred des échos que Lange ne soupçonnait pas. Il ne répondit rien et continua à suivre en silence le médecin qui maintenant pénétrait le local de leur conversation.

- Asseyez-vous, invita le plus âgé.

Il regarda Fred.

- Avez-vous quelque chose à me dire? ajouta-t-il.

Fred affirma que non.

Lange plia une jambe et remonta le pied jusque sur le fauteuil. Il entreprit de resserrer son autre chaussure et commença à dire, en parlant doucement:

- Nous ne parlons pas beaucoup du livre de Freud, n'est-ce-pas; ce n'est pas par hasard. Je ne vous ai pas proposé de le lire. Pourtant il est fort intéressant. Mais il est surtout fécond de le lire en sachant ce qu'il représente. Autrement dit il est indiqué, pour commencer, de se préparer au résultat - c'est ce que nous avons fait. Pour être complet, il faut encore connaître à quel contexte géopolitique Freud tente d'apposer sa vision du prophète.

Lange reposa le pied à terre, tourna un instant les pieds dans le vide et, croisant les mains, continua:

- C'est à dire que tout d'abord, il faut certainement situer Akhenaton dans l'Egypte de l'époque. Parce qu'il serait irréaliste d'estimer qu'un sujet puisse être moins aliéné que quiconque et qu'il eut pu inventer une religion, l'atonisme en l'occurrence, sans qu'un contexte ait déjà tout apprêté, voire tout induit - qu'il soit pharaon ou charpentier ne changerait rien à l'affaire. Seulement voilà; laissez-moi vous dire que Freud ne parla pas beaucoup du contexte égyptien dans son bouquin, au point qu'il ne parle même pas beaucoup d'Akhenaton - de toute façon les discussion semblaient tourner court, sur le sujet, je vous ai dit pourquoi (évanouissement de Freud, crises de réincarnation de Mme Jung, etc...). Il parla surtout du contexte Hébreu. Pourtant le bureau de Freud était truffé de statuettes égyptiennes et quand il y eut l'inénarrable scène de craquements magiques dans sa maison, avec Jung justement, il supposa que c'était de lourdes stèles égyptiennes, récemment montées à l'étage, qui occasionnaient ces impressionnants éclats. Freud était donc féru, pour ne pas dire passionné, d'égyptologie. Et pourtant MOISE ET LE MONOTHEISME pénètre beaucoup plus les croyances de sources hébraïques - on appelle ça son "matériel" d'analyse. Il faut dire encore que ce livre s'exerce au chapitre théorique des thèses selon lesquelles les lois du langage et de la mémoire s'appliquent aux peuples comme aux individus - selon un principe d'analogie - tant qu'ainsi les processus psychiques que sa Psychanalyse avaient découverts eussent dû rivaliser avec des structures à reconnaître dans l'Histoire.

- Donc, insista Lange, Freud évite Akhenaton. Permettez-moi de vous montrer comment.

Lange se leva et sortit vers la bibliothèque adjacente. Fred crut qu'il allait assister à une nouvelle clownerie du psychanalyste raté; mais seulement revint-il avec le livre en question de Freud à la main, repris sa place et se mit à lire:
""L'arrière-plan (l'arrière-plan, répéta Lange en insistant sur le terme) des événements qui nous intéressent est donc le suivant: les conquêtes de la 18em dynastie ont fait de l'Egypte une puissance mondiale. Le nouvel impérialisme se reflète dans l'évolution des concepts religieux, sinon dans le peuple tout entier, du moins dans les hautes sphères intellectuellement actives. Sous l'influence des prêtres du dieu solaire d'On (Héliopolis), influences peut-être renforcées encore par des suggestions venues d'Asie, surgit l'idée d'un dieu Aton - qui n'est plus le dieu d'un seul peuple et d'un seul pays. En la personne du jeune Amenhotep.4 [de nos jours on l'appelle Amenophis.4 avant qu'il se soit dénommé lui-même Akhenaton, précisa Lange], c'est un pharaon, aux yeux duquel l'intérêt pour le développement de l'idée divine prime tout, qui monte sur le trône. Il fait de la religion d'Aton la religion officielle et, grâce à lui, le dieu universel devient un dieu unique; tout ce qu'on raconte des autres dieux n'est que mensonge et duperie. Il s'oppose implacablement à toutes les tentations de la pensée magique et rejette l'illusion, si particulièrement chère aux Egyptiens, d'une vie après la mort Avec une étonnante intuition des vues scientifiques ultérieures, il proclame que l'énergie solaire constitue la source de toute vie sur la terre et doit être adorée en tant que symbole du pouvoir divin. Il est fier de jouir de la création et de sa propre vie dans Maat (vérité et justice).

C'est là le premier et sans doute le plus pur cas de religion monothéiste dans l'histoire de l'humanité [Lange toussota de façon hystérique]; quelle valeur inestimable aurait pour nous une connaissance plus approfondie des conditions historiques et psychologiques de sa formation! Mais on a veillé à ce que nous ne puissions avoir trop de renseignements sur la religion d'Aton. Dès les règnes des faibles successeurs d'Ikhnaton (Freud l'appelait encore Ikhnaton, indiqua Lange qui ajouta: "goûtez-vous combien Freud est romanesque sur ce passage?" et il poursuivit:), tout ce que ce dernier avait édifié fut détruit. Les prêtres qu'il avait opprimés s'attaquèrent dès lors, par vengeance, à sa mémoire. La religion d'Aton fut abolie, la résidence du pharaon pillée et démolie. Vers 1350avJC, la 18em dynastie vint à s'éteindre; après une période d'anarchie, le chef Horemheb, qui régna jusqu'en 1315, rétablit l'ordre. ""
- Voilà donc, repris Lange, ce que Freud appelle l'arrière-plan. C'est à partir de là qu'il hypothèque que le roi meurt "paisiblement" en Egypte et que c'est ensuite un partisan du peraâ va trouver grâce auprès des esclaves hébreux pour les séduire et les "exoder". Seulement il ne sait pas d'où vient ce disciple - et il ne sait rien de la fin d'Akhenaton. Evidemment pas une seule fois, il ne suppose que c'est Akhenaton lui-même qui allait mettre, s'il le fallait, une barbe postiche pour passer la douane. Freud disait, comme tout le monde, sans qu'il n'y en ait aucune preuve, que les prêtres d'Amon avaient "docilement" (sic) attendu la mort du roi-dieu. Au sujet de l'Exode il dit:

"" Si nous situons Moïse à l'époque d'Ikhnaton, si nous le mettons en rapport avec ce pharaon, alors l'énigme est éclaircie et les questions qui se posent semblent résolues. Supposons que Moïse ait appartenu à une noble famille, qu'il ait occupé une haute situation que peut-être il ait été membre de la famille royale, comme le dit la légende. Certainement conscient de ses grandes possibilités, il était ambitieux et énergique, peut-être rêvait-il de devenir un jour chef de son peuple et maître de l'Empire. Familier du pharaon, il se montrait adepte convaincu de la nouvelle foi dont il avait compris les idées dominantes en se les appropriant. Lors de la réaction qui se produisit à la mort du souverain, il vit s'effondrer toutes ses espérances, tous ses desseins? A moins qu'il n'abjurât ses chères croyances, l'Egypte n'avait plus rien à lui offrir; il avait perdu la partie. Dans sa détresse, il trouva un curieux expédient. Le rêveur Ikhnaton s'était aliéné l'esprit de son peuple et avait laissé morcelé son empire. Doué d'une nature énergique, Moïse conçut le plan de fonder un nouvel empire auquel il donnerait la religion dédaignée par l'Egypte. ""

- Et au sujet du destin d'Akhenaton, continua Lange, il dit:

"" les dociles égyptiens avaient attendus que le destin les débarrasse de la personne sacrée du pharaon. ""
- Avant tout, précisa Lange, il ne convient probablement pas d'appeler "Empire" la période précédente - je veux dire que seulement après Akhenaton, avec le général Horemheb, on peut désigner de la sorte l'Etat égyptien - c'est important de le remarquer si on veut s'instruire du destin des révolutions républicaines. D'autre part il convient de rectifier l'image d'Akhenaton qui parut être un homme extrêmement actif pragmatique, bâtisseur et inventeur. Tandis que de "dociles égyptiens" qui allaient saccager la mémoire du roi, et de "fidèles Hébreux" qui, à peine sortis du genre d'esclavage qu'on pratiquait à l'époque, auraient suivit un politicien dissident; ces images ne sont pas très réalistes.

- Décidons donc, redonda le médecin, de pénétrer plus profondément cet "arrière-plan" des événements en question. Que savons-nous, aujourd'hui, de la religion d'Aton et de son promoteur? Eh! Bien d'abord, ce que Freud savait déjà. Ecoutez encore cela:

""Amenhotep n'a jamais nié avoir adopté le culte du Soleil d'On (la ville antique d'Egypte). Dans les deux hymnes à la gloire d'Aton que nous ont conservés les inscriptions tombales et qui sont vraisemblablement l'oeuvre du souverain lui-même, il glorifie le soleil, créateur, protecteur de tout ce qui existe et en Egypte et en dehors d'Egypte. L'ardeur qui transparaît dans ces hymnes est comparable à celle qui animera, quelques siècles plus tard, les psaumes en l'honneur du dieu juif Jahvé [ou Iévé) ""
- Et nous en savons un peu plus, compléta Lange: la religion d'On semble fondatrice en Egypte, si ce n'est de l'Egypte. Avec la ville de ce nom, nous trouvons une origine tout à fait première de la religion égyptienne basée sur deux dogmes: la résurrection des corps sur la terre, et un messianisme.

- D'abord, en attendant la résurrection, ironisa Lange, on aménage la mort; c'est à dire qu'au fil des siècles ce qui prévalait en Egypte était devenu une ode à la mort; la mort était devenue vivable sinon vivante; le culte d'Amon était en passe de devenir la religion d'Etat et c'était la religion de la mort. C'est elle qui réordonna le gouvernement après Akhenaton. C'est donc Amon qu'Akhenaton éclaira comme une ombre avec la lumière d'Aton. Evidemment une description vivante de la mort est d'un emploi important dans la psychologie des peuples; par exemple c'est très utile, voire nécessaire pour remporter une guerre; c'est aussi efficace pour bien d'autres choses que l'hypnose utilise - mais laissons cela; le christianisme préparé par Moïse a suffisamment travaillé le problème qui comporte de bons aspects, surtout quand il est accompagné de l'Amour; et les généticiens de la résurrection n'en sont qu'aux clones quand les psychanalystes n'ont encore rien publié s'agissant du transfert d'âme bouddhiste... laissons cela, ce n'est pas de notre âge.

- Parlons donc du messianisme, s'excusa Lange: depuis la fondation d'On, les Egyptiens attendaient donc un Messie. Aménophis.3, comme je vous l'ai dit, annonçait que ce temps était venu pour accueillir l'Envoyé. Vous imaginez quelle fut alors la circonstance dans laquelle son fils Aménophis.4 changea son propre nom, s'instaura Akhenaton en décrétant la réactualisation du culte Solaire. Vous comprendrez aussi qu'avec ces peraâs que l'on disait déjà des dieux:... comment le bonhomme allait se cuisiner ce que Vélikovsky appelait dernièrement une paranoïa mégalomaniaque - ce qui était, si nous nous référons à l'antipsychiatrie, une réaction très saine et adaptée au climat de l'époque.

- En fin de compte ce serait nous, releva Lange, qui nous avouerions être aveuglément infatués en projetant notre crasse et notre orgueil là où nous ne reconnaîtrions que cet individu avait quelqu'avance, moins à personnaliser qu'à compter comme une focalisation du génie de plusieurs siècles de population humaine.

- Enfin, soupira Lange, évidemment les messies en ce temps-là n'étaient pas encore de basse extraction; il n'en étaient pas moins nobles... Hi! (Lange couina); donc, cher Monsieur, Akhenaton se montra plus attaché aux valeurs humaines qu'aux valeurs nationales. Il est clair qu'il est faux de décrire sa personne comme celle d'un rêveur n'ayant pas le sens des réalités; puisqu'il avait le sens de quelque chose qui est bien plus "réel" que la réalité elle-même à preuve qu'il s'occupa de démocratiser son Etat; savez-vous ce que cela signifie?

- Le nationalisme, expliqua Lange, est plus illusoire que la Démocratie; qu'on estima au demeurant ne jamais devoir être qu'universelle, si nous nous souvenons des idées de la révolution française. Cela tient sur la raison qu'elle oppose, à l'illusion du centralisme, la juste perception que le savoir EST collectif. Ceci est similaire à la question de l'Inconscient et de la façon dont ça sait. C'est vous dire que la psychanalyse est une affirmation politique, que nous croyons que la démocratie n'est pas un leurre et prévenons qu'on ne s'en moque.

- Mais voyez-vous, dit Lange en reposant le livre de Freud, il fallut Lacan pour arrimer, sur la galère républicaine, la Volonté - la "volonté" qui nous nique tous! Celle qui tient au désir comme le savoir au pouvoir; réfléchissez s'il vous plaît; aujourd'hui comme au temps de la République d'Athènes nous nous targuons, orgueilleux, d'affronter, de reconnaître et d'assumer notre Destin - mais du coté de l'acte c'est vraiment minime! "Diriger" son destin, c'est une autre paire de manche; il s'agit de la Volonté - on la disait réservée aux dieux; cette Volonté, que la démocratie autorise et oblige comme le thélème d'Akhetaton. Voyez l'histoire de la psychanalyse: tout y est d'abord sur le chiffre de l'acte nul: s'ouvrir à l'Inconscient; et il aura fallu - pour que la volonté ne passe par-dessus bord nourrir les animaux branchiaux du domaine Inconcient (poissons) - il aura fallu donc que le psychanalyste l'amarre et la sangle du discours de deux héros républicains: Kant et Sade. Ce fut l'oeuvre de Lacan; et s'il s'y appliqua au terme de ses Ecrits (KANT AVEC SADE), c'est qu'il avait compris que ses ouailles allaient la laisser filer, pour quelques requins si ce n'est la méduse elle-même; la chère volonté. Avec le progrès, l'avenir dira si la cargaison du navire freudien fut autre chose que de carguer la voile. En attendant, que Lacan ait dû s'essayer sur la philosophie, rappelle que l'élitisme cède aisément sur ce réel que la démocratie colporte; et que les prêtres d'Amon doutaient qu'il n'y eut sur la terre des hommes que de bonne volonté. C'est pourquoi en bâtissant Akhetaton - l'histoire l'atteste - Akhenaton du t négocier qu'il limiterait son expérience démocratique et sociale à l'enceinte de la nouvelle capitale. Ce cirque, aujourd'hui désert, de la cité solaire, est encore surplombé d'une falaise dans toute sa hauteur sculptée aux images du pharaon et sa mère; évidemment la présence de l'inceste dans ce nouage reste encore communément un mystère, comme je vous l'ai dit, et nous n'en parlerons pas ici; seulement retenez qu'il est presque certain que l'esclavage avait été aboli à Akhetaton. Alors! Qu'est-ce qu'ils "voulaient" les esclaves? Vous savez que mille ans plus tard Socrate hésitait encore à le dire et cela nous explique bien des choses quant à la population de l'Exode - ceux que Freud appelait les néo-égyptiens; nous explique encore que seul le pharaon, par excellence homme préparé à la "volonté" eut la capacité de sustenter une instance si nouvelle.
- Donc, conclut Lange, ces événements sociaux et politiques de 1350avJC, doivent compléter l'arrière-plan où Freud profilait la figure de celui qu'il appelait "son Moïse". J'insiste sur cette analyse du critère collectif du savoir - elle est primordiale; il est aussi extrêmement important de connaître ce qui s'oppose à le manifester. Je vous ai déjà dit tout le mal que nous avons à dialoguer avec des universitaires; certains égyptologues rapinent nos travaux et nous ferment leur portes. Cette attitude est tragique et contraire à la qualité essentielle de la Science qui ne s'entend que populaire et démocratique; si Elle n'est pas collective, comme les Ecoles de psychanalyse, elle signifie l'ésotérisme et l'élitisme. Cette tragédie est celle, véritable, que les psychanalystes doivent analyser, passé qu'ils se soient exercés, qu'ils aient fait leurs gammes sur la dramaturgie antique et littéraire d'Oedipe: analyser la réalité vivante des phénomènes contemporains. Or les psychanalyses que l'on voit échouent dans une caractérologie qui revient à manucurer le prince. Sachez qu'à la ressource d'AkheTaton, la psychanalyse rehausse le savoir dans un Etat où la science s'humanisera du psychisme; et que cette psychanalyse est la pointe la plus forte qui maintient que ladite science doit opérer avec et dans la plèbe; aux résistants de dire dans la plaie si ce n'est la peste. Qu'en pensez-vous?
Les pensées de Fred étaient noires comme l'encre. Il ne s'ancrait que dans une obstination: plus Lange disait de choses intéressantes et plus il haïssait celui qui les mêlaient à la trahison de son corps professionnel. Il eut souhaité qu'elles l'enflamment et le consument - mais il était seul à faire face à la bête qu'il avouait médusante. Fred aurait imaginé sa propre carrière sapée à la base, par l'acidité pernicieuse de l'intelligence de Lange, s'il avait rêvé - mais il ne rêvait pas. La situation était concrète et les mots que distillait - de gourou bouffon portait le cynisme jusqu'à se réclamer de la crédulité populaire qu'il exploitait. Décidément, il était fier d'aider la SAMCDA dans son entreprise de préservation de la pratique freudienne authentique.

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