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Parce que pour faire une psychothérapie, lança- t- il avec ruse, j'aimerai équilibrer le caractère trop renfermé des scéances; et s'il est possible de trouver des partenaires (il avait fait un lapsus, voulant dire "partenaires") pour compléter mon analyse, je pense que d'abord il faudrait que j'y pense. La demande était fine et d'allure très névrotique. Il n'en était pas mécontent - Lange viendrait suturer cela avec plaisir et serait bien obligé de lacher une indication concréte. - Vous avez raison, dit Lange, je vous ai déjà dit que c'était une bonne formule pour observer que de vous associer. Le savoir est collectif. Remarquez que c'est la prémisse où l'axiome de la démocratie: "Le savoir est collectif". Et d'ailleurs, il semble qu'Akhenaton tenta d'établir une démocratie en Egypte. Outre le fait qu'il couchait avec sa mère ça a dû être une raison pour laquelle il dut s'enfuir. Il est difficile pour un roi d'organiser une démocratie. - Bien que ce soit un fait, rajouta Lange, et qu'il soit réel que le savoir est collectif, combinant Masse et Pluriel, les individus ont tendance à croire qu'il est personnel; ça commence avec la mère et ça finit avec le roi. Mais vous comprenez bien qu'il faut s'en défier. C'est pourquoi avec le père on emploie un moyen terme et, passé le chef de famille, on se met en groupe pour défier un chef ou pour démystifier un leader. C'est à partir de ce stade que nous sommes subjugués par la Connaissance, quoique dans sa condition idéale - c'est à dire en assumant que le Savoir est collectif. - C'est très bien, continuait Lange, que vous vouliez participer à un groupe, c'est le b.a.ba pour qu'on puisse espérer une initiatique de la connaissance. Il n'y a pas d'initiateur n'est-ce-pas, c'est un fantasme (de bonne femme au demeurant, toussa-t-il); mais il y a un savoir, ça s'impose. Donc pour le moins, il y a une initiatique. Fred se rongeait l'ongle du pouce. Sa question avait été méthodique et il s'était parié que Lange allait y répondre avec un indice qui lui serait utile; il avait misé d'attendre et tenait bon. Lange continuait en le regardant de ses yeux clairs: - Pour que vous ayez le désir de perfectionner les conditions de votre psychothérapie, ce n'est pas seulement pour la raison de vous en distraire. Vous manifestez l'intuition qu'on puisse savoir s'il y a un moyen de certitude. Puisqu'évidemment qu'il y a un moyen de la vérité! Surtout si on se met à plusieurs; parce qu'à plus de trois, ça ne manque pas qu'il y en ait un qui mente. C'est très bon de vérifier ces choses-là en groupe - il n'y a d'ailleurs pas d'autre moyen. Individuellement vous pouvez toujours tenir un preuve; mais elle ne sera jamais qu'au mieux surréaliste, comme un montre de Dali. La surréalité est anamorphique, elle ne tient pas en forme. Quand vous vous organisez pour pouvoir mentir (c'est à dire en groupe), vous arriverez, avec le mensonge, à coincer la vérité garantie. - Et d'ailleurs, conclut Lange, c'est ce que nous recherchons en formant ces vastes groupes que sont les peuples. C'est pourquoi l'Histoire se prête à servir comme cette initiatique de la connaissance. En excluant chacun qui s'en individualise elle se présente à lui comme un mensonge. Après, qu'il se débrouille pour savoir "qui" ment - ça le mènera peut-être à des surprises! Mais en tout cas, il saura la vérité et il y aura gagné le vrai. Par exemple Akhenaton a vraiment transmis la religion égyptienne réelle aux hébreux et il a probablement quitté le Sinaï en direction de la mer Egée. Fred avait raté son coup; c'était évident. Il s'en voulait comme il en voulait à Lange. Tout ce temps n'avait servi à rien et sa manipulation avait fait chou-blanc. Tout au moins pouvait-il espérer... quoiqu'encore! Peut-être Lange était-il délirant au point d'inventer de toute pièce ces études collectives. Peut-être ces groupes étaient-ils imaginaires; il craignait d'envisager le pire et que son second entretien fut vain. L'heure avait tourné et Lange ne parlait plus. Il tenta une nette détermination: - Il faut donc que je m'inscrive. - Oui, répondit le médecin. Mais il regarda sa montre et interrogea: - Pouvez-vous venir ce soir? C'était trop! Voilà qu'il remettait ça; et pour comble il n'aurait servi à rien que Fred refuse. Il ne pouvait qu'accepter un rendez-vous. Par hasard sa soirée était libre - eut-elle été retenue qu'il aurait assuré Lange de sa visite - et il ne serait pas venu! Quelle différence s'il téléphonait dans huit jours? Et Lange aurait pris sa leçon! rageait-il, vexé. De fait, s'il faisait abstraction de Claude, Fred n'avait aucune raison de fréquenter Lange. Il ne le comprenait pas et l'homme lui paraissait dangereux. Evidemment, l'histoire de Moïse avait traîné dans la psychanalyse, par les soins de Freud lui-même, mais il y avait eu assez de psychanalystes par la suite pour prouver qu'un ne pouvait rien tirer de cette question-là. Ca regardait les ethnologues, les :archéologues, les anthropologues et bien d'autres, mais la psychanalyse était quant à elle une affaire de parole et de langage soutenu par un individu humain - c'était pour Fred une notion acquise. Lange aurait-il dit qu'il valait mieux tenter de ressusciter une parole morte que risquer d'en assassiner une vivante, qu'il se serait insurgé et scandalisé même. Quant à Moïse, bien que des choses restassent obscures au sujet du destin des hébreux et de l'antisémitisme, la SAMCDA expliquait parfaitement la logique qui menait à ce qu'on cherchât sans cesse un mystère à son sujet; elle expliquait parfaitement les indices qui s'offraient à animer des fantasmes et elle expliquait parfaitement la satisfaction frelatée que tout cela donnait. Plus tard nous allions savoir qu'avec cette logique + ces indices + cette satisfaction, la SAMCDA offrait elle-même pour preuve: la preuve qu'on pouvait refuser les apparences les mieux formées - elle se gardait de le dire (et se le gardait pour elle). La SAMCDA continuerait à compter la découverte de Kelper pour indifférente et sans effet, forte du dogme que la réalité dans ses rangs, n'offrait qu'à savoir qu'on s'y trompait - avec un tel "porte-mental", glosait-elle, on ne risquait pas de retomber au principe du plaisir. A 15h Fred quitta le local du "détecteur de mensonge" après avoir pris, avec la secrétaire, rendez-vous pour 20h30. L'histoire ne dit pas si Lange attendait Fred ce soir-là. Pour ceux qui le connurent il est vraisemblable qu'il ne se souciait pas de prévoir s'il allait revenir. Il l'attendrait voilà tout. Lange estimait ne rien pouvoir à l'ordre des choses, tant qu'elles concernaient la collectivité. Il disait ne pas savoir pourquoi untel ou untel venait, pourquoi tel autre partait et jugeait son rôle monotone, voire fastidieux, consistant à déballer, à produire inlassablement, ce qui lui paraissait clair et à l'évidence obscur à son prochain. Quand la chose avait une probabilité d'être intéressante il l'opposait à la morosité commune et s'y plongeait. Ces derniers temps il déclarait en fin de compte la trouver toujours nationaliste. L'Occident se déchirait et ses intellectuels regardaient de nouveau avec tendresse du coté de la religion ou du réalisme du cynisme. Fred revint, Ce n'était pas Claude, inconnu, qui l'attirait; l'enquête à elle seule lui paraissait la raison objective de son comportement; en chercher la raison profonde risquait de devenir aussi farfelu qu'imaginer la psychanalyse comme un aléas, coordonné par un projet Thébain vieux de 3000ans; pour, du Nil, dépécher son identité à Vienne, à 3000km de distance. Les deux protagonistes d'installérent de nouveau face à face. - Comment allez-vous, Fred? demanda Lange. Fred répondit aimablement qu'il était surpris de se retrouver à une telle heure pour un nouvel entretien. - Nous avons un travail qui nous prendra plus tard ici. Mais il me laisse le temps pour que nous puissions continuer; plus tard je vous parlerai des autres membres. Mais pour commencer il faut que je vous dise encore quelque chose car ce matin je n'ai pu vous exposer que la moitié de notre préparation. Après, vous serez bien plus libre. - Vous voulez dire que je recontrerai d'autres de vos patients ce soir? s'inquiéta Fred, partagé entre l'inattendu et l'opportunité de progresser rapidement dans sa mission; parce que, continua-t- il, je ne sais même pas si ce sont des chercheurs ou des psychanalysés, je ne connais rien de la façon dont vous êtes organisé. Lange le déçut et le rassura en même temps. Il n'était pas question que ce soir il participe aux réunions. Après l'entretien la secrétaire serait là et c'est avec elle qu'il prendrait connaissance des activités possibles. Lange devait donc encore s'expliquer et Fred, moins négligeant d'une observation à prendre des propos du médecin, se disposa à l'entendre. - Ce matin je vous disais, débuta l'homme aux yeux bleus, qu'il était attendu qu'une connaissance des véritables origines de notre civilisation fut restée un moment dans l'insu. D'une part parce que la mémoire met un certain temps pour se déclarer et que dans le cas présent, elle dût affronter le choc, trop novateur, provocateur et puissant pour elle, qu'avait représenté l'écriture. En admettant que l'écriture ait commencé 5000ans avant notre ère, à Ur en Mésopotamie - tout ce que je vous dirais de la sorte sera très approximatif, n'est-ce-pas... Lange dut s'interrompre pour allumer une lampe. Fred en profita pour examiner le bureau, tacheté ou semé de livres mais meublé de façon si neutre qu'on eut dit une salle d'hôpital... Lange repris sa place; il s'excusa et poursuivit: - En admettant cela, c'était donc resté à l'insu du développement des peuples pour d'autres raisons encore, ou plutôt pour d'autres aspects d'une même raison: par exemple les intérêts des uns et des autres à maintenir des dogmes abrutissants et irresponsabilisants; et puis de façon beaucoup plus positive, ce refoulement apprêtait les condition d'une connaissance critique que les marxistes ont commencé à approcher, malheureusement en restant limités à la perspective économique [de l'index Lange traçait un invisible trait sur son bureau]. Ils n'ont pas pu rallier leur science aux deux autres que Freud avait noué: c'est à dire, avec l'économie, les points de vue dynamique et topique. Quoiqu'il en soit, si je vous dis ce soir qu'Akhénaton produisit et une légende et un mythe - c'est à dire Moïse et Oedipe - pour ressurgir finalement derrière ces deux figures, il est tout de même nécessaire que ce soit resté pendant un moment à l'insu de tous. Avant de pouvoir étudier placidement la chose que nous avons découverte, il est bon de tempérer notre étonnement: il était attendu que quelque chose d'insu apparut de la sorte à cette époque moderne. J'espère donc que nous avons donné une raison à notre surprise. - Seulement maintenant, s'enflamma soudain Lange, il faut en donner une à notre horreur! Savez-vous combien de gens de ce pays trouvent scandaleux qu'on ouvre la tente sur le Sinaï pour montrer qui siège derrière le rideau de fumée? Il y a toutes sortes de perspectives, toutes sortes de raisons, psychologiques, sociales, économiques, institutionnelles, et j'en passe pour expliquer cela. Fred avait été surpris par le ton tragique que prenaient les intonations du conteur. Lui-même était d'une génération qui n'avait presque pas le sens du scandale; soit que du fait-même, il ignorait qu'il s'agissait, en cela-même, du signe probable et tragique qu'il y était d'autant plus soumis, par trop éloigné et insensible. L'hypothèse d'un Moïse roi déchu ne lui était pas scandaleuse; mais ce n'était pas qu'il résistât à l'admettre - c'était, à l'opposé: de n'y voir aucun sens; c'était pour lui d'une parfaite étrangeté. Non pas "étrange" mais "étranger"; et ce n'était pas intellectuellement mais affectivement que pesaient toutes les raisons qu'il y fut indifférent. Or cette froideur et cette distance était cela que Lange appelait "l'horreur". D'où la surprise de Fred qui en fut quitte pour retendre son attention, espérant déceler dans les propos du paranoïaque la clinique de ses idées fixes. - Il nous faut donc comprendre que ce n'est pas scandaleux, appuya Lange; c'est ainsi qu'on résout des scandales, même les inapparents. Il n'est pas scandaleux qu'un pharaon divinisé fut prophète d'Israël, ni qu'on l'ignore encore aujourd'hui. Connaissez-vous le mythe d'Europe, Mère de Minos, ce roi de Crète dont on raconte que Thésée tira Ariane? Voyez-vous; l'étude de ce mythe nous montre qu'un courant, ou mieux: qu"'une vague" de signification s'est propagée, des rives de l'Inde (ou de l'Indus) - au titre des Tamuls pour souvenir, encore de nos jours en ces lieux - jusqu'à cette île allongée (la Crète) en face d'Athènes et qui ferme la mer Egée. La Crète, avant même qu'existât Athènes, était un avant-poste, une citadelle de cette mouvance de l'Indus. Evidemment, puisque tout ça dura très longtemps, subissant de violents mélanges, la mémoire se sert de mythes pour essayer de s'y retrouver. Donc ce mythe raconte qu'Europe partie d'Inde se baladait d'Est en Ouest, lentement, quoiqu'à dos de taureau. On jouait donc avec les taureaux en Crète à cette époque, comme on en joua plus tard et jusqu'à aujourd'hui en Espagne; il s'agit de la même "vague" qui vient de peuplades noires de peau de l'Océan Indien. C'est une sorte d'unité, de continuité, que les anthropologues, les linguistes et nous tous, avons de fortes raisons de considérer. Seulement sur son chemin, en Crète précisément, eut lieu un petit événement; quelque chose intervient à cet endroit: et Europe qui y était arrivée à dos de taureau en repart sur un boeuf; puis elle poursuivra sa route vers l'Occident, blanchissante et de plus en plus, selon la promesse de Shiva, semblable aux habitants que visitait sa route; jusqu'à sa destinée de devenir un jour, comme toutes les déesses, une constellation; un peu comme sur notre drapeau européen aujourd'hui. Lange brandit un livre titré: LE MYTHE D'EUROPE présentant en couverture la déesse tauralière; il griffonna sur un bloc un dessin qu'il tendit à Fred ![]() ..\mop\graphmop\MOPFIG01 - Or vous admettrez, supposa Lange, que pendant les cinq ou six milliers d'années de cette aventure, on en vit bien d'autres! D'ailleurs qui ont laissé des traces; moins en Egypte car les égyptiens étaient très soigneux de leur image et ils effaçaient, avec un culot que leur voisins devaient envier, tous les souvenirs de leurs défaites ou invasions moins en Egypte donc que tout ce qui reste des Phéniciens, c'est à dire de l'actuel Liban et du pays de Canaan, c'est à dire à peu prés Israël; mais aussi les navigateurs du Min, de l'Indus avaient investi cet avant-poste crétois où ils concentraient les influences Indiennes passées par Babylone en Mésopotamie, Irak et Iran actuels et par la mer rouge, en contournant l'Arabie. C'est à dire qu'ils côtoyaient l'Egypte dont ils étaient aussi souvent vassaux qu'ils avaient l'occasion de d'y régner politiquement ou militairement. Evidemment au milieu de tout ça, il y avait les Hébreux, il faut les croire sur parole. Alors voyez-vous, la question de l'Europe ne se comprend pas très bien si on ne tient pas compte de tout cela; et même si on estime que Dieu a bruissé plausiblement comme un buisson ardent un beau jour, avant de fondre comme la foudre, quelques semaines plus tard sur le Sinaï, pour venir s'installer à Rome et faire le Moyen-Age jusqu'à préparer ce qui se passe aujourd'hui - ni même si on rajoute l'ingrédient nécessaire de la République qui aurait poussé comme les champignons sur le sol d'Athènes, en venant de nulle part. - Alors, cher Fred, continuait Lange imperturbable maintenant, avant même que d'examiner le cas de la religion; le scandale n'est-il-pas de négliger les origines, mélangées mais réelles des peuples, tout en nous affirmant cultivés et civilisés? Et n'est-il pas désespéré d'entretenir de façon louche des arguments hallucinés ou délirants pour émousser les fondations critiques de notre Histoire? Tant qu'au contraire il serait raisonnable d'hypothéquer une raison dans ladite Histoire - ne serait-ce plus réfléchi que tabler sur un mécanicisme de mythèmes autocalculateurs? Parce que sur ce point, il faut tout de même nous étonner: on a beau dire, et même montrer, que les peuples et leurs destins "marchent tout seuls" - comme selon l'automatisme matérialiste du hasard et de la nécessité; se satisfaire de cette idéologie d'irresponsable ne peut empêcher de laisser voir qu'on néglige piteusement quelque chose: Peut-être, expliqua Lange, peut-on persuader un individu qu'il n'est rien - à preuve qu'il l'admette - mais s'agissant de l'Histoire il devient absurde ne dénier ce que l'individu cause. Je m'explique, dit-il: si l'Histoire est réglée par des loi économiques, sociales, géographiques etc..., au moins doit on admettre et compter qu'elle est "déréglée" par des individus ("dérivée" précisément comme Lacan traduisait pas "dérive", mieux que par "pulsion" le "trieb" de Freud; ce qui n'est pas, en tout état de cause, solde du hasard); les peuples ne se seraient pas soumis si volontiers à des caprices individuels (de rois, d'empereurs, de chefs, de reines, etc...) pour que ça ne crie pas, à travers l'Histoire, cette vérité que: l'individu cause. - Alors, déclina Lange, quand on sait que des populations analfabettes [NOTE: le mot n'est pas dans le dictionnaire orthographique], crédules et subjuguées par la religion ou l'ésotérisme, furent ordonnées par des thélémes royaux et mystiques, n'est-il pas imbécile de persister à nier que des intentions précises, animées par des humains nominaux, traversent l'Histoire en lui donnant son sens ? - Au demeurant, raisonna le médecin, critiquer comme je le fais l'automatisme matérialiste de l'Histoire des peuples, correspond à cela que fit Freud en théorisant, face à la vague montante des neuromécanicistes, qu'un Inconscient relevait d'un Sujet et qu'il contenait un Savoir. - Ce qui fait, adressa-t-il à Fred, que si vous vous intéressez à la psychanalyse, vous serez formé à admettre que l'Histoire doit actuellement posséder des mécanismes refoulés, hautement intellectuels, complexes et élaborés; en place d'avoir été à l'oeuvre pendant de longues périodes sans être reconnus et que leur destin serait de revenir à la conscience en adjoignant de surcroît à leur redécouverte le bénéfice du réalisme. Lange cessa de parler. Fred admettait. Mais il ne savait pas quoi dire. Il ne savait absolument pas quoi dire. Non seulement son interlocuteur avait l'air convaincu, mais il paraissait convainquant; or il souhaitait que ce fut par contagion. Car en aucune manière Fred n'avait l'habitude de ce genre de situation. Quand il s'était agi d'admettre un discours ou une idée, il s'était toujours appuyé sur les représentants d'une adhésion collective - sans même qu'il l'eut forcément remarqué. Autant n'avait-il jamais rien découvert par lui-même et tout juste n'avait-il jamais risqué que d'être trompé plutôt que se tromper. De sorte qu'il rencontrait avec Lange un être irrémédiablement séparé de ses relations. C'eut été comme s'il avait rencontré quelqu'un du monde des morts: une référence concrète d'une idée qui critiquait le monde. La Connaissance avait toujours été pour lui de tangibles épaisseurs de signes et de lettres articulés en livres, le tout agrémenté et apprêté de professeurs échinés à L'abstraire. Escompter rencontrer (ou réaliser) vivant la pensée qui découvre était pour lui, aussi refoulé (et depuis longtemps) qu'attendre une fée. Ce n'était pas envisageable et il ne savait pas quoi dire. Il était seulement persuadé que Lange se trompait de façon aussi énorme que son abdomen. Il voulut parler de ses malaises névrotiques, du nom de son ami qui était le même que celui de sa mère, ou d'une inhibition qui l'avait toujours embarrassé concernant l'Histoire de France; il aurait voulu que Lange lui demandât s'il dormit avec ses parents quand il était petit, il aurait voulu pouvoir lui dire la façon dont il comprenait que son cousin était homosexuel. Mais tout cela n'était pas compétent, n'était pas pertinent. Il crut avancer dans un marais de poussière et, le geste gourd, il dit: - |
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