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Voltaire, Candide, chapitre XIX « Le nègre de Surinam » Publié en 1759, Candide ou l’optimisme est un conte philosophique dans lequel Voltaire nous raconte les voyages d’un jeune homme, Candide, confronté à toutes les violences et les injustices à travers le monde, tandis que son professeur, partisan de l’optimisme en philosophie, ne cesse de lui dire que « tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Le chapitre XIX se situe à Surinam, c’est-à dire à l’époque en Guyane hollandaise. Candide et son valet Cacambo ont quitté l’Eldorado, région mythique où tout est parfait, pour retrouver le monde réel, car Candide est à la recherche de sa fiancée. Mais en faisant cela, ils retrouvent aussi les horreurs de la réalité, avec ici la confrontation avec l’esclavage, tel qu’il se pratique au XVIII ème siècle, de la part de pays qui se disent civilisés. De quelle manière Voltaire dénonce-t-il l’esclavage? ![]() «Le Code noir», gravure de Moreau le Jeune, XVIIIe siècle (reproduction tirée de Roland Lambalot, Toussaint Louverture au Château de Joux, Pontarlier, 1989) I Les réalités de l’esclavage Le texte de Voltaire fournit d’abord des renseignements précis sur les réalités de l’esclavage au XVIIIème siècle. Si la scène se passe en Guyane hollandaise, il s’agit là d’une transposition géographique, car ce sont les pratiques françaises qui sont décrites. Depuis le XVII ème siècle, Le Code noir, publié en 1685, réglemente le statut des esclaves. 1) Le statut de l’esclave: un objet
2) Le travail et les mauvais traitements
Mais le texte de Voltaire ne se contente pas de dénoncer la réalité présente, il révèle aussi les fondements et les incohérences de l’esclavage. II La dénonciation du système de l’esclavage 1) La fonction économique de l’esclavage: le commerce triangulaire L’esclavage se fonde au XVIII ème siècle sur une organisation qui a permis l’enrichissement des armateurs européens et celle des propriétaires des territoires conquis en Amérique centrale.
![]() Source: http://tnatlashistoire.tableau-noir.net/pages2/le_commerce_triangulaire.html 2) Le Code noir Il s’agit d’une exclusivité française: le Code noir a été rédigé au XVII ème siècle et publié par un édit de Louis XIV en 1685. Il voulait réglementer le traitement des esclaves. Mais le texte repose sur une contradiction que l’on retrouve clairement énoncée ici:
![]() Plan d’un navire négrier 3) De l’esclavage au racisme Plus nettement encore, le texte de Voltaire met en évidence l’évolution qui s’est faite au cours des siècles dans la volonté de légitimer l’esclavage par la théorie raciste: l’opposition noir/blanc, inférieur/supérieur s’y dessine comme justification de l’esclavage. Cette dimension apparaît dans les paroles de la mère, victime du discours européen: elle affirme la prééminence des blancs (exemple même de l’aliénation absolue): « nos seigneurs, les blancs« , et elle finit par évoquer « l’honneur d’être esclave« . La violence de la contradiction Honneur/esclave est particulièrement frappante. Conclusion Ce texte s’inscrit dans un mouvement de dénonciation de l’esclavage: Montesquieu dans L’esprit des Lois (1748) avait déjà critiqué cette pratique et dans l’Encyclopédie, Jaucourt écrira en 1766 un article expliquant que nul n’a le droit d’acheter ou de vendre un autre être humain. Il faut cependant attendre la seconde république et Victor Schoelcher (1848) pour que l’esclave et la traite des noirs soient définitivement interdites en France. Le combat mené par les philosophes du XVIII ème siècle mettra du temps à aboutir. Par comparaison l’Angleterre avait aboli la traite en 1807 et l’esclavage en 1833. ![]() L’abolition de l’esclavage (1849) par François-Auguste Biard – Château de Versailles ARTICLE DE L’ENCYCLOPEDIE Traite des nègres (Commerce d’Afrique). C’est l’achat des nègres que font les Européens sur les côtes d’Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d’esclaves. Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine. Les nègres, dit un Anglais moderne plein de lumières et d’humanité, ne sont point devenus esclaves par le droit de la guerre ; ils ne se dévouent pas non plus volontairement eux-mêmes à la servitude, et par conséquent leurs enfants ne naissent point esclaves. Personne n’ignore qu’on les achète de leurs princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, et que les négociants les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies, soit en Amérique où ils les exposent en vente. Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n’y a point de crime, quelque atroce qu’il soit, qu’on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont donc pas en droit de disposer de leur liberté, et de les vendre pour esclaves. D’un autre côté, aucun homme n’a droit de les acheter ou de s’en rendre le maître ; les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Il faut conclure de là qu’un homme dont l’esclave prend la fuite, ne doit s’en prendre qu’à lui-même, puisqu’il avait acquis à prix d’argent une marchandise illicite, et dont l’acquisition lui était interdite par toutes les lois de l’humanité et de l’équité. Il n’y a donc pas un seul de ces infortunés que l’on prétend n’être que des esclaves, qui n’ait droit d’être déclaré libre, puisqu’il n’a jamais perdu la liberté ; qu’il ne pouvait pas la perdre ; et que son prince, son père, et qui que ce soit dans le monde n’avait le pouvoir d’en disposer ; par conséquent la vente qui en a été faite est nulle en elle-même : ce nègre ne se dépouille, et ne peut pas même se dépouiller jamais de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, et il peut exiger partout qu’on l’en laisse jouir. C’est donc une inhumanité manifeste de la part des juges de pays libres où il est transporté, de ne pas l’affranchir à l’instant en le déclarant libre, puisque c’est leur semblable, ayant une âme comme eux. Chevalier de Jaucourt, Encyclopédie, article « Traite des nègres » (1766) |
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