Le récit fantastique
Le récit fantastique1
A.Définition du genre
Remue-méninges Qu’évoque pour vous le mot « fantastique » ? (Lorsque vous l’entendez, quels mots, expressions, idées, situations... pouvez-vous lui associer ?)
Quels types de personnages vous attendez-vous à trouver dans de tels récits ?
Quels sentiments ce type de récit vous inspire-t-il ?
Connaissez-vous des titres d’œuvres, de films ou de séries fantastiques ?
Lecture de « Le tableau » de Jean Ray
Questionnaire testant les connaissances du genre
Voici une série de propositions : dites si elle vous paraissent vraies ou fausses, en faisant appel à ce que vous connaissez du fantastique et des éléments que vous aurez pu déceler dans la nouvelle lue précédemment.
Lorsqu’il écrit un récit fantastique, l’auteur souhaite
| informer le lecteur Vrai / Faux
| témoigner de faits extraordinaires réellement observés Vrai / Faux
| entraîner le lecteur dans un monde merveilleux Vrai / Faux
| jouer sur les émotions du lecteur en perturbant les représentations
| qu’il se fait de l’univers et des lois qui le régissent. Vrai / Faux
| Dans un récit fantastique, le cadre dans lequel se déroule l’histoire
| ressemble à un cadre de vie réel Vrai / Faux
| semble d’emblée suspect Vrai / Faux
| est un univers futuriste Vrai / Faux
| est un univers où la magie fait partie de l’ordre des choses Vrai / Faux
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| Dans le récit fantastique, l’événement perturbateur
| est totalement explicable par le raisonnement Vrai / Faux
| est un phénomène que la raison peut difficilement expliquer Vrai / Faux
| est généralement effrayant Vrai / Faux
| fait partie des choses qui peuvent arriver dans la vie quotidienne Vrai / Faux
| constitue une irruption insolite dans le monde réel Vrai / Faux
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Dans le récit fantastique, le héros
| accepte d’emblée l’événement perturbateur auquel il est confronté Vrai / Faux
| perd immédiatement la tête Vrai / Faux
| essaie d’expliquer l’événement perturbateur en faisant appel à sa raison Vrai / Faux
| agit « en héros » de roman d’aventures Vrai / Faux
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| Lorsqu’il commence la lecture d’un récit fantastique, le lecteur
| sait d’emblée que l’histoire qui est racontée ne peut être vraie Vrai / Faux
| croit à la réalité de l’univers de l’histoire Vrai / Faux
| réagit rationnellement et affectivement en même temps Vrai / Faux
| que le héros de l’histoire
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L’avis des spécialistes
Tout le fantastique est rupture de l’ordre reconnu, irruption de l’inadmissible au sein de l’inaltérable légalité quotidienne.
Roger Caillois, Au cœur du fantastique,
Encycl. Universalis
Qu’est-ce qu’un récit fantastique ?
On admet d’une manière générale qu’un récit est fantastique lorsque interviennent dans son cours des événements, des circonstances ou des êtres dont il est impossible de rendre compte rationnellement. Aucune raison positive, scientifique ne peut expliquer ces circonstances ou ces êtres, bien plus, jamais la science, quels que soient ses progrès, ne pourra en donner d’explication satisfaisante. Ces sont des êtres ou des phénomènes impossibles selon nos normes habituelles, des êtres fantastiques.
Une fée, tout en étant un être scientifiquement impossible, n’est pas pour autant un être fantastique. C’est un être « féerique » ou, mieux encore, « merveilleux ».
Ce qui distingue radicalement l’être fantastique de l’être merveilleux, donc le récit fantastique du récit merveilleux, c’est la peur. Le fantastique est effrayant alors que le merveilleux ne l’est que par instants et jamais de manière définitive. Certes des êtres mauvais comme les ogres peuvent apparaître dans des récits merveilleux, mais ils sont destinés à être vaincus et le sont immanquablement. Au contraire dans les récits fantastiques, toute victoire sur les forces du mal est précaire2, ces forces sont la plupart du temps invincibles.
Nous partirons de ces données encore très vagues : les récits fantastiques racontent des événements fictifs, impossibles, inexplicables et en même temps inquiétants et effrayants.
Raymond Rogé, Récits fantastiques, Larousse
Réalité ou rêve ?
(...) Réalité ou rêve ? vérité ou illusion ?
Ainsi se trouve-t-on amené au cœur du fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides3, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter4 pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont ; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire : ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement.
Le fantastique occupe le temps de cette incertitude : dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l’étrange ou le merveilleux.
Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel.
Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Points, Seuil.
Essai de définition
Le fantastique est l’intrusion, dans un cadre totalement réel (temps et lieu), de l'impossible, l'ambigu.
Cette intrusion provoque le doute, l'hésitation (on n’y croit pas), elle est scandale (car impossible et non acceptée) et engendre la peur ou le malaise.
Pour reprendre les paroles de Thomas Owen, auteur fantastique, « le fantastique est la présence inattendue de l'insolite dans le quotidien » (Revue Wallonie/Bruxelles, n°66, mars 1999, p 27).
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