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QUELQUES CHANSONSDans les semaines qui suivirent il ne se passa rien de bien remarquable. Le monde continua de tourner, Casabonne resta emprisonné, Patrick Sabatier eut des ennuis avec la police, ce qui décida Renaud à aller chanter dans son émission, un Connard-Land sortit de terre à Marne-la-Vallée en moins de temps qu'il n'en faut pour déterrer les crédits pour la réhabilitation de la grande galerie du Muséum National d'Histoire Naturelle de la Ville de Paris, des militants de Greenpeace furent "arraisonnés" quand le Rainbow Warrior 2 s'approcha de trop près d'une zone d'essais nucléaires si peu dangereux pour l'environnement qu'on se demande pourquoi ils ne les font pas en Normandie, mais, cette fois-ci, nos Services Secrets n'assassinèrent personne. En France les électeurs furent appelés aux urnes pour choisir qui allait nous trahir, et les résultats furent si inintéressants que l'on fut bien obligé de constater, une fois de plus, que les Anarchistes avaient raison qui disaient : Si les élections changeaient vraiment les choses, il y a longtemps qu'elles seraient interdites ! Le monde continuait de tourner et Renaud se creusait la tête pour choisir parmi environ 150 chansons par lui écrites, les 25 qu'il allait interpréter au Casino de Paris, ou peut-être même, certains soirs, les 26 ou 27... Il se demanda s'il lui fallait tenir compte du choix des musiciens qui parfois s'éclatent à jouer une chanson sans intérêt sous prétexte qu'elle leur offre des possibilités de solos ou favorise leurs pulsions naturelles à jouer trop fort. Ce qui l'amena à se demander si aucune de ses chansons avait le moindre intérêt... Il flippa pendant quelques instants (deux mois), puis pensa à demander à sa famille. Il alla trouver sa fille qui retira son baladeur de ses oreilles, abandonna Gainsbourg à sa Javanaise (version studio, la meilleure), leva le nez de sa Game-boy juste au moment où elle allait atteindre le douzième monde sur Super-Marioland, et il lui posa la question : "Qu'est-c'que tu voudrais qu'y chante ton Papa au Casino ? " "Ah bon ? tu vas passer au Casino ? " lui répondit-elle en retournant à son jeu à la con. Renaud s'en fut, dépité, puis, comme il quittait l'écrin que d'aucuns appellent "la chambre du gosse", Lolita se mit à hurler pour couvrir les 150 décibels que sa saloperie nippone lui balançait dans les tympans : "Chante La pêche à la ligne ! Pi toutes celles que tu veux, j'ies aime toutes ! Tu sais bien que t'es mon chanteur préféré du monde, mon p'tit Papa chéri! Même avant Gainsbourg, Brassens...et Brousspristine !" Renaud alla trouver Dominique, Elle était plongée dans l'analyse de la position astrale de Mercure et de Pluton au moment de la naissance d'une copine à elle. L'Asticot lui fit remarquer qu'à ce moment-là il n'était pas sûr que les planètes aient été déjà formées... "Mon amour, lui dit-il, j'ai une question capitale à te poser ! Veux-tu bien m'écouter quelques instants ?" "Si c'est pour me demander si je connais la capitale de la Guinée Equatoriale, laisse tomber, je retourne dans mes étoiles..." lui répondit la belle. "Nullement, mon amour, je voulais simplement Te demander de l'aide pour un problème grave, Et, sur mon répertoire, avoir ton sentiment, Car il n'est pas trop tard pour que je le conçoive. Toi qui n'ignores pas que je devrai bientôt Affronter mon public, c'est un honneur insigne, Sur la scène, ô combien magique du Casino, Quelles chansons lui offrir hors "La pêche à la ligne" ? (Lorsque Renaud avait une question capitale à poser, particulièrement à sa douce épouse, il lui arrivait de s'exprimer en alexandrins). Dominique abandonna la carte du ciel où elle aimait à se réfugier lorsque la vie fait mal et, un indicible amour se reflétant alors dans ses grands yeux noirs de louve, elle sortit, souveraine et magnifique, la seule phrase qu'il attendait d'elle, et il se maudit d'avoir pu douter un instant de sa réponse : "Tu chantes exactement ce que tu as envie. Celles que tu aimes… Mais n'oublie pas les solos sublimes de tes musiciens magnifiques…" Renaud savait que cela finirait comme ça de toutes façons… Qu'il aurait beau essayer de se rassurer en demandant à droite à gauche des avis inutiles, il chanterait ses préférées à lui, que demander aux gens "que voulez-vous que je chante ?" pouvait amener à l'extrême à demander bientôt : "que voulez-vous que j'écrive ?" Il remercia sa blonde pour la sagesse dont elle avait, une fois de plus, fait preuve, puis, au moment où il allait la quitter (pas pour de vrai, je vous rappelle qu'il est Protestant !) elle lui dit : « Parc' que c'est décidé ? Tu fais le Casino ? » II nota l'effort au niveau du nombre de pieds, mais, déplorant l'absence de rime du fait de la solitude du vers, seigneur, il lui offrit celui-ci : "Guinée Equatoriale, capitale Malabo !" Seront donc interprétées, à moins de changements de dernière minute: " LA PECHE A LA LIGNE " ...et vingt-cinq ou vingt-six autres, parmi lesquelles deux inédites. La première s'appelle "Welcome Gorby !" et fut enregistrée à Londres pendant la "Busherie" de Janvier 91. Mais Reno estima que le propos était par trop lié à l'actualité, que celle-ci allait trop vite, et qu'il s'en voudrait de rire d'un homme, certes populaire, mais qui serait peut-être enclin un de ces quatre à écraser sous ses chars un Printemps de Kiev, de Tbilissie ou d'Erevan... Ou bien, plus vraisemblablement, à se suicider de six balles dans la nuque à l'occasion, un mardi par exemple... Il oublia donc les paroles de cette chanson sur laquelle il avait, d'ailleurs, sué sang et eau, écrivit sur la musique fort honorable le texte de "Les dimanches à la con", et tout rentra dans l'ordre. Le Gorby bientôt licencié par un gros porc démagogue et arriviste, Renaud réalisa que les populations fraîchement libérées des régions citées plus haut, n'avaient, finalement, nul besoin des chars russes, que, pour s'entre-massacrer allègrement, elles se débrouillaient très bien toutes seules. Il songea alors à ressortir de ses tiroirs à brouillons l’hommage au Petit père des peuples à la con. Il lui réattribua sa musique originale, laquelle fut bien contente. Voici, cadeau, le texte en question... WELCQME GORBY ! Il n'est pas né le mec qui m'f'ra Dire qu'j'ai d'la tendresse pour les rois Ou pour les chefs Z'ont tous mérité dans l'histoire Les foudres de mon encre noire Mais Gorbatchev Est un p'tit bonhomme épatant Contre qui je n'ai pour l'instant Aucun grief Personne méritait plus que lui L'Prix Nobel de la pénurie Et de la dèche Welcome Gorby, bienvenue ici Où on est quelques-uns, je crois Un copain à moi et pi moi A espérer Qu'tu vas v'nir avec tes blindés Nous délivrer T'as fait tomber l’mur de Berlin Si tu sais pas quoi faire des parpaings Pour ta gouverne Y'a d’la place ici, mon pépère Autour de tous les ministères Toutes les casernes Ça évit'ra qu'le populo Un jour nous pende tous ces barjots A la lanterne Quoiqu' pour une fois ça s'rait justice De contempler ces pauvres sinistres La gueule en berne Ici y’a des chaînes à briser Commence par les chaînes de télé Ça s'rait Byzance Que tu nous débarrasses un peu De ce " Big Brother " de mes deux J'te fais confiance Tu pourras aussi liquider Les radios FM à gerber Qui nous balancent De nos chanteurs hydrocéphales Et de leur poésie fécale Toute l'indigence Welcome Gorby, bienv'nue ici Où on est quelques-uns, je crois Un copain à moi et pi moi A espérer Que tu vas v'nir éliminer Nos enfoirés Tu peux construire, si tu t'amènes Quelques goulags au bord d'la Seine De toute urgence Ici y’a un paquet d'nuisibles Qui nous font péter les fusibles De la conscience Des BHL et des Foucault Pas T philosophe, non, l'autre idiot Des Dorothée Fort sympathiques au demeurant Je dirais plus exactement Aux demeurés On a ici, c'est bien pratique Quelques hôpitaux psychiatriques Qu'tu peux vider Pour y foutre les psychanalystes Les députés, les journalistes Et les Musclés Ça va t'faire un sacré boulot Mais si tu veux des collabos Faut pas t'miner Tu sais, à part dans mon public En chaque Français sommeille un flic T’as qu'à piocher Welcome Gorby, bienv'nue ici Où on est quelques-uns, je crois Un copain à moi et pi moi A espérer Que tu vas v'nir claquer l'beignet A ces tarés Si t'en as marre du communisme J'te raconte pas l’capitalisme Comme c'est l'panard Comment on est manipulés Intoxiqués, fichés, blousés Par ces connards Viens donc contempler nos idoles Elles sont un peu plus rock and roll Que ton Lénine Bernard Tapie et Anne Sinclair 'vec ça tu comprends qu' notr’ misère Soit légitime Welcome Gorby, bienv'nue ici Où on est quelques-uns, je crois Un copain à moi et pi moi A espérer Qu'tu vas v'nir avec ton armée Tout balayer Welcome Gorby, bienv'nue ici Où on est quelques-uns, je crois Un copain à moi et pi moi A supposer Qu'si tu v'nais avec tes blindés Y voudraient su'ment pas rester... La seconde chanson inédite, que chantera peut-être Renaud, a pour titre "Toute seule à une table". Il l'a écrite il y a quelques semaines à la demande de sa jolie maison de disque "Virgin" qui souhaitait faire enregistrer à une trentaine d'artistes une chanson d'amour de choix, afin de réaliser un bel album d'œuvres originales dont les bénéfices, iraient à l'Institut Pasteur, grossir les caisses de la Recherche sur le Sida qui sont, vous ne l'ignorez pas, infiniment moins bien garnies que les caisses de munitions sur lesquelles la planète est assise. Le double-CD existe aujourd'hui, il s'appelle "URGENCE", et il serait effectivement urgent que vous vous le procurassiez. Si ce n'est pour vous régaler, entre autres, de la sublimissime version des "Mots bleus" de Christophe par Bashung, au moins pour vous donner une toute petite chance de plus de garder longtemps près de vous les gens que vous aimez. Sur une magnifique musique de Jean-Louis Roques, Renaud a donc écrit, pour l'album en question, cette chanson qu'il présenta ainsi à sa blonde : "Tu sais, chérie, j'ai décidé que j'en avais un peu marre de ne chanter _que des chansons d'amour autobiographiques. Ça me limite vach'ment... Parler de mon couple, de ma môme, de ma meuf, de ma vie et de mon chien, c'est bien, mais faudrait que je puisse un peu délirer, explorer des sentiments que je n'éprouve pas forcément, raconter des situations que je n'ai pas vécues, tout ça... Ça m'ouvrirait d'autres horizons, au niveau de l'inspiration, j'entends..." "Oui, c'est une bonne idée", répondit-elle. "Et pourquoi tu me racontes ça ?" "Ben voilà, heu... C'est parc'que j'ai commencé... Je viens d'écrire une chanson, le mec qui parle c'est pas moi et la gonzesse dont il parle elle existe même pas... Tiens, écoute, qu'est-c'que t'en penses ?" bredouilla-t-il. Dominique écouta la chanson qu'elle trouva joliment troussée, sauf les deux derniers vers qui n'eurent pas l'heur de lui plaire, admira son p'tit mec pour sa capacité à raconter des situations qu'il n'avait pas vécues et des sentiments qu'il n'avait pas éprouvés, et le félicita d'une toute petite phrase toute simple comme seules les femmes savent en formuler : "C'est la gonzesse de l'autre midi à la Brasserie ? J'avais reconnu..." TOUTE SEULE A UNE TABLE Toute seule à une table Si c'est pas gâché T'es encore mettable Pas du tout fanée T'as quoi? quarante-cinq? Allez cinquante balais Tu fais beaucoup moins qu' Ta montre, ton collier Ça fait bien une plombe Que j'te mate en douce Dans c'resto plein d'monde Que tu éclabousses De ce charme obscur Qui parfois nous pousse Vers les femmes mûres Et aussi les rousses Toute seule à une table Si c'est pas gâché T’as les yeux du diable Pi t'as l'air gaulée Comme un château d'sable Avant la marée Comme un dirigeable Avant les pompiers C'est pas un lapin Qu'on t'aurait posé Tu r'gard'rais tes mains Et la porte fermée Tu boirais du vin Tu s'rais maquillée T'attends p't'être un chien Pas un fiancé Toute seule à une table Si c'est pas gâché Belle et misérable Quel est ton secret Derrière le rideau De tes yeux baissés Quel est le salaud Qui te fait pleurer? A la façon qu't'as D'jamais m'regarder 'Mon avis c'est moi Qui t'fais chavirer Ou alors c't'un drame Trop dur à percer Comme la cellophane Autour d'un C.D. Toute seule à une table Si c'est pas gâché Et ce mec minable C'est lui qu't'attendais? Ma parole je rêve Y va t'embarquer Sans finir ton chèvre Sans boire ton café Y doit être chausseur Et toi sa vendeuse Tu regardes l'heure Et t'as l'air heureuse Si un jour j'te chope J'te l'dis dans les yeux Le malheur salope Te va beaucoup mieux ! Auteur : Renaud Séchan Compositeur : Jean-Louis Roques |
![]() | ![]() | «chinese whispers» permet de comparer à la fin avec le message original. Les variations sont souvent intéressantes | |
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