Rapports de l’ep aux techniques corporelles ep, sport et santé dans la societe francaise








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Du savoir-faire à la technique : La rationalisation des apprentissages

L'ancrage des pratiques d'activités physiques dans la société traditionnelle est souvent un obstacle à l'émergence de modèles techniques. De ce point de vue, l'avènement de ce que l'on appelle communément les techniques sportives semblent bien correspondre à l'évolution corrélative de l'environnement scientifique, industriel, technologique : leur construction et leur formalisation sont révélatrices de l'outillage intellectuel et du niveau des connaissances d'une époque. Mais c'est, tout aussitôt, pour placer le pratiquant (le profane) en situation d'étranger ou d'observateur médusé par rapport à ses propres savoir-faire. Le passage du savoir-faire à la technique et à son enseignement repose sur un processus de SIMPLICATION et de RATIONALISATION du rapport au corps et à ses actions transitives qui suppose un certain nombre d'opérations.

En premier lieu, il s'agit d'identifier un objet culturel. Les formes sociales de la pratique de la natation sont, nous l'avons vu, porteuses de sens. A ce titre, elles sont intégrées à des modes de vie (manières d'être, d'agir, de penser, système de valeurs propres à un groupe social). Identifier la natation (ou la gymnastique ou le vélocipède...) à un objet culturel, au même titre que la musique ou le théâtre, la peinture ou la littérature, c'est la désigner comme l'un des biens constitutifs du patrimoine culturel d'une société, tout en réduisant la diversité de ses formes d'expression à une représentation normée.

Dans un second temps, il convient de prendre en compte l'objet technique, c'est-à-dire les manières de faire, les savoir-faire légitimes qui définissent concrètement les contenus de la pratique. Or ceux-ci restent peu formalisables, attachés à une qualification ou une compétence (un pouvoir) qui est, elle-même, le fruit d'une expérience répétée. De plus, ils prennent leurs significations dans des situations contextualisées et, le plus souvent, dans un environnement professionnel. Or, le passage du savoir-faire à la technique instaure un rapport savant à la pratique (par exemple de la natation). La technique est alors vécue comme une contrainte qui pèse sur la pratique (55) ou un moyen d'asservir la nature par des procédés artificiels et différés (56). En ce sens, la manière légitime de faire devient un objet technique, c'est-à-dire, un référentiel pour des apprentissages.

C'est, sans doute, ce qui justifie, dans un troisième temps, la formalisation pédagogique et didactique de l'apprentissage de la technique. De même que l'identification de compétences «technico-pédagogiques» pouvant s'exercer dans des lieux ou des territoires spécifiques (par exemple la piscine). L'objet technique justifie un travail méthodique pour sa transformation en objet didactique : c'est là l'œuvre du prosélytisme pédagogique, responsable d'une rupture toujours plus accentuée entre la pratique et la théorie, le savoir-faire et la technique, l'expérience vécue et la norme culturelle.

Enfin, l'intégration scolaire du sport, pris successivement en tant qu'objet culturel, objet technique et objet didactique semble bien requérir la mise en œuvre de ces trois opérations : l'intégration et l'assimilation scolaires d'un objet culturel exige, sans aucun doute, le respect de l'orthodoxie scolaire mais réclame l'existence préalable d'une théorie née en dehors du domaine de l'éducation physique (57).

Le processus de sportivisation des pratiques d'activités physiques ne relève donc pas seulement d'une dynamique institutionnelle, mais exige un long travail de codification et de formalisation des techniques et de leurs apprentissages (58). L'unification du mouvement sportif dépasse largement le seul problème de sa fédéralisation. Il en est de même s'agissant de son éthique ou de son axiologie. Or, la complexité même des rapports de la technique et de son apprentissage nous engage à quelques développements. L'exemple de la natation pourra de nouveau nous éclairer. La pratique de la natation, est, nous l'avons dit, tout au long du 19ème siècle, étroitement attachée à des compétences professionnelles : celles du marinier, du sauveteur ou du maître de plage. Elle requiert des savoir-faire qui trouvent leur pertinence et leur signification dans l'exercice quotidien du métier. Comme l'indique G. BRUANT, le savoir-faire ne s'apprend pas, au sens strict, il est une production individuelle, proche du tour de main, de la virtuosité, du coup d'oeil (59). Il échappe, de fait, à toute formalisation ou verbalisation puisque, nulle explication ne saurait rendre compte de la complexité et de la finesse des séquences gestuelles et de leur apprentissage.

 

Il s'installe enfin dans l'espace circonscrit et quasi confidentiel d'une vie communautaire. C'est bien ce qu'affirme A. POULAILLON: on n'apprend pas à nager. La nage est dite naturelle, spontanée ou encore primitive. Et les exemples rapportés par les ethnologues militent pour la thèse de l'auteur : les indigènes des antipodes nagent naturellement, dès leur plus jeune âge, «sans apprendre» (60). Et c'est le cas «pour tous les peuples primitifs» (61). Il en est de même dans les sociétés de sauvetage ou pour les classes populaires qui n'ont que faire d'une réglementation excessive et d'application illusoire (62). Le savoir-nager repose sur l'expérience immédiate et maintes fois répétée, intégrée à des situations porteuses de sens. A ce titre, il ne dispose pas d'un système de représentation ou de formalisation, il ne donne lieu à aucune théorisation. Le savoir-faire est un langage du corps, une technique du corps qui est acquise par simple mimétisme, par identification au «maître». On pourrait tout aussi bien dire que son apprentissage perpétue les rites de l'enseignement initiatique et communautaire de la tradition compagnonnique (63). Et A. POULAILLON ne se trompe pas quand il le désigne comme un art populaire (64). On retrouve d'ailleurs ce rapport entré le savoir-faire et son acquisition dans nombre d'activités physiques lorsqu'elles sont intégrées à un cadre socioprofessionnel ; c'est le cas pour les joutes ou pour l'acrobatie (65). C'est dire que le savoir-faire exprime un habitus, une manière d'être, de faire, propre à un groupe social et qu'il est au cœur des revendications identitaires.

De l'art populaire à la science civilisatrice : l'autonomisation de la natation et sa progressive sportivisation (66), de même que les exigences de son enseignement collectif pour un public profane, correspondent à une simplification et à une rationalisation des apprentissages qu'elle requiert. Et l'on conçoit aisément que, pour les acteurs et les observateurs de l'époque, la mise en relation des nages traditionnelles et des nages dites «sportives» aient été la source de contradictions ou de raisonnements spécieux.

En réalité, l'avènement des techniques de nage précède de beaucoup l'apparition de leur forme sportive. La technique est une formalisation épurée, savante et décontextualisée du savoir-faire et son émergence semble dictée par des impératifs sociaux et institutionnels. Elle semble être une des conséquences de l'organisation sociale dès lors que celle-ci se donne pour objectif de transmettre collectivement ses acquis culturels.

C'est ainsi que l'enseignement de la natation est inscrit très tôt dans les institutions militaires (67) et que l'on dispose, dès le 18ème siècle, de nombreux manuels qui fixent les termes d'un apprentissage technique. Ainsi, peut-on faire l'hypothèse que la technique est une construction savante, une représentation réductrice, normative et collective du savoir-faire, née d'un travail de conceptualisation et destinée à structurer les apprentissages.

Dès lors, le statut de la natation change : «elle est un sport et non un don de la nature» (68). Elle exige donc «un entraînement méthodique, appris dès l'école» (69). Contrairement aux usages hérités des sociétés de sauvetage ou aux dons naturels des peuples primitifs, l'art de nager relève d'un apprentissage savant, structuré, d'une mise à distance, qui légitime aussitôt la revendication d'une compétence professionnelle nouvelle : celle du «maître-baigneur», du maître-nageur ou du professeur de natation. Apprendre à nager est une dès conséquences «des progrès de la civilisation» (70) qui exigent d'adapter les mouvements aux finalités nouvelles de la natation sportive (nager longtemps ou nager rapidement) et à ses contraintes inédites et artificielles (71). Ce statut nouveau confère à la natation une dignité d'autant plus grande qu'elle se nourrit de références savantes :

«C'est que l'art de nager (j'insiste sur ce point) ne consiste pas seulement pour nous, hommes civilisés, à flotter sur l'eau, il faut aussi s'y diriger par des mouvements combinés de façon à repousser l'eau pour y trouver un point d'appui qui sera d'autant plus résistant que l'action sera plus vive et que l'on opposera une grande surface; en évitant de détruire le moins possible l'effet produit, en dissimulant les surfaces qui s'opposent à l'eau et en ne brusquant point les mouvements de retour nécessaires pour recommencer l'action» (72).

Si la technique devient une science de l'ingénieur, son enseignement requiert l'art ou la science du pédagogue. Mais, dans les deux cas, c'est au prix d'une formalisation qui sépare le savoir et le savoir-faire, oppose la théorie et la pratique, pour faire de la connaissance un principe d'efficacité (73). Dès lors, la technique instaure un rapport savant et décontextualisé à la pratique : elle est une représentation neutre, universelle, rationnelle, abstraite, qui opère une discrimination entre le profane et le professionnel. C'est donc au pédagogue de combler le vide né de cette incompréhension par un travail technico-pédagogique (de liaison théorie-pratique) qui ne peut jouer que sur le registre de la métaphore. Les manuels de natation, tout au long du 19e siècle, regorgent d'exemples où l'art pédagogique se légitime par une pseudo-argumentation scientifique (74). C'est ainsi que, chez A. POULAILLON, ce qui est naturel et spontané chez les animaux, les peuples primitifs ou les classes populaires (l'assimilation est révélatrice) relève d'un apprentissage scientifiquement fondé par des considérations relatives à la position du corps dans l'eau, à la flottabilité, à la propulsion (75). La pédagogie savante requiert un langage métaphorique : le corps est comparable à un bateau effilé. Il faut donc lui donner une force pénétrante (comme les bateaux de course) où «le tronc et la tête du nageur doivent représenter la coque.., les bras et les jambes sont les avirons propulseurs...» (76).

Cette compétence technico-pédagogique se justifie encore par l'extrême diversité des modes de nage. A. POULAILLON en identifie une vingtaine, dont cinq seulement seraient les plus usitées : la brasse française, la coupe anglaise (dite encore la batelière ou, à Lyon, les «agotiaux»), le plongeon (ou nage sous l'eau), la planche (ou nage sur le dos) et la nage indienne (ou nage sur le côté (77). L'apparition des nages sportives (over arm stroke, trudger et crawl) et la formalisation de leurs techniques obligent l'auteur à un difficile travail théorique. En affirmant que «le véritable nageur est celui qui nage dans toutes les situations, ne se reposant d'une manière que par une autre...» (78), il tente de rattacher la natation à sa tradition utilitaire et de préserver l'efficacité des modes de nage traditionnels. Dès lors; la natation devient un sport complet.., puisqu'elle exige de maîtriser une bonne vingtaine de techniques qui toutes doivent être enseignées ! La mode des techniques sportives est perçue comme dangereuse en ce qu'elle réduit singulièrement l'éventail des nages et introduit «les bizarreries de la langue anglaise» (79). En ce sens, les modèles techniques de la natation sportive ont un pouvoir d'acculturation qui place le pratiquant (dans son corps et dans sa langue) en situation d'étranger par rapport à sa culture de référence : contraint d'apprendre autre chose et d'une autre manière, il est aussi soumis à la maîtrise d'une langue ésotérique. Le sport, tout comme la gymnastique, mais selon des procédures et des contenus différents, participent à la civilisation des masses, étant l'un et l'autre, par rapport aux jeux traditionnels ce que la langue française est aux patois. Cette résistance à l'acculturation (qui s'exprime par la défense des particularismes locaux et régionaux) débouche sur la critique du sport et de ses techniques jugées (inutile, fantaisiste, primitive et sans aucune élégance» (80). Ainsi, l'art de nager rejoint-il celui des convenances, de l'harmonie, de l'ordre et de l'esthétique. Il s'inscrit dans un code des civilités.

Les techniques sportives sont, de plus, fragiles, peu stables, du fait de l'imprécision des règlements. Elles parviennent donc difficilement à s'imposer en regard de l'extrême stabilité des techniques traditionnelles. Ces dernières bénéficient encore des significations léguées par l'histoire dans leurs aspects utilitaires et hygiéniques. En conséquence, la place des nages sportives dans un enseignement de la natation ne peut être que marginale : «on ne peut les apprendre que si l'on est nageur, c'est-à-dire, que si l'on connaît les modes de nages précédents» (81). La technique sportive et le sport lui-même devient alors facilement le couronnement d'une pratique utilitaire préalablement requise... mais qui lui est pourtant étrangère (82). On voit combien l'identification de modèles techniques suscite le travail pédagogique et didactique. Enseigner la natation, c'est instaurer des apprentissages simulés (avec par exemple, l'usage du tabouret), progressifs (à sec, puis dans l'eau) et surtout décontextualisés : la méthode d'enseignement relève d'un travail de conceptualisation et de rationalisation sur l'objet technique.

C'est ce dernier qui suscite la production de connaissances proprement didactiques ne relevant ni de la théorie savante (celle de l'ingénieur) ni du savoir-faire pratique (celui du nageur) et qui justifie l'usage d'un langage spécifique (c'est-à-dire métaphorique). Le modèle technique instaure alors non seulement une rupture mais encore un retournement de la problématique de l'apprentissage : ce n'est plus le fait qui est premier, mais le dire. C'est la théorie qui dicte l'action. On passe ainsi de l'art de faire, à l'art de dire et d'enseigner, ce qui se justifie par l'instauration d'un rapport savant, abstrait, décontextualisé et a-signifiant à la pratique. La technique exige prise de conscience de la distance qui sépare du modèle, prise d'informations sur le corps et ses actions (83) : elle privilégie la pensée sur l'action, le contrôle sur la spontanéité, l'adaptation consciente du geste à un espace et un temps construits indépendamment de lui. En ce sens, la technique renvoie bien à une théâtralité puisqu'elle est soumise au regard évaluateur. Et, en fin de compte, la pédagogie a cette spécificité qu'elle s'inspire de la théorie sans jamais en être une.

NOTES

(1) SPIVAK M. Les origines militaires de l'éducation physique en France (1774-l 848), Paris, Service historique de l'Armée de Terre, 1972.  
(2) Nous utiliserons ce terme désormais pour désigner les pratiques, le plus souvent associées, de la gymnastique, du tir et de l'instruction militaire, au moment où la réforme du service militaire et les lois sur la gymnastique scolaire illustrent une véritable mobilisation nationale autour des valeurs républicaines et patriotiques.  
(3) Se reporter aux publications prochaines de : ARNAUD P. (sous la dir, de) Les athlètes de la République, Toulouse, Privat (1986). Actes du Colloque de Lyon, La naissance du mouvement sportif associatif en France, Lyon, P-U-L-, (1986).  
(4) Comme par exemple l'école alsacienne, l'école Monge...  
(5) Notre propos s'attache essentiellement à identifier les fondements culturels de l'éducation physique. Nous n'aborderons pas ici, faute de place, l'influence des sciences biologiques sur la rationalisation des procédures d'apprentissage et d'entraînement. La nécessité de «faire court» nous oblige également à limiter nos exemples. Pour plus de détails, nous nous permettons donc de renvoyer le lecteur à notre thèse : ARNAUD P. Le sportman, l'écolier, le gymnaste : la mise en forme scolaire de la culture physique, Thèse d'Etat, Université Lyon 2, 1986.  
(6) Les mêmes remarques valent évidemment pour le vélocipède, la gymnastique, etc. Pour des développements plus conséquents, nous renvoyons une fois pour toutes à notre thèse d'État.  
(7) Sur les définitions du sport : PARLEBAS P. Contribution à un lexique commenté en sciences de l'action motrice, Paris, INSEP, 1981 (article sport) ; BROHM J.-M. Sociologie politique du sport, Paris, Delarge, 1976. Sur les oppositions entre jeux traditionnels et sports, cf. la mise au point de CHARTIER R. et VIGARELLO G. Trajectoires du sport, in Revue Le Débat, n°19, fév. 1982, Paris, p. 37.  
(8) REICHEL F. L'organisation du sport en France, in Encyclopédie des sports, Paris, 1924, p. 161.  
(9) Ibid. L'auteur oppose le pouvoir légiférant des autocrates et des aristocrates anglais à celui, démocratique et représentatif du peuple français (système de la représentation directe et proportionnelle des pratiquants dans les différentes instances dirigeantes).  
(10) Cf. ARNAUD P. Jalons pour une étude de la sociabilité sportive... in Les athlètes de la République.,, op, cit, et ARNAUD P. Pratiques et pratiquants, les enjeux de la sociabilité sportive, in Actes du Colloque de Lyon.., op, cit.  
(l1) Ceci mériterait quelques développements que nous ne pouvons présenter.  
(12) cf. par exemple HERR L, in POCIELLO C. Sports et sociétés, Paris, Vigot, 1981. Encore que la contribution de l'auteur soit inopérante à rendre compte des rapports entre les dates de création des fédérations locales, régionales, nationales et internationales. Pour ce type d'analyse, se reporter au tableau que nous avons construit dans notre thèse (tome 2, pp, 653-658), D'une façon générale, on peut dire que les pratiques ayant partie liée avec l'institution militaire (escrime, équitation, tir à l'arc...) ont résisté à la fédéralisation, sans doute parce qu'elles disposaient d'une organisation similaire, mal intégrée à l'organisation socio-politique de l'Etat (académies militaires, chevaleries...). La perte du prestige de l'Armée, à la fin du 19ème siècle, peut expliquer partiellement l'autonomisation et la sportivisation de ces arts martiaux. Notons cependant que la Société d'encouragement à l'escrime française, fondée en 1882, a joué en fait le rôle d'une fédération. De même, le tir à l'arc bénéficiait-il d'une organisation très structurée (compagnies, chevaliers, tournois annuels) et, selon F. REICHEL (op, cit. p. 167) la création de la Fédération «ne fut qu'une formule en vue de la participation évenl~elle aux compétitions internationales et aux Jeux Olympiques».  
(13) C'est le cas de l'U.V.F. en 1881 : sa création est une réaction «contre les tendances anticyclistes qui se manifestaient dans le public», cf. Annuaire de l'U.V.F. 1895, partie historique, pp. 7 à 14.  
(14) COORNALRT M. Règle et morale dans le sport, in L'année sociologique, n° 30, 1979-1980 (p. 164 ssq).  
(15) Pour l'essentiel se reporter à OPPENHEIM F. La natation, Paris, La Table Ronde, 1964 ; (idem) Des nageurs et des records, Paris, La Table Ronde, 1961 ; (idem) Un demi-siècle de natation sportive, Paris, Vigot, 1947. Cf. également ARNAUD P. Les enjeux culturels du sport : l'exemple de la natation, in Actes du Colloque de Metz (à paraître en 1986).  
(16) Cf. GIRANNE Lyon autour de 1900, Lyon, Aubin, 1947.  
(17) ADR 4M 614, fondée en 1864.  
(18) En particulier à Vaise, La Mulatière, Givors. Entre 1880 et 1905, plus de 200 sociétés de sauvetage sont créées en France dont plus de 30 dans la région lyonnaise. Cf. POULAILLON A. La natation, étude d'éducation physique, Orléans, A. Gout, 1911, p. 13 ainsi que la carte . annexe 1.  
(19) POIDEBARD R. Les bêches lyonnaises, au fil de l'eau et du temps, Albums du crocodile, 1947. Les bêches (bateaux à fond plat, servant au transport des marchandises et des voyageurs) ont été utilisées comme écoles de natation. Les bêches disparurent avec la construction des ponts et le développement des moyens de communications. Elles furent remplacées par des pontons en planches permettant d'apprendre à nager «en eaux dormantes». Les traditionnalistes, attachés à la prise de risque inhérente à la natation en «eaux vives», tansgressaient les règlements de police. Cette «domestication» de l'eau semble bien être responsable de la différenciation des formes de pratique de la natation à Lyon : les classes aisées se risquant à la nage dans des conditions de sécurité (eau calme, surveillance) que ne sauraient supporter les gens du peuple. Ce qui fait dire à POIDEBARD : «Les bêches sont devenues des piscines où CALIXTE (personnage mythique lyonnais) se rend en faux col !», Cf. également ARNAUD P La mémoire du sport, les débuts du mouvement sportif dans la région lyonnaise, CRIS, UFRAPS, Université Lyon1, 1985, cf. annexe 3.  
(20) POULAILLON A. La natation.., op, cit. p. 42 ssq. Sur la Société lyonnaise de natation, ADR 4M 603 (A. P, du 18 septembre 1883).  
(21) ADR 4M 603 - statuts de 1883.  
(22) Ibid. compte rendu de l'exercice de 1887. Et POULAILLON A. op. cit. p. 26.  
(23) ADR 4M 603. ibid.  
(24) Ibid.  
(25) Cf, annexe 2. BERTHILLOT F. Manuel pratique de natation, Lyon, Georg, 1889. Les quadrilles nautiques sont exécutés par les hommes seulement, groupés en sections de 16 nageurs et précédés d'exercices préparatoires à sec, sous forme de défilés. Les nageurs obéissent «au commandement» et sont tenus de respecter «les figures» et les intervalles qu'impose le règlement (nombreuses illustrations à la fin de l'ouvrage). Évidemment, chaque concours fait l'objet de règlements particuliers.  
(26) ADR 4M 603. Le concours du 14 août 1887 oppose 8 sociétés et rassemble environ 5 000 spectateurs autour du bassin de la gare d'eau de Vaise.  
(27) Dont le président est P. CHRISTMANN qui a impulsé la construction des piscines. Cf. Deux siècles d'architecture sportive à Paris, catalogue, délégation à l'action artistique de la ville de Paris, 1984. L'art de nager se confond avec l'art gymnique et militaire et «[es nageurs manoeuvrent par subdivisions, sans cesser un instant d'y occuper une place analogue à celle des mouvements ordinaires» (POULAILLON A. La natation.., op, cit, p. 35). Cette «gymnastique natatoire» requiert également l'usage des attributs symboliques du patriotisme. La tenue des «nageurs» est composée «d'une vâreuse bleue, pantalon blanc, chapeau de paille blanche, dit canotier, avec ruban de soie bleue et pour insigne sur cette coiffure, écrit en lettres d'or, Société lyonnaise de natation. On portera aussi à la boutonnière un petit ruban tricolore (ADR 4M 603. procès-verbal de la réunion du 20 avril 1884 à la mairie du 6ème arrondissement).  
(28) Rappelons que l'obligation scolaire de la gymnastique date du 27 janvier 1880, et la création des bataillons scolaires du 6 juillet 1882. Nous avons montré par ailleurs que la période 1880-1890 est celle de la mobilisation conscriptive avec la prolifération des sociétés de gymnastique, de tir et d'instruction militaire.  
(29) Sur la composition socio-professionnelle des sociétés de natation, se reporter à notre thèse (tome 2, p. 666).  
(30) DRIGNY E-C- La natation, in Encyclopédie des sport»,.. op, cit. p. 390.  
(31) OPPENHEIM F. La natation... op. cit. p. 170 ssq. Avec la création d'une Fédération des sociétés athlétiques de France, concurrente de l'USFSA.  
(32) POULAILLON A. La natation... op, cit. cf, en particulier le chap. Xl - Professionnels et acrobates nageurs, p. 204 ssq.  
(33) Ainsi le Nouveau Cirque, de la rue St-Honoré, dit La Grenouillère, est-il une sorte d'arène nautique où sont présentés des divertissements nautiques : s'y déroulent des pantomimes, des démonstrations de nage sous-marine, d'apnées prolongées en absorbant une demi-bouteille de champagne un mètre sous l'eau. On peut y voir encore des hommes ligotés et ferrés se détacher de leurs liens ou transportant des charges à bout de bras, tout en nageant... Dans la rue, «c'est le moyen pour quelques déclassés de se faire quelque argent en sautant des ponts» ou en plongeant avec une bicyclette... (cf. POULAILLON A. La natation... op. cit. p. 220 ssq et Deux siècles d'architecture... op. cit. p. 35).  
(34) POULAILLON A. ibid. p. 43 ssq. Selon l'auteur, «on fait trop pour l'amateurisme qui privilégie l'aristocratie» (p. 43). il reprend son argumentation plus loin en posant une «déclaration de principe : j'estime que le sport natatoire ne peut être spécialisé et n'appartenir qu'à une classe choisie de la société ; il doit être popularisé et répandu à profusion dans toutes les classes de la nation, absolument comme le tir et la gymnastique. Les règlements et codes imposés par certaine fédération sont excellents en théorie... mais on conviendra que de vouloir réserver les épreuves nautiques aux seuls clubs sélects, c'est vouloir barrer la route aux groupements populaires...» (p. 204). L'auteur défend donc les courses de natation en section «qui sont d'un effet autrement puissant au point de vue de l'émulation des sports populaires que ces réunions choisies où l'on dispute un challenge entre quelques amateurs, devant un public sélect et surtout restreint» (p. 206).  
(35) DRIGNY E.-C. op. cit. p.. 391 et LE FLOC'HMOAN J. La genèse des sports, op. cit. C'était, en outre, assurer l'alliance de la forme compétitive aux qualités de résistance et de robusticité requises par la nage en eaux courantes.  
(36) ADR 4M 603. L'âge des sociétaires est en moyenne de 30 à 40 ans.  
(37) E.-C. DRIGNY ibid. p. 389.  
(38) Sur ces points cf. LE FLOC'HMOAN J. La genèse des sports, op. cit. p. 163 et OPPENHEIM F. La natation... op. cit. p. 171 ssq. Cette technique ne cessera de s'améliorer, de se transformer avec l'apparition du «double over arm stroke» puis du «crawl» apporté par les Australiens. Sur l'influence de la mesure et les techniques du chronométrage, on pourra se reporter à GUILLERME J. Le sens de la mesure, notes sur la protohistoire de l'évaluation athlétique, in POCIELLO C. Sports et Sociétés... op. cit. p. 57 ssq.  
(39) Cf. Deux siècles d'architecture... op. cit. C'est en 1884 qu'est construit à Paris le premier établissement avec bassin de natation couvert et alimenté en eau chaude. Mais ce n'est qu'en 1924 que seront définies les normes permettant l'homologation des records. Entre temps, la normalisation des espaces nautiques, la neutralisation des facteurs d'incertitude, ont permis l'essor et l'institutionnalisation de la natation sportive. (40) Deux siècles d'architecture.., op. cit. et VIGARELLO G. Pratiques de la natation au 19ème siècle... in Sports et Société, Université de St-Etienne, CIEREC, 1981, p. 183. Mais ces installations avaient essentiellement une fonction hygiénique et pédagogique doublée d'une fonction sociale.  
(41) VIGARELLO G. ibid. p. 191.  
(42) En 1906, les Tritons lyonnais (ADR 4M 608) et l'Ondine (ADR 4M 607). Cette dernière société qui a son siège à l'hôtel municipal dans le 2ème arrondissement est une société féminine qui a pour devise «L'émancipation féminine». En 1907 : Lyon nautique athlétique (ADR 4M 607 et 613) qui est la réplique masculine de l'ondine et dispose du même siège social ; et le Cercle des nageuses qui ne disparaîtra qu'en 1957. Mais il faudrait encore signaler la multiplication des sections de natation à l'intérieur des sociétés (masculines) de gymnastique, de préparation militaire, de sports athlétiques. . . La première piscine lyonnaise, dite piscine DELANGE (du nom de son propriétaire) appartient à La Société des piscines et skating lyonnais (6ème arrondissement). Il y a là une tentative pour attirer dans un même espace (mais à des heures différentes) des populations hétérogènes, donnant à la natation des valeurs d'usage différentes. Les classes populaires ne fréquenteront pas la piscine DELANGE en dépit des efforts du propriétaire pour en démocratiser l'entrée. En revanche, s'y presse un public mondain et les sociétés sportives. Cette piscine est le plus grand établissement de bains de la région : il permet d'organiser des fêtes nautiques avec courses de natation, water-polo, joutes. C'est là que l'Ondine organisera, au nom de l'USFSA, en 1910, les seconds championnats de France de natation féminine sur100 mètres (ADR 4M fil17).  
(43) OPPENHEIM F. La natation.., op, cit, p. 171.  
(44) ADR 4M 607, lettre de la présidente du 20 janvier 1910.  
(45) Lyon nautique athlétique ( ADR 4M 607-613-642) où se rassemblent les adeptes de la natation en eaux vives... mai les effets de la pollution provoqueront la dissolution de la société en 1958 !  
(45) J.-M. BROHM soutient un point de vue radicalement différent. Selon lui, «la quasi-totalité des formes sportives modernes sont issues des techniques naturelles, utilitaires du corps, liées en particulier à la survie quotidienne dans un milieu environnant hostile». Il y aurait ainsi une continuité entre le geste naturel et le geste technique. Or, nous verrons (cf. infra p. 21) que l'apparition des techniques sportives introduit une rupture à la fois dans la construction des gestes et dans leurs significations. Un geste, un savoir-faire, une technique sont adaptés à un but, et tout changement de celui-ci provoque une réorganisation totale de ceux-là. Cf. BROHM J.-M. Sociologie politique du sport, op, cit, p. 35 et 70. Même désaccord avec J. THIBAULT qui voit dans la permanence historique des gestes et des attitudes des guerriers nu des sportifs le dénominateur commun de toutes les formes d'expression culturelle de l'activité physique. Cf. THIBAULT J. Les aventures du corps.., op, cit.  
(47) Cf. CAMY J, et coll. Espaces et lieux de la joute et du rock à Givors, in Le monde alpin et rhôdanien, 3ème et 4ème trimestres 1984.  
(48) C'est d'ailleurs à partir de 1880 que les revendications pour un enseignement organisé de la natation se font de plus en plus insistantes, que se multiplient les ouvrages et que se développent les établissements de natation sur la Saône (reconversion des bêches). Cf. SOUBIROUS A.-M. Histoire de l'enseignement de la natation. Mémoire de Licence STAPS, UER-EPS, Université Lyon 1, 1976-1977.  
(49) Le rapport à la règle. : quand la natation devient sportive. Lors de l'exposition universelle de 1900, des «concours internationaux d'exercices physiques et de sports» furent organisés. La natation en fait partie, dans le cadre des sports nautiques (avec l'aviron, le yachting à voile, les bateaux à moteurs, et... la pêche à la ligne !). Le caractère rudimentaire des règlements peut, aujourd'hui, faire sourire. Cependant, l'avènement d'un «esprit sportif», c'est-à-dire compétitif reste attaché à un contrôle fédéral draconien. Les nageurs français restent totalement étrangers à cette forme de pratique de la natation. Ils excellent, au contraire, dans des épreuves où domine encore un rapport utilitaire à la nage, comme par exemple, le «concours de plongeon au plus long trajet sous l'eau» où ils remportent les deux premières places - (60 m parcourus en 1 minute et 8 secondes (53). En revanche, dans les épreuves sportives de vitesse (200 mètres) et de demi-fond (1000 mètres) ou de fond (4 000 mètres), ils sont largement surclassés par les Anglais, les Australiens ou les Américains. On peut d'ailleurs juger du caractère ésotérique des règlements. - Article 13 : «Champ de course : le champ de course sera indiqué par des cordages retenus à chaque extrémité par des piquets plantés au fond de l'eau. A ces cordages, sont pendus de petits oriflammes et drapeaux ainsi que des numéros bien visibles pour indiquer la ligne à suivre par les nageurs». - Article 16 : «11 sera permis de passer sous un nageur devant soi, mais celui-ci aura le droit d'enfoncer son adversaire s'il remonte à la surface à moins d'un mètre en avant de lui». - Article 24 ; «Les mouvements de nage seront toujours facultatifs, dans toutes les positions et dans toutes les courses... (!). Notons encore que les courses se déroulent en travers de la Seine (sur le bassin d'Asnières) «afin d'égaliser .l'avantage ou l'inconvénient que le courant aurait pu produire», Et les places de dépai sont tirées au sort, Amateurs et professionnels sont invités à concourir (séparément) et dans ces affrontements les seconds réalisent de bien médiocres performances par rapport aux premiers... (54).  
(50) Pendant très longtemps, les sociétés de gymnastique organiseront des concours dits «athlétiques» dans lesquels figureront, outre la gymnastique, l'athlétisme, la lutte et bien sûr la natation. Cf. BARRUL R. Les étapes de la gymnastique.., op, cit. (51) Ces analyses restent à faire qui montreraient comment une pratique peut se prêter à des interprétations multiples selon les publics qui se l'approprient. Les usages sociaux de l'exercice physique provoquent aux yeux des «puristes» une «perversion» du sport. Mais on oublie souvent qu'ils ne sont que la perpétuation d'usages anciens ou traditionnels où dominaient souvent le désir de se distinguer, le plaisir d'être ensemble et l'esprit lucratif. A ses origines d'ailleurs, le sport c'est d'abord le pari cf. CHAPUS E. Le sport à Paris, Paris, Hachette, 1854).  
(52) COORNAERT M. Règle et morale dans le sport. . , op, cit, p, 179.  
(53) Le classement s'effectue par attribution de points en fonction de la distance parcourue la plus longue possible - et du temps passé sous l'eau - également le plus long possible.  
(54) Source : Exposition universelle internationale, Paris, 1900 . Concours internationaux d'exercices physiques et de sports, Rapports, Paris, Imprimerie nationale, 1901 .  
(55) DEFRANCE J, Caractéristiques motrices et caractéristiques symboliques d'un sport : la course de fond, in Sports et Sociétés contemporaines, compte rendu du 8ème symposium de l'ICSS, Paris, 1983, p. 381.  
(56) CAZENEUVE J. Dix grandes notions de sociologie, Paris, Seuil, 1976, p. 39.  
(57) VIGARELLO G. Réflexions sur l'origine, l'unité et la place de la théorie en éducation physique, in Etudes et Recherches, n°1, mai 1972, Paris, ENSEP, p. 6.  
(58) «L'acte de naissance du sport est la conjonction de la règle et de l'institution, l'institution construit l'activité et en régente l'exercice», in COORNAERT M. Règles et morale dans le sport, op, cit, p, l SS.  
(59) BRUANT G. Le rôle des attitudes affectives dans la formation des habiletés sensori-motrices, in Revue Enfance, n° 2-3, avril 1978, p, 124-125.  
(60) POULAILLON A. La natation.., op, cit, p. 99.  
(Si ) Ibid. p. l .  
(62) Ibid, p. 44.  
(63) BRUANT G. op, cit.  
(64) La contextualisation de l'apprentissage est bien ce qui caractérise au premier chef le savoir-faire : n'oppose-t-on pas d'ailleurs «l'apprentissage sur le tas» aux progressions plus ou moins sophistiquées des apprentissages scolaires ?  
(65) CAMY J. Identités givordines.., op, cit, en particulier le chap. 4 qui traite du processus de sportivisation des joutes. Cf. également BARRUL R. Les étapes de la gymnastique... op. cit, notamment les chapitres consacrés aux banquistes, saltimbanques et voltigeurs, (66) Cf, infra p. 8.  
(67) SOUBIROUS A.-M. Histoire de l'enseignement de la natation, Mémoire de licence U-E-R-E-P-S-, Université Lyon 1, 1976-1977.  
(68) POULAILLON A. La natation.,, op. cit, p. 8.  
(69) Ibid, p. 8.  
(70) Ibid, p, 107. Ainsi dit-on réapprendre à se servir de son corps.  
(71) Ibid.  
(72) Ibid, p, l10.  
(73) BRUANT G, op, cit, p, 123.  
(74) Nous nous réfèrerons plus particulièrement à COURTIVRON Vicomte de, De la natation et de son application à l'art de la guerre, Paris, 1823 ; BRISSET P. La natation, Paris, Garnier, 1870 ; BERTHILLOT F. Manuel pratique de natation, Lyon, 1889; POULAILLON A. La natation... op, cit. Les mêmes remarques valent, à peu de chose près, pour notre période contemporaine. En usant largement de l'analogie et de la métaphore, l'enseignant est bien celui qui vulgarise la connaissance scientifique (et en fait un savoir) tout en lui donnant un pouvoir prescriptif.  
(75) POULAILLON A, op, cit, p. 99 ssq. La référence à un modèle biomécanique du corps machine permet d'assimiler le déplacement aquatique à celui d'un bateau. Aller vite c'est déjauger. Il faut donc relever la tête pour aller vite !  
(76) lbid, p, 110.  
(77) Ibid. «Des diverses méthodes de nager» p, 153 ssq. L'auteur identifie encore la marinière, la nage du chien, la nage en triton, en sirène, en cuvette, en marsouin, la nage debout, assis, etc. Puis les «nages modernes» ; le «strudgeon» et le «crawl» (!).., toutes considérées comme des «nages étrangères».
(78) lbid, p, 109.  
(79) Ibid, p. 346.  
(80) Ibid, p, 153 et 169. L'auteur parle ici de la mode du sport.
(81) Ibid, p, 153. C'est-à-dire les vingt modes traditionnels de nage.  
(82) C'est selon un raisonnement similaire que le sport sera considéré comme le «couronnement de l'éducation physique» après 1890. Mais cela mériterait des développements que nous ne pouvons présenter ici.  
(83) Elle s'adresse donc à «un corps d'élite» disposant d'un niveau d'instruction suffisant pour autoriser cette attention au corps et maîtriser le langage spécialisé que requièrent ces apprentissages. Selon cette approche, c'est le corps lui-même qui devient un objet technique (cf. encadré), savoir-faire à la technique : nous avons par ailleurs (84) montré en quoi les du corps se différenciaient des techniques sportives. Le sport est un de techniques factices, c'est-à-dire non traditionnelles puisque pour que toutes convergent vers une fin unique : la performance, la L'apparition des pratiques sportives, à la fin du 19ème siècle, tend à des modèles universels de rendement corporels qui empruntent leurs concepts sciences constituées. Le sport étant une motricité sous contraintes, la d'autant plus formalisée que le système des contraintes pesant sur l'activité ' sera plus précis, plus raffiné. En ce sens, la technique, qu'elle soit sportive ne saurait être naturelle. Elle se différencie du savoir-faire en ce qu'elle est artificielle ; elle oppose le geste technique au geste naturel ou traditionnel, du qu'il se réfère au respect de certaines règles contraintes exercées par les les règlements). abstraite : la technique sépare l'acte du sujet qui l'exécute, elle est un et représenté. réductrice : elle privilégie les coordinations gestuelles les plus efficaces, les plus performantes. Dans le langage sportif, il ne saurait il y avoir technique. normative : elle est un modèle de référence dans les apprentissages sportifs. universelle : conséquence de son caractère normatif, elle a un pouvoir subversif en introduisant une distance culturelle entre pratique et pratiquants. rationnelle : construite par la raison, elle s'impose «du dehors» à qui veut «l'acquérir». justifie de ce fait le prosélytisme pédagogique et didactique : les techniques et d'enseignement des techniques sportives se réfèrent à une méthodique, progressive, linéaire des coordinations gestuelles. autonome : née des contraintes réglementaires, la technique sportive tend à ne se que par la logique de son propre perfectionnement. caractéristiques «modernes» de la technique sportive ne sont qu'à peine à la veille de 1914. La simple consultation des revues ou bulletins de ou de fédérations montre qu'elles tendent à s'imposer avec par exemple des analyses comparatives entre les gestes ou les mouvements des rameurs (revue l'Aviron), l'étude des rapports entre vitesse de déplacement, distance parcourue et forme du geste, etc.  
(84) Cf. ARNAUD P. et BROYER G. Des techniques du corps aux techniques sportives, in Psychopédagogie des activités ?.., op. cit. (en particulier p. 141 ssq). Nos analyses se rapprochent de celles de ELLUL J. La technique ou l'enjeu du siècle, Paris, Colin, 1954 ou ELLUL J. Le système technicien, Paris, Calmann-Levy, 1977. Revue STAPS N°14 Volume 7 Décembre 1986, pp. 79 à 86.

 
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