télécharger 0.8 Mb.
|
La Mort de Virgile, j'ai un exposé oral de quarante-cinq minutes à faire demain matin. Je souffre. Je panique. Je semble accepter l'idée de retourner avec Sébastien à 100 % et je ne me méfie pas suffisamment. Avant-hier on arrive chez lui à minuit trente, le téléphone sonne, c'est Luk. Quelle dépression. Mais le meilleur c'est hier. Moi et Sébastien nous nous sommes rencontrés pour aller prendre un café. Mais voilà qu'il veut absolument passer par le Centre-Rideau alors qu'il fait si beau dehors. En plus, il insiste pour passer par le Eaton. Cet endroit me fait chier parce qu'il y a tout plein de gays qui travaillent là ou à La Baie, et en ce moment ça m'est un supplice d'en rencontrer. Mais enfin, on est passé par là et devinez qui on rencontre ? Luk ! A croire qu'il était là pour draguer, c'est peut-être là qu'ils se sont rencontrés. Sébastien voulait se cacher, j'ai dit que ça ne donnait rien, il nous avait déjà vus. Mais Luk a vite tourné, il a pris l'escalier roulant qui montait. Le pauvre, il s'est probablement retrouvé à la morgue d'Eaton, l'endroit où l'on place les choses invendues depuis des millénaires. Sébastien se demandait comment il pouvait être si peu chanceux. Il y a de la destinée là-dessous, je l'ai compris qu'il y avait un message à comprendre. Mais lequel ? C'est moi la cause de ces stupides situations, quelle humiliation qu'il faille fuir en ma présence ou se cacher pour cause de ma présence. Si je n'avais pas été là, ils se seraient parlés sans problème, peut-être même seraient-ils retournés à l'appartement de Luk. Le trompé doit être tenu dans le noir, l'ignorance des événements. Se parlent-ils encore ? Ça va toujours en deux temps en plus, et moi, toujours avant. Sébastien m'a trompé ? Je l'ai devancé de deux semaines. Luk téléphone en ma présence ? Edward m'a téléphoné chez moi deux heures avant en la présence de Sébastien. On rencontre Luk ? Deux heures avant on rencontrait le petit gars timide sur le campus qui me fait des sourires imperceptibles que je perçois. Je l'ai conté à Sébastien ça, il ne m'en a même pas reparlé. Sébastien pense que je vais le tromper bientôt et il accepte cela, même s'il m'a avoué qu'il souffrirait. Or, je n'ai pas l'intention de le tromper finalement. Hier j'ai parlé avec Edward, il est allé à Montréal comme prévu, a rencontré un gars au K.O.X., a passé la journée du lendemain avec lui. Ses idées sont : suis-je bien gay ? suis-je amoureux ? J'avais osé lui dire un petit je t'aime l'autre jour, tout de suite réprimé. Hier il me disait un gros : « Roland, je t'adore ! » N'a-t-on pas sauté une étape ici ? Pendant que je l'oubliais, car pas de photo, pas de lettre et pas de communication, lui il se rapprochait de moi d'une façon radicale, en traînant partout ma photo découpée et mes lettres qu'il relit sans cesse. Résultat, il vit dans mes émotions, mais dans celles de voilà un mois ! Il veut venir cette fin de semaine, j'appréhende les complications. Sébastien est en pleine crise existentielle. Celui-là vit aussi dans mes émotions, mais dans celles du mois d'octobre prochain. C'est-à-dire mon hypothétique départ pour Paris, peut-être synonyme de la fin de notre relation. Il n'y a que moi, semble-t-il, qui ne vive pas dans mes émotions. J'ai relu la troisième lettre postée à Edward, je viens de me rendre compte de la séduction que je lui ai fait subir. Le pauvre, pour peu qu'on se laisse séduire et que l'autre n'est pas si repoussant, on est foutu. Trois grandes lettres de fleurs, une cassette de chansons françaises dont une qui fera office de chanson commune à notre relation (Les feuilles mortes se ramassent à la pelle). Le voilà séduit au sang ? Ce qui me vaut la multiplication de ses appels, il veut m'entendre lui reconfirmer mon amour : « Roland, je t'adore ! » Il va finir par me séduire aussi à force de me répéter combien il ne pense qu'à moi. J'ai eu le temps de m'en détacher, voudrais-je souffrir davantage ? Que ma vie s'en va chez le diable ! J'ai avoué à Sébastien que j'avais couché avec Ed. Ma motivation ? Après avoir vu le film de Denys Arcand, Love and Human Remains, je me sentais si bizarre... de toute manière ça n'allait plus. Je n'étais plus capable de dire à Sébastien que je l'aimais. J'avais toujours ces arrière-pensées pour chaque parole qu'il me disait : « Je t'aime ! ». Je répondais dans ma tête : « C'est ça, fais-moi croire ». Lorsque je lui ai dit que je l'avais trompé, dans mon lit, ô ironie, il se demandait s'il fallait rire, pleurer ou se suicider. Puis il m'a sauté dans les bras après s'être déshabillé. Je n'avais pas envie de faire l'amour. Je lui ai dit ça comme si je lui disais que c'était fini entre nous. J'espérais cependant que les choses allaient se replacer, c'était soit que je le laissais sans lui rien dire ou que je lui avouais et observais les événements. Eh bien, il semble heureux. Notre faute s'annule, semble-t-il, nous pouvons recommencer à nous aimer encore plus fort qu'avant. C'est ça, fais-moi croire. J'ai parlé avec Edward. Il est maintenant en totale dépression. Il se sent coupable de tout, il tremblait. Il a de gros sentiments pour moi, sentiments qu'ils n'acceptent pas. Il ne peut s'avouer être gay, il ne le veut pas, dit ne pas être prêt pour une relation. J'ai débalancé sa vie, tout est devenu un bordel dans sa vie depuis que l'on s'est revu. Il veut garder mon amitié, est malade parce qu'il pense avoir perdu celle de Sébastien. Il ne pense plus pouvoir venir à Ottawa, c'était prévisible. Il m'aime, cela me fait me demander si je l'aime aussi finalement. Comme je suis pris dans ma vie actuelle ! Est-ce que j'aime vraiment Sébastien ? Comme la vie est compliquée. C'est la première fois de ma vie que quelqu'un éprouve de tels sentiments envers moi et qu'il me les communique avec autant de passion. Il est si loin, imaginons s'il m'avait fait ses déclarations en personne, je serais mort, on se serait laissé aller l'un à l'autre et une longue nuit d'amour aurait suivi. Vivement qu'il m'envoie ses lettres et les photos. Il m'a dit qu'il y penserait à s'il m'enverrait les lettres. Hé ! je lui disais que je voulais les lire, que ce n'était pas juste, il avait eu mes lettres et moi rien, ma photo et moi rien ! Cela ne l'a pas convaincu. Il dit qu'il ne s'est jamais ouvert comme ça à quelqu'un pendant ses vingt-trois années avec ses quinze copines et ses cinq one night stand, et qu'il ne veut plus me faire parvenir ses lettres, il en a honte. Bref, il va réfléchir. Que la vie est compliquée ! And how about coming here without telling Sébastien? This little motel called Motor Inn in Nepean sounds interesting, since it would be a chance to see Ed, be with him, help him and sleep with him. Il a cru pendant un instant que je m'intéressais à lui juste pour le sexe, mais que mes lettres lui disent le contraire. J'ai besoin d'une bonne bière. Maintenant chose faite. J'ai envie de le rappeler, lui dire : Non ! Ne souffre pas, je n'ai jamais souhaité que ton bonheur ! Je n'ai voulu que me rapprocher de toi, voir si mes sentiments pouvaient devenir plus grands, si je pouvais t'aimer comme jamais je n'ai aimé personne ! Edward. Hey ! Je suis là, viens me retrouver, viens dans mes bras, je vais te consoler ! Quel bonheur ce serait, si seulement j'en avais la chance, mais la distance c'est un, Sébastien c'est deux, mes examens et le travail c'est trois et quatre. La vie est compliquée ! Je me sens davantage coupable de ce que j'ai fait à Edward qu'à Sébastien. Il écoute ma cassette vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine, il relit encore mes lettres, je suis tout à fait responsable de sa crise. Je viens de détruire ses rêves, je viens de l'achever. J'ai besoin d'une troisième bière et d'une cigarette. Je viens de dire à Sébastien que j'avais dit à Ed qu'il savait que Sébastien savait. Sébastien était enragé contre moi, il voulait continuer à être ami avec Edward en feignant l'ignorance et ainsi aller aux USA cet été. Maintenant il ne pourra plus, il va se sentir trop bizarre. Pendant notre appel Ed a téléphoné, oh my God! Lui qui paniquait déjà. Sébastien m'a demandé ensuite si c'était lui, je lui ai répondu que c'était Jean. Sébastien appelle maintenant Edward... oh my God! I could just die! How come all this happens to me when I have all these fucking things to do? It seems that I'll never be able to finish my semester. What are they going to talk about? I told Sébastien that I wanted to continue to talk with Ed anyway and he replied: "No way! He was my friend before, but he is certainly isn't anymore. Would you rather leave me for him?" Will he find out I wrote three letters to Ed? Que va-t-il apprendre qui lui permettra de dire que j'ai menti ? Stupid telephone! I'm here waiting for Sébastien to call and I will talk with Ed after for sure. It might be the end of my relationship with Sébastien tonight. I won't tolerate anymore crap. Can he tell me what to do, considering all that has gone on with Luk? What is he thinking and what is he going to say to Ed? It might be the end of our relationship. Two hours later Sébastien finally called. Mon état se situait entre le zombi et la plante. Je n'arrivais plus à penser, une passivité effrayante, mais Sébastien finally called. There is nothing to worry about; it doesn't seem so bad after all. He said that Edward had told him everything. I responded: "Well, what more can he tell you?" Then he began talking about the whole scene in bed, every single move. He wanted to know more about it, yet I refused to continue, insisting: "I'm not talking about it anymore". Je crois qu'il cherchait des contradictions pour souffrir davantage, j'ignore s'il sait des choses que j'ignore qu'il sait. Je m'en fous. The phone call came to a close with "I love you", words which no longer carry any true significance in our relationship. Est-il possible qu'un homme là quelque part puisse m'aimer tant qu'il regarde ma photo à chaque minute de son existence ? Ses sentiments se communiquent trop bien, notre appel d'après fut bizarre, mais bien. Une atmosphère de détente régnait, comme après la guerre, le nuage était tombé. Je lui ai dit : « Je t'aime... » Et pour la première fois je le disais et cela m'affectait. Il ne faut pas sous-estimer la portée de cette phrase, même si la littérature, le cinéma et la télévision l'ont dénaturée complètement au point qu'Ed a honte du mot. J'ai bandé à l'instant où j'ai prononcé le mot, lui de même, c'est inquiétant. Il m'a répondu : « Je pense, que, enfin, je crois que moi aussi, oui ce doit être ça, je t'aime ». Après j'aurais tant voulu qu'il me le répète au moins une deuxième fois pour calculer l'impact que cela aurait. Ed serait-il l'âme sœur ? Il me serait si simple d'étouffer tout sentiment. Mais non, je veux pousser cela jusqu'au bout. Comme je semble me complaire à obliger les gens à faire face à des réalités auxquelles ils ne veulent faire face. Quel est donc le but que je poursuis en avouant à tout le monde n'importe quoi ? Pourquoi ai-je poussé les choses aux événements d'hier ? C'est déjà bien que j'aie souffert, sinon cela aurait été pure méchanceté, il n'y aurait eu que moi pour ne pas souffrir. Peut-on parler de masochisme ? Une vie si plate que je trouve les moyens d'y mettre de la couleur ? Mais non, tout cela part sans cesse d'un bon sentiment. Simple justice, j'ai reproché à Sébastien sa relation avec Luk pendant deux semaines, j'avais l'impression qu'il avait droit à son mot par rapport à ce qui c'était produit. Mais là, je me suis retrouvé à faire souffrir Edward. De même, cela a multiplié mes sentiments pour lui, maintenant je ne vis que pour sombrer dans ses bras. La philosophie d'Edward, nous serons des amis spéciaux, à distance, qui s'aiment sur plusieurs années et qui feront l'amour lorsqu'ils se verront. Sûr, c'est séduisant ça, c'est digne de la bonne littérature, de la pourrie aussi. Je ne sais plus comment décrire mes sentiments, ils se définissent à mes regards vers l'infini, vers le néant. Je pense à Edward, je passe ma main sur mon visage non rasé d'une semaine, soudainement je suis transporté dans son univers, passé à New York. Il va à un bal des finissants cette semaine, il a invité une fille, il dit que cela va finir dans le lit. Je suis jaloux, pas l'ombre d'un doute. Qu'il s'agisse d'une fille me dérange davantage. Appartiendrait-il à un autre univers que le mien ? Lui qui semble si amoureux de moi, qui me téléphone deux fois en deux jours, dit qu'il se regarde dans le miroir et que son sourire va lui faire éclater le visage, qu'il sera illuminé pour le reste de la journée. Le problème c'est que ses paroles agissent sur moi comme une séduction. Je lis L'Avalée des avalés de Réjean Ducharme, pouvez-vous croire que lorsque Bérénice à New York crie à son frère qu'elle l'aime alors qu'il est à Montréal, je me transpose à elle et voit Edward comme mon frère ? J'ai l'impression que moi et Sébastien, ça achève. Cela m'achève. Dans les lettres qu'Ed a détruites, il dévoilait à sa grande honte ses sentiments pour un homme. Chose qu'il récusera en disant que je ne suis pas un homme en général, que ce n'est pas la même chose. Moi je suis cute, un petit écureuil, une chose loveable. De toute façon j'ai une certaine misère à me définir tel un homme, je me vois encore comme un enfant. La société m'a convaincu à ce propos. Je n'ai pas dormi depuis trois jours ou presque, quelques heures seulement, il me reste encore à lire L'Enéide de Virgile cette nuit. J'arrive de chez Jean, non de dieu, jamais je n'aurais cru avoir tant passé à côté du cours de M. Lemay. Je n'avais même pas 10 % de la matière dans mes notes. Jean est plus beau que je ne l'aurais cru, fait fort en plus. C'est drôle, Sébastien, Edward, Jean, ils ont de gros bras sans jamais avoir fait d'exercice, auraient-ils honte de le dire ? Il n'y a que moi qui ai besoin de faire de l'exercice, promis juré cet été et l'an prochain à Paris. Jean n'a pas été entreprenant, moi non plus, bien qu'il insistait pour que je couche là, mais ç'aurait été trop fort, je sais que j'aurais couché avec lui. Et ça, je ne le voulais pas. C'est donc que j'ai encore du respect pour Sébastien. Comme j'étais soulagé rendu à la maison, car Sébas m'a écrit une lettre qu'il est venu déposer dans la boîte aux lettres durant la journée. Je me serais senti coupable de lire ça si j'avais osé faire des choses avec Jean et si je n'étais revenu que le lendemain. Bref, cette première lettre, cette seule lettre qu'il m'aura écrite depuis que l'on se connaît, la voici enfin : Early Thursday Morning Roland, 2½ years ago I met you. It was dark and noisy but I noticed your smiling face right away. You were young, funny and beautiful. But it is your dark eyes that struck me the most. I remember your baggy pants, your funny hair cut. I remember when my hand touched yours. God, I still feel that! I had told you that you were beautiful. I remember trying to beat Robin so that I would be the one to drive you home. I remember going to some café in Hull for coffee and how we talked of poetry and music. Do you remember when I touched your leg as we drove home? I didn't want that night to end. Now when I look back, I see it was perfect. You always believed in fate. Something, somewhere must have meant it to be. I was meant to love you. How could I ever love anybody else? I cannot even imagine it. You are who I love. You are what I love. You are how I love. You are why I love. Right now, when I close my eyes, I see you. Your soft hair, your big smile, your big cheeks, I can feel your cold feet, warming against my thighs. You touch inside of me like no one else. You keep me warm. You give me hope. You give me love. I need your love. I need you. Like I've told you before that if I could replace you with someone else, I would never! No one could ever replace you. Baby, I want you, to made love to you. I want us to walk away together - forever -towards the sun, towards your green fields. I never noticed green fields before. Now, when ever I see one, I see you, standing there smiling at me. If I could touch you right now, I would touch you everywhere. I would feel your warmth with my hands. I would put my ear against your chest and listen to your heart beat. This letter is my love for you. I want you to know that I think of you often. I want to call you right now, but I know that I can't. It is almost 3 a.m. Maybe I will. Just to say I love you! Just to hear your voice. Hold on, I'm dialing... ring, ring, (you answer, we talk, we hang up) you were at almost the 10th page of your essay. I told you that I loved you. Well, I meant it. I love you! You are in my heart, You are in my soul, You are why I love. XXX Sébastien Ô Ironie, on croirait lire un délire d'interchants empruntés aux clichés de toutes les chansons américaines de ces dernières années. Pire, c'est la lettre ratée que Robin aurait fait la gaffe de m'envoyer voilà exactement deux ans. Autour de Pâques de voilà deux ans, Robin raconte la même soirée que Sébas, avec la poésie. Quelle est donc cette soirée où je ne devais pas sortir pour avoir tant marqué ma vie ? Je vais faire une expérience, je vais retranscrire cette lettre en français pour voir si elle va demeurer une lettre full of clichés : Tôt Jeudi Matin Roland, Deux ans et demi plus tôt je t'ai rencontré. Il faisait noir et il y avait beaucoup de bruit, mais j'ai tout de suite remarqué ton visage souriant. Tu étais jeune, amusant et beau. Mais c'est tes yeux noirs qui m'ont le plus frappé. Je me souviens de tes pantalons bouffants, de tes cheveux bizarres. Je me souviens lorsque ma main a touché la tienne, Dieu, je le ressens encore ! Je t'ai alors dit que tu étais beau. Je me souviens d'avoir essayé de battre Robin pour que ce soit moi qui te reconduise à la maison. Je me souviens d'être allé à un quelconque café à Hull, prendre un café, et comment on a parlé de poésie et de musique. Est-ce que tu te souviens lorsque j'ai touché ta jambe en allant à la maison ? Je ne voulais pas que cette nuit se termine. Bon, c'est assez. Non, ça sonne bien. Pauvres Anglais, ils ne peuvent plus dire je t'aime à quelqu'un sans tomber dans le cliché effrayant. Ça me rappelle lorsque Sébastien m'annonçait son infidélité et toutes ses justifications, à chaque ligne je connaissais la suite de la réplique. On banalise les rapports entre les humains, nous, génération clichée. On n'ose plus agir parce que l'on sombre dans le déjà vu, on peut alors prévoir où cela va mener. Les justifications ne fonctionnent plus parce qu'on les connaît, on ne veut pas les entendre. Voici la lettre de Robin qui date de Pâques de voilà deux ans : Friday November Night On a cold, dark, Friday November night, I come home, make some calls, but can reach no one. It's already late! Once again I decide, not knowing exactly why, that I must go out; so I set out alone. As usual I am expecting to see some familiar faces and take in a few beers. This routine, after all, is the one I've became used too. Pathetic perhaps, but not entirely bad: it does help me wind down, have some fun and hope. It does nothing, however, to fill that emptiness, that inner emptiness which grows away inside. I arrive and soon see Luc. We make the usual small talk. But as we do I am distracted, distracted by some big bright unfamiliar eyes and a broad smile. Preoccupied I try to listen. I close my eyes and reopen them as if to verify if what I see is real; I am not mistaken. Gradually Luc notices my distraction, "May I introduce you to my friend?" Suddenly things seem to be no longer so routine. Roland is much more than big bright eyes and a broad smile: he's got intelligence, humor and a good sense of fun. |
![]() | ![]() | «Paris—is—really—great !», semblables non seulement en apparence, mais aussi dans leur voix et leur façon de parler, à tel point... | |
![]() | ![]() | ||
![]() | ![]() | ||
![]() | ![]() | «Respirer, parler, chanter La voix, ses mystères, ses pouvoirs», Le Hameau Editeur, Paris 1981 | |
![]() | «roman d’anticipation utopiste», note Jacques Allard; d’autres parlent aussi du «premier roman séparatiste au Québec», ou du «premier... | ![]() |