Underground un Québécois à Paris Roland Michel Tremblay Éditions T. G., Paris Du même auteur, publiés chez l’éditeur iDLivre : L'Anarchiste (Poésie) Denfert-Rochereau (Roman) L'Attente de Paris (Roman) L'Éclectisme (Essai)








titreUnderground un Québécois à Paris Roland Michel Tremblay Éditions T. G., Paris Du même auteur, publiés chez l’éditeur iDLivre : L'Anarchiste (Poésie) Denfert-Rochereau (Roman) L'Attente de Paris (Roman) L'Éclectisme (Essai)
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date de publication14.04.2017
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Citizen du 31 juillet, en première page, on voit une gang de jeunes lavés du cerveau qui s'amusent à se rencontrer en des congrès pour convaincre leur génération de demeurer vierge jusqu'au mariage. S'ils n'ont pas été brainwashés par leurs parents ou la religion, eux, je me demande bien de quelle planète ils débarquent. Naturellement, le mot God revient à toutes leurs phrases. Tous ces vierges sont là pour nous expliquer tous les problèmes qu'impliquent le sexe avant le mariage sans même l'avoir expérimenté. Ils vont jusqu'à dire qu'il ne faut même pas donner un petit bec ou se tenir la main. Pourquoi manger et respirer alors ? Qui sont-ils eux pour venir nous dire de nous abstenir avant le mariage ? Ce n'est pas pour rien qu'ils parlent de God's plan all the time. Go back home, have sex, and come back after to tell me if it was better! Moi je dis qu'un jeune qui est rendu là pour parler de virginité c'est un jeune obsédé par l'idée d'avoir du sexe et qui a un problème psychologique profond. Surtout quand ils commencent à voir ça comme une maladie, ces jeunes-là ne seront pas normaux en mariage, ils vont avoir le sexe en horreur, comme les femmes dans le temps qui ne jouissaient pas en faisant l'amour parce que leur curé leur disait que c'était péché. Une folle s'avance pour dire qu'après cinq ans de vie commune avec son copain, elle est redevenue vierge par un reborn et que l'on peut recommencer à zéro parce que Dieu nous pardonne. Eh bien si c'est vrai, let's have sex, God will forgive you anyway. Tu auras juste à te confesser cinq minutes avant le mariage. Il y en a des estis de fuckés, j'te jure...

Août ! Août, mes amis ! A-ouuuhhhhhhh ! Time for a change, a radical one! Tout s'est bien déroulé depuis le début, organisation parfaite du temps, sans planification, évidemment. Ça commence par le toit chez Sébastien, les vacances chez moi, puis embranchement : ou bien je trouve un emploi chez Bell Canada comme téléphoniste parce que j'ai une entrevue mercredi matin, ou bien on part pour New York d'ici pas longtemps parce que Sébastien va avoir une entrevue pour un emploi comme counselling en ordinateur à 84 000 $ U.S. par année. Si cela est possible. Edward travaille justement à placer des gens dans le domaine de l'informatique. Emploi available immédiatly. Me semble me voir déjà aller au Village Voice pour leur dire que leur journal manque d'ethnicité et que c'est le temps qu'un jeune branché ait sa chronique française, même s'il est pour travailler gratuitement. New York en moins de trois semaines ? Mieux que toutes mes espérances. Les parents qui sont au courant et d'accord en plus, ou du moins ne me feront pas un roarrr gigantesque. Je vais exploser !

Vivre autant sur les vicissitudes que moi à l'heure actuelle, cela me semble impossible. Sébastien n'en veut pas de son emploi à 84 000 $ U.S. par année. Il veut faire de la musique à plein temps. Or, il ne veut plus partir pour New York parce que ses 21 000 $ Can. vont disparaître dans le temps de le dire. Je vois bien qu'il ne veut même pas crisser le camp d'Ottawa. Encore un p'tit garçon qui ne s'appartient pas, mais qui appartient à ses parents. Là je sais qu'il me manque quelques clés. Sébastien n'ose plus me dire ce qui se passe dans sa tête, ce qui se passe chez ses parents. La crise de son père, je n'en ai plus entendu parler. Selon Sébastien ce ne serait pas que Sébastien va partir loin, ce serait que Sébastien s'en va nulle part et qu'il n'aura jamais un bon travail. Je refuse de le croire. Sébastien veut rester à Ottawa parce que ses parents ne veulent pas qu'il parte ! Je pousse pour Toronto ou Montréal, Montréal au moins, je vois bien que Sébastien ne veut pas, n'ose même pas me le dire. Ça me donne envie de partir seul pour New York. Des gens incapables de prendre des décisions, ça me fait chier. Mais les gens qui tètent et qui par la même occasion me font téter, c'est inadmissible !

Je viens de parler à Sébastien. Là je décroche. J'ai envie de me payer une journée de congé. Il parle de Vancouver. Il veut partir pour Vancouver ! En parallèle il parle de Toronto, Montréal, New York. Moi je décroche. On dirait un enfant. Je me demande si je ne prends pas le tout un peu trop au sérieux. La différence c'est que moi je n'ai rien à perdre, que je partirais aujourd'hui s'il le faut. J'ai même l'impression qu'avoir de l'argent est un obstacle. Quand tu n'as rien, tu ne peux rien perdre, tu n'as rien peu importe où tu es. Quand tu as de l'argent ça fait mal, parce que tu risques de le perdre et tu aurais pu faire une utilisation plus intelligente de cet argent. L'avoir bloque la liberté !

A partir de maintenant j'entre dans la ligne rouge, je n'ai plus d'argent. Mais je vais déjà mieux, j'ai ouvert mon magnétoscope, pris un verre de vin, mis mes lunettes de soleil que j'ai achetées hier (devinez avec quel argent), et je suis déjà parti pour New York. J'en suis maintenant à mon deuxième verre, la planète m'appartient ! Il est une heure de l'après-midi, je suis un vrai alcoolique. J'ai un six pack de bière de Hollande dans le frigidaire, j'ai l'intention de l'entamer tout à l'heure. Ce matin Diana Kennedy m'a téléphoné du New Jersey pour dire qu'elle désire m'aider pour New York, elle parle un très bon français, elle va me rappeler si elle trouve quelque chose. Elle me dit de lui téléphoner sans faute quand je serai là-bas. Nul doute, elle veut se faire des amis français.

Quelle vie ! J'ai fait une gaffe terrible tout à l'heure. Le père de Sébastien est tombé de l'échelle, Sébastien est allé à l'hôpital avec son père, ils lui ont dit de retourner à la maison, qu'il n'y avait pas de problème. Le problème c'est qu'en arrivant à la maison le père de Sébastien a perdu connaissance, ses yeux sont devenus blanc et lui tout raide, Sébastien était sûr qu'il était mort. Il est retourné à l'hôpital à une vitesse folle, brûlant tous les feux rouges, klaxonnant aux carrefours. Son père a repris connaissance, il disait qu'il entendait Sébastien crier. Je n'ai pas su voir la gravité de la situation et j'ai dit comme ça qu'ils allaient maintenant obliger Sébastien à finir le toit de la serre tout seul. Sébastien m'a dit que c'était très égoïste ce que je disais là, qu'il n'était pas du tout question de ça à l'heure actuelle où son père était à l'hôpital et qu'on s'inquiétait. C'est vrai. Maintenant que je retéléphone pour m'excuser et lui dire que je n'avais pas compris la gravité de la situation, ils sont partis. Sébastien m'a presque raccroché au nez. Des plans pour qu'il me laisse. Qu'il s'imagine que je n'ai pas de cœur. En tout cas, une chose est certaine, Sébastien va maintenant être un fils docile. Je suis convaincu maintenant, mais alors là, vraiment convaincu qu'il n'est plus question de partir. Les parents de Sébastien sont trop vieux, il faut les soutenir, et blablabla. Christ ! Quand on sait ce que ces parents font pour leurs enfants ! Il n'a jamais été question d'aider Sébastien financièrement, peu importe les durs moments de son existence. Surtout pas lorsqu'ils l'ont mis dehors.

Je viens de parler avec Sébastien, ça sent le salon mortuaire chez lui. Je me suis excusé pour tout à l'heure, il ne pouvait pas me parler. Il va me rappeler dans dix à quinze minutes. Bon dieu, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'il me cache ? Il ne se rend pas compte que ça me rend malade cette maladie de ne pouvoir me parler. Je parie que dans dix à quinze minutes il ne m'en dira pas davantage. Rien ne se passe, l'hôpital est incapable de dire pourquoi il a perdu connaissance. Ils pensent que c'est la crise cardiaque, le père lui-même est incapable de répondre, lui qui a déjà fait une crise cardiaque.

Effectivement, il ne m'a rien dit. En fait, pendant vingt minutes on est demeuré silencieux au téléphone. Semblerait que le gros problème c'est que Sébastien soit demeuré traumatisé d'avoir cru pendant vingt minutes que son père était mort à côté de lui. Je peux comprendre ça, moi je me traumatise pour bien moins. Les silences de Sébastien entre autres.

Aujourd'hui j'ai reçu une nouvelle dont je me demande si elle est bonne ou mauvaise. Je n'ai pas été accepté à l'Université d'Ottawa en génie mécanique. On dirait que je régresse plus j'avance. A peine terminé le collège, toutes les portes me sont ouvertes. Après un diplôme de quatre ans en arts, toutes les portes me sont fermées. La femme m'a dit que j'avais fait application une semaine en retard. Bullshit, on m'avait dit qu'il n'y avait pas de problème. La bureaucratie de l'Université d'Ottawa n'est pas à sous-estimer. Après trois années d'études et trois envois de mon diplôme de collège, ils n'avaient toujours pas le papier en question. Lorsqu'ils l'ont eu, c'était pour me dire qu'il était trop tard. Tant pis tabarnack ! On dirait qu'une force fait tout en son pouvoir pour que j'entre dans la vie sociale de plein fouet. Je ne peux expliquer cela autrement, je n'ai réussi à me faire accepter nulle part, moi qui ai toujours été un premier de classe [sic]. Il m'est difficile de supporter de voir le campus de l'Université d'Ottawa, je n'aurais pas assez d'une douzaine de bombes pour me débarrasser de tout ce qui m'écœure sur ce campus. Aucun bon souvenir, que des cauchemars. J'ai cette envie de voir soudainement disparaître toutes les personnes avec lesquelles j'ai été en contact depuis trois ans. Que ce soit les employés de bureau, les professeurs, les étudiants, les employeurs, aucun, je dis bien aucun ne m'a épargné d'arrière-goût. Pas même mes amis. Je n'ai donc eu aucun ami sur ce stupide campus ? Est-ce de ma faute ? C'est bien possible, je n'ai pas fait beaucoup d'efforts. Je vais dire comme Calvin (and Hobbes) quand on lui dit qu'il faut qu'il en profite parce qu'il est en train de passer les plus belles années de sa vie. Il répond alors : « Quoi ? ça va devenir pire ? ».

J'avais un bouton sur le front, j'avais décidé que j'allais m'en débarrasser. Comme les annonces publicitaires font un malheur ces temps-ci à propos du sujet, je n'ai plus hésité, je suis allé acheter un produit miracle. Clearasil, Clearatube, médicament liquide contre l'acné, formule extra-efficace (acide salicylique 2,0 % p/p). Esti de calice ! J'avais un bouton, après une semaine d'usage, j'en ai une dizaine ! Je pense que le problème provient du fait que mes boutons ce n'est pas de l'acné. Utiliser ce stupide médicament me donne de l'acné ! Mais comment est-ce possible ? Je vais m'acheter des parts dans cette compagnie, du jamais vu, un médicament qui empire ta condition, provoquant une dépendance qui assure ta fortune ! C'est clair, il m'est apparu des boutons que je n'avais jamais eus auparavant. Ils sont non squeezables, ils me grattent à mort. Ecoutez, j'ai passé à travers ma jeunesse sans avoir un seul bouton, aujourd'hui ça commencerait ? Demain je cours essayer la formule Oxy 5, ils sont assez fatigants avec leurs annonces, Oxycute-les !, j'ai hâte de voir les résultats. Oops, je me souviens d'avoir regardé, c'est le même produit, acide salicylique.

Bref, excusez ma digression, on ne veut plus de moi à l'université. N'en demeure qu'à moi de m'ouvrir au monde extérieur. Allez ! c'est le temps de sortir du ventre du monstre ! On s'en va affronter the real world. Je vous le dis tout de suite, je n'ai rien à perdre et rien à gagner, parce que je me fous pas mal de vous et de toutes vos histoires ! Je n'ai pas l'intention de me laisser marcher sur les pieds, et parti comme je suis là, aucun emploi que je risque d'avoir nécessite un quelconque effort supplémentaire de ma part. Vous voulez être bitch ? J'ai l'expérience. Moi aussi je peux être bitch. Ce coup-là je ne vais pas faire de dépression, I'm gonna fight 'til the end. If someone is gonna lose, it won't be me! Ah Christ, je sais très bien ce qui m'attend. Des compagnies aussi affreuses que celles où j'étais à la cafétéria de l'université. Je vous attends de pied ferme. Je suis tellement frustré que le marché du travail soit aussi infernal et pénible, n'est-ce pas là le fruit des patrons et des travailleurs ? Si c'est aussi l'enfer, n'est-ce pas que c'est parce que personne ne fait d'effort ? Tout le monde s'en fiche ? Quand la première personne rencontrée t'envoie chier, c'est final, à ton tour t'envoies chier tout le monde ? Oui, je suis vraiment prêt à répondre, à m'engager dans l'armée (les syndicats), puis écœurer ceux qui voudront m'écœurer. I really can understand those who kill others. I wouldn't be surprise if someday I kill someone. When everyone is doing their best to get killed, how can I be surprised? Le seul problème c'est qu'il n'existe aucune justification possible ensuite. Il reste à accepter le châtiment de la justice collective. Mais prenons Denis Lortie. Il est entré à l'Assemblée nationale à Québec avec une mitraillette, s'est mis à tirer dans le tas, en a tué une poignée, en a envoyé un bon paquet à l'hôpital. Geste désespéré comme on en voit souvent dans les sociétés qui tentent de nous rendre cinglés. Or, voilà que dix ans plus tard il est libéré et qu'il peut enfin recommencer à jouir de la vie. Mais c'est séduisant un tel exemple ! Ça me donne envie de faire la même chose. En bonus on m'exempterait de toutes mes obligations pendant dix ans, ne serait-ce pas merveilleux ? Quand je pense que casser les deux jambes de quelqu'un fait tout aussi bien l'affaire et que cela ne donne pas beaucoup à faire en prison, peut-être même que je m'en sortirais avec une année de travaux communautaires. C'est tentant. J'aurais bien cassé les deux jambes de M. Legault. Puis celles de la petite guenon Aline. J'ai déjà dit que ces gens-là ont une famille, des enfants, s'inquiètent pour eux et pourtant crachent sur les autres. Des sentiments que pour leurs proches, le reste, si ça crève, we don't care. Mais ces gens-là ne s'inquiètent peut-être même pas avec leurs enfants ?

Qu'est-ce que mon avenir me prépare ? Pourquoi m'avoir tant fait niaiser avec les demandes d'université à Paris, à Montréal et à Ottawa, l'histoire de déménager à New York ou Toronto ou Montréal, si finalement tout ce qu'il y avait au programme c'était Ottawa ? Pourquoi avoir tant nourri mes rêves, mes idées, si c'était pour tout anéantir à la fin ? Quel est donc le but poursuivi par tout ce fatras qui m'est tombé sur la tête cette année ? Que me faut-il donc apprendre dans tout cela ? La morale de Candide : on n'est jamais mieux que chez-soi à cultiver son jardin ? Ou à préparer sa révolution !

J'ai décidé de tenter ma chance pour l'aide sociale parce que de toute façon je fais une recherche intensive d'emploi et que, si ça ne débouche pas, il me faudra bien survivre. Mais je rêve en couleur, il me sera impossible de remplir les qualifications pour réussir à avoir du bien-être, je suis même incapable de rejoindre Laurie Cloutier mon agente. C'est que c'est impossible de les appeler au numéro général, le répondeur dit que la femme est occupée avec une autre personne et qu'il faut rappeler plus tard ou venir en personne. Of course, j'ai essayé d'appeler cinquante fois, impossible d'avoir la ligne. Venez pas me dire que ces gens-là prennent le temps de répondre, ils veulent nous décourager. Mais quand la responsable de mon dossier ne répond pas aux messages que je laisse sur son répondeur, je me demande ce que je vais faire, surtout que même lorsque je me rends sur place il m'est impossible de lui parler. Ils ont pensé à tout, ils bloquent la communication pendant quelques jours, c'est toujours ça de gagné, ils sont sûrs qu'une moitié va abandonner. Enfin bref, depuis deux jours je cherche du travail de façon intensive. Demain je devrais réussir à l'appeler, elle va me dire qu'à partir du lendemain je dois trouver deux employeurs au minimum par jour. La christ, je vais alors lui dire d'arrêter de niaiser, que je crève de faim, je n'ai plus un sou et je dois de l'argent à tout le monde. Ce n'est pas de ma faute si elle est impossible à joindre. De toute façon je n'ai pas besoin d'être gentil avec elle, elle est assez bête. J'ai juste besoin que l'on m'aide et je vous jure que je ne me sentirai nullement coupable. Une société qui est incapable de fournir de l'emploi à ses diplômés d'études universitaires et qui est capable de les endetter pour au-dessus de 15 000 $ pour un papier, ça mérite une certaine compensation quelque part. Parce qu'il y a tellement d'argent jeté par les fenêtres, les journaux en rapportent tous les jours. Comment se fait-il qu'il y ait un million de personnes, surtout des vieux (c'est le vrai chiffre donné par Statistique Canada), qui chaque année vont à Miami ? Combien demeurent là pendant six mois, reviennent ici pour l'autre six mois, foutent rien de leur journée et réussissent à faire vivre deux maisons et deux automobiles ? Venez pas me dire que la majorité des vieux n'a pas d'argent. Comment se fait-il que les pensions de vieillesse sont en train de conduire les gouvernements vers la faillite alors que les jeunes crèvent de faim ? C'est maintenant officiel, si tous les boomers vont recevoir les diverses pensions auxquelles ils ont droit, le pays doit déclarer faillite. Que s'est-il passé, donc ? Il y a une limite à ce qu'un vieux peut espérer gagner pour finir sa vie comme un riche sans rien faire. Oui bon, je ne me sentirai pas coupable parce qu'on est dans le pays où il fait le mieux vivre et je suis endetté jusqu'au cou et je meurs de faim, impossible de trouver un emploi même comme serveur dans un restaurant et incapable de payer mon prochain loyer. Paraît que la récession est passée depuis un bout de temps. Je ne me sentirai pas coupable parce que j'en ai besoin (on dirait que je me sens déjà coupable). Je viens de comprendre que les gens qui sont sur l'aide sociale ne sont pas tous de vrais saoulons. Moi je serai fier de dire à tout le monde, voyez, je suis sur le bien-être, c'est là où votre belle société m'a conduit ! Je venais de la plus belle des familles traditionnelles qui soient, et voyez, ils m'ont laissé crever de faim dans la rue. Tout cela à cause de votre morale et de votre religion, parce que ce sont eux qui ont nourri les préjugés qui font que mes parents et les gens qui les entourent se foutent de moi et que, si je crève de faim, c'est tant pis pour moi. J'avais juste à ne pas lâcher le droit, à aller en génie, à ne pas être homosexuel, à ne pas demeurer si loin. Je n'ai pas été foutu de trouver un travail qui puisse me donner une quelconque expérience aujourd'hui. Je suis à la sortie des études, me voilà à zéro au point de vue social. Je suis à la fin de tout, me voilà au début de tout. Avec aucune chance pour prouver que je suis meilleur que le voisin. A moins que le voisin ne soit meilleur ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? J'en suis au bilan alors que je n'ai encore rien entrepris.
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