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des travailleurs de doux, tilly-sabco, marine harvest et gad protestant contre les suppressions d\'emplois dans l\'agroalimentaire breton, sur le tarmac de l\'aéroport de brest, le 14 octobre.Des travailleurs de Doux, Tilly-Sabco, Marine Harvest et Gad protestant contre les suppressions d'emplois dans l'agroalimentaire breton, sur le tarmac de l'aéroport de Brest, le 14 octobre. | AFP/FRED TANNEAU

Tilly-Sabco lance un nouveau SOS. Le volailler finistérien s'est dit prêt, jeudi 31 octobre, à suspendre sa production de poulets destinés à l'exportation le 4 janvier 2014. Une décision qui, selon lui, mettrait en péril près d'un millier d'emplois.

Le moment choisi pour ce nouvel appel au secours ne doit rien au hasard. Des salariés de Tilly-Sabco travaillant dans l'abattoir de Guerlesquin devraient être au rendez-vous de la manifestation organisée par le « Collectif pour l'emploi », samedi 2 novembre, à Quimper. L'entreprise souhaite profiter de la forte médiatisation de cet événement pour se faire entendre.

MODÈLE ÉCONOMIQUE

De leur côté, les salariés de Gad, qui étaient au coeur des précédentes manifestations bretonnes, ont décidé, jeudi 31 octobre, de mettre fin au blocus de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau. Ils ont accepté la prime de licenciement de 400 euros par année d'ancienneté octroyée par la coopérative Cecab.

Le volailler Tilly-Sabco est, lui, au bord du gouffre. La diminution puis l'arrêt brutal des « restitutions », ces subventions bruxelloises censées soutenir l'exportation de volailles, ont précipité l'entreprise dans une crise aiguë.

Comme son grand concurrent Doux, il a en effet bâti son modèle économique sur ces aides européennes. En 2012 encore, l'entreprise a touché 20 millions d'euros de « restitutions » en lien avec son activité d'exportation de poulets congelés vers le Moyen-Orient. Or, en juillet, Bruxelles a décidé, leur suppression pure et simple. Au moment même où la concurrence brésilienne, sur fond de dévaluation du réal, s'est exacerbée.

OFFRE DE MARIAGE REFUSÉE

Depuis, le PDG de l'entreprise, Daniel Sauvaget, et ses salariés font front commun pour convaincre les pouvoirs publics de leur venir en aide. Une partie des 340 employés de l'abattoir de Tilly-Sabco à Guerlesquin avaient ainsi interpellé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors de sa visite du Salon de l'élevage, à Rennes, en septembre.

Quelques jours plus tard, Bruxelles retoquait le référé déposé par Tilly-Sabco contre la décision de suppression des restitutions. Le volailler annonçait alors, le 1er octobre, avoir réduit sa capacité d'abattage de 40 %. Puis, le 21 octobre, M. Sauvaget a profité de l'inauguration de son nouvel atelier de fabrication de saucisses de poulet, un investissement de 4 millions d'euros, également à Guerlesquin, pour proposer officiellement une offre de mariage à son concurrent Doux.

L'autre volailler breton, en redressement judiciaire, a immédiatement répondu, refusant vertement cette proposition. Il est vrai que l'ambiance n'est guère au beau fixe entre les deux entreprises bretonnes. Lorsque Doux a déposé son bilan à l'été 2012, Tilly-Sabco s'était placé sur les rangs pour croquer à bon compte son activité de poulets à l'exportation. Une offre finalement rejetée par le tribunal de commerce, mais qui nourrit la rancoeur de Doux.

PIÈGE FINANCIER

Le piège financier continue donc de se refermer sur Tilly-Sabco. La société est, elle-même, sortie d'une procédure de redressement judiciaire en 2008, rachetée alors par M. Sauvaget. Après avoir consenti des investissements pour remettre l'outil en route, il se félicitait, en 2012, d'atteindre un chiffre d'affaires de 136 millions d'euros pour un résultat net de 2,1 millions d'euros.

Pour tenter de faire à nouveau pression sur les pouvoirs publics, Tilly-Sabco a associé à son appel des partenaires de la filière avicole : des éleveurs, des fournisseurs d'aliments, des couvoirs ou des transporteurs comme Aliments Huttepain, Sanders Bretagne, Le Gouessant, Nutréa ou Le Men. Ce qui lui permet de chiffrer à un millier le nombre d'emplois menacés en cas de défaillance de sa société.

Comme pour Doux ou Gad, filiale de la coopérative Cecab, les difficultés de Tilly-Sabco sont le fruit du « modèle » agricole intensif breton, aujourd'hui en souffrance. De plus, la rivalité entre Doux et Tilly-Sabco illustre une fois de plus la difficulté de faire travailler les acteurs bretons ensemble.

JEAN-CLAUDE MEYER il y a 2 semaines

Pathétique situation d'une région toujours en retard d'un train! il y a une dizaine d'années, le "grand" de la production de poulets bretons se délocalisait au Brésil où il fait fortune en vendant des poulets de merde commercialisés en une semaine avec des employés sous-payés! il avait tout compris de l'absurdité qui consiste à batir un projet basé sur les subventions de l'UE! quelle aberration! maintenant les bretons se lamentent et sont brutaux comme d'habitude. un peu tard! un coup de gwinru? 

Comment comprendre que les manifestants s'opposent à la politique fiscale alors que le modèle économique de ces entreprises est basé sur des aides européennes, donc nos impôts. Donc pas d'impôts, pas d'aides, pas d'emplois. Ce sont des quasi fonctionnaires employés par des patrons incompétents.

 

Voilà les conséquences de la gestion tripartite de l'économie BZH par le MEDEF, la FNSEA et la Droite RPR/UMP : la CATASTROPHE! Échec du MEDEF avec des chefs d'entreprises qui ne survivent que grâce à l'ASSISTANAT PERMANENT, échec de la FNSEA à cause de dirigeants (Christian Jacob dit "Rantanplan") incompétents, échecs des Chirac/Sarkozy RPR/UMP dont les agriculteurs (et les vieux) sont l'électorat aveugle et cajolé. Enfin, incapacité des PDG de l'agroalimentaire à changer de modèle économique.

 

Bonne nouvelle pour les poulets .(après les cochons...).. Je suis toujours sciée qu'on parle d'êtres vivants et sensibles comme si c'était de simples matières premières : céréales, café, soja, etc. en termes économiques : tonnage, exportation, marché, ça me fait froid dans le dos! Alors oui, ce modèle agroalimentaire est dépassé mais à part ici on ne l'entend pas trop dire...

 

la Bretagne a profité de manière éhontée de l 'arrivée a bas cout ( cours mondial) de matières premières dans les ports, et des restitutions (immorales) à l'export, tout en refusant l’application des réglementations. Elle a conduit nombre d'entreprises concurrentes qui s'approvisionnaient en hexagonal et respectaient les règles au dépôt de bilan. Je ne plains pas ces hors la loi chroniques,

un homme prélève un échantillon d\'un plan d\'eau pollué par du pétrole, le 11 août 2011, à ogoniland, dans le sud du nigeria

Un homme prélève un échantillon d'un plan d'eau pollué par du pétrole, le 11 août 2011, à Ogoniland, dans le sud du Nigeria PIUS UTOMI EKPEI AFP

Lagos - Amnesty International accuse le pétrolier Shell de nier ses responsabilités dans les fuites de pétrole au Nigeria, rejetant la faute sur les gangs criminels, dans un rapport publié jeudi.

Le géant pétrolier anglo-néerlandais, a lui, rejeté l'&accusation la considérant «sans fondement».

Le nombre de fuites, dans la région pétrolifère du Delta du Niger, dans le sud du Nigeria, premier producteur de brut africain, est «stupéfiant», a déclaré l'organisation de défense des droits de l'homme dans son nouveau rapport intitulé «Mauvaises informations: enquêtes sur les fuites de pétrole dans le Delta du Niger».

Shell, qui a le plus grand nombre d'exploitations onshore dans cette région, a annoncé 348 fuites depuis début 2012, alors que la filliale nigériane de la société italienne Agip a rapporté plus de 1.000 fuites sur la même période, explique le rapport.

Les compagnies pétrolières, et Shell en particulier, manipulent les résultats des enquêtes sur ces fuites, accusant les voleurs de pétrole d'en être responsables alors que leurs propres infrastructures, souvent mal entretenues, sont aussi en cause, ajoute le rapport.

«Les déclarations de Shell sur les fuites de pétrole ne sont pas fiables», a déclaré Audrey Gaughran,responsables des questions internationales au sein de l'ONG.

Les études de détermination des responsabilités sont souvent financées et contrôlées par la compagnie pétrolière, selon Amnesty et le centre pour l'environnement, les droits de l'homme et le développement (CEHRD)co-auteur du rapport.

L'agence nigériane de détection et de réponse aux fuites pétrolières (NOSDRA), chargée de mener des études indépendantes n'a ni les ressources ni l'expertise nécessaires, selon Amnesty.

Selon les spécialistes indépendants le sabotage d'oléoducs est un des principaux facteurs de pollution dans le Delta du Niger. Les voleurs de pétrole installent des robinets sur les conduits et siphonnent du brut, très lucratif au marché noir. Ce trafic représente un manque à gagner de 6 milliards de dollars annuels (4,5 milliards d'euros) au Nigeria, selon les estimations officielles.

Le sabotage ainsi provoqué cause d'importantes fuites de pétrole, «cause principale de pollution dans le Delta aujourd'hui» estime Precious Okolobo, porte-parole de la filliale nigériane de Shell, SPDC.

«SPDC regrette que certaines ONGs continuent à avoir une démarche militante au lieu de se concentrer sur des solutions sur le terrain», a-t-il ajouté, rejetant «les accusations sans fondement» d'Amnesty.

Les ONG, qui disent s'être basées notamment sur les analyses du spécialiste américain des oléoducs Accufacts, sur des vidéos prises en caméra cachée affirment que les conclusions officielles peuvent être «très subjectives, fallacieuses et fausses».

«La corrosion et le manque de maintenance des infrastructures pétrolières» sont les principales sources du problème au même titre que le sabotage criminel, selon le rapport.

Remettre l'histoire au cœur de la crise environnementale

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 07.11.2013 à 16h26 • Mis à jour le 10.11.2013 à 10h02 |Propos recueillis par Stéphane Foucart

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 L'« anthropocène » est cette période géologique dans laquelle nous serions entrés. Elle succède à l'holocène, commencé il y a 11 500 ans, et définit un nouvel âge de la Terre - ou plutôt du système Terre - dans lequel l'action de l'homme est devenue la force géophysique dominante. Les traits majeurs de cette nouvelle époque géologique sont connus : altération de la chimie de l'atmosphère, modification à grande échelle des milieux naturels, surexploitation des ressources. Avec, au centre de tout, l'« impuissante puissance » de l'homme, selon l'expression de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz. Dans L'Evénement anthropocène (Seuil), les deux historiens, chercheurs au CNRS, ont entrepris de raconter l'entrée dans cette nouvelle ère et d'en dévoiler les grands déterminants.

Que peut apporter l'Histoire à la compréhension de l'anthropocène ?

J.-B. F. La première chose qui frappe est que les discours sur ce que l'on nomme la « crise environnementale » ou sur l'anthropocène sont à peu près complètement a-historiques. Les « anthropocénologues » se limitent généralement à montrer des courbes assez déprimantes qui montent depuis la révolution thermo-industrielle et s'accélèrent depuis les années 1950 : croissance des émissions de gaz à effet de serre, augmentation des températures, évolution des surfaces de terre exploitées, érosion de la biodiversité, etc. Toutes ces courbes sont présentées comme une sorte de tableau de bord de la planète. Mais ce qui est frappant, c'est qu'il n'y a pas réellement d'histoire permettant d'expliquer ces phénomènes de manière causale. Aligner les chiffres de la croissance démographique, de celle des produits intérieurs bruts ou des échanges internationaux ne tient pas lieu d'explication. Or ces courbes qui grimpent sont pourtant bel et bien la résultante de processus historiques.

C. B. Historiciser la révolution géologique que nous vivons depuis deux siècles environ, c'est aussi en éclairer les enjeux politiques. Le constat scientifique de l'anthropocène, c'est-à-dire de l'empreinte gigantesque, tellurique, des humains sur le devenir de la Terre, est incontestable. Mais on ne peut pas se satisfaire de l'« histoire officielle » de cette ère que nous racontent les scientifiques et certains philosophes selon laquelle « nous », l'humanité, avons depuis deux siècles, sans nous en rendre compte, abîmé la planète, avant qu'une poignée de scientifiques nous fassent prendre conscience du danger vers la fin du XXe siècle.

N'y a-t-il pas une part de vérité dans ce récit ?

C. B. : Il est plein de présupposés. D'abord, il suppose que, depuis deux siècles, nous ne savions pas. Or, le travail historique montre au contraire qu'il y avait des savoirs populaires et savants sur nombre de questions environnementales dès le tournant du XVIIIe siècle : sur les liens entre déforestation, climat et précipitations ; sur ceux qui existent entre l'environnement et la santé... Nous sommes entrés dans l'anthropocène précisément au moment où émergent des théories et des savoirs très importants sur ces questions - questions qui agitent les académies des sciences, les tribunaux ou les parlements au début du XIXe siècle ! Ce n'est pas grâce à la science « dernier cri » que la question environnementale a émergé.

En ignorant cela, le récit « officiel » de l'anthropocène donne le sentiment que la prise de conscience ne provient que des milieux scientifiques éclairés et que, par voie de conséquence, eux seuls détiendraient les « solutions ». Or cette façon de raconter les choses fait passer au second plan les mouvements socio-environnementaux (autour des forêts, des biens communs, des luttes contre les pollutions voire contre les machines, etc.) qui traversent la société de longue date. Si les travaux scientifiques sont essentiels, ce n'est pas seulement des élites technoscientifiques que sont venues et que viennent les prises de conscience, ce sont plutôt par tous les pores de la société qu'émergent, à chaque époque, des contestations, des alternatives et des « solutions » face aux dérèglements écologiques. On ne peut réduire la société à une sorte de masse aveugle devant être guidée par la science...

En outre, le terme même d'« anthropocène » implique que la catégorie qu'il faut étudier dans son interaction avec le système Terre, c'est l'homme lui-même, en tant qu'espèce. Mais ce « nous » biologique et indifférencié n'a pas de sens : un Ethiopien consomme trente fois moins de ressources qu'un Américain !

Que nous dit l'Histoire de l'entrée dans l'anthropocène ? Que nous dit-elle de notre situation présente ?

C. B. D'abord, que ce que nous vivons n'est pas une « crise environnementale », comme on le dit souvent. Le terme « crise » renvoie à une situation aiguë, provisoire. Or, c'est une mutation géologique qui s'est engagée : même si les émissions de gaz à effet de serre chutaient fortement, les climatologues nous disent qu'il faudrait plusieurs milliers d'années avant que le système climatique ne revienne sur sa trajectoire d'avant la révolution industrielle.

Ensuite, l'Histoire nous montre que nous ne sommes pas entrés dans l'anthropocène par inadvertance, mais par des processus qui ont systématiquement placé hors jeu des mises en garde « environnementales » ou des résistances sociales à développer telle ou telle technologie, à faire tel ou tel choix économique. Une telle lecture nous rend alors davantage conscients des rapports de force, des processus de désinhibition qui sont aujourd'hui à l'oeuvre. Et ce fait rend très sceptique sur notre capacité actuelle à transformer nos considérations sur l'environnement en action politique. On le voit bien avec les échecs successifs des conférences internationales sur le climat.

J.-B. F. Cette lecture conduit à abandonner toute autosatisfaction : depuis trente ans, on s'est beaucoup félicité de notre prise de conscience environnementale planétaire, chacun s'est proclamé plus « réflexif », plus « vert » et plus « durable » que par le passé... Pourtant, au cours de cette même période, les dérèglements écologiques n'ont fait que s'aggraver. Prenons par exemple un concept à la mode comme celui de transition énergétique : historiquement il n'y en a jamais eu de réelle. On a ajouté le pétrole au charbon, que l'on avait ajouté au bois... Les précédents historiques de réduction des émissions correspondent à des crises subies : Etats-Unis après la crise de 1929, Allemagne après 1945, Russie après 1992...

Aucun exemple de réussite ?

J.-B. F. L'exemple le moins traumatique est le cas de Cuba. Avec la chute de l'URSS, l'île a été privée du pétrole soviétique dès le début des années 1990, en même temps qu'elle était sous embargo américain. Pendant une décennie environ, des mesures d'économie drastiques ont concerné tous les secteurs d'activité : l'industrie, les transports, l'agriculture, etc. La ration journalière des Cubains est tombée à 1 900 calories par jour et ils ont perdu 5 kg en moyenne, d'où, aussi, une réduction de 30 % des maladies cardiovasculaires... Pourtant, malgré cet effort énorme, les émissions de CO2 [dioxyde de carbone] n'ont décru en dix ans que d'un tiers. On imagine qu'une réduction à la hauteur des dangers climatiques dans notre société ne pourra pas s'obtenir avec des technologies vertes, des plans d'isolation thermique ou des écotaxes suspendues aux premiers remous : c'est tout un mode de production, d'urbanisation et de consommation qu'il s'agira de repenser, dans le cadre d'un pacte social et démocratique radicalement nouveau.

C. B. Pas de fatalisme pour autant ! Des choix sont possibles et il existe de multiples façons de bien vivre. Par exemple, en 1913, la population française avait un produit national brut (PNB) par habitant de seulement 20 % inférieur à celui des Anglais, tout en ayant émis quatre fois moins de CO2depuis 1750 : on peut y voir une leçon de pluralité des modèles de développement possibles.

Au terme de quels processus historiques le modèle dominant actuel s'est-il imposé ?

J.-B. F. Il y a toute une historiographie sur la globalisation et l'utilisation de l'énergie qui prend une nouvelle dimension au prisme de l'anthropocène. Par exemple, si l'on fait la somme des émissions de dioxyde de carbone des Etats-Unis et du Royaume-Uni, on voit qu'il faut attendre les années 1980 pour que le reste du monde atteigne le même niveau ! Donc l'anthropocène est d'abord un « anglocène ». Or le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont respectivement les puissances dominantes aux XIXe et XXe siècles : en creusant cette piste, on réalise que les émissions des gaz à effet de serre - l'un des éléments clés de l'entrée dans l'anthropocène - ont des liens étroits avec les projets de domination globale.

De même, la « grande accélération » des dérèglements écologiques après 1945 ne peut se comprendre sans la « pétrolisation » des sociétés et la course gigantesque de la guerre froide.

Comment les projets de domination globale ont-ils pu jouer un rôle dans le changement climatique et la dégradation de l'environnement ?

J.-B. F. Parmi les acteurs qui ont contribué à la situation actuelle, l'institution militaire tient une place centrale. D'abord, les théâtres d'affrontement sont fortement dégradés pour longtemps, comme au Vietnam, où l'utilisation intensive de défoliants a détruit un quart de la forêt et imprègne toujours les populations humaines.

Plus profondément encore, l'institution militaire, en inventant des outils pour tuer les humains, a développé des outils pour tuer le vivant en général. Le transfert des technologies militaires dans le monde civil a joué un rôle moteur dans l'anthropocène. Par exemple, les pesticides sont directement hérités des travaux menés pour mettre au point les gaz de combat. Historiquement, le développement des engrais azotés a été intimement lié à celui des explosifs et c'est l'arrivée de ces intrants qui a profondément changé l'agriculture, en la rendant très énergivore. De même, les nouvelles technologies de pêche - qui permettent la surexploitation actuelle des océans - sont récupérées des radars et des sonars inventés pendant la seconde guerre mondiale. Même le nylon des filets de pêche est une invention militaire ! Les exemples sont nombreux : de l'aviation à l'utilisation de l'aluminium en passant par l'énergie nucléaire...

De manière générale, l'institution militaire ne prête aucune attention à la sobriété énergétique. On le comprend bien : lorsque l'enjeu est de « tuer pour ne pas être tué », la question de l'efficacité énergétique des systèmes mis en oeuvre devient accessoire. La tendance qu'ont eue les technologies militaires à innerver le monde civil a ainsi largement contribué à rendre nos sociétés aussi énergétiquement voraces.

De ce point de vue, on peut donc également parler de « thanatocène ». Si nous nous sommes amusés dans notre livre à multiplier les récits, les perspectives, c'est pour montrer qu'il importe d'aborder cette histoire avec un grain explicatif plus fin que celui de nos grandes catégories : « c'est la faute de l'homme », « c'est la faute du capitalisme », etc. La réalité est plus complexe.

Pesticides : les mathématiques au secours des abeilles

Le Monde.fr | 07.11.2013 à 16h33 • Mis à jour le 08.11.2013 à 16h29 |Par Stéphane Foucart

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