télécharger 0.97 Mb.
|
Vos interlocuteurs: Patrice & Hélène Fustier : patrice@coursondom.com / helene@coursondom.com Cécile Lapoyade Deschamps : cecile@coursondom.com Tél. 01 45 55 41 74 – Fax 01 47 05 10 91
![]() ![]() ![]() Taille texte ![]() Imprimer ![]() Envoyer ![]() ![]() Réagir (6) ![]() (Crédit photo : Alber_hernandez - flickr) Interview - Les quartiers défavorisés sont-ils les plus pollués ? Une étude de l'Ecole des hautes études en santé publique fait le point, quartier par quartier, à Lille, Lyon, Marseille et Paris. Le Baromètre de cet article
SUR LE MÊME SUJET
Les Français les plus pauvres ont plus de problèmes de santé et une espérance de vie moins élevée que le reste de la population. C’est un fait avéré. Est-ce – en partie – parce que ces personnes défavorisées vivent plus souvent dans des zones polluées ? C’est pour vérifier cette intuition qu’une équipe de chercheurs de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) a lancé depuis 2009 le projet de recherche Equit’Area. Ce travail de fourmi consiste à comparer, territoire par territoire, les inégalités sociales (à travers un « indice de défaveur » regroupant 52 variables socio-économiques) et l’exposition aux pollutions environnementales (à travers la concentration de NO2, le dioxyde d’azote, dans l’air). Le projet est loin d’être achevé, mais de premiers résultats ont été publiés, sous la forme de cartes, pour les villes de Lille, Lyon, Marseille et Paris. Denis Zmirou, professeur de santé publique, directeur du département « Santé-environnement-travail et génie sanitaire » de l’EHESP et co-auteur de l’étude, décrypte ces premiers résultats pour Terra eco. Terra eco : Les zones polluées que vous avez étudiées sont-elles plus fréquemment habitées par des personnes défavorisées ? Denis Zmirou : On ne peut pas faire de généralités, et dire que les pauvres habitent là où il y a de la pollution. Chaque agglomération, chaque quartier a sa propre histoire qui est le fruit de plusieurs générations. On peut par contre faire une distinction entre d’une part Lyon, Lille et Marseille, où l’on constate que les quartiers les plus pollués sont souvent aussi les quartiers où la population est la plus défavorisée, et la ville de Paris où ce n’est pas le cas. La pollution atmosphérique est environ 20% plus élevée dans les quartiers les plus défavorisés des trois villes que j’ai citées. A Paris, on constate que l’ensemble des quartiers sont exposés à une pollution atmosphérique élevée, sans distinction. > Voir ici les cartes (en PDF), quartier par quartier pour Lille, Lyon, Marseille et l’Ile-de-France Comment expliquer cette différence entre Paris et les autres communes étudiées ? Le polluant que nous avons mesuré est le dioxyde d’azote (NO2). Il est émis par le chauffage, les sites industriels et par le trafic automobile (la faute notamment aux véhicules diesel, ndlr). Tout d’abord, il n’y a aucune industrie lourde à Paris alors que l’on en trouve à Lyon, Marseille ou Lille. Surtout, à Lyon comme à Lille, les quartiers favorisés sont composés de petites ruelles et de peu d’axes routiers. Ce n’est pas le cas à Paris, où les quartiers favorisés sont traversés de grands boulevards haussmanniens. Des quartiers très favorisés comme le XVIe et le VIIIe sont ainsi exposés à la pollution atmosphérique. C’est donc le fait de vivre près de grands axes routiers qui est le principal facteur de danger ? La source principale de pollution atmosphérique est le trafic automobile, oui. Les populations les plus exposées sont donc le plus souvent celles qui vivent à proximité des axes routiers. Ce facteur est un héritage de l’histoire, mais il a aussi beaucoup évolué ces quarante dernières années. Il faut remonter aux années 1980, au moment du développement de modèles urbains complètement asservis à la voiture. Les villes se sont transformées, avec notamment la construction de périphériques et de transversales urbaines le plus souvent là où habitaient les populations les plus pauvres. C’est notamment le cas du périphérique parisien ou de l’axe entre Lille, Roubaix et Tourcoing. On a aussi construit des logements sociaux près de ces grands axes. Il faudrait donc repenser l’organisation de nos villes pour que les habitants, et en particulier les plus défavorisés, vivent moins à proximité des axes routiers ? L’enseignement principal, c’est que là où il y a de grands axes routiers, il ne faut pas qu’il y ait de fortes concentrations de populations et vice-versa. Il ne faut plus que l’on vive près de grands axes routiers. Et on ne devrait plus trouver de collèges, hôpitaux ou maisons de retraites à proximité. Y a-t-il déjà des avancées dans ce sens ? Oui, mais c’est le plus souvent dans des quartiers favorisés. On a construit des boulevards sous-terrains entre Neuilly-sur-Seine et Nanterre (Hauts-de-Seine), pour limiter la pollution atmosphérique dans ces quartiers favorisés. En revanche, l’autoroute A1 qui passe au nord de Paris et traverse la Seine-Saint-Denis n’est équipée que d’un léger mur anti-bruit. Faut-il taxer ou interdire la circulation des véhicules polluants en ville ? Nous sommes extrêmement favorables à cette proposition et nous invitons le gouvernement à expérimenter ce système, qui est déjà utilisé dans pas moins de 200 villes européennes [1]. On nous dit que c’est inégalitaire, mais en attendant on constate que ce sont déjà les pauvres qui souffrent le plus souvent des effets de la pollution atmosphérique. Nos recherches sont loin d’être finalisées, mais nous allons publier régulièrement nos résultats pour que les pouvoirs publics s’en saisissent. [1] Sept agglomérations françaises étaient candidates pour instaurer des Zones d’actions prioritaires pour l’air (Zapa). Introduites par la loi Grenelle II en décembre 2010, elles visaient à interdire aux voitures les plus polluantes de rouler dans leur centre dès 2013. Mais la ministre Delphine Batho a finalement rejeté ce système, jugé injuste socialement, en septembre dernier On commémore, et ça ricane. Evaporée des programmes scolaires, l’Histoire passe pour être le dernier refuge des réacs. C’est à voir… En l’espace d’une quinzaine, le génie des commémorations aura sévi sur notre beau pays. A l’Elysée,on lance le centenaire de la Première Guerre mondiale, et l'autre matin les radios ricanaient sur cet exercice de style présidentiel qui leur semble une fuite des « vrais problèmes ». Dans le même temps, on célébrait chaleureusement, sur ces mêmes ondes, les quarante ans duMessage personnel de Françoise Hardy (un « tournant dans sa carrière »), et, à un jour près, le cinquantenaire des Tontons flingueurs. Car il serait inconvenant que des jeunes gens qui passent le bac sans pouvoir situer Henri IV sur une chronologie puissent ignorer tout des (superbes) répliques d’Audiard… Lire: Union (Nationale?) « Je dynamite, je disperse, je ventile ! » Oui, l’Histoire s’est pris une belle baffe : démodée comme le mambo, conceptualisée comme un carré blanc sur fond blanc, décharnée comme un mannequin de la Fashion Week, c’est, dans le cursus des lycéens, un fantôme peuplé de fantômes. Il paraît que cette évaporation va dans le sens de la démocratie, la vraie, celle qui s’en tient aux emmerdes de tous les jours pour faire son baromètre des « opinions favorables » lorsqu’un sondeur les appelle au téléphone (c’est un honneur bandant, non ?). Le seul truc « valable » - le mot favori des beaufs incultes -, c’est l’actualité, le tout neuf, le maintenant ; les vieilleries, c’est pour les vieux schnocks, les intellos, les manipulateurs, ou les brocantes, où l’on bave devant leur style inimitable. Nous rejoignons donc l’insondable inculture des Etats-Uniens, pays dont l’immense majorité pense que la pizza a été inventée à Brooklynpuis adoptée par les Italiens et que les délires des heroïcs fantaisies sont des histoires vraies comme la Bible. De fait, je pense que si je demande à cent journalistes de tous supports, à cent députés de tous bords, à cent électeurs du FN mais pas forcément ce que commémore notre 14 juillet, ils se planteront à une hauteur que je vous laisse imaginer (c’est pas seulement la prise de la Bastille). On pourrait mettre tout cela sur le compte de mai 68, où l’on a voulu balayer le vieux monde (non sans raisons !). Vrai et pas vrai : la critique de la pédagogie de l’Histoire a bien entendu sévi alors contre l’ « embrigadement idéologique » du Mallet-Isaac ou de « nos ancêtres les Gaulois », pourtant bien disparus des manuels depuis quelques lustres, avec la revendication d’une abolition de l’ «histoire bourgeoise». On a dynamité une caricature, ce qui n’est pas la meilleure façon d’engager une innovation. Dans un second temps, avec l’allègement obstiné des contenus et des programmes, l’Histoire et la géo étaient une cible de choix et ne pesaient pas lourd face à l’impérieuse exigence de muscler les corps de notre jeunesse (si je dis qu’Hitler n’en pensait pas moins, je vais me faire accuser de vérifier Godwin, mais enfin, c’est pas faux). Chose d’autant plus facile à réaliser que beaucoup de profs d’histoire (peu s’avouent géographes !) ont estimé gagner du galon intellectuel en cessant d’être des « narrateurs » pour devenir des « analystes ». La chronologie est devenue une ennemie de classe : il fallait bosser par paliers synchroniques, couper le gâteau en tranches horizontales, découper des périodes closes sur elles-mêmes avec le chalumeau de la dialectique (au sens universitaire du terme). Résultat, les autorités chargées de remanier sans cesse les programmes ont embrayé avec allégresse dans cette entreprise de démolition. Car si une pratique de l’analyse abstraite dans une approche conceptualisé des problématiques historiques (par exemple : « Les européens dans l’Histoire du monde », programme de seconde, 2010) correspond aux méthodes universitaires, |