Semaine du jeudi 17 février 2005 n°2102 Dossier








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date de publication01.04.2017
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Semaine du jeudi 17 février 2005 - n°2102 - Dossier

Le cannabis : Une drogue pas si douce...

La loi française sur les stupéfiants compte parmi les plus répressives d’Europe. Et pourtant à 18 ans un jeune sur deux a déjà «fumé». Le shit est aujourd’hui un «produit de consommation courante». Or, selon les experts, il peut déstabiliser les personnalités fragiles. Faut-il le diaboliser comme s’y emploie le gouvernement ? Quand commence la surconsommation? Comment en parler aux ados et les aider à en sortir? Enquête

Du cannabis, on en débusque au fil des semaines derrière des casiers à volailles, dans un camion près de Montpellier. Dans un entrepôt de La Courneuve, dans des bateaux, à voiles ou à moteur, dans des barils de pâte à modeler destinés aux Pays-Bas... Quand on lit les circonstances des prises faites par la police ou les douanes, c’est de la poésie pure. Mais aussi la marque d’un sacré trafic. 50000 tonnes en provenance surtout du Maroc, premier producteur mondial, qui servent à soulager l’envie de paradis artificiels des adolescents européens...

Pour le Maroc, c’est beaucoup d’argent: 10 milliards d’euros. Chez nous, cela se traduit par une courbe à donner la migraine à tout ministre de la Santé, des boutons à tout ministre de l’Intérieur et des cheveux blancs à beaucoup de parents. 1,57% de consommateurs supplémentaires par an depuis 1991, ça finit par faire du monde. La proportion de ceux qui, au moins une fois dans leur vie, ont fumé au moins un joint a doublé en dix ans. A 18 ans, c’est le cas de 66% des garçons, de 52% des filles. Et, à cet âge, un garçon sur cinq fume très régulièrement du cannabis, les filles étant trois fois moins accros.

Pourtant, la loi française qui date de 1970 est la plus sévère d’Europe avec celle de la Suède. Si sévère d’ailleurs qu’elle perd toute prise sur le réel: on ne va pas mettre en prison les 3 ou 4 millions de jeunes qui ont fumé au moins une fois dans leur vie, ni même les 850000 fumeurs réguliers, ceux qui grillent plus de 10 joints par mois. Donc, on transige, on bricole. La police interpelle une petite partie de ce petit monde – 125000 en 2003; la justice condamne encore deux petites centaines de malchanceux bon an mal an. Mais tout cela ne fait pas une politique. Et certainement pas une politique de santé publique. Même si lorsque le gouvernement lance une campagne de prévention à coups de spots télé mettant en scène des « repentis » et s’apprête à donner de nouvelles consignes judiciaires.

Alain Morel, qui est médecin, secrétaire général de la Fédération française d’Addictologie et tient régulièrement des consultations à Boulogne-Billancourt où il tente d’aider les accros du joint, s’inquiète du discours «diabolisant» que certains tiennent aujourd’hui. A trop exagérer les dangers du cannabis – risques de déclenchement d’une schizophrénie chez certains, passage à une drogue dure comme l’héroïne –, on casse, dit-il, un message de prévention pourtant nécessaire. «C’est contre-productif. Les jeunes à qui ces messages s’adressent savent très bien que cela ne correspond pas à ce qu’ils vivent.» Il sait, lui, et tous les experts avec lui, que le cannabis n’entraîne que très peu de dépendance et qu’on l’abandonne pratiquement toujours arrivé à l’âge adulte. Au-delà de 40 ans, il n’y a plus, hormis quelques babas cool impénitents, de fumeurs de hash. «Alors que le tabac et l’alcool, c’est pour très longtemps.» On sait aussi que les amateurs de joints essaient rarement une autre drogue illicite, ce qui n’est pas vrai des consommateurs d’ecstasy, par exemple, beaucoup plus portés sur tout ce que la chimie leur propose. Non, ce qui inquiète Alain Morel, c’est d’abord la précocité de plus en plus grande de la consommation. Deux ans après la première cigarette arrive le premier joint. Ce n’est pas forcément grave: une grande majorité expérimente la chose, renouvelle de temps en temps l’expérience et s’en tient là. Mais pour ceux qui s’y mettent vraiment à ces âges encore tendres, les ennuis commencent parfois. Surtout quand on associe, comme ça se passe presque toujours chez les consommateurs trop réguliers, alcool, tabac et cannabis. Le mélange, à 13 ou 14 ans, n’a rien d’innocent. Ce sont des gosses qui fument souvent dès le matin, avant la première heure de cours. Qui peuvent perdre le goût de l’étude, sécher les cours, s’enfermer chez eux, ne s’intéresser à rien (voir encadré p. 16). Ils ont parfois des troubles de mémoire, ont plus que les autres des tendances suicidaires. Ils peuvent avoir des bouffées de violence quand un parent vient crever, par sa présence, par ses questions, la bulle protectrice que la fumée du joint leur avait assurée. Une consommation trop répétée, trop quotidienne, trop liée à certains moments de la journée est un signal d’alarme qu’il ne faut absolument pas négliger (lire p. 14 l’interview du docteur Xavier Pommereau).

Et puis, ajoute Alain Morel, on peut parfois faire de mauvaises expériences. Le bad trip dû au cannabis, ça existe. Une angoisse intense qui vous tombe dessus sans prévenir. Tout cela est rare, mais peut arriver. Même si l’immense majorité se sortira d’affaire sans dommage.

Dany, étudiant en lettres à Caen, fait partie de ceux qui ont frôlé, qui frôlent encore les vrais ennuis. Première expérience à 14 ans – «Je n’étais pas trop bien dans ma peau, je ne me suis pas géré du tout pendant une heure, et c’était fait» –, il en a aujourd’hui 23 et fume ses 10 joints par jour. «Il m’en faut à tout prix, même si le corps n’en réclame pas», dit-il. 20 euros par jour pour se procurer ses 3 à 4 grammes de résine. En fin de mois, le budget n’y suffit plus, alors il deale un peu auprès des copains. Il a connu le mal-être lié à l’abus de cannabis: deux hospitalisations dans un service de psychiatrie. Il a arrêté deux ans, avant de reprendre: il était trop jaloux de sa copine qui, elle, continuait de fumer. «Dans drogue douce, dit-il, l’important, c’est le mot drogue.» Il sait qu’il s’en sortira mais, pour l’instant, il n’en a pas envie…

Il faudrait pouvoir parler calmement de tout cela comme le fait Nicole Maestracci, magistrate et en charge des questions de drogue de 1998 à 2002, dans un petit Que sais-je ? intitulé tous simplement « les Drogues ». Pouvoir dire que le cannabis agit sur le psychisme, comme l’alcool. Qu’il est moins toxique, beaucoup moins addictif que le tabac. Mais qu’il n’a rien de banal, et qu’il faut donc décourager autant que possible sa consommation, comme on tente de le faire pour le tabac ou pour l’alcool. Mais comment réglementer la distribution d’un produit théoriquement interdit, mais auquel tous les adolescents et tous les jeunes adultes du pays ont accès? Ce qui veut dire qu’il circule partout, pratiquement sans le moindre contrôle. Pour le tabac, pour l’alcool, on joue sur les taxes pour tenter de limiter les consommations. On fait des campagnes de prévention. Pour le cannabis, ce sont les dealers qui décident des tarifs, et ceux-ci sont plutôt stables depuis quelques années, alors que le prix du tabac, lui, a doublé. Et quand on fait de l’information sur le cannabis dans les lycées et collèges, ce sont presque toujours des gendarmes et des policiers qui s’en chargent, pas des spécialistes de la santé publique… On marche sur la tête!

Gérard Petitjean
Vaine répression

La réflexion sur le cannabis ne favorise pas toujours la lucidité. Depuis l’origine en effet, deux visions fausses embrument la discussion. Pour les uns, le shit serait un produit maléfique dont l’apparente innocuité en ferait l’antichambre de la toxicomanie et le fléau de l’adolescence. Dans ces conditions, l’interdiction s’imposerait. Pour les autres, le haschisch et l’herbe sont des substances festives, sans danger aucun, dont la consommation figurerait parmi les droits élémentaires de la personne.

La réalité échappe à cette alternative passablement enfumée. A petite dose, le cannabis n’affecte pas l’équilibre mental et ne prédispose pas, en dehors d’autres facteurs, à l’usage de cocaïne ou d’héroïne. Mais pour une fraction conséquente des consommateurs, principalement parmi les jeunes, l’habitude est devenue addiction. Elle entraîne des troubles nerveux et une désocialisation qui détruit présent et avenir.

Dès lors l’interdiction est-elle utile? Ce n’est pas sûr. Les Pays-Bas, par exemple, où le produit est en vente libre, comptent moins de consommateurs que la France, où il est proscrit. La prévention, l’information, à l’image de ce qu’on fait contre le tabac, sont des moyens autrement plus efficaces que la répression. Bien sûr, les parents apprécient le secours de la loi pour dire non à leurs ados. Mais l’interdiction a un effet pervers: puisque la consommation est interdite, on suppose la question réglée. L’Etat se repose sur la police et se lave les mains du reste. Qu’il change d’attitude, et la libéralisation encadrée, solution rationnelle si elle est alliée à la prévention, s’imposera d’elle-même...
Laurent Joffrin 
Le conseil d’un psy « Les parents doivent dire non »

De plus en plus d’ados fumeurs de shit, de plus en plus tôt : le docteur Xavier Pommereau, spécialiste des comportements à risque, croit à la vertu pédagogique de l’interdit

Le Nouvel Observateur. – Vous avez ouvert le centre Abadie en 1992. En douze ans, comment a évolué, chez vos jeunes patients, la consommation de cannabis?

Xavier Pommereau.– On a longtemps sous-estimé l’emprise du cannabis chez les adolescents. Mais depuis cinq ans c’est frappant: on est passé des années lycée aux années collège. Le nombre de consommateurs a augmenté, et ils sont de plus en plus jeunes. Cela vaut d’ailleurs pour tous les troubles du comportement: tentatives de suicide, scarifications, ivresses répétées, conduites dangereuses...

N. O. – Chez tous les ados?

X. Pommereau. – Non, bien sûr! 85% des ados vont bien. 15% vont mal ou très mal. C’est à la fois peu et beaucoup: 15%, c’est 1 sur 7. Le cannabis sert alors, comme me l’a dit l’un d’entre eux, de «gomme à effacer les problèmes». Quand ils ont des «prises de tête», ils l’utilisent comme un calmant qui lisse leurs difficultés. C’est leur lifting psychique.

N. O. – Pourquoi se sentent-ils aussi mal?

X. Pommereau. – Dans une société qui n’a jamais été aussi individualiste, nous accordons un prix très important à nos enfants, devenus un bien rare, puisque nous n’en faisons pas beaucoup. Les enfants sont l’objet de toutes les attentions, ils ont l’impression d’avoir leurs parents sur eux, collés. D’être leur chose. Et en même temps, face à eux, les adultes sont complètement en panne. Alors que sur l’ensemble de la planète la majorité des adolescents souffrent de malnutrition, de carences matérielles, de la guerre, nos ados des pays riches, qui ont un confort de vie sans précédent, sont aussi dans une difficulté existentielle sans précédent. Autrefois, il y avait la puberté, période charnière entre l’enfance et l’âge adulte: on était un enfant, puis on devenait grand. Aujourd’hui, les ados n’arrivent pas à trouver leurs distances par rapport à leurs parents. Du coup, ils se sont inventé une nouvelle planète, la planète ado. Entre 8 ans et 25 ans, il y a des postures, des looks, des consommations – tabac, alcool, cannabis... – qui servent de rites de passage et disent: «Je suis ado.» Ça, ça n’a jamais existé auparavant. A coup de gel pour se mettre les cheveux en pétard, de paillettes, de mode gothique, ils se fabriquent un uniforme. A travers l’apparence, 85% des ados arrivent globalement à prendre leurs marques – au sens propre comme au sens figuré – par rapport aux parents. Les autres, 15%, s’en sortent mal parce qu’ils ont de bonnes raisons d’avoir des troubles de l’identité.

N. O. – Lesquelles?

X. Pommereau. – Il y a la maladie mentale – psychose, schizophrénie, dépression grave... –, qui concerne 20% de ces 15%. Il y a aussi les ados qui ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance, et dont le traumatisme explose comme une bombe à retardement. Chez nous, c’est 1 jeune fille sur 3. Pour d’autres, c’est la mort ou la maladie grave de l’un des deux parents, survenue à cette période de la vie où l’on a besoin de s’opposer. On ne peut plus dire: «Tu me gonfles!» à une mère atteinte d’un cancer du sein. Certains enfants adoptés qui ont vécu une première vie très traumatique vont voir se réveiller des démons anciens. Et puis il y a ceux dont les parents sont d’ex-ados en difficulté ayant pu colmater leurs brèches identitaires tant que leurs enfants étaient petits. Quand ces derniers grandissent et revendiquent leur émancipation, les parents repartent «en vrille». L’adolescent qui va très mal cache alors des parents qui vont très mal.

N. O. – Existe-t-il des marqueurs du malaise adolescent?

X. Pommereau. – Le besoin d’agir dans la rupture de façon répétée, prononcée : «s’arracher » (partir), «se déchirer» (la tête), «se faire des frayeurs» (prendre des risques)... N’importe quel ado a envie de connaître ces expériences. Pour celui qui va bien, cela va lui donner un seuil. Il définira ses limites, et l’expérience lui servira de leçon. L’ado qui va mal cherche plus que cela et va plus loin. Il a besoin de rompre pour se sentir exister, pour ne plus souffrir, pour qu’on le reconnaisse. Il attend que les adultes réagissent, se positionnent clairement. «Alors je pars avec mon scooter, sans casque, titubant, vous me voyez dans cet état et vous me laissez faire sans rien dire?» Il a besoin d’être rassuré, qu’on lui dise: non, on ne veut pas qu’il t’arrive malheur.

N. O. – Les adultes ne savent pas dire non?

X. Pommereau. – Nous n’osons plus. Quand des jeunes crachent dans un bus, tout le monde se tait. Alors qu’il suffirait de dire que ça ne va pas. Ça calmerait les ados.

N. O. – Au centre Abadie, comment faites-vous?

X. Pommereau. – Chez nous, consommer du cannabis entraîne l’exclusion. Aucun ado n’a discuté cette règle. Jamais. Certains parents trouvent que chez nous «ça fait trop caserne»! Le paradoxe, c’est que, aux ados, ça leur convient. C’est le monde à l’envers: les ados sont en demande d’encadrement, alors que les parents croient qu’un monde sans limites est un monde de liberté. Des parents préfèrent acheter eux-mêmes le cannabis pour leurs enfants afin d’être sûrs qu’au moins il sera de bonne qualité! Dans le rapport que j’ai remis au ministre de la Santé en 2002, j’étais favorable au maintien du cannabis parmi les substances illicites. Non parce que cela empêcherait les jeunes de s’en procurer, mais pour mettre une barrière. Quand on met un sens interdit, n’importe qui peut prendre la rue dans le mauvais sens. Mais s’il se fait prendre, il sait pourquoi, et il sait ce qu’il risque. Pour le cannabis, c’est la même chose. Mais au centre Abadie on ne se contente pas de mettre des règles. Les limites claires les apaisent. A partir de là, on aide les ados à comprendre ce qu’ils cherchent à fuir, à oublier. C’est ce «travail» qui leur donne envie d’en savoir plus à la sortie: 6 sur 10 quittent le centre avec l’envie de s’engager dans une thérapie. Pour les autres, il faudra plusieurs séjours, de la patience, surtout ne pas les lâcher en route.

N. O. – Y a-t-il une différence entre les garçons et les filles?

X. Pommereau. – Les garçons sont séduits par le côté rebelle, clandestin, de la consommation de cannabis. Les filles, elles, se font plus volontiers prescrire des anxiolytiques par le généraliste. Les trafics concernent désormais aussi les médicaments, qu’il est trop facile – et c’est inadmissible – de se procurer. On estime que chez les ados la consommation a triplé ces dix dernières années. Il faut ajouter l’alcool, fort et en grande quantité. Il suffit d’observer ce qui se passe, à 2 heures du matin, dans les toilettes des discothèques, où des ados à quatre pattes sont en train de vomir tripes et boyaux... Ceux-là sont des ados en mal-être.

N. O. – A propos du cannabis, le message envoyé aux adolescents est-il clair?

X. Pommereau. – Je ne trouve pas. Pendant des années le cannabis, l’alcool, le tabac, les violences routières étaient examinés séparément. Alors que l’on sait pertinemment que l’on retrouve les ados qui vont mal dans toutes ces conduites. Ensuite on a beaucoup misé sur la peur. Or la peur, ça marche avec ceux qui vont bien. Pour ceux qui vont mal, c’est un excitant. Ils aiment faire du skate sur les toits la nuit, rentrer très tard au risque de se faire agresser, parce que cela provoque des frissons. Ils aiment échanger les sentiments qui les angoissent contre des sensations enivrantes. On met aussi en avant de grands débats, comme le lien entre cannabis et schizophrénie. Or ces débats sont loin d’être tranchés. Dire à un ado qui va mal que le cannabis peut provoquer ou favoriser une maladie mentale, ça ne lui fait pas peur, au contraire. Certains se revendiquent schizophrènes! Les adultes passent leur temps à envoyer des messages paradoxaux. Dire qu’il y a des substances plus acceptables que d’autres – comme l’alcool – est paradoxal. Les ados le comprennent bien, et sont les premiers à pointer la consommation d’alcool de leurs parents pour justifier leur consommation de cannabis.

Là-dessus, on n’a pas forcément de réponse. Eduquer un enfant, ce n’est pas apparaître comme infaillible. Des parents qui reconnaissent qu’ils ont essayé d’arrêter de fumer ou de boire et n’y sont pas parvenus sont pour moi des parents aidants, responsables et respectables. Les réponses dans l’absolu, personne ne les a. Vaut-il mieux se gaver de saucisson ou fumer? Si on faisait une étude, on trouverait sûrement que le saucisson est dangereux pour la santé. Sur les emballages, on pourrait aussi écrire que le saucisson tue. Sur les préservatifs, on devrait écrire que l’amour est dangereux pour la santé. Tout tue. Vivre, ce n’est pas échapper à tous les dangers. Pour le cannabis, les parents doivent dire: «On est contre. Le cannabis est une substance illicite. Il est hors de question de te voir circuler à la maison avec ce genre de produit, et que tu en consommes chez nous avec tes amis.» Point à la ligne. Si l’enfant en consomme ailleurs, on n’a pas de prise. On peut juste le déconseiller. S’il va le fumer en cachette, il intègre une limite. C’est le rôle des parents de la lui définir. Les parents copains, ça ne va pas. Il faut qu’ils s’interrogent sur l’excès et la répétition. La question devrait être: quand les ados vont trop loin, pourquoi?
Le docteur Xavier Pommereau, psychiatre, est chef de service au pôle aquitain de l’adolescent du centre Abadie (CHU de Bordeaux), où sont pris en charge en milieu ouvert des jeunes en difficulté. Il a notamment publié « l’Adolescent suicidaire » (Dunod, 2001) et « En ce moment mon ado m’inquiète », avec Laurence Delpierre (Albin Michel, 2004).
Agathe Logeart 
Les effets du joint

Cinq questions à Jean-Pol Tassin, directeur de recherche à l’Inserm

Le Nouvel Observateur. – Que sait-on aujourd’hui des dangers du cannabis?

Jean-Pol Tassin. – On sait que ce n’est pas une drogue neurotoxique, c’est-à-dire qu’elle ne détruit pas les neurones, contrairement par exemple à l’ecstasy ou à l’alcool à forte dose. On sait aussi qu’il n’entraîne aucune dépendance physique, contrairement par exemple aux opiacés. Les goudrons contenus dans sa fumée sont néfastes pour les poumons d’autant plus qu’il est fréquemment consommé avec du tabac, une association qui facilite l’installation d’une dépendance psychique.

N. O. – Constitue-t-il un «ascenseur» vers des drogues plus dures?

J.-P. Tassin. – Non. En tout cas rien ne permet de l’affirmer. Certaines expérimentations sur l’animal montrent, au contraire, que ce sont les drogues dures qui serviraient d’«ascenseur». Ainsi le singe ne s’intéresse pas du tout au cannabis qui lui est accessible, sauf s’il a précédemment essayé la cocaïne, qui constitue donc une sorte de sensibilisateur. S’il y a des liens entre toutes les drogues, c’est parce qu’elles activent toutes dans le cerveau les mêmes structures cérébrales qui constituent le «circuit de la récompense».

N. O. – Mais cette drogue dite douce modifie les perceptions, les états de conscience?

J.-P. Tassin.– Certes, le cannabis – c’est là son vrai danger – retarde la confrontation avec la réalité. Il permet de reculer le passage à l’âge adulte et à l’exercice des responsabilités. D’autre part, son association fréquente avec l’alcool entraîne une potentialisation réciproque des deux drogues spécialement néfaste en matière de sécurité routière ou de comportements violents.

N. O. – Faut-il s’inquiéter des nouvelles préparations, plus lourdement dosées?

J.-P. Tassin.– Aux Pays-Bas, par sélections variétales, hybridations ou croisements, des plantes beaucoup plus riches en principe actif – le THC ou tétrahydrocannabinol – sont en effet apparues. Les teneurs en THC grimpent ainsi de 2 ou 3% à environ 10% par exemple. Cela donne des préparations finales qui sont sans doute plus nocives. Mais les études européennes indiquent qu’elles restent peu répandues.

N. O. – Devrait-on légaliser le cannabis pour en contrôler la composition ?

J.-P. Tassin. – Le côté illicite de sa consommation, sa diffusion sous le manteau, le goût de la transgression font partie du plaisir. Ce serait un argument pour légaliser. Mais il y a beaucoup d’arguments qui vont dans l’autre sens. L’important, ce serait d’abord d’informer correctement les gens, de ne pas brandir des menaces imaginaires. Le cannabis peut avoir des effets délétères sur une très petite partie de la population, chez des sujets fragiles sur le plan psychique.

Propos recueillis par Fabien Gruhier 

Jean-Pol Tassin :  Responsable d’équipe au sein de la chaire de neuropharmacologie au Collège de France.

Fabien Gruhier 
«Si j’avais été morte...»

Kaki, les yeux qui sourient. Une peau de soie blanche et des dents à croquer les fraises. Toujours un doigt tournicote dans les cheveux roux, et les arrache mèche à mèche. 14 ans, le premier pétard, au collège, après un déménagement. «Pour mieux m’intégrer», dit-elle. 18 ans maintenant, et des cours de BTS qui l’ennuient à périr. C’est à la première arrestation – par les gendarmes, en pleine campagne – que les parents ont compris que leur petite fille de 15 ans avait une drôle de façon de devenir grande. Paola piquait dans le porte-monnaie de sa mère de quoi acheter 20 grammes de cannabis par semaine. «Le pire, dit la jeune fille, c’est que les parents ne m’ont jamais rien dit. Ça m’aurait peut-être freinée. Je rentrais le soir avec les yeux explosés. A l’école, ça n’allait pas. Mais, de toute façon, ça n’avait jamais été.» Elle en est à sa troisième tentative de suicide. Au centre Abadie, elle se balade avec de gros chaussons en peluche aux pieds. Et dévisage les adultes avec son air canaille. C’est toute seule, dit-elle, qu’elle a réduit sa consommation de cannabis. Parce qu’elle passait son Bafa (1) et que si elle était «explosée» elle aurait été «en retrait des gamins». Elle pense qu’il y a tellement de gens qui «fument» que ça ne paraît pas interdit. Les pubs pour l’alcool la font marrer avec leurs belles bouteilles luisantes et la mention précisant que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. «C’est une hypocrisie d’adultes.» Elle sait qu’il y a des pays d’Europe où fumer des joints n’est pas interdit. Elle se demande pourquoi, quand la monnaie est désormais la même, les lois sont différentes. Elle fume des pétards «pour arracher la souffrance» qu’elle a en elle. Elle se demande si c’est parce qu’elle fume qu’elle réfléchit moins, ou si c’est parce qu’elle réfléchit moins qu’elle fume. Elle a dit à ses parents qu’elle se préférait quand elle avait fumé. «Ils l’ont compris, parce que je m’arrachais moins les cheveux.» Elle a toujours rêvé de faire fumer son premier joint à sa mère. «Mais c’est mon frère, dit-elle, qui y est arrivé avant moi.» Elle espère avoir une permission de sortie pour aller à un concert, samedi. C’était son cadeau de Noël, le billet du concert. «C’est vrai que, si j’avais été morte, j’aurais pas pu y aller.»
Bien sûr, avec le plaisir du concert, elle pense déjà à celui du «gros pétard» qu’elle fumera. Parce que le pétard, ça fait passer le temps, ce temps si long à passer, le doigt qui danse dans des cheveux roux.
(1) Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur de centre de vacances et de loisirs.
Agathe Logeart 
«Je me souviens d’Arnaud...»

Clarisse Martin*, 40 ans, est professeur de gestion. De 1993 à 2003, elle enseignait dans un lycée professionnel en zone d’éducation prioritaire, près de Versailles

«La situation s’est réellement aggravée au cours des dix dernières années. Aujourd’hui, "fumer" pour des élèves – surtout à partir de la première – est aussi normal, aussi anodin que d’allumer une cigarette ou de prendre une bière. D’autant plus qu’on leur dit partout qu’il n’y a pas de dépendance. En classe, on repère facilement celui qui commence à "fumer". Il se met à manquer souvent. En cours, il a les yeux rouges, il s’endort. Quand vous lui posez une question, il rêve, il n’a pas l’air de comprendre. C’est un poids mort. Je l’adresse généralement au médecin scolaire. Parfois, il reprend le droit chemin. Parfois, il décroche tout à fait: il a accumulé trop de retard. Je pense à Arnaud*. A 20 ans, il était en terminale. Un élève aux yeux clairs, très mal dans sa peau, très triste. Mais par ailleurs fin, intelligent, qui avait du répondant en classe… enfin le matin! Après le déjeuner, il était complètement amorphe. Il fumait entre midi et deux. Un vrai gâchis. En début d’année, il était seul à se droguer. Mais en décembre il avait fait des émules. Ils étaient huit à dix – uniquement des garçons – à tirer sur des joints. Au lycée, nous nous sommes alarmés. J’ai demandé à rencontrer ses parents. Son père était journaliste, sa mère parlait trois langues. Ils étaient au courant, mais impuissants. Arnaud nous a promis d’arrêter. Il a fait une cure de désintoxication. A la rentrée des vacances de Noël, il semblait aller mieux. Puis il a replongé. Après un accident de Mobylette, il est revenu par intermittence, puis plus du tout.»

Propos recueillis par Caroline Brizard

(*) Les noms et prénoms ont été changés.

Caroline Brizard 
Cinq fumeurs par jour au tribunal de Bobigny

Les juges face au pétard

En principe, la sanction est pour les dealers, pas pour les consommateurs. Mais la frontière entre les deux reste à définir

Ils étaient deux dans son bureau, des collégiens de 14 et 15 ans tout étonnés de ce qu’ils venaient d’entendre. La déléguée du procureur (1) au tribunal de Bobigny leur a dit que les 10 grammes de shit qu’ils avaient dans leurs poches lorsqu’ils ont été interpellés à Gagny (Seine-Saint-Denis) pouvaient leur coûter cher. Pour un simple joint, la loi de 1970 sur les stupéfiants prévoit en effet jusqu’à un an de prison. Voilà pour la théorie. En pratique, les deux sont repartis avec un rendez-vous chez l’éducateur…

A Bobigny, le cannabis ne se cache pas. Ni plus ni moins qu’ailleurs: à 100 mètres de l’entrée du tribunal, deux copains roulent un pétard en tapant la discute au milieu des passants. «Pour les jeunes, à partir de 15-16 ans, c’est un produit familier», confirme Charlotte Trabut, juge pour enfants. Ici comme ailleurs, les fumeurs sont en majorité des garçons de 15 à 20 ans issus de milieux précaires et suivant une scolarité chaotique… Mais aussi des fils à papa de la banlieue résidentielle du Raincy. Fumeurs occasionnels dans le meilleur des cas. Mais aussi, trop souvent, carrément accros: jusqu’à 20 joints par jour pour les plus endurcis.

Pris en flagrant délit ou appréhendés par la police lors de contrôles d’identité, tous ne passent pas au tribunal, évidemment. Mais la justice doit quand même faire face: sur les 80 appels quotidiens à la permanence du parquet des mineurs de Bobigny, la plupart pour des histoires de violences ou d’enfants en danger, 4 ou 5 concernent des infractions à la législation sur les stupéfiants. Du cannabis, à chaque fois. Quelle réponse apporter? Faut-il punir, comme le stipule encore la loi de 1970, conçue à l’origine pour les héroïnomanes? Faut-il s’abstenir de sanctionner les consommateurs, comme le préconise une circulaire Guigou de 1999? Et de toute façon comment faire prendre conscience des dangers?

Pour les usagers et les petits revendeurs, mineurs ou jeunes majeurs, les procureurs se donnent une ligne de conduite. «On ne poursuit pas pour consommation, du moins si c’est la première interpellation», explique Marie-Laure Gauliard-Plesse, chef du parquet des mineurs à Bobigny. Mais il y a toujours «rappel de la loi»: un rendez-vous dans le bureau d’un délégué du procureur, qui remonte les bretelles des ados en présence de leurs parents. «Ils n’ont pas conscience de la gravité des choses», constate Henriette Agbo, déléguée du procureur.

Cette leçon de morale débouche en général sur une «réparation pénale»: un entretien avec un éducateur qui prescrit un après-midi dans un groupe de parole animé par une psychologue de la mission départementale de prévention des conduites à risque. Ces stages fonctionnent depuis deux ans en Seine-Saint-Denis pour faire face à cette «problématique nouvelle»: la banalisation du cannabis. Un peu à la manière des Alcooliques anonymes, on peut parler de tout, sans tabou. Des bienfaits et des méfaits du pétard. «Je leur explique qu’un fumeur est considéré comme occasionnel au-dessous de 10 joints par an et que l’usage est problématique au-dessus de 20 par mois. Ça les refroidit», raconte Betty Azocar, responsable du programme. On discute aussi législation: «Ils disent qu’aux Pays-Bas fumer est légal et qu’il n’y a pas plus de problèmes qu’en France. Mais à la fin certains reconnaissent que, s’il n’y avait pas de limites, ils pourraient prendre n’importe quoi.» L’an passé, 52 jeunes du département sont passés par ce stage. C’est un début…

Le cas des récidivistes et des jeunes arrêtés avec une grosse quantité de shit est plus problématique. C’est au procureur de décider des éventuelles poursuites. A lui de distinguer usagers, détenteurs et trafiquants: la loi ne prévoit aucun seuil… Quelques dizaines de grammes devant un magistrat rigoriste pèsent plus lourd que devant un partisan de la «prévention». «A Créteil, j’ai obtenu qu’un jeune suspecté de trafic pour 50 grammes soit considéré comme un simple usager», se souvient l’avocat Francis Caballero.

A Bobigny, on privilégie au maximum l’orientation vers un éducateur ou un psy. «Le souci, c’est d’évaluer le problème que pose le cannabis, pour engager des soins si nécessaire, explique Charlotte Trabut. Ce n’est pas une loi de prohibition dont on a besoin, mais de structures sanitaires.» Pourtant, il y a peu, dans ce prétoire, un fils de médecin arrêté avec 20 grammes sur lui, autant à son domicile et une balance dans sa chambre, a été condamné à de la prison avec sursis.

Enfin, il y a le trafic caractérisé, lorsque des jeunes sont impliqués dans des filières. Ces affaires-là atterrissent chez le juge d’instruction. Mais la lutte contre l’économie souterraine du shit se heurte à la loi du silence. Ainsi Nadia (2), 19 ans, qui bosse dans une chaîne de restauration et déambule, maquillée et souriante, dans le hall du tribunal. Chez elle, les policiers ont trouvé près de 1 kilo de résine de cannabis découpé en 5 plaques cachées sous son évier. Laissées là par un copain dont elle ne veut pas livrer le nom… Devant la présidente, elle sort ses mouchoirs, reconnaît fumer des joints «de temps en temps, mais j’essaie d’arrêter». Pour elle, ce sera douze mois avec sursis et 500 euros d’amende. Mais la sentence ne la panique pas plus que ça: «Aux USA, ça doit être encore pire.»

Maël Thierry

(1) Volontaire mandatée par le parquet.

(2) Le prénom a été modifié.

Maël Thierry 
Une expérience de dépénalisation

Fumette à la portugaise

En 2001, après les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie, le Portugal décidait de ne plus considérer l’usage de cannabis comme un délit. Mais la politique de prévention peine à suivre

Mini, droite ou à volants, la jupe assurait le spectacle dans les rues de Lisbonne. Il s’agissait, ce soir-là, du dress code unisexe exigé à l’entrée du Lux, la boîte la plus branchée sur les bords du Tage. Mais c’est plus haut, dans les venelles de l’antique Barrio Alto, qu’avait débuté la soirée: la jeunesse lisboète occupant le pavé, verre à la main, dans les effluves doux-amers de marijuana. Nul besoin donc d’aller jusqu’au quartier de Casal Ventoso, longtemps surnommé le «supermarché de la drogue», ni du côté d’Intendente, qui le concurrence aujourd’hui, pour respirer du shit marocain. Ici, on roule son joint sans crainte, tout près de policiers déprimés.

La répression? Une époque presque aussi lointaine que la dictature salazariste… Pourtant, la loi de «décriminalisation», qui fait de l’usage privé de cannabis ou de toute autre drogue une simple infraction administrative, n’est entrée en vigueur qu’en juillet 2001. Ne plus considérer le consommateur de stupéfiants comme un criminel à punir mais comme un malade à traiter, telle était l’idée humaniste du gouvernement socialiste d’alors, aux prises avec une recrudescence de décès dus à l’héroïne et au sida transmis par seringue. Or «l’ancienne loi faisait à peine la distinction entre trafiquant et consommateur, si bien que dans la pratique elle avait fini par ne plus servir à rien…», rappelle Vitalino Canas, le secrétaire d’Etat qui a promu cette politique de «décriminalisation» à visée thérapeutique. Selon le nouveau dispositif, les fumeurs de hasch doivent ainsi être dirigés devant des commissions de dissuasion, censées juger leur niveau de dépendance psychique, les éventuels amendes et traitements à suivre.
Alors qu’est-il donc advenu des milliers de fumeurs de pétards entendus depuis deux ans par ces fameuses commissions? «Nada.» Madalena, 26 ans, consommatrice quotidienne de haschisch, se souvient avec ironie de son passage devant le juré composé d’un psychologue, d’une assistante sociale et d’un juriste: «Je n’ai eu qu’à dire que c’était moi qui dominait la drogue et non l’inverse pour être tranquille! En fait, c’est un peu comme si vous passiez devant un conseil de professeurs à l’école. C’est assez risible.»

A Lisbonne, près de 80% des procédures ouvertes en 2003 concernaient le seul usage de cannabis. Dans plus de 70% des cas, la commission a conclu à la pure et simple suspension de sanction. Et depuis deux semaines, elle ne statue même plus, faute de jurés. La population l’ignore certainement mais la capitale portugaise vit, de fait et au moins jusqu’aux élections législatives du mois prochain, une situation de libéralisation des drogues, douces… et dures!

Quant aux centres de soins spécialisés, il suffit de croiser les regards douloureux et les corps émaciés qui y déambulent pour comprendre qu’ils ont d’autres urgences que de traiter les adeptes de la fumette. «Nous avons bien deux ou trois fumeurs chaque année, mais notre priorité est de sauver des vies et d’aider les grands drogués. Nous commençons seulement à y parvenir. Avec de 100000 à 200000 toxicomanes pour 10 millions d’habitants, un nombre très réduit de centres d’accueil et surtout aucune structure dévolue aux adolescents, nous n’avons pas les moyens de lutter sur tous les fronts!», constate le docteur Rodrigo Cotinio, directeur du centre du quartier ouvrier de Xabregas, aux extérieurs de la ville.

Trois ans plus tard, le bilan est mitigé. La nouvelle stratégie politique a porté ses fruits dans la prise en charge des toxicomanies lourdes. Mais bien que la consommation de cannabis au Portugal – seulement 6,6% d’usagers réguliers – n’atteigne pas encore, et de loin, les taux élevés de l’Espagne ou de la France, elle touche de plus en plus de jeunes scolarisés. Le joint tendant à remplacer la cigarette comme rite d’entrée dans l’âge adulte. «Les commissions sont des structures bureaucratiques qui proposent des mesures de dissuasion très incomplètes et surtout pas assez dissuasives», critique durement Nuno Freitas, le jeune directeur de l’Institut national de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie. Membre du Parti social-démocrate (centre-droit), pour un mois encore au pouvoir, il espère toujours réformer la loi dans un sens plus punitif, ajoutant par exemple des travaux d’intérêt collectif aux amendes administratives.

Chargé de l’étude des stratégies politiques à l’Observatoire européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT), situé dans un élégant bâtiment rose, Danilo Ballotta relativise l’impact de tels projets: «Je ne suis pas sûr que les politiques aient une quelconque influence sur l’évolution de la consommation des drogues. Les lois en la matière ne sont en réalité rien d’autre que des messages lancés à la société par les gouvernements, généralement répressifs quand le pouvoir est à droite, libéraux quand il est à gauche…» Voilà de quoi laisser songeurs les partisans comme les opposants de la dépénalisation des drogues douces en France!

Marie Lemonnier
Marie Lemonnier 
Le tour d’Europe du joint
Tolérance aux Pays-Bas, décriminalisation en Espagne ou pénalisation en Allemagne : la loi change à chaque frontière ! Mais en réalité la réglementation n’influe guère sur la consommation
Infographie non disponible …

Dossier Nouvel Observateur CANNABIS semaine du 17 février 2005 Téléchargé le 22 févr. 05

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