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LP 49 CAPACITES THERMIQUES : Description, interprétations microscopiques (1er CU) Introduction : Cette leçon va allier la thermodynamique dite classique et la physique du solide qui nécessite l’emploi de techniques de résolution qui dépassent largement le cadre de notre programme. Nous allons néanmoins nous attacher à montrer comment l’étude des capacités thermiques va nous permettre d’expliquer certains résultats expérimentaux. I – Généralités
2. Définitions et expressions des capacités thermiques 3. Description II – Applications aux gaz parfaits
III – Capacités thermiques des solides
I – GENERALITES
L’énergie, en particulier l’énergie cinétique, contient souvent des termes quadratiques par rapport aux coordonnées de l’espace des phases, de la forme aX² Exemple : ![]() On va utiliser la loi de Boltzmann qui est fondamentale pour interpréter des propriétés thermodynamiques des corps à partir d’une analyse microscopique, ainsi la probabilité pour qu’un système, en contact avec un thermostat à la température T, soit dans un état i d’énergie ![]() ![]() D’où ![]() On trouve alors ![]() Ce résultat est connu sous le nom de théorème de l’équipartition de l’énergie. Pour tout système en contact avec un thermostat à la température T, la valeur moyenne de toute contribution quadratique d’un paramètre dans l’expression de l’énergie vaut ![]()
Nous avons défini dans un chapitre précédent, les fonctions d’états énergie interne U et enthalpie H du système avec H = U + PV. Nous allons considérer un système à l’équilibre thermodynamique soumis à aucune action extérieure et où seules les forces de pression « travaillent ». On peut alors écrire : ![]() ![]()
![]()
CV est appelée capacité thermique isochore (J.K-1) et est une grandeur extensive, il en est de même pour CP capacité thermique isobare (J.K-1). Il ne faut pas confondre ces grandeurs avec les chaleurs massiques isochores et isobares qui elles sont des grandeurs intensives (J.K-1.kg-1) avec CV = m cV CP = m cP On peut donc interpréter la capacité thermique comme l’aptitude d’une substance à absorber de l’énergie distribuée statistiquement. Cette aptitude doit donc logiquement augmenter avec le nombre de degrés de liberté d’une particule. Les gaz polyatomiques possèdent des degrés de vibration. Si la pression augmente, les capacités thermiques vont en dépendre. Exemple : NH3 TRANSPARENT La courbe de saturation correspond à la transition gaz liquide
II – Applications aux gaz parfaits Tous les calculs effectués par la suite se feront pour 1 mole d’entités soit NA entités.
Pour un gaz parfait monoatomique, les seuls mouvements de particules à considérer sont des mouvements de translation. En négligeant les énergies d’interaction entre particules, l’énergie s’identifie à l’énergie cinétique. ![]() ![]() ![]() ![]() On en déduit ![]() ![]()
O2, N2 L’énergie cinétique comporte 5 termes quadratiques : 3 pour la translation, 2 pour la rotation autour des axes principaux de la molécule. On considèrera comme négligeable le moment d’inertie de la molécule par rapport à son axe de révolution. ![]() ![]() ![]() On en déduit ![]() ![]()
Quand la distance r entre les deux atomes n’est pas constante mais oscille autour d’une valeur moyenne, 2 termes quadratiques supplémentaires apparaissent : énergie cinétique de vibration ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() CV = 29.1 J.K-1.mol-1
Pour un gaz parfait, la relation de Mayer prend la forme CP – CV = R. De plus si l’on introduit le rapport ![]() ![]() CP = ![]() Quelques valeurs numériques :
En fait ce que l’on observe expérimentalement pour des molécules diatomiques, c’est la variation de ![]() ![]() Pour le dihydrogène, les températures Tr et Tv pour lesquelles les états de rotation et de vibration sont excités valent 85.4 K et 6100 K Remarques :
III – Capacités thermiques des solides
En 1907, A. Einstein a établi une expression de la capacité thermique des solides cristallins en bon accord avec les résultats obtenus en calorimétrie. Le modèle adopté est celui de NA oscillateurs harmoniques indépendants pouvant tous osciller avec la même pulsation suivant 3 directions orthogonales. La mécanique quantique permet de montrer que les niveaux d’énergie d’un oscillateur harmonique 1D est : ![]() La thermodynamique statistique qui n’est pas au programme du premier cycle universitaire permettrait de montrer aisément le résultat suivant que je vous demande d’admettre ![]() ![]()
A haute température ( ![]() ![]() D’où ![]() Dans le cas présent on a : ![]() Avec ![]() ![]() On trouve alors ![]() Ce résultat est en accord avec les valeurs de CV obtenues expérimentalement. Il traduit fidèlement la loi empirique énoncée par les français Dulong et Petit pour tous les solides pourvu que la température soit suffisamment élevée. Commentaires sur le tableau de valeurs : TRANSPARENT Cette loi qui ne peut être qu’approchée d’après la forme du graphe est satisfaisante pour les métaux parce qu’à température ordinaire, ils sont sur leur pseudo palier. En revanche cette loi est beaucoup moins satisfaisante pour quelques non métaux : bore, carbone, silicium car en fait la température ordinaire se trouve dans la zone ascendante du graphe pour ces corps et finalement la loi de Dulong et Petit est satisfaisante aussi pour eux si on remplace la notion de température ordinaire par celle de pseudo palier.
Les composés solides présentent un graphe analogue à celui présenté au paragraphe précédent. Kopp et Neumann ont établi une loi approximative indiquant que M cP serait la somme des capacités calorifique molaires des éléments qui le constituent pris à la même température s’ils sont à l’état solide. Cette loi est quelquefois bien vérifiée : CPM (FeS) = 49.2 J.K-1.mol-1 Et CPM (Fe) + CPM (S) = 25.5 + 23.8 = 49.3 J.K-1.mol-1 Mais elle n’est pas souvent aussi bien vérifiée surtout aux basses températures.
Si l’on reprend l’énergie moyenne du cristal du III.1. et que l’on se place aux basses températures on aura ![]() ![]() ![]() d’où ![]() ![]() On pose souvent ![]() ![]() ![]() Ainsi la capacité thermique molaire s’effondre lorsque la température tend vers 0. Cependant, cette décroissance ne coïncide pas avec les résultats expérimentaux.
TRANSPARENT CV varie avec la température comme T pour les solides métalliques et comme T3 pour les autres. C’est le physicien néerlandais Debye qui pour interpréter la dépendance en T3 a affiné le modèle d’Einstein. Dans les solides métalliques, l’influence des électrons libres du métal est déterminante alors que dans les autres, on prend en compte le rôle des phénomènes collectifs entre les ions, les phonons qui possèdent des pulsations différentes. On est amené à introduire une dispersion linéaire en pulsation jusqu’à une valeur de coupure D telle que : ![]() ![]()
Pour des températures inférieures à la température de Debye, la capacité calorifique des métaux peut être décrite comme la somme des contributions dues aux électrons et au réseau : C = T + A T 3 Le terme électronique est une fonction linéaire de T et domine aux températures suffisamment basses. Il est alors facile de tracer : ![]() TRANSPARENT Les valeurs de la capacité calorifique électronique ont l’ordre de grandeur prévu mais ne coïncident pas de très près aux valeurs calculées pour des électrons libres de masse m. On exprime souvent le rapport des valeurs de mesurée et calculée par le rapport de la masse apparente thermique mth par m. ![]() TRANSPARENT Ce rapport n’est pas égal à l’unité pour 3 raisons principalement :
TRANSPARENT On a déjà remarqué que pour les solides CP tend vers 0 lorsque T tend vers 0 K. Pour le saphir (forme cristalline de l’alumine Al2O3), du côté des hautes températures, il y a augmentation importante de CP qui accompagne généralement la discontinuité enthalpique à la température de fusion. Cet effet est plus clairement révélé par les mesures sur le sélénium qui grâce à un point de fusion beaucoup plus bas ont pu être faites à la fusion même.
TRANSPARENT Une modification de structure cristalline d’un solide, ie de répartition spatiale des atomes, ions ou molécules dans le cristal se traduit par une variation de CP : c’est le cas des transformations allotropiques. Ainsi la transformation du soufre en soufre à la température de 95.6 °C sous la pression atmosphérique s’accompagne d’une variation de CP qui passe de 23.9J.K-1.mol-1 à 25J.K-1.mol-1.
TRANSPARENT A basse température, le nickel est un corps ferromagnétique. Son aimantation spontanée est due aux électrons des couches externes 3d des atomes qui ont leur spin préférentiellement orientés sans une même direction. Quand la température augmente, les spins vont fortement interagir entre eux et ils vont changer d’orientation collectivement, de manière coopérative, sous la forme de fluctuations à travers tout le cristal. La taille maximale de ces fluctuations caractérise la longueur de corrélation du phénomène. Cette longueur augmente avec T et devient infinie à la température de Curie où l’orientation des spins est devenue assez aléatoire pour que le nickel soit paramagnétique. L’énergie requise à cet effet se manifeste par une anomalie de CP qui débute à 400 K, atteint un maximum de 37 J.K-1.mol-1 à la température de Curie et disparaît au-delà de 700 K.
TRANSPARENT Le laiton est un alliage cuivre / zinc en proportion égale dans un réseau cubique à faces centrées. A basse température, la structure est ordonnée parce que chaque atome de cuivre est entouré de 8 atomes de zinc et le zinc est entouré par 8 atomes de cuivre. Quand la température croît, une augmentation anormale de CP près de 400 K indique que des atomes de zinc et de cuivre commence à échanger leurs positions dans leurs sous réseaux respectifs, de telle sorte que l’occupation des 2 types de sites cristallographiques tend à devenir aléatoire.
TRANSPARENT Dans tous les supraconducteurs, l’entropie décroît considérablement lors du refroidissement en dessous de la température critique TC. Si l’on regarde l’évolution de la capacité calorifique du gallium :
CONCLUSION En conclusion, ce qu’il faut retenir c’est que les valeurs des capacités thermiques aussi bien des phases gazeuses que condensées vont nous permettre d’interpréter les phénomènes se déroulant au sein même de la matière ce qu’expliqueront Landau et Ehrenfest dans leur théorie sur les transitions de phase. ![]() LOI DE DEBYE ![]() KITTEL, Physique de l’état solide, Dunod (1998) ISBN : 2-10-003267-4 LOI DE DULONG ET PETIT ![]() BFR, Thermodynamique, Dunod (1976) ISBN : 2-04-015722-0 ![]() LAVERTU, Thermodynamique, Vuibert Supérieur (1997) ISBN : 2-7117-8868-7 Evolution des capacités thermiques lors des transitions de phase (1) ![]() ![]() RICHET, Les bases physiques de la thermodynamique, Belin Sup (2000) ISBN : 2-7011-2503-0 Evolution des capacités thermiques lors des transitions de phase (2) ![]() Transition allotropique S S BFR, Thermodynamique, Dunod (1976) ISBN : 2-04-015722-0 ![]() RICHET, Les bases physiques de la thermodynamique, Belin Sup (2000) ISBN : 2-7011-2503-0 Evolution des capacités thermiques lors des transitions de phase (3) ![]() RICHET, Les bases physiques de la thermodynamique, Belin Sup (2000) ISBN : 2-7011-2503-0 Capacité thermique des matériaux supraconducteurs ![]() KITTEL, Physique de l’état solide, Dunod (1998) ISBN : 2-10-003267-4 EVOLUTION DES CAPACITES THERMIQUES ![]() GREINER, Thermodynamique et Mécanique statistique, Springer (1995) ISBN : 3-540-66166-2 LP 49 Capacités thermiques : description et interprétations microscopiques Hervé Bertocchi / |