Portraits des Misérables

Javert
La face humaine de Javert consistait en un nez camard, avec deux profondes narines vers lesquelles montaient sur ses deux joues d'énormes favoris. On se sentait mal à l'aise la première fois qu'on voyait ces deux forêts et ces deux cavernes. Quand Javert riait, ce qui était rare et terrible, ses lèvres minces s'écartaient, et laissaient voir, non seulement ses dents, mais ses gencives, et il se faisait autour de son nez un plissement épaté et sauvage comme sur un mufle de bête fauve. Javert sérieux était un dogue; lorsqu'il riait, c'était un tigre. Du reste, peu de crâne, beaucoup de mâchoire, les cheveux cachant le front et tombant sur les sourcils, entre les deux yeux un froncement central permanent comme une étoile de colère, le regard obscur, la bouche pincée et redoutable, l'air du commandement féroce.
Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862) Première partie, livre cinquième Javert est une figure marquante des Misérables, dont la destinée va croiser celle de Jean Valjean : -première rencontre : au bagne de Toulon « employé dans les chiourmes du midi . Javert a repéré la force physique de Jean Valjean.
-la deuxième fois : à Montreuil sur mer, ville d’où est originaire Fantine et où elle reviendra après avoir confié son enfant aux Thénardiers. C’est là également quelle trouve un emploi dans la fabrique fondée par M. Madelaine, c'est-à-dire Jean Valjean. Il se trouve que Javert a été nommé dans cette ville, d’où cette deuxième rencontre. Mais Javert a du mal à reconnaitre l’ancien bagnard sous cette allure respectable.
I) Le portrait physique de Javert. Portrait qui ne vient pas au début mais est incéré dans une analyse psychologique du personnage. Mais Hugo trouve important de décrire le visage de Javert, ses traits physiques, comme si ces détails confirmaient le caractère de ce personnage. a) la position du narrateur
Le narrateur se confond avec l’auteur.
Intervention de l’auteur l.40/41 « que nous expliquions tout à l’heure », « entendons nous bien » l’auteur réclame une sorte d’accord avec le lecteur pour déchiffrer correctement le personnage. Le « nous » marque la complicité qui se prolonge avec le « on ». Hugo met le lecteur en condition, l’appelle à témoin. b) les traits du visage
Un visage d’abord décrit comme un lieu, un paysage.
« ces deux forets, ces deux cavernes » l 45/46 traduit une idée de profondeur.
« nez camard » image de la mort.
Deux profondes narines » : notion de profondeur, gouffre
« deux énormes favoris » pas du tout esthétique
Construction en chiasme, avec une métaphore : joue/favoris- nez/narines- cavernes- forets
Ensuite le texte s’intéresse à la bouche :
Quand Javert riait, « ce qui était rare et terrible ». Rire semble dangereux. Dent, gencive : attaque, effrayant.
On passe au vocabulaire de l’animalité. « sauvage », » mufflé », « fauve »
Cf le rire est le propre de l’homme--> Javert n’est pas un homme…
Son rire ressemble d’avantage à un rictus animal.
Animaux féroces « un dogue », « un tigre ». Paradoxe et gradation dans le choix de ces deux métaphores.
Javert est un prédateur, il ne lâche jamais ses proies. Poursuit avec la ténacité d’un prédateur ses proies. Ce portrait va annoncer la suite des événements.
Peu de crane beaucoup de mâchoire. Hugo donne un type d’homme par une analyse anatomique, à partir de laquelle il déduit le caractère du personnage.
Ses cheveux … casque attitude verrouillée.
Le pli du front contracté comme une étoile de colère.
La bouche pincée
Tous ces détails de la férocité et de la sévérité marquent la cruauté et l’autorité du personage. II°/ Portrait moral Hugo va montrer d’où vient Javert (… sorte d’explication comme il avait déjà fait pour jean Valjean) a) Sa biographie Javert est entré dans la police, comme s’il était voué à ça.
Pourtant, sa naissance le lie à la délinquance.
En effet, sa mère : une marginale, en prison. Son père ; aux galères. Pas d’autres précisions que celles-ci sur sa famille et ses origines.
Javert semble sortir de cette exclusion pour rentrer dans la loi, dans les normes. Entre de manière fanatique.
Observation sociologique : entre dans la société alors qu’il se sent exclu.Rapprochement entre ceux qui gardent la société et ceux qui l’attaque. Soit Javert basculait du coté de la délinquance, soit du coté de la police.
Cela justifie son caractère : Personnage Excessif
Enumération. Rigidité. Il a peur de revenir d’où il vient. Javert rejette son origine sociale. En somme, il déclare la guerre à tous ce qui est hors la loi, Tous ceux qui le deviennent. Caractère terrible.
Conséquences : très rapidement « il entra dans la police ». Il a travaillé au bagne de Toulon. Crédibilité à son personnage car son caractère est expliqué par son milieu social. Surtout, ça lui permet de faire un diptyque (= tableau) avec le portrait de jean Valjean :
=> Leurs noms inversent les consonnes.
=> De même pour leur parcours : Javert fuit la délinquance pour aller dans la loi et jean Valjean a franchit la loi et devient bagnard. Ces deux personnage forment un couple qui se réunit dans le personnage inspirateur de Vidocq ( forçat evadé du bagne, il fut egalement chef de police)Ils forment un couple traditionnel policier/voleur.
Point communs leurs force physique et leur vie de privation. Tous les 2 ont une vie un peu austère à leur manière. |