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Le Sahara : un désert plein de vie (Avec la collaboration de Michel et Élizaveta Aymerich) « Là souffle l’Esprit » : la nature spirituelle « J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence... » Antoine de Saint-Exupéry. « Je me sentais attiré vers l’Afrique par la nostalgie du désert ignoré. » Guy de Maupassant « Comme nous allons vers des terres que nous ne connaissons pas, voici que nous découvrons dans notre cœur de grands espaces inexplorés. » Ernest Psichari « Marche en avant de toi-même, comme le premier chameau de la caravane. » Maxime nomade « Homme, il faut savoir se taire pour écouter le chant de l’espace, qui affirme que la lumière et l’ombre ne parlent pas. » Poème touareg Sculpture du vent, écriture du sable, solitude sonore, gisement de silence, révélation spontanée, plénitude du vide, paysage intérieur, source d’effrois et d’épreuves, ...à l’origine était l’inconnu et ce jour est intemporel..., les clichés surexposés ne manquent pas pour traduire l’émotion envoûtante de cette terre de dépouillement, de la soif et de la faim. La tradition perpétrée veut que le désert trempe les âmes fortes et soit le cadre privilégié de la contemplation, de la méditation. Il n’y a pas si longtemps le Sahara n’était qu’une simple tache blanche sur les cartes, blanche d’une apparente vacuité, pays tant ouvert qu’impénétrable, horizon lisse mais cependant imperméable. Mal de sable à pied, mal de mer à dos de chameau, les aventures les plus romantiques y inspirent les explorateurs et les chercheurs de trésors cachés. Les thèmes sahariens se bousculent sous la plume de mille écrivains « atteints de désert », inspirations enrichies par l’oral d’un patrimoine culturel immatériel endémique aux peuples Hamites (Touaregs), concept inépuisable et exaltant induit par la patiente adaptation à l’hostilité environnante, à la paucité des ressources, titres de gloire et de noblesse du grand nomadisme aujourd’hui, soudain mis en joue par l’addiction au consumérisme et la trivialité d’une civilisation de l’instantané. Desertus, « abandonné » en latin, fait naître une soif inextinguible d’inspirations, un irrésistible besoin de saisir l’insaisissable au pays de l’absolu, là où le soir « le soleil éteint tout ». Dans la mythologie de cet univers porteur de sacré, de cette terre de salut, chacun trouve sa quête, y entend les prophéties qu’il souhaite. On s’y retire du monde, on y rencontre Dieu – mirage permanent - ou l’on s’y rencontre soi-même. A cette terre de sable et de pierres est confiée la vocation divine de la révélation, tant islamique que chrétienne. Mahomet reçoit la parole divine de l'ange Gabriel lors de séjours au désert, tel Moïse recevant de Yahvé les Dix Commandements sur le Mont Sinaï. On y prie, on y médite, on s’y retire dans l’ascétisme. C’est là, sur le désert christique et porteur de sacré, que le père Charles de Foucauld poursuivit son épreuve monastique. Bien d’autres l’ont suivi dans l’expérience trappiste. « Du vent, du sable et des étoiles », le Petit Prince, le chef-d’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, n’est-il pas la meilleure fable de cette aventure métaphysique ? Une légende arabe prétend qu’à l’origine des temps, la Terre était un infini jardin paradisiaque peuplé de grands palmiers providentiels, de jasmins aux senteurs enivrantes et de rossignols au chant flutté. A cette époque et comme il se doit en tout paradis, les Hommes étaient loyaux et justes, si bien que le mot « mensonge » n’avait pas le moindre sens. Mais un jour, un fameux jour, un homme ou une femme proféra un humble mensonge, vraiment insignifiant, mais un mensonge quand même, et le prodige prit fin. Allah réunit alors les Hommes et leur dit : « Chaque fois que vous mentirez, je jetterai un grain de sable sur le monde » Les Hommes haussèrent les épaules : « Un grain de sable ? On ne le verra même pas ». Et pourtant, de mensonge en mensonge, petit à petit, le Sahara s’est formé. Et si l’on parle en ce jour d’une avancée des déserts, ce n’est peut-être qu’une réponse aux mille mensonges qui nous gouvernent. Le sable est toujours très présent dans la réalité des départs, dans l’imaginaire de ceux qui souhaitent voyager « pour vérifier leurs rêves ». Et si on parle de désert, c’est le sable qui vient à l’esprit alors que la majorité des déserts de la planète sont de pierre ou de glace. Comment ne pas être fasciné par le Sahara, cet océan inanimée, union de l’immense et de l’infime qu’est le grain de sable ? Et qu’est-ce qu’une oasis sinon une île dans une mer de sable ? Sahara indéfinissable « Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ? » Théodore Monod. Il est essentiel pour le naturaliste de savoir discriminer le désert au sens propre et paysage finalement très rare, des steppes désertiques, les plus fréquentes et étendues, et dont les conditions écoclimatiques permettent la résistance d’espèces adaptées, leur évolution, leur différenciation, donc l’existence d’une réelle sphère tant floristique que faunistique. Dans le domaine saharien, cette ségrégation entre steppe désertique et désert vrai coïncide assez bien au tracé de l’isohyète 25 mm. Par sa nature vraie, le désert sensu stricto, est un milieu physique hostile à la vie et ne peut en aucun cas constituer un centre de maintien et de dispersion d’espèces. Quand on parle de désert, notamment saharien, c’est de la steppe désertique qu’il s’agit, un milieu bien vivant mais où la vie, soumise à une sélection très sévère, ne se manifeste comme nul part ailleurs. Au Maroc et dans ce chapitre, il n’est question que de steppe désertique (ou érémique) et d’une région saharienne située au sud des Atlas, là où s’éteint la végétation méditerranéenne, qui s’étire vaguement de l’embouchure de l’Oued Drâa jusqu’à Figuig, où les conditions sont assez rudes avec une hauteur des pluies n’atteignant pas 100 mm, des températures estivales dépassant fréquemment 45 ºC au milieu du jour, pour, en hiver, descendre à plusieurs degrés au-dessous de zéro, avec des gelées nocturnes dès qu’on s’éloigne des bienfaits atlantiques. Cette très forte amplitude thermique, journalière et annuelle, caractérise le climat saharien. Ici, toute culture bour est impossible, sauf sporadiquement dans certaines dépressions où peuvent s’accumuler les eaux de pluie, ainsi que dans les zones d’épandage des oueds. Le climat désertique est exacerbé par une infidélité des pluies qui peut perdurer plusieurs saisons consécutives, par une forte sécheresse de l’air et du sol entraînant un considérable déficit hydrique, par des oscillations extrêmes et une intense insolation. Le biome saharien existe principalement du fait de l’existence du climat du même nom. Sur tout le Sahara, ce climat est dans la majeure partie des cas sec et très chaud, ces deux phénomènes s'expliquant facilement. L’extrême aridité de ce milieu n’engendre aucune humidité et ne produit donc pas de nuages qui dans tout autre climat du globe tiennent un rôle de régulateur thermique en absorbant une partie de l'énergie calorique du soleil. Cette absence de nébulosité fait que le soleil tape directement sur le sol, augmentant encore l’effet de sécheresse. Seule la température nocturne chutant considérablement, jusqu’à un léger gel en certaines périodes, induit au petit jour une rosée vitale à certaines espèces végétales et animales. La sécheresse est aussi confortée par la situation géographique proche de la barrière atlasique qui fait effet de mur contre les vents, les dépressions et les anticyclones tout autant. La végétation vivace est diffuse, voire même absente et ce n’est qu’après la pluie que germent, croissent, fleurissent et grainent en quelques brèves semaines tout un monde d’annuelles. Bien des semences peuvent « attendre » des décennies et jusqu’à un siècle ! La faible pluviométrie et l’intense évaporation favorisent en maints endroits l’existence d’une flore halophile d’espèces supportant l’accumulation de chlorures et de sulfates. La présence des plantes vivaces est liée à la réussite d’une longue évolution adaptative qui leur confère à toutes des traits morphologiques et des capacités bien particulières. Dans l’univers saharien, les arbres vrais sont rares et seulement représentés par des Acacias. Bien adossée à l’ouest en ressaut de l’Anti-Atlas et à l’est de celui des Hauts Plateaux, favorisée par l’apport des cours d’eau descendus des montagnes, une étroite zone en ruban connaît un sort nettement moins ingrat, c’est la région des oasis où la moyenne des précipitations annuelles se situe entre 100 et 200 mm et où l’irrigation est rendue plus aisée par une très relative abondance phréatique. C’est loin d’être le désert, et ce n’est pas encore le Sahara. Le Grand Sahara en diagonal Le Grand Sahara, la plus vaste steppe désertique du monde, dont le nom vient de l'arabe al-sahara et signifie « désert » ou « steppe », prend en écharpe le Nord du continent africain et en représente près d'un quart de la superficie. Sur plus de huit millions de kilomètres carrés (équivalant à un continent tel que l’Australie) que se partagent dix états, de la Mauritanie à la Mer Rouge et de la Méditerranée au fleuve Niger et au lac Tchad, le Sahara gagnerait chaque année environ un million d'hectares. A l’ouest, le Sahara « se jette » dans l’Océan atlantique. L’érémial ainsi nommé en représente la frange septentrionale et la zone sahélienne en constitue le pendant méridional. Ses limites, notamment celles d'ordre biogéographique, fluctuent constamment sous l'influence de facteurs climatiques mais aussi et de plus en plus anthropiques comme le surpâturage et le déboisement. Alors que le Massif du Hoggar (Algérie) s'élève à 2918 m au Mont Tahat, le point culminant du Sahara est l'Emi Koussi (3415 m), qui se dresse dans le Tibesti. La partie occidentale marocaine, beaucoup moins accidentée, s'élève progressivement depuis la côte atlantique. C’est un vaste secteur subtabulaire superficiellement constitué d’un complexe calcaréo-gréseux d’une trentaine de mètres d’épaisseur dont la formation remonte au Pliocène (Hamada de la Daoura, du Guir, du Drâa). On y rencontre les principaux types de la géomorphologie saharienne. Les regs sont de vastes étendues tabulaires recouvertes d'éclats de roches noirâtres que l’active érosion éolienne a dégagé du sol en emportant les éléments fins. La couleur souvent noire et luisante de la face exposée des roches surprend. Cette patine désertique est assurée par une microcouche d’origine intermédiaire entre le minéral et le biologique puisque ce sont des oxydes de manganèse dissous en surface lors des pluies et fixés par des bactéries. On utilise cette pellicule de vernis pour dater l’époque des gravures rupestres. Le taux trop bas d’hygrométrie en vigueur de nos jours ne permet plus la formation de ce type de patine. Les hamadas sont des plateaux pratiquement démunis de sol où affleurent de vastes dalles rocheuses souvent calcaires ou gréseuses, en partie couvertes par un reg. Les ergs sont des massifs aréneux constitués de divers types de dunes aux dimensions parfois impressionnantes (jusqu’à 250 m d’élévation). Les barkhanes sont de petites dunes mobiles en formes de croissant et alignées perpendiculairement à l’axe du vent dominant. Leur particularité est d'être chantante sous certaines conditions climatiques, la courbure interne étant de nature parabolique, elle amplifie aisément le léger son dégagé par le frottement des grains de silice qui descendent le long de la pente. Ce sont les « dunes chantantes » dont la visite « auditive » est très souvent proposée par les guides sahariens. Ces massifs dunaires, parfois de grande taille et comme posés sur le reg tabulaire, offrent un spectacle assez étonnant. Contrairement à une idée répandue, les ergs, et en général les dunes qui illustrent un paysage très symbolique du Sahara, ne couvrent pas plus de 20 % de la surface du domaine. Le Sahara n’est donc pas un milieu aréneux par excellence, sauf sur les cartes postales. Le réseau hydrographique est formé d'oueds, cours d'eau à alimentation spasmodique, dont certains sont fossiles. L'écoulement est rarement exoréique (en surface) et le plus fréquemment endoréique (souterrain) et avec de très longues périodes d’étiage (interruption). Dans la plupart des cas, il s’agit d’une hydrographie strictement aréique et l'eau de pluie s'infiltre sur place. Les gueltas sont des bassins naturels, pérennes ou temporaires, accumulant l’eau après le passage d’une crue ou alimentées par des sources ou un inféroflux. Certaines, de moins en moins, contiennent des formes de vie datant du temps du Sahara humide (Poissons, derniers Crocodiles). Les dépressions au sol salé par accumulation de chlorures et de sulfates, avec ou sans eau superficielle, sont les sebkhas. Les zones d’épandages des crues succédant aux pluies violentes sont les maaders quand elles surviennent dans les lits d’oueds, ou les grarats dans les dépressions où convergent les eaux superficielles. En raison de la prééminence de son action physique, le vent est l'une des données fondamentales dans la morphologie de ce milieu dont il représente l’agent primordial d’érosion. On estime que sur l'ensemble du territoire, la force éolienne déplacerait chaque année entre 60 et 200 millions de tonnes de poussières en suspension, arrachées aux sols et aux roches, et de 10 à 20 millions de tonnes de sable. La désagrégation est forte tant en raison des écarts de température que de la rareté du substrat végétal. La dilatation différentielle décompose la roche, surchauffée elle éclate, mais il s’agit d’une action remarquablement lente. L’incidence éolienne exerce une action tant destructrice (érosion) que constructrice (sédimentation) nettement plus active, notamment sur les zones continentales recouvertes de formations meubles. Ces phénomènes sont désignés par les termes respectifs de déflation, corrasion et attrition. Les modifications qui interviennent par déflation résultent d’un réel balayage, y compris des dépressions, et ce jusqu’au niveau hydrostatique. Les sebkhas en sont un exemple. Lorsque le vent transporte des particules minérales, elles tendent à buriner les reliefs lorsqu’ils sont de pierre tendre (effet d’alvéolisation) ou à polir lorsqu’ils sont de plus forte densité (poli éolien). Les cailloux à facettes sont ainsi d’anciennes roches déchaussées sur lesquelles les grains de quartz projetés ont réduit les aspérités. Les « Champignons du désert » sont de grosses roches isolées dont la base la plus éprouvée a été ainsi surcreusée par les projections. L’usure par effet différentiel engendre, selon la dureté relative de la roche, des formes souvent remarquables dans le domaine des structures ruiniformes. Ce type d’action éolienne est nommé corrasion. Quant à l’attrition, c’est une action d’usure par frottement : les grains de sable, usés et roulés, prennent l’aspect de sphères dépolies dans le cas du quartz, sont réduits en poussière quand il s’agit de roches clivables (micas) ou argileuses et alors emportés nettement plus loin. Le vent effectue ainsi un véritable tri. C’est ainsi que l’on peut déterminer un sable d’origine éolienne d’un autre résultant du transport des eaux. Et le vannage va délaisser sur place les cailloux les plus lourds qui forment les grandes étendues des regs, d’un aspect souvent pavé. Les effets de la force éolienne supportée par les milieux subdésertique et désertique sont ainsi très diversifiés : déflation directe des substrats meubles sablo-limoneux, formation de dépressions hydroéoliennes, figures de transport du sable sous forme d'édifices, d'accumulation et d’envahissement sableux, figures de transport dues à la saltation (poches de sable sur les versants ou ennoyage de petits accidents topographiques), traînées de déflation, stries de corrosion (sculptures éoliennes) engendrant des systèmes crêtes-couloirs ou des traces rectilignes sur roches patinées, griffures millimétriques à centimétriques jalonnant les surfaces de sols, vannage de la fraction fine des sables dunaires et fluviatiles, déchaussement de plantes, etc. Ils remettent chaque fois en cause les efforts de la lutte contre l’ensablement tant continental que maritime, laquelle ne connaît pas de répit puisqu’une remise à vif de zones stabilisées ne peut être écartée. Résultant pourtant d’une expérience ancienne (mais souvent aussi empirique), les stratégies de fixation de dunes par des moyens mécaniques (quadrillage à l’aide de palmes) et/ou biologiques (rétablissement d’un couvert végétal autochtone ou d’un cordon littoral de plantes spécialisées, plantations de boutures de tamaris, etc.) n’étant dictées que par l’urgence sont du type curatif (lutte contre l’ensablement de cultures, de palmeraies, de ksour, réhabilitation d’infrastructures, intervention de desennoyage des routes) et s’en prémunir semble dénué de tous fondements. |
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