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II





Claude Tresmontant

ENQUÊTE SUR

L’APOCALYPSE

Sommaire

Avertissement au lecteur

Nous prions notre lecteur de nous tenir pour excusé : nous nous sommes efforcés de traduire en français courant les mots hébreux, grecs et latins des textes que nous citons. Nous ne nous sommes pas contenté de décalquer en français des mots latins qui sont des transcriptions en caractères latins de mots grecs, et des mots grecs qui sont des traductions de mots hébreux, comme c'est généralement l'habitude. En effet des gouvernements successifs en France ont exterminé l'étude des langues grecque et latine. Ces transcriptions et décalques de mots grecs et de mots latins sont donc devenus inintelligibles. Nous avons laissé en hébreu, dans leur hébreu natif, quelques termes techniques qui ne sont pas traduisibles en français courant, parce qu'il n'existe pas dans notre langue de mot correspondant. Dans ce cas-là nous avons expliqué le sens de ces termes techniques. Nous avons donc fait dans notre traduction en langue française ce qu'ont fait les inconnus qui, à partir du Ve siècle avant notre ère, ont entrepris de traduire de ''hébreu en grec, le grec classique du Ve siècle avant notre ère, la sainte Bibliothèque hébraïque. Lorsqu'ils ne trouvaient pas dans la langue grecque des mots capables de traduire les termes techniques concernant le Temple, la liturgie, les fêtes, etc., ils ont purement et simplement transcrit en caractères grecs les mots hébreux intraduisibles, ou bien ils ont forgé des mots grecs nouveaux qui n'existaient pas en grec naturel. Nous avons dans nos traductions, autant que possible, suivi l'ordre des mots de la phrase hébraïque, tout comme l'ont fait nos lointains prédécesseurs, les traducteurs de l'hébreu en grec. La phrase hébraïque commence généralement par le verbe : l'information entre dans l'oreille et donc dans l'esprit par l'action. Le verbe est suivi du sujet. Dans nombre de cas, le verbe au singulier est suivi de plusieurs sujets. Si le sujet est en tête, le sens est différent.

On reconnaît immédiatement qu'un texte grec est traduit de l'hébreu à la forme de la phrase,

  • puisque les traducteurs en langue grecque suivent le texte hébreu mot à mot et pas à pas ;

  • au fait que le lexique hébreu-grec traditionnel depuis le Ve siècle avant notre ère fonctionne d'une manière régulière ;

  • et au fait que, tout comme un pudding est farci de raisins secs et de fruits confits, le texte grec est farci d'expressions hébraïques intraduisibles en grec, et que pour cette raison les traducteurs les ont laissées en hébreu, simplement transcrit en caractères grecs.


Mais pourquoi donc les antiques traducteurs de la sainte Bibliothèque hébraïque de l'hébreu en grec ont-ils adopté et suivi constamment ce système de traduction littérale, mot à mot, pas à pas, proposition par proposition, qui suit l'ordre de la phrase hébraïque mais renverse par là même l'ordre naturel de la phrase grecque? Tout simplement parce que cette traduction en langue grecque des textes hébreux sacrés était destinée aux frères et aux sœurs des communautés hébraïques de la Diaspora (Dispersion) dans les pays de langue grecque, tout autour du bassin de la Méditerranée. Ainsi les frères et les sœurs des communautés judéennes pouvaient-ils suivre avec le doigt la lecture de la sainte Torah et des prophètes, grâce à la traduction grecque littérale. C'est ce qui explique aussi que la traduction en langue grecque renferme des mots hébreux simplement transcrits en caractères grecs, mots qui étaient inintelligibles pour les Grecs : ce sont des mots familiers aux frères et aux sœurs des communautés dispersées sur tout le bassin de la Méditerranée.

Les mots de cette traduction sont les mots de Platon, d'Eschyle, d'Euripide et de Sophocle, comme chacun peut le vérifier avec son dictionnaire grec-français préféré. La forme de la phrase est la forme hébraïque, puisque les traducteurs suivent le texte hébreu mot à mot.

Il nous est ainsi possible de reconstituer le lexique hébreu-grec dont se sont servis les inconnus, des Judéens, qui ont commencé à traduire cette bibliothèque à partir du Ve siècle avant notre ère.

Ce lexique est resté en vigueur et en exercice jusqu'au Ier et même au IIe siècle de notre ère. Au Ier et au IIe siècle de notre ère, les mots grecs de ce lexique hébreu-grec traditionnel étaient donc du grec archaïque, et non pas du tout le grec populaire des marchands, des soldats, des marins, etc.

Pourquoi avoir conservé ce lexique hébreu-grec traditionnel ? Pour que les nouveaux textes hébreux que l'on traduisait de l'hébreu en grec soient intelligibles pour les frères et les sœurs des communautés de la Dispersion dans les pays de langue grecque, habitués au vieux lexique hébreu-grec traditionnel. Le vocabulaire grec de ces traductions est un vocabulaire fixé et donc inamovible. Les traducteurs en langue grecque ont bien fait de conserver pour les traductions nouvelles la langue devenue archaïque de Platon, Eschyle, Sophocle et Euripide. Car rien n'est plus changeant, variable, et donc fragile, que les divers argots qui pullulent et disparaissent au cours des siècles. C'est la raison pour laquelle les grands théologiens des XIIe, XIIIe, XIVe siècles n'écrivaient pas leurs sommes théologiques dans leur patois italien natif, ni dans leur patois irlandais, mais dans un latin stabilisé et devenu immuable.

Les traductions se faisaient de la manière suivante. Un compagnon lisait tout haut (hébreu qara) le texte hébreu sacré, proposition par proposition. Un compagnon bilingue entendait le texte hébreu et le traduisait oralement en grec. Un troisième compagnon, qui n'était pas tenu de savoir l'hébreu, écrivait proposition par proposition le texte grec de la traduction. C'est ce qui explique un certain nombre d'erreurs dans la traduction en langue grecque. Le compagnon bilingue a confondu un mot hébreu avec un autre qui avait le même son. L'erreur n'était pas possible s'il avait vu le mot hébreu écrit. Nous retrouverons une affaire de ce genre dans la traduction en langue grecque de l'œuvre de Joseph surnommé Flavius.

Nous avons laissé aux noms propres hébreux, qui ont tous un sens, et aux surnoms, leur caractère natif et originel. Nous n'avons pas vu l'utilité ni l'avantage de transcrire en caractères français des transcriptions latines de transcriptions grecques de noms propres hébreux, devenus méconnaissables à travers toutes ces transcriptions, et dont la signification n'est plus discernable dans les transcriptions françaises. Or la signification des noms propres et des surnoms est très importante dans toute cette littérature hébraïque, comme nous aurons l'occasion de l'observer à plusieurs reprises, ainsi que les jeux de mots sur les noms et les surnoms.

Il faut se rendre compte que dans le passage de l'hébreu au grec, du grec au latin, et du latin au français contemporain, il se produit un phénomène de diffraction ou mieux de réfraction, comme les rayons lumineux qui traversent un corps diaphane. Presque tous les termes de nos traductions en langue française ont subi une telle déviation et sont donc des approximations. Lorsque nous lisons une traduction française moderne de la Bibliothèque hébraïque ou du Nouveau Testament grec, nous ne lisons pas le texte lui-même mais ce qu'il est devenu après ces diverses déviations de sens. C'est pourquoi, pour notre part, nous nous efforçons de nous tenir au plus près du sens originel. Dans nombre de cas, ce phénomène de réfraction à travers des milieux optiques différents aboutit à des contresens, des non-sens et des faux sens.

En théologie cela a donné lieu à quelques catastrophes. Pour comprendre exactement le sens des concepts fondamentaux de la théologie catholique, il faut toujours remonter à la source, à la racine, c'est-à-dire à la signification hébraïque des termes. C'est ce que le pape Damase et son ami saint Jérôme ont appelé la veritas hebraica.
PROLOGUE

Nous avons déjà traduit et annoté l'Apocalypse en 1984 aux mêmes éditions. Nous supposons cette traduction connue du lecteur. Ici nous reprenons l'analyse de quelques textes, que nous traduisons à nouveau pour la commodité du lecteur afin d'essayer de découvrir

  • qui est Iohannam,

  • quand l'Apocalypse a été composée,

  • et quelle est sa signification générale.

Ces trois questions sont d'ailleurs connexes. Selon la date que l'on attribue à l'Apocalypse, la signification et la portée du texte sont différentes.

Le prophétisme hébreu fait partie de l'histoire de l'Univers, de la nature et de l'Homme, et à ce titre il doit être examiné scientifiquement et philosophiquement, tout d'abord pour savoir s'il existe, s'il est réel, et puis pour savoir ce qu'il signifie, ce qu'il enseigne. Essentiellement le prophétisme hébreu enseigne la finalité de la Création. Il n'y a aucune raison de laisser ce fait entre les faits, en dehors de l'analyse philosophique.

Pour l'Apocalypse comme pour les prophètes hébreux antérieurs, il faut tout d'abord essayer de déterminer aussi exactement que possible ce que le prophète connaît, — ce qui est pour lui du passé ou du présent, — ce qu'il ignore, — ce qu'il peut prévoir à vues humaines, — et ce qu'il ne peut prévoir tout seul, — ce qu'il annonce pour l'avenir. Et comme nous venons presque vingt siècles après lui, nous allons comparer ce qu'il a annoncé avec ce que nous savons par l'histoire qui est pour nous passée.

Le mot français « apocalypse » n'est pas une traduction mais un simple décalque du grec apokalupsis, qui n'était pas utilisé en grec naturel. C'est du grec de traduction. Le substantif apokalupsis est formé à partir du verbe grec apo-kaluptô, découvrir, dévoiler, révéler (Platon, Hérodote, Aristote).
Le verbe grec apo-kaluptô traduit le verbe hébreu galah, découvrir, mettre à nu. Exode 20, 26 : Et tu ne monteras pas sur des marches d'escalier à mon autel des sacrifices, afin que (hébreu ascher) ne soit pas découverte (hébreu tigaleh, grec apokalupsès) ta nudité sur l'autel.

Le verbe hébreu galah signifie : découvrir la nudité, dans nombre de textes du Lévitique, 18, 6 ; etc.

Il signifie : découvrir l'oreille pour confier un secret à quelqu'un, pour découvrir quelque chose, pour révéler. — 1 Samuel 9, 15 : Et c'est YHWH qui a découvert l'oreille de Schemouel (hébreu galah et-ôzen, grec apekalupsen to ôtion). — 1 Samuel 20, 2 : Il ne fait pas, mon père, une parole grande ou petite, et il n'a pas [— sans avoir] découvert mon oreille (hébreu we-lô igeleh et ôzeni, grec kai ouk apokalupsei to ôtion mou). — 1 Samuel 20, 12 ; 20, 13 ; etc. — Amos 3, 7 : Parce qu'il ne fait pas, adônaï YHWH, une parole, qu'il ne révèle (hébreu galah, grec apo-kalupsè) son secret (hébreu sôd) à ses serviteurs les prophètes...

Le verbe hébreu galah signifie aussi : être déporté, 2 Rois 24, 14 ; Isaïe 5, 13; 49, 21 ; Amos 6, 7 ; etc.

A la forme piel, le verbe hébreu gillah signifie : découvrir la nudité d'une femme. Ezéchiel 16, 35 : C'est pourquoi, putain (hébreu zônah, grec pornè ; cela s'adresse à Jérusalem), écoute la parole de YHWH... Parce que tu as versé, répandu ton airain (euphémisme) et qu'elle a été découverte (hébreu tiggaleh, grec apokaluphthèsetai) ta nudité dans tes prostitutions sur ceux qui t'ont aimée..., c'est pourquoi me voici qui rassemble tous ceux qui t'ont aimée... Je vais les rassembler sur toi des alentours et je vais découvrir ta nudité (hébreu gilleiti, grec apokalupsô) et ils verront toute ta nudité...

Isaïe 26, 21 : Car voici que YHWH sort de son lieu pour visiter la faute de l'habitant du pays, sur lui. Et il découvrira (hébreu gilletah, grec ape-kalupsei) le pays, ses sangs (au pluriel).

Le substantif hébreu galout, formé à partir du verbe galah, signifie : la déportation, l'exil, 2 Rois 25, 27 ; Jérémie 52, 31 ; Ezéchiel 1,2; etc.

Le substantif grec apokalupsis traduit l'hébreu érewah, la nudité. 1 Samuel 20, 30 : ... à la honte de la nudité de ta mère (hébreu le-bôschet érewat immeka, grec eis aischunèn apokalupseôs métros sou).

A la forme hiphil le verbe hébreu galah signifie : conduire un peuple en exil, 2 Rois 15, 29 ; 17, 6 ; etc. Amos 1,6; Jérémie 20, 4 ; etc.
Il est bien possible que l'auteur de l'Apocalypse joue sur ces diverses significations du verbe hébreu galah, puisque dans son livre il est bien question d'une révélation, d'une prophétie portant sur l'avenir, mais aussi d'une mise à nue d'une femme qu'il appelle la prostituée, et d'une déportation.

I1 n'est pas du tout évident ni certain que l'Apocalypse ait été écrite d'un seul coup, d'un seul jet. Il est beaucoup plus vraisemblable que c'est un ensemble de visions, d'oracles, de lettres, qui ont été réunis, rassemblés, du vivant de l'auteur ou après sa mort.

Personne ne sait où ont été composés et écrits ces divers documents. Peut-être à Jérusalem, autour de l'année 50, ce qui permettrait de comprendre que ces textes sont écrits en langage codé, chiffré, intelligible pour les frères et les sœurs de la petite communauté chrétienne de Jérusalem.

Personne ne sait qui a traduit de l'hébreu en grec ces textes et documents. Ce qui est sûr et certain, c'est que le traducteur maniait la langue grecque avec beaucoup d'incertitude. La langue grecque de l'Évangile de Jean est loin d'être toujours respectueuse de la grammaire grecque ; elle comporte nombre d'anomalies qui s'expliquent évidemment par l'hébreu sous-jacent. Mais la langue grecque de l'Apocalypse est nettement pire. Ce n'est pas le même traducteur.
L'Apocalypse est au fond un livre simple, qui annonce quelques années à l'avance la prise et la destruction de Jérusalem par le feu ; — qui commande à la petite communauté chrétienne naissante de s'enfuir au plus vite, avant qu'il ne soit trop tard, — ce qu'elle a fait ; — et qui annonce la venue de la nouvelle Jérusalem, qui remplace la première.

L'Apocalypse est un livre obscur pour nous, en fin du XXe siècle, comme elle l'a été dans les siècles précédents, parce qu'elle est écrite dans un langage chiffré, codé, qui était parfaitement compréhensible pour les frères et les sœurs de la communauté chrétienne à laquelle elle s'adressait, mais qui est difficile pour nous qui avons perdu le code.

Sous l'occupation allemande, pendant la guerre de 40-45, lorsque des compagnons de la résistance s'adressaient des messages, ils utilisaient un langage codé pour échapper à la police de l'occupant.

Iohanan de l'Apocalypse écrit en pleine terreur à des communautés chrétiennes persécutées à mort. C'est pourquoi il écrit en langage codé. La terreur était le fait de l'occupant romain, — des gouverneurs romains, — des rois judéens collaborateurs, — et du haut sacerdoce de Jérusalem, qui était à la botte du pouvoir romain.

Iohanan qui connaissait la sainte Bibliothèque hébraïque par cœur, procède par allusions à des textes hébreux, à des formules hébraïques, qui étaient familiers aux frères et aux sœurs de la première communauté chrétienne, judéenne, et des premières communautés chrétiennes issues de communautés judéennes de la Diaspora. Nous nous efforcerons de mettre sous les yeux du lecteur les textes hébreux qui permettent d'éclairer les expressions de Iohanan.

Iohanan fait allusion constamment à des faits, à des événements historiques bien connus des frères et des sœurs des premières communautés chrétiennes, autour de l'année 50. Ces faits et ces événements sont pour nous plongés dans l'obscurité de l'oubli ou de l'ignorance. Nous allons les exposer aux lecteurs en nous appuyant sur deux auteurs judéens : Philon d'Alexandrie et Joseph, surnommé Flavius lorsqu'il s'est installé à Rome.

La pensée de Jean-Iohanan de l'Apocalypse, c'est que le pouvoir, la puissance qui provient de Rome, de l'Empereur de Rome, se communique aux gouverneurs romains, qui sont les tentacules de l'hydre ; — il se communique aux rois judéens qui sont nommés par l'Empereur, maintenus ou destitués à son gré et selon sa fantaisie : c'est le monstre marin aux sept têtes ; — il descend jusqu'aux grands prêtres, qui sont choisis, nommés, désignés et destitués par les gouverneurs romains ou les rois judéens.

Tout ce système, de haut en bas, est un système foncièrement antichrétien, qui persécute à mort la petite communauté chrétienne naissante.

Il existe donc une procession du pouvoir, qui va de l'Empereur de Rome aux procurateurs ; — de l'Empereur aux rois judéens ; — des procurateurs romains et des rois judéens, aux représentants du grand sacerdoce.

Cette procession est descendante. Elle comporte une dégradation. C'est une philosophie de l'histoire, une philosophie politique.

Le mot français « procession » n'est pas une traduction mais un simple décalque.
Latin processio, formé à partir du verbe procedo, procedere : aller en avant, s'avancer. Le latin processio a traduit le grec pro-odos, marche en avant, progrès. Le mot grec proodos est utilisé par Plotin, Ennéades 2, 1, ligne 44, au sujet de la substance (grec ousia) de l'Ame ; VI, 3, 22, ligne 7 ; VI, 6, 11, ligne 26. — On a traduit en français le mot grec proodos, par procession.
Plotin, Ennéades V, 1,6: L'âme désire résoudre ce problème, répondre à cette question, répétée sans cesse par les anciens sages : Comment, à partir de l'Un, — qui est tel que nous disons que l'Un est —, une multiplicité quelconque peut-elle avoir l'existence, une dualité ou bien un nombre ? Comment donc l'Un n'est-il pas resté en lui-même ? Comment une si grande foule [d'êtres] en est-elle sortie, cette multiplicité que nous voyons dans les êtres ? Comment pensons-nous faire remonter cette multiplicité d'êtres vers l'Un ?
Plotin répond un peu plus loin :
Il faut que lui, l'Un, qui est sans mouvement (grec akinètos), s'il existe quelque être second après lui, ne s'incline pas et il ne veut pas (grec oude boulèthentos), sans qu'il se mette en mouvement, sans qu'il se modifie, d'aucune manière... Comment donc?... C'est un rayonnement (grecperi-lampsin) qui provient de lui, l'Un, de lui qui reste [ce qu'il est, immobile], — comme par exemple la lumière qui provient du Soleil est issue de lui, engendrée à partir de lui, alors que lui, le Soleil, subsiste, reste ce qu'il est (grec menontos).
C'est très exactement la doctrine contraire et opposée à celle du monothéisme hébreu, sur ce point. Selon Plotin, la multiplicité des êtres que nous voyons et constatons dans notre expérience résulte d'une procession nécessaire et éternelle qui tient à la nature de l'Un et non à sa volonté ni à une décision de sa liberté. Selon le monothéisme hébreu, la multiplicité des êtres que nous sommes et que nous constatons dans notre expérience ne provient pas d'une procession éternelle et nécessaire qui tient à la nature de l'Un — mais au contraire d'une libre décision de la volonté de l'Unique. Plotin connaissait à Alexandrie et à Rome des Judéens et des chrétiens. Il savait à quoi il s'opposait. Selon Plotin, la procession éternelle et nécessaire est forcément une dégradation. C'est, bien à l'avance, le second Principe de la thermodynamique, le Principe de Carnot-Clausius (1814-1850) qui trouve ici son application en ontologie. Selon Plotin toujours, le salut consiste à faire revenir, retourner et remonter la multiplicité à l'Un. Ainsi le système est cyclique, tout comme les systèmes gnostiques contemporains de Plotin.

Selon le monothéisme hébreu, la création des êtres n'est nullement une dégradation, mais au contraire une élévation progressive, une ascension. Et le salut ne consiste nullement à revenir à l'origine, au sein de l'Un, où de fait nous n'avons jamais été. Le salut, au terme de l'histoire de la Création, c'est l'achèvement de la Création qui se termine dans et par l'union de l'Homme nouveau créé, à Dieu unique et incréé, sans mélange, sans confusion, sans séparation. Une métaphysique de l'union est tout juste le contraire d'une métaphysique de l'Un.
L'ennui, c'est que le mot français « procession » traduit un autre terme qui n'a aucun rapport avec ce qui précède :
Jean 15, 26 : Lorsqu'il viendra l'avocat de la défense (grec paraklètos, transcription en caractères hébreux peraqelit, hébreu des rabbins) que moi je vais vous envoyer, issu du père [= de Dieu], l'esprit de la vérité qui est issu du père [= de Dieu]...
Le verbe grec ekporeuetai, ek-poreuô, traduit le verbe hébreu iatza, sortir. Le sens est donc clair : l'Esprit de Dieu, qui est Dieu lui-même, car Dieu et son propre Esprit ne font pas deux individus, — l'Esprit de Dieu est issu de Dieu et il vient dans l'homme créé, librement, et sans aucune nécessité.

A partir du moment où, à la suite de Philon d'Alexandrie, d'Origène d'Alexandrie, et de beaucoup d'autres, on a décidé d'appeler fils de Dieu le propre logos de Dieu, comme s'il était un individu divin, le problème s'est embrouillé puisque dans tous les textes des livres de la Nouvelle Alliance (= Nouveau Testament), le terme de fils de Dieu désigne celui qui s'appelait lui-même le fils de l'Homme (l'hébreu ben adam), et non pas le logos de Dieu envisagé en son éternité.

Le verbe grec ekporeuetai a été traduit en latin par le verbe procedere, et c'est ainsi qu'on en est venu à parler de la procession du Saint-Esprit. Cette procession n'a évidemment aucun rapport avec ce que les traductions françaises de Plotin appellent procession.

Le mot hébreu tiré du grec, peraqelit, se lit Pirqei Abôt IV, 13 :
Rabbi Eliezer ben Iaaqôb disait : Celui qui fait un commandement unique, il acquiert pour lui un peraqelit. Celui qui transgresse une seule transgression acquiert pour lui-même un accusateur (hébreu qate-gôr, transcription en caractères hébreux du grec katègôr, katègoros, l'accusateur).
La procession du pouvoir dans le système politique dominant qu'observe Iohanan, est un système qui va se dégradant en s'éloignant de sa source, l'Empereur romain.

A ce système politique dominant, écrasant et meurtrier, Iohanan oppose la petite communauté chrétienne qui vient de naître, de se former, et qui se développe. Cette communauté, c'est la nouvelle création, la création de l'humanité nouvelle et sainte, le règne de Dieu qui commence.

La haine du système politique dominant à rencontre de cette création qui commence est une haine mortelle. La persécution à mort de la nouvelle communauté a commencé aussitôt, de la part de tout le système.
L'Évangile traduit et publié sous l'autorité juridique (grec kata, hébreu al-pî) de Luc (latin Lucas, transcription en caractères grecs Loukas ou Loukios, traduction de l'hébreu Iaïr = YHWH illumine, transcription du nom hébreu en caractères grecs Iaïros), l'Évangile de Luc présente exactement tout le système, comme Iohanan dans l'Apocalypse, et plus tard Joseph surnommé Flavius :

  1. L'Empereur de Rome, la source du pouvoir.

  2. Les procurateurs romains, qui reçoivent leur pouvoir, diminué, de l'Empereur de Rome.

  3. Les rois ou roitelets de la Judée, nommés, installés et démis par l'Empereur de Rome.

4. Les grands prêtres nommés et démis par les gouverneurs romains et les roitelets judéens.
L'Évangile de Luc a été traduit et diffusé avant la composition de l'Apocalypse. Il est possible que Schaoul-Paulus ait emporté avec lui, dès son premier voyage, le dossier de notes traduit et constitué sous l'autorité juridique de Iaïr-Iaïros :
2 Timothée 4, 13 : Les tephilin (pluriel de l'hébreu tephilah, la prière, transcription fautive en caractères grecs ton phailonèn, — ne pas confondre avec le grec phainolès, casaque, manteau) que j'ai laissés en Troade chez Karpos, lorsque tu viendras, apporte-les, et les rouleaux, surtout les parchemins (grec mem-branas, latin membrana).
Luc 3, 1 : Dans l'année quinzième de la domination de Tibère César, il était procurateur (grec hègemôn) Pontius Pilatus, de la Judée ; il était chef d'une région sur quatre [dans une province] (grec tetrar-chès) de la Galilée, Hérode [Hérode Antipas, fils d'Hérode dit le Grand ou l'Ancien, entre — 4 et + 39] ; Philippe son frère [son demi-frère, — 4, mort en 33 ou 34] était le chef d'une région sur quatre, de l'Iturée et de la région de la Trachonitide ; et Lysanias était le chef d'une région sur quatre, de l'Abilène ; alors qu'il était grand prêtre (grec archiereus, hébreu kôhen gadôt) Hanan et Qaïapha (archiereus au singulier dans le texte), elle a été, la parole de Dieu, sur Ioha-nan, le [fils] de Zekar-iah dans le désert...
C'est ainsi que débutent les livres prophétiques du passé.
Osée 1, 1 : La parole de YHWH qui a été sur Hôscha, fils de Beeri aux jours de Ouziiah, etc. Joël 1, 1 : La parole de YHWH qui a été sur, ou adressée à, lôel fils de Petouel... Jérémie 1,2: Qu'elle a été, la parole de YHWH, adressée à lui, aux jours de Iôschiiahou...
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