Contribution à l’histoire d’Unix chez Bull René J. Chevance©








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Rachat d’Honeywell Information Systems : Bull XS et DPX2 – Développement de la NCL – BULL XS



En mai 1987, en prélude au rachat d’HIS par Bull, un rapprochement entre les activités Unix de Bull et de la branche italienne d’HIS fut initialisé.

Il convient de mentionner que nous avions eu un meeting avec HISI (à Jouy en Josas le 5 septembre 1985) organisé par Georges Lepicard et qui réunissait toutes les lignes de produits de Bull ayant une activité ou des plans Unix.

La branche italienne d’HIS (HISI), basée à Prégnana dans la banlieue de Milan, avait développé le XPS, un système SMP (Multiprocesseur symétrique) fondé sur 68020 et le bus VME. HISI avait pu obtenir d’AT&T la licence d’une version SMP d’Unix. D’après mes souvenirs, Bull avait manqué de peu l’obtention de cette licence (je souhaite que les témoins directs s’expriment).

Du côté de Bull MTS (le nom donné au rapprochement de Micral, Transac et SEMS car nous avions échappé de peu à une MST !), avec Jacques Péping, nous avions envisagé des améliorations de la gamme existante qui devaient logiquement nous permettre de tenir quelques années et nous avions esquissé les principes d’une future gamme (appelée Treestar).
Les directives de la direction de Bull, pour le groupe de travail créé à cette occasion, étaient claires :


  • Limitation des développements des gammes existantes Bull et HISI à ce qui était strictement nécessaire pour maintenir la compétitivité de l’existant avant l’apparition de la nouvelle ligne commune ;

  • Développement d’une nouvelle famille de systèmes avec SMP fondés sur 68030 (et successeurs) et Multibus 2 : la NCL (New Common Line).


La composition du groupe de travail initial était la suivante :


  • MTS : René Chevance, Gerson Essayag, Jacques Péping, Jacques Talbot ;

  • HISI : Vitorio Cajani, Giancarlo Mismasi, Angelo Ramolini.


Le leader de cette opération était Lucio Pinto, une personne qui avait réellement un esprit d’entrepreneur.

Après le round d’observation, classique dans ce genre d’opération, l’équipe se mit très rapidement au travail et définit la gamme NCL avec deux produits parfaitement identifiés :


  • EL (Entry Level), un système monoprocesseur très intégré ;

  • MR (Medium Range), un système quadriprocesseur.


Les deux systèmes étaient prévus initialement en 68030 et devaient évoluer vers 68040. La responsabilité du développement de l’EL revint à Yves Fantino (Echirolles) et celle du MR à Angello Ramolini (Prégnana).

Comme j’ai pu le constater à plusieurs reprises dans ce genre d’opération de rapprochement, l’entente fut excellente au sein du groupe de travail, les difficultés apparaissant lorsque la définition des projets se matérialise et qu’il faut décider de la répartition du travail et des responsabilités entre les équipes de développement.

Le MR avait une architecture originale en ce sens que chaque processeur avait une mémoire physiquement locale mais reflétant, par duplication et pour une partie seulement, une mémoire commune (concept appelé SLM pour Shared Local Memory). Ce choix d’architecture avait été fait pour simplifier l’implémentation au niveau du matériel. Pour répondre aux attentes de la clientèle XPS notamment, une adaptation VME sur Multibus 2 a été développée.

Le packaging reprenait les principes développés pour le DPX/200036.

Le développement de cette nouvelle ligne de produits connut les difficultés habituelles : retards au niveau des études, retards du fournisseur de microprocesseurs,….
De fait, le développement de la NCL était loin d’être une nécessité. En effet, la nouvelle génération n’apportait pas grand chose par rapport aux gammes existantes (DPX et XPS). En ce qui concerne le DPX, la dimension multiprocesseur aurait pu être apportée sans remise en cause de l’architecture (moyennant le fait de disposer d’une version adéquate d’Unix).

Le développement de la NCL a complètement absorbé les forces de développement d’Echirolles et de Prégnana ne laissait de pas de possibilités pour le développement d’une génération réellement nouvelle. Si le souci de la Compagnie de ne pas pérenniser les deux lignes existantes et de les voir sombrer dans une guerre de tranchées était louable, les conséquences n’en furent pas moins désastreuses à court terme avec la recherche d’un partenaire Unix (IBM en l’occurrence, voir le paragraphe spécifique).
Notons aussi que les choix Motorola et Multibus 2 étaient loin d’être les meilleurs :


  • Le choix initial de Motorola n’était pas un mauvais choix mais Motorola, après l’introduction du 68030, a accumulé les retards dans les développements de la génération suivante : le 68040 ce qui précipita la fin de cette lignée (pour les serveurs car pour les stations, les jeux étaient déjà faits). De plus, Motorola n’a pas réussi à imposer un standard binaire pour la famille 680x0 sous Unix37. Cette absence de standard n’a pas favorisé la disponibilité des applications et a donc desservi l’essor de la famille 680x0 ;

  • Même au démarrage des études de la nouvelle ligne commune, les chances de Multibus 2 de s’imposer comme un standard étaient déjà bien faibles. On rejoint là le problème des mythes et surtout des dogmes de la Compagnie dans toutes ces années : douter de la pertinence des choix stratégiques n’était pas permis. L’acharnement autour de l’OSI (et donc contre TCP/IP) en est, malheureusement, une magnifique illustration.


Toutefois, le travail en équipe entre les équipes d’origine italienne et les équipes d’origine française sous la direction de Lucio Pinto fut une expérience tout à fait enrichissante et enthousiasmante. Comme indiqué ci-dessus, Lucio Pinto avait un réel esprit d’entreprise et savait transmettre cet esprit par son sens de l’animation des équipes.

Une filiale spécifique fut crée pour l’occasion : Bull XS, de fait la société s’appelait X3S « Société pour les Systèmes Standards ». Des personnes de HIS Italy et de Bull furent détachées dans cette société qui s’installa à Massy. XS avait essentiellement des fonctions de ligne de produit, les développements étaient effectués par les directions techniques et la commercialisation par les réseaux commerciaux. Marcello Ardizzone38 était responsable de la coordination avec les engineerings39, Giancarlo Collina de la stratégie et Armand Malka du marketing.

A la fin de l’existence de Bull XS (début 1991), les personnes détachées furent réintégrées au sein du Groupe.
Pour être complet sur la politique produit XS, il convient d’y ajouter le High End (voir le paragraphe spécifique La Saga du High End) et le VEL (Very Entry Level). Le VEL a été inventé pour des raisons politiques. Le rachat de l’informatique de Honeywell par Bull n’a pas donné lieu à une prise de pouvoir des français. C’est Jacques Weber qui avait été choisi pour diriger la partie nord-américaine de la compagnie. Toutefois, au lieu d’y mettre de l’ordre, il a semblé avoir pris fait et cause pour les exigences des américains qui arguaient de leur connaissance du marché US pour traiter les européens comme si ils (eux) étaient toujours les chefs. Ainsi a-t-on vu tous les choix de XS systématiquement critiqués et remis en cause (voir par exemple les manœuvres concernant les bases de données évoquées plus loin) et, en particulier, une exigence d’inclure dans la ligne un serveur à base de processeur Intel 386. Il fallait bien sûr que ce modèle soit compatible avec les modèles Motorola ( !), il n’avait pratiquement pas de budget et devait compter sur la synergie avec la ligne PC, il devait posséder la même couverture logicielle, etc… La stratégie du Groupe s’en est mêlée avec joie et délectation40. Lucio Pinto, un vrai ingénieur pourtant, connaissait bien la compagnie et comment faire pour y réussir, il a donc introduit le VEL pour répondre à ces demandes disparates. Le réseau commercial Bull ne ressentait aucun besoin en la matière et a fourni des prévisions de ventes ridicules (de mémoire 100-120 unités) qui normalement auraient du faire arrêter immédiatement le projet. Jean Papadopoulo, qui avait été nommé chef de produit de cette brillante invention, présenta ces chiffres à une réunion de décision (RD0 en langage interne) en insistant sur le bilan financier désespérément négatif de ce projet. Tous les membres du bureau de cette revue ont néanmoins voté en sa faveur, car c’était paraît-il un projet stratégique ! Au moins cette plaisanterie n’aura pas coûté très cher, la base utilisée étant un Acer 1100 (BM 600 ?) introduite par ailleurs par la ligne PC (Michel Roux). Plus tard, la filiale américaine prit encore plus de poids avec le venue de Ron Pampel, D Wartluft et John Robotham inventèrent la PWS, une « station de travail professionnelle » Unix à base de 486 qui, elle, donna lieu à un design spécifique de carte mère (voir plus loin le paragraphe spécifique) . Il serait intéressant de savoir combien tout cela a coûté à la compagnie…

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