RAISONS RELATIVES A LA SANTE 28- Pour l’indépendance médicamenteuse de l’Afrique. L’Africain dit facilement « la santé avant tout » et paradoxalement toute l’Afrique est dépendante en matière de sa santé vis-à-vis de l’Occident. Puisque l’Afrique n’a aucune indépendance pour sa santé, il est clairement évident que toutes les autres formes d’indépendance soient précaires, irréelles, mêmes impossibles. Chaque jour je reste étonné face à cette situation de dépendance totale et cette démission très dangereuse de l’Afrique. Je n’arrive pas à savoir pourquoi depuis les indépendances, aucune initiative réelle de conquérir l’indépendance en matière de la santé n’est jamais amorcée réellement malgré les différents défis auxquels l’Afrique fait face chaque jour. Aucun médicament purement d’invention africaine n’existe dans nos pharmacies contre le paludisme ou le SIDA. C’est honteux et écœurant que l’Afrique soit la partie du monde où il y a plus de malades mais curieusement aucune stratégie locale ne se développe pour endiguer cette situation. L’Afrique est malade mais attend ses médicaments de l’Occident. « Les malades sont au Sud mais les médicaments sont au Nord. ».27 L’Afrique se plaît dans cette situation inhumaine et honteuse car les Africains sont fiers de gérer des projets de SIDA ou du paludisme, mais les plus prisés sont ceux relatifs au SIDA. Et ils deviennent riches et opulents à la fin des projets. Je ne suis pas contre les projets, je veux savoir à qui profitent ces projets, aux malades ou aux agents de projet ? Depuis la rencontre avec l’Occident, il a été dit aux oreilles des Africains que les plantes tuent et des combats se sont développés pour inhiber toute initiative visant à améliorer la médecine avec les plantes, celle de Hyppocratus. L’Afrique s’est reniée une fois de plus et a perdu ses références en se refusant moderniser la médecine des plantes qui a pu garder nos ancêtres dans leur lutte contre de graves maladies et des pestes humaines. L’Afrique étonne par son reniement de lui-même et de se laisser assiéger par la médecine traditionnelle chinoise qui cherche à conquérir même le dernier village le plus reculé. C’est simplement honteux. L’Afrique, en dédaignant ses plantes, s’est accrochée à la médecine occidentale qui a finalement prouvé ses limites, son incapacité au besoin humain en matière de la santé durable, c’est une médecine, bien que très utile (je salue tout le progrès de la science en matière de la santé et je félicite l’Occident pour tout son progrès en matière de la santé), qui est précaire, vouée à la résistance des agents pathogènes. Les preuves sont légions. Les antibiothérapies et les nouvelles multithérapies en matière du SIDA se sont montrées précaires et agressives vis-à-vis de la santé humaine. Si dans le passé l’Afrique avait utilisé ses ressources végétales pour répondre au besoin de sa santé en puisant dans les technologies du Nord pour produire des phytomédicaments écologiquement acceptables, elle serait le continent moins malade au monde. L’Afrique doit s’organiser pour lutter contre toutes les maladies qui tuent ses fils. C’est une question de responsabilité. Elle a tout pour réussir son indépendance médicamenteuse. Mais l’Afrique ignore que sa forêt tropicale et son couvert végétal constituent un grand et formidable réservoir pharmacologique duquel le Nord puise énormément de choses pour nous les revendre sous d’autres formes. Je baptise le capital végétal africain de "l’or vert" de l’Afrique suffisant pour régler les grands problèmes de maladie, et c’est pourquoi j’œuvre acharnement dans le domaine du SIDA et du paludisme en faisant breveter plusieurs inventions dans ces domaines. Mais si l’Afrique s’unit en devenant une seule Nation, elle va conquérir son indépendance médicamenteuse et cela très difficilement, car l’Afrique malade est un grand marché pour l’Occident, un marché très juteux. Faisons un peu de calcul, si 15% des Africains souffre chaque semaine du paludisme et qu’ils doivent se traiter avec quinimax qui coûte 3000 FCFA, la dépense hebdomadaire s’élève à 150000000 x3000 F = 45 milliards Fcfa, ce qui peut donner un capital de 500000 F à 9000 jeunes pour fonds de commerce ou fonds de démarrage pour la création d’une petite entreprise chaque semaine en Afrique. Je souligne que cette somme d’argent peut servir à installer cinq firmes pharmaceutiques, une au centre de l’Afrique et une à tous les quatre points cardinaux du continent. Mais ces 45 milliards sont renvoyés au Nord en échange de quinimax et cela chaque semaine. L’Afrique dépense plus de 100 milliards de francs CFA par semaine pour sa santé. Moi je ne suis pas fier, j’ai honte ! Par ailleurs les populations sont toujours mal informées sur la cause réelle de ce qui les tue. Si le paludisme persiste et reste durable en Afrique, c’est parce que les représentations des Africains les disposent à être malades, cette maladie n’est pas attribuée au moustique mais au soleil, aux oiseaux, aux sorcières et d’autres imaginations infondées et irrationnelles. Quel égarement ! Pour notre indépendance médicamenteuse, nous avons toute la matière première, les plantes dont les extraits peuvent traiter ces maladies pullulent en Afrique. Cependant, nous n’acquerrons notre indépendance médicamenteuse quand nous nous aurons défini une politique originale en matière de la santé. 29- Pour définir une politique efficace de santé publique et une stratégie africaine novatrice de la lutte contre le SIDA et le paludisme. L’Afrique est malade, mais elle attend le Nord pour se soigner, tant que son messie occidental ne décide lui offrir les moyens de traitement de ses multiples et multiformes maladies, elle n’a pas de choix, elle assiste à la mort massive et quotidienne de ses fils qui sont condamnés à subir ce sort de vivre dans un espace de désolation et de démission collective. C’est plus qu’une catastrophe humanitaire, c’est une tragédie28, si l’on considère le drame qui se vit en Afrique quand on pense au domaine de la santé. Les chiffres font trembler quand on pense aux victimes du SIDA et du paludisme en Afrique et principalement dans sa partie subsaharienne : SIDA : une catastrophe humanitaire en Afrique subsaharienne
L'OMS estimait sur la base d'un taux d'infection de 40% que l'épidémie pourrait faire chuter l'expérience de vie en Afrique subsaharienne de 62 à 47ans. Selon l'UNICEF la mortalité infantile en Afrique Centrale et Orientale pourrait d'ici là atteindre 189%o plutôt que de diminuer au ratio prévu de 132%o.
Lors de la commémoration de la journée mondiale du SIDA 2002, la Banque Africaine de Développement a exprimé sa vive préoccupation face à l'ampleur de la maladie en Afrique en déclarant que : « A ce jour, avec 10% de la population mondiale, l'Afrique enregistre environ 70% du nombre total de personnes vivant avec le VIH/SIDA, 75% des décès liés au SIDA dans le monde et 95% des orphelins du SIDA...S'il est vrai que 7.000.000 de travailleurs agricoles sont décédés par suite du SIDA en Afrique, quelques 15 pays africains perdront 24 millions de travailleurs d'ici 20 ans à cause du SIDA. Le SIDA doit occuper désormais une place centrale dans tout programme du développement en Afrique. Les conflits et les guerres ne font que favoriser sa propagation.».29
La pandémie du VIH/SIDA est en train de causer des dommages sans précédent à l'Afrique ; elle tue beaucoup plus de gens que les guerres, les famines, les autres maladies et la pauvreté. Les chiffres font trembler : 400 personnes meurent par jour en Ethiopie, 700 au Kenya et 1000 par jour en Afrique du Sud, un total de 8000 décès par jour en Afrique subsaharienne, ce qui équivaut à la catastrophe aérienne de 25 avions de 300 passagers chacun par jour et les décès d'un mois équivalent au nombre total des victimes du Tsunami qui a frappé l'Asie en décembre 2004. Quelle terrible catastrophe humanitaire ! Quelle partition doit jouer l'Afrique face à ce défi ?
SIDA : un défi pour l'Afrique
L'avènement du SIDA doit être considéré comme un défi lancé à l'Afrique qui doit réagir pour chercher la solution à son problème. Comme tout peuple en situation difficile cherche les voies et moyens pour s'en sortir, l'Afrique doit chercher à vaincre le SIDA. Mais le continent s'enlise dans la mendicité et l'attente passive des solutions venant de l'Occident qu'elle regarde comme un messie. Et ce qui est paradoxal, ce que je qualifie d'antisocial, d'inhumain, d'étrange et après tout d'irresponsable, c'est que la plupart des projets anti-SIDA en Afrique constituent des opportunités d'enrichissement. Faut-il des preuves autres que celles que chacun peut observer tous les jours en Afrique sur cette question ? Voyons les faits :
- pendant que les malades maigrissent et meurent, les hommes des projets-SIDA grossissent ;
- pendant qu'on clame l'insuffisance des antirétroviraux, les "per-diems" de certains chefs de projets-sida pour une journée de sensibilisation peuvent aller de 100.000 à 300.000 Fcfa ; des ONG et des associations de lutte contre le SIDA se créent tout simplement pour s'enrichir (quelle honte ! quelle indécence ! quelle démarche anthropophage !) ;
- pendant que les grands laboratoires, sous prétexte du coût de leurs recherches brevetées refusent de rendre accessibles les antiretroviraux aux pays pauvres, les malades qui se trouvent principalement au Sud crèvent aux côtés de leurs compatriotes irresponsables, corrompus qui trouvent dans le SIDA une opportunité de s'enrichir. La situation est gravissime si l’on ajoute les dégâts du paludisme. Le paludisme une autre catastrophe humanitaire en Afrique Le paludisme ronge quotidiennement l’espoir de l’Afrique, car en emportant toutes les 30 secondes un enfant, il tue plus de 3000 enfants par jour. Les chiffres existent :
« On compte chaque année au moins 300 millions de cas aigus de paludisme dans le monde, et plus d’un million de décès. Environ 90% de ces décès surviennent en Afrique, principalement chez les jeunes enfants. Le paludisme est la principale cause de mortalité chez les moins de cinq ans en Afrique (20% des décès sont liés au paludisme) et il représente 10% de la charge totale de la morbidité du continent. Il est responsable de 40% des dépenses de santé publique, et de 30 à 50% des consultations externes dans les zones à forte transmission ».30 « On estime en Afrique que chaque année, 30 millions de femmes enceintes vivent dans des régions d’endémie, et que 200000 nourrissons meurent des suites du paludisme maternel plus particulièrement lors de la première grossesse »31. L’OMS en fait une préoccupation :
« Le paludisme en chiffres :
· Le paludisme tue entre 1,5 et 2,7 millions de personnes par an.
· Le paludisme tue 1 enfant toutes les 30 secondes, plus de 700.000 enfants de moins de cinq ans succomberont cette année. Le paludisme est la 4ème cause de mortalité chez l'enfant… devant le sida.
· Chaque année, près de 300 millions de personnes sont à un stade avancé de paludisme.
· 9 cas de paludisme sur 10 surviennent en Afrique subsaharienne.
· Environ 90% des décès liés au paludisme surviennent en Afrique.
· 40% de la population mondiale vivent dans des zones impaludées ».32 Le SIDA et le paludisme, effritent chaque jour, le gain réalisé au chapitre du développement en Afrique. Mais l’Afrique en est-elle consciente? L’Afrique attend toujours.
Devant une telle situation qui se vit au quotidien, on se demande comment l’Afrique peut vivre dans l’attentisme. « La santé passe avant tout», cette réalité n’est certainement pas africaine, la santé n’est pas la préoccupation majeure car depuis l’indépendance politique et administrative, nous Africains, n’avons jamais songé à notre indépendance sur le plan de la santé, jamais nous n’avons rêvé de notre indépendance médicamenteuse, nous nous sommes réduits à la consommation continue, ainsi nous sommes devenus le plus grand marché de médicaments au monde et surtout celui des antipaludéens accompagnés de la pharmacorésistance alors que notre capital végétal contient un formidable potentiel antipaludéen transformable. C’est vraiment la démission de l’Afrique face à ce fléau qui nous frappe depuis des siècles. Nos meilleurs médecins travaillent au Nord, l’Afrique est délaissée, elle est et demeure l’espace au monde voué à l’ange de la mort qui travaille sans relâche et pour le commun des Africains, c’est notre sort. Aucune initiative d’installation de firme pharmaceutique n’est envisagée, nos pharmacies travaillent pour l’Occident et non pour l’Afrique. On nous a appris que les plantes tuent, bloquent les reins et nous avons cru, aucune recherche africaine n’établit le contraire, les compagnons végétaux de nos ancêtres qui les avaient aidés à survivre depuis des millénaires, sont méprisés par l’enseignement reçu du colonisateur. Nous avons choisi ainsi la mort. Des chercheurs venant du Nord investissent nos forêts, nos campagnes, nos villages, nos villes à la recherche de nos savoirs ancestraux contre quelques pièces de monnaies, et personne ne songe à dénoncer cette biopiraterie quotidienne. L’Afrique brade ses précieux savoirs. Aucun programme axé sur l’indépendance de la santé de l’Afrique n’est envisagé, même l’OUA n’y avait jamais songé. Après de sérieuse réflexion, on se demande quel est cet espace de santé très précaire où l’on est né et qui ne préoccupe durablement aucune autorité. Nous sommes malades et nous mourrons chaque jour parce que nous avons choisi, nos leaders l’ont voulu consciemment ou inconsciemment. Nous avons tout ce qu’il nous faut pour vivre aussi longtemps que possible mais nous avons choisi la précarité totale et aimons assister nos enfants et nos parents par des encouragements à accepter le sort qui nous frappe tous les jours, les ancêtres et les dieux l’ont voulu. Pure démission de la raison collective ! Nous pouvons renverser la situation, le sort on le fait, nous devons faire le choix raisonnable car face à cette mondialisation de tous les domaines, nous devons vite nous repentir de notre démission pour prendre la santé de tout le continent en main et nous le pouvons car nous disposons de toutes les ressources adéquates. Cette indépendance au plan santé ne peut être effective que quand nous nous mettrons ensemble pour y travailler en tant qu’une seule nation, les Etats-Unis d’Afrique. Nous étonnerons le monde entier par notre émergence tant au plan de la santé que notre capacité à fournir au reste du monde des médicaments car l’échec des antibiotiques face au développement des formes de résistance des bactéries est la plus grande opportunité qui s’offre à nous, si nous sommes intelligents pour développer une autre forme de médicaments qui respecte la nature. La réalité de l’heure est que seuls les phytomédicaments restent durables et nous n’avons qu’à tourner autour de nos maisons pour mettre en valeur de façon rationnelle notre capital végétal, notre « or vert ». Mais il nous faut des hôpitaux décents pour mieux réussir cette politique. L’état des hôpitaux en Afrique
L’état des hôpitaux fait honte, une simple visite des urgences dans les capitales africaines révèle l’état désastreux, hideux, inhumain, indigne de l’homme que nous sommes. Des blessés couchés par terre, abandonnés à leur sort, d’autres alignés dans les couloirs, le nombre des soignants très insuffisants, les médecins débordés et visiblement fatigués et énervés. Les hôpitaux sont en général plus malades que les patients qu’ils accueillent et cela explique le nombre de mort au quotidien. Malgré tout cela, c’est notre Afrique, bientôt cet état de chose sera dépassé, les maux des hôpitaux seront guéris et les patients aussi. Mais cela exige de nous un changement de mentalité et d’attitude et le plus grand changement c’est notre unité, nous devons nous unir en une seule nation et elle sera très forte pour résoudre nos problèmes, c’est sûr.
En somme, considérant l’état des lieux en matière de santé que nous venons d’établir et surtout celui du SIDA, du paludisme et des hôpitaux, nous affirmons que ce n’est qu’en devenant les Etats-Unis d’Afrique que nous pouvons définir, adopter et pratiquer une politique efficace de santé publique et une stratégie africaine novatrice de la lutte contre le SIDA et le paludisme. Autrement, nous continuerons à tourner en rond en végétant dans la dépendance et l’attentisme, ce qui nous transforme en un terrain de prédilection de n’importe quel essai clinique et nous transforme en véritables esclaves de l’Occident qui nous manipulera comme il entend. L'Afrique doit cesser d'être démissionnaire et apprendre à répondre à l'appel lancé par certains de ses fils, tel que l'éminent historien Ki-Zerbo, qui semblent avoir compris l'urgence de nous ressaisir mais qui restent non entendus, non écoutés, non compris. L’heure est à l’urgence de nous unir pour former une seule nation afin de pouvoir résoudre nos grands problèmes de santé. En sécurisant la santé pour le peuple, ensemble nous pourrons œuvrer au développement socio-économique du continent.
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