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Œuvres
Kateb YacineK ![]() Kateb Yacine se trouve en classe de troisième quand éclatent les manifestations du 8 mai 1945 auxquelles il participe et qui s'achèvent sur le massacre de cinquante mille algériens par la police et l'armée françaises. Trois jours plus tard il est arrêté et détenu durant deux mois. Il est définitivement acquis à la cause nationale tandis qu'il voit sa mère « devenir folle ». Exclu du lycée, traversant une période d'abattement, plongé dans Baudelaire et Lautréamont, son père l'envoie au lycée de Bône (Annaba). Il y rencontre "Nedjma" (l'étoile), "cousine déjà mariée", avec qui il vit "peut-être huit mois", confiera-t-il et y publie en 1946 son premier recueil de poèmes. Déjà il se politise et commence à faire des conférences sous l'égide du PPA, le grand parti nationaliste, de masse, de l'époque. En 1947 Kateb arrive à Paris, « dans la gueule du loup » et prononce en mai, à la Salle des Sociétés savantes, une conférence sur l'Emir Abdelkader, adhère au Parti communiste. Au cours d'un deuxième voyage en France il publie l'année suivante Nedjma ou le Poème ou le Couteau (« embryon de ce qui allait suivre ») dans la revue Le Mercure de France. Journaliste au quotidien Alger républicain entre 1949 et 1951, son premier grand reportage a lieu en Arabie saoudite et au Soudan (Khartoum). À son retour il publie notamment, sous le pseudonyme de Saïd Lamri, un article dénonçant l'« escroquerie » au lieu saint de La Mecque. Après la mort en 1950 de son père Kateb Yacine est en 1952 docker à Alger. Puis il s'installe à Paris jusqu'en 1959, où il travaille avec Malek Haddad, se lie avec M'hamed Issiakhem et, en 1954, s'entretient longuement avec Bertold Brecht. En 1954 la revue Esprit publie « Le cadavre encerclé » qui est mise en scène par Jean-Marie Serreau mais interdite en France. Nedjma paraît en 1956 (et Kateb se souviendra "de la réflexion d'un lecteur : C'est trop compliqué, ça. En Algérie vous avez de si jolis moutons, pourquoi vous ne parlez pas de moutons ?). Durant la guerre de libération, Kateb Yacine, harcelé par la direction de la Surveillance du territoire, connaît une longue errance, invité comme écrivain ou subsistant à l'aide d'éventuels petits métiers, en France, Belgique, Allemagne, Italie, Yougoslavie et URSS. En 1962, après un séjour au Caire, Kateb Yacine est de retour en Algérie peu après les fêtes de l'Indépendance, reprend sa collaboration à Alger républicain, mais effectue entre 1963 et 1967 de nombreux séjours à Moscou, en Allemagne et en France tandis que La femme sauvage, qu'il écrit entre 1954 et 1959, est représentée à Paris en 1963, "Les Ancêtres redoublent de férocité" en 1967, "La Poudre d'intelligence" en 1968 (en arabe dialectal à Alger en 1969). Il publie en 1964 dans "Alger républicain" six textes sur "Nos frères les Indiens" et raconte dans "Jeune Afrique" sa rencontre avec Jean-Paul Sartre, tandis que sa mère est internée à l'hôpital psychiatrique de Blida (« La Rose de Blida », dans Révolution Africaine, juillet 1965). En 1967 il part au Viêt Nam, abandonne complètement la forme romanesque et écrit L'homme aux sandales de caoutchouc, pièce publiée, représentée et traduite en arabe en 1970. La même année, s'établissant plus durablement en Algérie et se refusant à écrire en français, Kateb commence, « grand tournant », à travailler à l'élaboration d'un théâtre populaire, épique et satirique, joué en arabe dialectal. Débutant avec la troupe du Théâtre de la Mer de Bab El-Oued en 1971, prise en charge par le ministère du Travail et des Affaires sociales, Kateb parcourt avec elle pendant cinq ans toute l'Algérie devant un public d'ouvriers, de paysans et d'étudiants. Ses principaux spectacles ont pour titres Mohamed prends ta valise (1971), La Voix des femmes (1972), La Guerre de deux mille ans (1974) (où reapparaît l'héroïne ancestrale Kahena) (1974), Le Roi de l'Ouest (1975) [contre Hassan II], "Palestine trahie" (1977). Entre 1972 et 1975 Kateb accompagne les tournées de Mohamed prends ta valise et de La Guerre de deux mille ans en France et en RDA. Il se trouve « exilé » en 1978 par le pouvoir algérien à Sidi-Bel-Abbès pour diriger le théâtre régional de la ville. Interdit d'antenne à la télévision, il donne ses pièces dans les établissements scolaires ou les entreprises. Ses évocations de la souche berbère et de la langue tamazirt, ses positions libertaires, notamment en faveur de l'égalité de la femme et de l'homme, contre le retour au port du voile, lui valent de nombreuses critiques. En 1986 Kateb Yacine livre un extrait d'une pièce sur Nelson Mandela, et reçoit en 1987 en France le Grand prix national des Lettres. En 1988 le festival d'Avignon crée Le Bourgeois sans culotte ou le spectre du parc Monceau écrit à la demande du Centre culturel d'Arras pour le bicentenaire de la Révolution française (sur Robespierre). Il s'installe à Vercheny (Drôme) et fait un voyage aux États-Unis mais continue à faire de fréquents séjours en Algérie. Sa mort laisse inachevée une œuvre sur les émeutes algériennes d'octobre 1988. En 2003 son œuvre est inscrite au programme de la Comédie française. Instruit dans la langue du colonisateur, Kateb Yacine considérait la langue française comme le « butin de guerre » des Algériens. « La francophonie est une machine politique néocoloniale, qui ne fait que perpétuer notre aliénation, mais l'usage de la langue française ne signifie pas qu'on soit l'agent d'une puissance étrangère, et j'écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français », déclarait-il en 1966. Devenu trilingue, Kateb Yacine a également écrit et supervisé la traduction de ses textes en berbère. Son œuvre traduit la quête d'identité d'un pays aux multiples cultures et les aspirations d'un peuple. Kateb Yacine est le père de Nadia, Hans et Amazigh Kateb, chanteur du groupe Gnawa Diffusion. Mouloud MammeriM ![]() Ses romans, tels que la Colline oubliée, l'Opium et le bâton, le Sommeil du juste et la Traversée du désert ont été traduits en plusieurs langues. Les deux premiers ont été adaptés à l'écran respectivement par Abderrahmane Bouguermouh et Ahmed Rachedi. C'est à cet éminent linguiste qu'on doit également les Isefra, recueil de poèmes épiques du troubadour Si Muh U M'hand. C'est lui également qui a élaboré la grammaire amazigh Tadjarrumth N'tmazighth ainsi que le recueil des contes anciens Maachahou, Talamchahou. Le dramaturge Mammeri s'est distingué par sa trilogie théâtrale formée des pièces du Foehn, le Banquet et la Mort des aztèques. Son cursus scolaire, il l'entama en son village natal de Taourirth- Mimoun qui lui a inspiré l'écriture du roman la Colline oubliée, jusqu'à l'âge de 11 ans, avant d'aller chez son oncle au Maroc. Quatre ans plus tard, il rentra au pays et s'inscrit à l'ex-lycée “Bugeaud”, actuel Emir-Abdelkader d'Alger, avant de s'installer à Paris où il prépara au lycée Louise le Grand le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure. Il fut mobilisé dès le déclenchement de la seconde Guerre mondiale. El 1940, il s'inscrit à la faculté des lettres d'Alger. mobilisé une deuxième fois en 1943, il participa aux campagnes d'Italie, de France et d'Allemagne. Après quoi, Mammeri prit part, à Paris, à un concours pour le recrutement de professeurs de lettres, avant de rentrer au pays en 1947. Après avoir enseigné à Médéa en 1947-1948, il devient professeur à l'université d'Alger où il occupa la première chaire de berbère de l'Algérie indépendante, avant d'être directeur du centre de recherches anthropologiques, historiques et ethnographiques (CRAPE, ex-Musée du Bardo). MOULOUD MAMMERI.L'homme de lettres et penseur émérite algérien s'est éteint à l'âge de 71 ans. Il trouva la mort dans un accident de la circulation, dans la nuit du 25 au 26 février 1989, sur la route de Aïn-Defla menant vers Alger alors qu'il revenait du Maroc où il avait participé à un colloque international sur les langues maternelles. Slimane AzemBiographieP ![]() Du point de vue de son contenu, ce répertoire présente des ressemblances frappantes avec celui de Si Mohand, grand poète kabyle du XIXe siècle. Dans un contexte socio-historique différent, Slimane Azem a, en effet, représenté pour le XXe siècle ce que Si Mohand fut pour le siècle dernier : le témoin privilégié d'un monde qui vole en éclats, d'une société dont les assises ont été ébranlées en profondeur et dont les valeurs vacillent - même si quelquefois elles se raidissent - face à celles, implacables, du système capitaliste. Le répertoire de Slimane Azem est donc - à l'image de la société qu'il traduit - traversé en profondeur par ces bouleversements; sa thématique est, à cet égard, tout à fait significative. Sur les soixante-dix ... chansons recensées en 1979 (cf. Slimane Azem : Izlan édité par Numidie Music) et qui composent ce répertoire, plus de la moitié sont consacrées à ce renversement de valeurs avec des titres très évocateurs Ilah ghaleb, Kulci yeqleb (p. 30) : Ô Dieu, tout est inversé Zzman tura yexxerwed (p. 38) : les temps sont, à présent, troublés Terwi tebberwi (p. 122) : tout est sens dessus-dessous. Dans ces chansons du chaos, zik (autrefois) est fondamentalement opposé à tura (aujourd'hui). Dans cet ouragan qui déferle, rien n'échappe au tourbillon : c'est le règne du «ventre» (aàbûd p. 104) c'est-à-dire des intérêts bassement matériels, de l'argent (idrimen p. 28), de l'égoïsme, etc. au détriment de l'honneur (nnif), de la solidarité agnatique (tagmat). Cet éclatement charrie tout son cortège de maux, de misères dont : la paupérisation, l'alcool (a hafid a settâr p. 25, berka yi tissit n ccrab p. 78), etc. face à l'alcool, Slimane Azem oscille toujours, au même titre que Si Mohand, entre la transgression et le repentir. Enfin devant la force de l'avalanche cèdent aussi les rapports entre les sexes, rempart ultime de l'édifice social, et Slimane Azem de décrire, tantôt avec humour, tantôt avec une ironie caustique, ces hommes sur lesquels les femmes arrivent à avoir de l'ascendant (lalla mergaza d win terna tmettût p. 42 : dame omelette qui est dominé(e) par sa femme). Car ce sont bien les valeurs de la société traditionnelle que Slimane Azem défend, au besoin en évoquant Dieu à grand renfort; la dimension religieuse - sans être dominante - est incontestablement présente dans son répertoire. Cependant, cette description d'un monde quasi apocalyptique - bien que récurrente - n’a pas l'exclusivité dans l'oeuvre de Slimane Azem; il était et il reste pour toute une génération de Kabyles - par dessus tout - le poète de l'exil : son évocation de la Kabylie, toute empreinte de pudeur, rappelle la douleur d'une plaie demeurée à vif, en témoignent des chansons comme : d’aghrib d aberrani : exilé et étranger (p. 40) ay afrux ifilelles : ô hirondelle, oiseau messager (p. 74) a tamurt-iw aàzizen : ô mon pays bien-aimé (p. 126). Propulsé dans le tourbillon du monde moderne, Slimane Azem ne s'est pas contenté de se réfugier dans le giron incertain des valeurs traditionnelles, son regard s'est ouvert grand sur le monde et nous lui devons de véritables poèmes de… politique internationale dans lesquels le ton volontiers satirique n'altère en rien l'acuité du regard : amek ara nili sustâ ? Comment pourrions-nous nous trouver bien ? (p. 64). Par ailleurs terwi tebberwi : tout est sans dessus dessous (p. 122) est dans la même veine. Il faut préciser que Slimane Azem, puisant dans le vieux patrimoine berbère, a «fait parler» les animaux, arme subtile mais à peine voilée d'une critique politique acerbe baba ghayu : le perroquet tlata yeqjan : les trois chiens (p. 148). En cela il marque une fidélité indéfectible au caractère traditionnellement contestataire de la poésie kabyle, l'une de ses dernières chansons salue avec éclat et avec un titre très évocateur : (ghef teqbaylit yuli was* : sur le Kabyle (ou la Kabylité) se lève le jour), l'émergence de la revendication culturelle berbère lors du printemps 1980. Enfin dans ce répertoire vaste, riche et plein de nuances, se remarque une absence quasi totale de la poésie lyrique, lorsque cet aspect est effleuré, il ne l'est que par touches extrêmement discrètes; il est certain que ce silence résulte d'un choix, peut-être est-ce le tribut que le poète a consenti à payer afin de briser le tabou lié à la chanson, car on rapporte que Slimane Azem avait le souci d'interpeller les siens au moyen de chansons qui pouvaient être écoutées «en famille», c'est-à-dire en tous points conformes aux règles de la bienséance. BIBLIOGRAPHIE AZEM S., Izlan (textes berbères et français), Numidie Music, Paris, 1979. * La dernière chanson citée (ghef teqbaylit yuli was) ne figure pas dans cet ouvrage car elle lui est postérieure. |
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