Les entreprises américaines se sont fortement internationalisées








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rurbanisation. Dans les années 1960, le Nord-Est et le Midwest se sont relativement dépeuplés, et ce phénomène s'est accéléré dans les années 1970, à cause des pertes d'emploi dans l'industrie (l'exode des retraités vers le soleil y a aidé aussi), mais l'apport de l'immigration a fait que la population de ces régions a continué à augmenter en termes absolus. La tendance séculaire au renforcement du poids relatif de la Sunbelt (la Floride, le sud-ouest et la côte Pacifique) s'est accentuée continûment depuis 1945: la Floride est passée de deux millions d'habitants en 1940 à onze millions en 1984; la Californie, de dix millions d'habitants en 1950 à vingt-cinq en 1984. La ville de Phoenix, Arizona, est passée de quarante mille habitants en 1930 à neuf cent mille en 1970 et un million neuf cent mille en 1986!

La mobilité professionnelle est intense aussi, car le marché du travail est infiniment plus flexible qu'en Europe. Dans les années 1970, années de crise pourtant, 10% de la population changeait d'emploi chaque année, et neuf sur dix de ces changements d'emploi étaient volontaires.
B) Actvités dominantes et classes sociales.
La population active a augmenté à un rythme soutenu, et qui s'est accéléré à partir de 1965. Le taux d'activité a crû de 1945 (61,5%) à 1990 (65%), à un rythme de 1,9% de 1945 à 1978 (contre 0,7% en France et 0,4% en Allemagne). Le taux d'emploi féminin est passé de 37% en 1960 à 52% en 1982; à cette date les femmes représentaient 45% de la population active, un chiffre comparable à celui de la France.

Le secteur primaire s'est effondré en termes d'effectifs: de 30% de la population active en 1920, il est passé à 23% en 1940, 9% en 1960 et 3% en 1985. C'est le Sud qui a connu l'évolution la plus brutale, mais même dans le Middle West, région agricole par excellence, il ne demeure que moins de 5% d'agriculteurs. Les travailleurs de l'industrie, ceux que l'on appelle aux États-Unis les "cols bleus", sont en déclin aussi (leur proportion est passée de 43% de la population active en 1940 à 33%, chiffre à peu près stable dans les années 1950 et 1960, et 30% en 1980); cette diminution s'est accentuée à partir des années 1970, elle est plus sensible dans les vieilles régions industrielles du Nord-Est. Le tertiaire, beaucoup plus développé qu'en Europe dès l'entre-deux-guerres (il regroupait déjà 43% des actifs en 1930), regroupait 70% des actifs en 1984; le rythme de croissance de ce secteur s'est nettement accéléré depuis les années 1960. On y distingue les "cols blancs", c'est-à-dire les travailleurs non manuels au service des enteprises, de plus en plus nombreux parmi le personnel de celles-ci, et les "travailleurs des services", plus nombreux (ils formaient 45% de la population active vers 1985).

Le chômage, quasiment nul (1,9%) en 1944, a lentement recommencé à augmenter et est passé un peu au-dessus de 5% en 1957, puis s'est à peu près maintenu à ce niveau jusqu'en 1973, date à laquelle il a recommencé à augmenter au rythme des récessions sucessives, atteingnant le niveau maximum de 10,2% en 1982.
La société américaine est difficile à décrire en termes de classes sociales: la mobilité professionnelle est extrême (voyez plus haut) et peut faire passer une Américaine ou un Américain, durant sa vie active, des rangs de ce que nous appellerions "le prolétariat" à ceux de "la grande bourgeoisie"… et retour éventuel. Par ailleurs, il n'y a que peu de comportements "de classe"… En réalité, ces classifications sont étrangères aux Américains, qui dans leur immense majorité (92% à la fin des années 1980!) se considèrent membres de la "classe moyenne", ce qui n'a rien que de très normal dans un pays où dès 1960 75% des ouvriers possédaient une voiture, et 90% une télévision. Les inégalités les plus douloureusement perçues ne sont pas les inégalités sociales, qui sont considérées comme normales dans une société libérale qui ne prétend pas établir l'égalité des conditions de vie mais celle des chances, mais les inégalités entre groupes "raciaux": cette conscience-là n'a fait que croître de 1945 à 1980, alors même que paradoxalement, effet de la prospérité et autant que conséquence des succès du mouvement des droits civiques, ces inégalités-là n'ont fait que se réduire — tout en demeurant importantes.

Les années 1960 ont fait exception de ce point de vue: ce fut la seule période de l'après-guerre où les milieux dirigeants ont mis l'accent sur l'existence d'une Amérique pauvre, indépendamment des couleurs de peau — c'est en 1964 qu'un "indice de pauvreté" a été établi, pour l'attribution des aides de l'État fédéral (allocations-logement, bons d'alimentation, etc.).

Tout cela, et le fait que le nombre de "pauvres" selon la définition administrative ait diminué (de 22% de la population en 1960 à 11% en 1974, avec une remontée à 12% en 1979 et à 15% au plus fort de la crise en 1982 — remontée modérée grâce à l'effet des programmes sociaux et d'intégration, et à l'amélioration de la condition des personnes âgées), ne veut évidemment pas dire que les ingéalités n'existent pas aux États-Unis! Les écarts de revenu et surtout de patrimoine sont colossaux, bien plus qu'en Europe, et ont eu tendance à croître, aussi bien dans les années de prospérité que dans celles de crise. Il n'en reste pas moins que les effectifs des classes moyennes n'ont cessé de se renforcer: ce sont elles, satisfaites dans l'ensemble de leur sort, qui ont assuré l'extraordinaire stabilité politique et sociale de l'Amérique, que les désordres des années 1960 ne doivent pas amener à sous-estimer: ces désordres étaient dus aux Noirs et aux jeunes, deux catégories nettement délimitées qui ne sont jamais parvenues à rallier la majorité à la contestation du modèle américain (le combat des Noirs, d'ailleurs, était un combat pour l'intégration et non un combat contestataire à proprement parler, à l'exception d'une minorité extrémiste).
C) La ville américaine1
Le taux d'urbanisation est passé de 56,5% en 1940 à 77% en 1992; à la fin des années 1980, trente-six villes dépassaient un million d'habitants, dont la moitié se trouvaient dans le nord-est.

Les caractères spécifiques de la ville américaine, qui s'étaient dessinés dans la première moitié du XXe siècle, se sont accentués entre 1945 et 1980. On pense aux quartiers de gratte-ciel, mais n'oubliez pas que la ville américaine n'y limite pas. La suburbanisation, c'est-à-dire la croissance des banlieues, s'est poursuivie à un rythme toujours accéléré: les banlieues américaines auraient vu leur population augmenter de 160% entre 1940 et 1970, et en 1980 une centaine de millions d'Américains vivaient dans ces banlieues, de plus en plus lointaines. C'est vers 1960 que les grandes agglomérations de la côte est en sont venues à pratiquement se toucher, à former une seule "mégalopole". Les banlieues sont moins ségrégées racialement que les centre-villes, mais certaines le sont dans une mesure non négligeable; depuis les années 1960 la classe moyenne noire les a gagnées. Depuis les années 1970, le phénomène de suburbanisation s'accompagne d'un phénomène de rurbanisation qui n'en est que l'extension favorisée par l'essor continu des transports automobiles: ce phénomène touche les campagnes dans un rayon d'une centaine de kilomètres autour des villes, nettement plus dans le cas des couches supérieures grâce à la présence, dans certaines campagnes hupppées, de petits aérodromes desquels on peut se rendre en moins d'une heure sur d'autres petits aéroports situés en lisière des centres d'affaires!

Entre ces immenses banlieues-dortoirs et les centres d'affaires, il y a les franges des centre-villes avec leurs constructions (relativement) anciennes, généralement assez dégradées et colonisées par les dernières vagues d'immigrants ou transformées en ghettos noirs (dès avant 1945). Jusqu'en 1980, l'Amérique n'a pas connu de phénomène de "reconquête des centres" par la bourgeoisie, comme à Paris — il faut dire que les bâtiments anciens y sont moins beaux et moins prestigieux, et aussi que les transports en automobile y sont sans doute moins pénibles. Parmi les exceptions, citons Boston, où les superbes quartiers de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe sont toujours demeurés passablement huppés; le quartier de Central Park à New York; un certain nombre d'anciens quartiers dégradés devenus "branchés" dans les années 1970, comme leVillage à New York et le centre de San Francisco. Les hypercentres, les business districts avec leurs gratte-ciels, représentent un cas particulier: jusqu'aux années 1980 leur prééminence dans les activités tertiaires, et corrélativement leur richesse, n'a pas été remise en cause par l'appauvrissement des quartiers environnants; mais la nuit ils sont déserts et peu sûrs, et les infrastructures n'y sont pas toujours à la hauteur de leur rôle économique.

Outre cette répartition très différente des quartiers, le contraste entre les villes américaines et les villes européennes tient aussi à des détails et à des ambiances: les escaliers de secours extérieurs, l'omniprésence de la publicité, le caractère multilingue de l'affichage dans les grandes villes, le fait que les bâtiments et les immeubles ont tendance à ne pas se toucher et à ne pas être alignés, ce qui crée pour un Européen une impression de désordre et d'inachèvement (la ville américaine est construite autout de volumes pleins, individualisés; la ville européenne autour de vides, les rues, des deux côtés desquelles les constructions s'ordonnent); et puis la taille des automobiles (surtout avant 1980, la crise énergétique n'ayant pas encore fait revenir les Américains à la raison), le fait que les gens portent leurs commissions dans des sacs en papier sans anses, etc. — ici, repassez-vous vos souvenirs, touristiques ou cinématographiques.

Les centre-villes accusent au total un net déclin démographique et industriel; les plus pauvres s'y concentrent toujours plus (27% des pauvres y vivaient en 1959, 37% en 1982). En effet, plus il y a de pauvres dans un quartier, plus les problèmes de cohabitation sont délicats (violence, etc.), et surtout, en l'absence de communautés urbaines et de toute solidarité fiscale entre communes d'une même agglomération, plus la fiscalité a tendance à augmenter, et donc à se concentrer sur ce qui reste de classes moyennes, lesquelles fuient en banlieue, ce qui accentue les problèmes fiscaux: c'est un cercle vicieux typique. Le même cercle vicieux est discernable dans l'éducation; le busing, censé rassembler des enfants de différents quartiers dans les mêmes écoles, n'a fait que provoquer une fuite vers les écoles publiques des banlieues, moins touchées par cette obligation (car le busing a lieu dans le cadre d'une seule commune), ainsi que vers l'enseignement privé. Les centre-villes américains ont été touchés par une spectaculaire vague d'émeutes dans les années 1960 (voyez le chapitre 4), puis les choses se sont calmées dans les années 1970; mais les infrastructures ont continué à se dégrader, au rythme de la situation financière des municipalités — dans les années 1970, New York était virtuellement en faillite.

Il y a quand même eu une politique urbaine de la part des gouvernements fédéraux: dans les années 1950, il y a eu une campagne de destruction, puis (après 1954) de réhabilitation des taudis, et de construction de logements sociaux; à partir de 1964, s'y st ajouté une politique volontariste de développement des transports collectifs urbains, et tous les programmes d'assistance que j'ai détaillés dans le chapitre 4. En 1967, année où est apparu un ministère de l'Habitat et du Développement urbain, un programme de "villes modèles" a été lancé, qui devaient servir d'exemple; mais il a échoué et a été interrompu en 1973. L'engagement fédéral dans la politique urbaine a commencé à décliner à partir de 1969, à une nuance près: les crédits affectées aux villes par l'État fédéral ont augmenté sous les présidences Nixon et Carter — mais ce sont les municipalités désormais qui, de plus en plus, doivent en décider l'emploi, c'est-à-dire prendre en charge leur propre développement. Bien entendu ces traits se sont beaucoup accentués dans les années 1980.
III-Star-spangled culture: la culture aux États-Unis de 1941 à 1980 (environ)1
L'image des États-Unis en matière de culture au XXe siècle est double. D'une part, en France notamment, c'est celle d'un pays en proie à tous les décervelages de masse, d'une culture industrielle dans ses modes de production, désastreuse dans son niveau, répugnante dans son idéologie, essentiellement orientée vers la satisfaction des instincts les plus bas des masses pour le plus grand profit financier des industriels de la culture. Mais cette culture est d'une attractivité impressionnante, et a influencé l'humanité entière pour le meilleur et pour le pire; elle fait aujourd'hui partie de notre patrimoine (« What's up, Doc? ») — l'Amérique est aujourd'hui, avant d'être le sujet de tous les enjeux et fantasmes (géo)politiques, un lieu de notre paysage culturel à tous. Et en ce début de XXIe siècle (cela n'a pas toujours été le cas), même les détracteurs les plus obstinés de l'Amérique sont obligés de reconnaître qu'à côté d'innombrables et indéniables désastres l'industrie américaine de la culture a donné naissance à des produits d'une grande qualité, des produits qu'il est difficile de ne pas appeler des œuvres — personne, je crois, n'ose plus condamner tout le cinéma hollywoodien, ni les grands genres littéraires et cinématographiques inventés aux États-Unis au XXe siècle: le western, le genre policier, etc.

Il faut souligner d'ailleurs que les États-Unis au XXe siècle ont aussi produit des œuvres majeures dans tous les domaines de la "haute culture" telle que l'Europe la conçoit: la peinture, avec par exemple Jackson Pollock; la musique, avec John Adams (né en 1947); la littérature (dès l'entre-deux-guerres, avec par exemple Faulkner); et qu'il y a belle lurette qu'ils dominent le secteur de la recherche, aussi bien en sciences "dures" qu'en sciences humaines — féru de linguistique, je suis toujours impressionné par la productivité des chercheurs américains en ce domaine, même dans des universités perdues au milieu des Rocheuses ou du Middle West: la France n'a rien de comparable, sauf dans des domaines étroits et liés à des héritages locaux (les langues latines, les langues africaines) — ce qui est impressionnant dans la lingusitique américaine, c'est son universalité, c'est que j'ai déniché à Boston aussi bien la meilleure grammaire albanaise que la meilleure grammaire birmane et la meilleure grammaire maya2 qui soient; et il y a aussi la linguistique générative "dure" de Chomski, la pholosophie californienne du langage, etc… En Histoire aussi: même celle de la France doit beaucoup à de grands universitaires américains comme Stanley Hoffmann et Eugen Weber — alors que les études historiques américaines en France sont d'un provincialisme consternant.

C'est d'autant plus suprenant que les États-Unis sont un pays neuf, qui n'a pas en ces matières le passé des vieilles nations d'Europe — même si en France on a tendance à exagérer ce retard, ce qui s'est longtemps accordé à certains complexes américains: rappelons qu'en 1914 siècle l'Amérique a déjà produit Benjamin Franklin, les Pères Fondateurs, Edgar Poe, Herman Melville, Henry James — il est vrai que ce dernier a fini par choisir de s'installer en Grande-Bretagne et par en prendre la nationalité. Mais peut-être est-ce lié: il n’est pas de période plus riche que les quelques décennies où une cité se construit, d’interrogations en affirmations, de luttes en consensus, politiquement, culutrellement, "identitairement".
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