Les entreprises américaines se sont fortement internationalisées








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habillement et la chaussure, ont réagi en délocalisant, à l'étranger mais aussi dans le sud des États-Unis où les salaires étaient moins élevés, et surtout en mécanisant. La chimie en revanche a bien conservé ses positions.

L'automobile, industrie reine des années 1910 aux années 1960, mais très dépendante des aléas de la conjoncture économique depuis que c'est essentiellement un marché de renouvellement (c'est-à-dire depuis la fin des années 1920!), a fini par souffrir de sa structure oligopolistique qui représentait un frein à l'innovation: au moment de la crise énergétique elle a eu beaucoup de mal à s'adapter à une demande de véhicules plus sobres… et moins ostentatoires dans leur aspect extérieur. Par ailleurs les problèmes de coût du travail étaient presque aussi aigus que dans la sidérurgie. Chrysler n'a été sauvée de la faillite que par un prêt fédéral, en 1979; l'Amérique n'occupait plus que le second rang mondial vers 1985, derrière le Japon, et le marché américain commençait à être envahi de véhicules importés (à hauteur de 15% du marché en 1970, et de 25% en 1985); d'où de premières mesures protectionnistes prises à partir de 1981 (officiellement, des "accords" avec les firmes japonaises).

En revanche, dans les années 1970 l'électronique grand public et l'informatique étaient déjà en train de devenir les secteurs les plus dynamiques de l'économie américaine, grâce notamment au lancement de produits nouveaux (les magnétoscopes sont apparus en 1975, les C.D. en 1982). Pourtant dans les années 1970 la concurrence asiatique était de plus en plus rude, et a semblé complètement déborder le marché américain dans les années 1980… Surtout, l'Amérique n'avait souffert d'aucun déclin, sa suprématie s'était même plutôt renforcée dans certains secteurs de haute technologie: les industries d'armement (vers 1980 l'Amérique produisait 25% des armes mondiales), l'aéronautique (Airbus ne concurrençait pas encore sérieusement Boeing, qui honorait encore 60% des commandes d'appareils long et moyen courriers dans le monde en 1985) et l'aérospatiale (la conquête de la Lune date de juillet 1969; la première navette spatiale, Columbia, fut lancée en avril 1981 — cependant dans les années 1960 et 1970 les États-Unis avaient lancé deux fois moins de satellites artificiels que l'U.R.S.S.), et enfin les télécommunications. Les bioindustries étaient balbutiantes en 1980 (les premières entreprises sont nées en 1971 dans la Silicon Valley), mais c'était un domaine à peu près réservé à l'Amérique.

C'étaient des industries à forte innovation et à fort effet d'entraînement technologique, d'où une importante capacité potentielle à créer des emplois, mais indirectement; cependant dans les années 1970 les créations d'emplois dans ces secteurs et dans les secteurs liés ne parvenaient pas à compenser les pertes dans les branches plus traditionnelles de l'industrie américaine. C'étaient surtout des industries très liées au complexe militaro-industriel, et qui ont beaucoup bénéficié des financements à peu près illimités de la guerre froide — cependant les plus directement liées à la conquête spatiale ont souffert du ralentissement des projets de la N.A.S.A. après 19751.

D'un point de vue géographique, ces évolutions de l'industrie américaine ont avant tout bénéficié à la côte ouest, dont l'activité économique avait déjà reçu un coup de fouet au moment de la guerre, car c'était la région la plus proche du théâtre des opérations. La Californie, en essor continu grâce au pétrole depuis le tout début du siècle, est devenue le loin le premier État industriel des Etets-Unis. La Silicon Valley, autour de l'université Stanford à San Francisco et de la zone de Palo Alto où l'industrie électronique était née dans l'entre-deux-guerres, est apparue en 1971, au moins pour les médias (en fait, c'est en 1951 que l'université a commencé à louer des terrains avoisinannts à des entreprises désirant profiter de synergies avec des laboratoires de recherche). La population du comté de Santa Clara, où la Silicon Valley est située, a augmenté d'un million d'habitants de 1940 à 1980. Seattle, dans le Washington, est la capitale de l'industrie aéronautique (c'est là que se trouve le siège de Boeing), là aussi pour des raisons lées à la guerre. Le sud, et surtout les États côtiers (la Floride et le Texas), ont bénéficié à la fois d'une main-d'œuvre bon marché et peu syndiquée, et de facteurs climatiques — à partir de 1965 on a même vu des usines d'assemblage se délocaliser juste de l'autre côté de la frontière mexicaine, les maquiladoras: elles y bénéficiaient d'un statut particulier qui a fait de cette région une annexe économique des États-Unis, avec des législations sociale et environnementale pratiquement inexistantes. Le nord-est industriel en revanche est entré en crise dès les années 1960, à l'exception des grandes villes à structure industrielle diversifiée grâce à l'importance des marchés qu'elles représentent et à leur richesse en "cerveaux". C'est ainsi qu'autour du M.I.T., la prestigieuse université de Boston, s'est développé à partir des années 1950 un autre technopole, connu sous le nom de "route 128".
Les activités de services dépassaient déjà l'industrie en termes d'emplois dans les années 1920; cette évolution s'est accélérée après-guerre, comme nous les verrons plus bas, mais le tertiaire est demeuré moins productif en moyenne que l'industrie. L'Amérique est véritablement devenue une société de services, même s'il faut rester conscient que ces services sont en majorité au service de l'industrie: une bonne partie des transports, le conseil financier, l'ingénierie, la publicité… L'essor des services aux particuliers, déjà marqué avant 1980, s'est beaucoup accéléré dans les années Reagan. Le secteur de l'emploi public (tous niveaux confondus, de l'État fédéral aux collectivités locales) est passé de cinq millions et demi d'employés en 1945 à seize en 1979. 20% de ces emplois sont fournis par l'État fédéral; la branche la plus nombreuse est l'éducation.

Le secteur bancaire est extrêmement cloisonné, depuis 1933 la distinction entre banques d'affaires et banques de dépôt est très stricte; depuis 1927 les activités d'une banque ne peuvent dépasser les frontières d'un État. Enfin, depuis 1956, il est interdit aux banques de prendre des participations dans des entreprises industrielles, et réciproquement. De ce fait, en 1980 le système bancaire américain était l'un des plus atomisés du monde, avec quinze mille établissements environ… même si de grands Empires financiers se sont maintenu ou bâtis dans les grandes villes et surtout par le biais des activités à l'étranger: la Citicorp de New York était quand même la première banque mondiale (jusqu'en 1983). Tout ceci a été emporté par la déréglementation des années 1980.
II-Quelques évolutions de la société américaine.
A) Données démographiques.
L'Amérique comptait deux cent vingt-six millions d'habitants en 1980 contre soixante-quinze millions en 1900, cent trente-deux en 1930 et cent quarante en 1940 (dans les années 1930, l'arrêt de l'immigration avait été compensé par des taux de croissance naturelle encore élevés). Cela faisait, vers 1980, 4,5% à 5% de l'humanité, contre 7% en 1945, et le quatrième pays du monde par la population derrière la Chine, l'Inde et l'U.R.S.S. Cette extraordinaire croissance s'est faite essentiellement par le biais de l'immigration, même si les taux de natalité sont demeurés toujours plus élevés qu'en Europe malgré un birth control préconisé dès les années 1920 par les associations féministes, et institutionnalisé depuis les années 1960 (la "pilule" est légale depuis la fin des années 1950; la législation fédérale anticontraceptive a été abrogée en 1971 et le droit des Américaines à l'interruption volontaire de grossesse a été reconnu par la Cour suprême en 1973). Après une baisse continue dans l'entre-deux-guerres (27‰ en 1920, 19‰ en 1935), la natalité s'est relevée dans le cadre du baby-boom de l'après-guerre (20‰ en 1945, 25‰ au maximum de la courbe en 1957), puis a recommencé à descendre jusqu'en 1976 (14‰) avant d'amorcée une timide remontée (16‰ en 1980) due essentiellement au dynamisme démographique des immigrés récents. Depuis 1972 le remplacement des générations n'est plus assuré, même si dans les années 1970 les effets retardés du baby-boom permettaient à l'accroissement naturel de la population américaine de demeurer légèrement positif (+ 0,5% vers 1975).

Quant à la mortalité, elle était très faible et en baisse (15% en 1910, 11‰ en 1940, 9,6‰ en 1980); ni le vieillissement de la population américaine (tout relatif par rapport à l'Europe), ni les effets (modérés) de la crise des années 1970 ne sont venus remettre en cause cette évolution.
L'immigration était tombée à des niveaux très bas à la suite de la crise économique des années 1930, puis de la guerre. Elle reprit avec les réfugiés d'Europe (aussi bien des camps que des pays en voie de satellisation par l'U.R.S.S.), facilitée par une loi de 1948, une législation un peu plus libérale pour les Asiatiques en 1952, et surtout l'attrait de la prospérité américaine, qui fit notamment qu'en 1953 et 1955 il "fallut" procéder à des expulsions massives d'immigrés clandestins mexicains. Mais le tournant majeur date de 1965, lorsque Jonhson, au pied de la statue de la Liberté, signa une loi qui libéralisait beaucoup l'immigration, notamment en provenance du tiers-monde. Le système des quotas était maintenu (par "hémisphère" et par pays — ils furent relevés en 1976), mais les États-Unis accueillaient désormais également, en partie hors quotas, les immigrés qui avaient déjà de la famille aux États-Unis, ainsi que les plus diplômés: le brain drain était systématisé (voyez-en plus bas les conséquences culturelles). Dans les premières années suivant l'application de la loi de 1965, les immigrants les plus nombreux en provenance du tiers-monde furent des médecins, puis, de plus en plus, ce furent des ingénieurs. À l'inverse de ce qui s'est passé en France, personne n'a jamais prétendu qu'ils ont vocation à rentrer chez eux… De plus, de nombreux réfugiés politiques ont été accueillis, hors quotas eux aussi. De ce fait, à la fin des années 1960, l'Amérique accueillait à nouveau plus de quatre cent mille immigrants par an, et ce chiffre ne diminua pas durant la crise: il y eut même un pic de huit cent mille entrées en 1980 (largement dû aux Marielitos, cent vingt-cinq mille Cubains qui avaient envahi le port de Mariel, à Cuba, et que Castro dut laisser fuir le paradis du socialisme tropical). Il fallait y ajouter les clandestins, surtout des Mexicains jusqu'en 1980 (en 1978, huit cent quarante mille "illégaux" ont été bloqués à la frontière, ce qui indiquerait, selon les calculs de la police américaine, que deux cent mille au moins avaient réussi à passer). En 1980, 6,2% des Américains étaient nés en-dehors du territoire des États-Unis, contre 4,7% en 1970.

L'immigration massive a contribué, avec l'essor du mouvement des droits civiques, à remettre en cause l'idéologie du melting pot. À vrai dire, il n'avait jamais fonctionné de manière bien satisfaisante, sauf au niveau de la langue; depuis 1945, avec l'afflux d'immigrants latino-américains et leur concentration dans certains États ou comtés où ils sont parfois majoritaires, même l'assimilation linguistique se fait moins vite que par le passé. Dans les années 1980, deux millions d'Hispaniques ne parlaient que l'espagnol, et 70% des hispano-Américains parlaient espagnol au foyer: l'espagnol se transmettait relativement bien à la deuxième et même à la troisième génération; l'explosion des télévisions thématiques dans les années 1980 a encore favorisé ce phénomène, qui a fini par provoquer quelques inquiétudes: certains se sont laissés aller à craindre que la Californie et le Nouveau-Mexique ne devinssent de nouveaux Québecs. Dans les années 1980, le thème du salade bowl (le saladier, où les différents ingrédients coexistent sans se mélanger) a fait une percée remarquée dans les médias, qui s'en inquiétaient.

Vers 1980, selon les données des recensements (qui comportent une question sur la "race" — voyez au chapitre 4), les Blancs non-hispaniques, que l'on appelle les "Caucasiens", représentaient environ 75% de la population; les Noirs, environ 12%, en légère augmentation (ils n'étaient que 10% en 1940) sous effet d'une démographie plus dynamique (cependant l'écart avec les Blancs se réduit depuis le début des années 1960, même si dans les années 1980 les Blancs vivaient encore six ans de plus en moyenne que les Noirs); mais cette communauté est de plus en plus diverse (un tiers des Noirs vivent au-dessous du seuil officiel de pauvreté, mais depuis les années 1950 on a assisté à l'essor d'une classe moyenne noire) et, malgré les efforts de ses leaders, fort peu solidaire. Les Noirs sont de mieux en mieux répartis sur l'ensemble du territoire américain, même si la moitié vivent encore dans le Sud. Plusieurs grandes villes situées hors du Sud ont une majorité d'habitants noirs: Washington (70% en 1980), Detroit (53% en 1990); en 1980 l'État de New York comptait 14% de Noirs et l'Illinois, 15% (la Californie n'en comptait que 8%, à cause de la concurrence des Hispaniques sur les emplois peu qualifiés — la Géorgie et la Louisiane en comptaient 28%, le Mississipi 35%). L'on a même assisté, dans les années 1970, à un début de retour des Noirs vers le vieux Sud, plus précisément vers certaines grandes villes redevenues attractives à cause des délocalisations industrielles, comme Atlanta; il faut dire que les effets du mouvement des droits civiques dans ces régions ont été tels qu'on y sent désormais plutôt moins qu'ailleurs les effets institutionnels du racisme.

Les Indiens ont connu une spectaculaire renaissance démographique (ils étaient un million et demi en 1990, contre deux cent cinquante mille en 1920); 45% d'entre eux vivent désormais en ville — mais ceux-là, comme ceux qui vivent dans des réserves de petite taille, sont désormais complètement assimilés, mise à part la fierté, renaissante depuis les années 1970, d'appartenir à la communauté des native Americans, selon l'expression "politiquement correcte" appartue dans ces années. La communauté la plus importante, et l'une de celles qui a le moins mal conservé sa culture, est celle des Navajos (deux cent mille personnes, dont la majorité vit en Arizona).

En 1980 les Hispaniques n'avaient pas encore dépassé les Noirs en nombre, mais leur présence était déjà massive dans le sud-ouest (ils représentaient 19% de la population de la Californie, 21% de celle du Texas, 37% de celle du Nouveau-Mexique), et dans une moindre mesure en Floride (9% de la population, mais concentrés dans l'agglomération de Miami où ils étaient déjà majoritaires). Les deux tiers d'entre eux étaient des Mexicains, puis venaient les Portoricains et les Cubains. Il y avait parmi eux légèrement moins de pauvres que parmi les Noirs (28%), mais en revanche le phénomène d'intégration à la classe moyenne américaine était moins nettement amorcé. Les Asiatiques étaient nettement moins nombreux, mais leur nombre croissait de manière soutenue; à l'exception des maraîchers chinois et japonais de Californie, installés depuis le XIXe siècle, ils étaient établis presque exclusivement en ville, surtout sur la côte ouest.
La mobilité géographique de la population américaine, qui a toujours été bien plus forte qu'en Europe, s'est maintenue à des niveaux élevés (vers 1985, 10% des Américains changeaient de domicile chauqe année — contre 20% dans les années 1960, en diminution donc): entre 1945 et 1985, elle a été particulièrement forte parmi les immigrants récents et les Noirs. L'exode rural s'est accéléré après-guerre, comme en France (les campagnes américaines abritaient 26% de la population en 1933, 17% en 1945) jusqu'aux années 1970, décennie où la population rurale s'est remise à croître (de 3,7% par an) tandis que la population agricole continuait son déclin (au rythme de 1,9% par an): l'Amérique aussi est entrée, vers 1975, dans l'ère de la
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