Chers enfants, petits-enfants et arrière petit-enfant








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date de publication31.03.2018
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Chère Micheline,

Chers enfants, petits-enfants et arrière petit-enfant,

Nous voici réunis à vos côtés en cette cathédrale des soldats qui se devait d’accueillir pour un Adieu officiel celui qui fut l’un des plus valeureux officiers de l’après-guerre, le colonel Marcel Guilleminot.
Nous sommes venus nombreux de partout pour vous entourer dans votre épreuve et pour témoigner l’affection que nous portions, du plus humble au plus gradé d’entre nous, à celui qui fut un chef d’exception car c’est bien de cela qu’il s’agit : un chef d’exception.
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Né en septembre 1925 à Tours d’un père polytechnicien faisant carrière à la SNCF, Marcel est l’aîné d’une famille de sept enfants. Il veut se destiner à la carrière des armes. Il se présente au concours de Saint-Cyr en 1943 mais la guerre contrarie son projet. Entre-temps, il prend part à Paris à la célèbre manifestation des étudiants contre l’occupant. A 18 ans il rejoint un maquis dans le Loiret. Comme il veut faire Saint-Cyr, son capitaine lui remet les galons de sergent-chef et le nomme à la tête d‘une section de combat. Le capitaine, voulant éduquer le jeune Marcel, le bahute sans répit.
Guilleminot ! Mon capitaine ? Vous voulez toujours faire Saint Cyr ? Oui, mon capitaine ! Bien. Corvée de ceci ! corvée de cela !
La libération se passe, les maquis sont intégrés dans les unités régulières. Celui du Loiret rejoint les rangs du 8ième régiment de tirailleurs marocains qui arrive à l’Ecole militaire face au Champ de Mars. « Guilleminot ! mon capitaine ? Vous voulez toujours faire Saint Cyr ? Oui, mon capitaine. Eh bien vous prenez la Tour Eiffel ! « Jamais, dit-il, la Tour Eiffel ne me parut aussi énorme, aussi lugubre et menaçante. Je pris la décision la plus banale qui fut car elle était la seule possible : de faire progresser mes hommes d’arbre en arbre avec cette sensation pesante et funeste d’être vus de partout. Angoissés, nous approchions de la Tour lorsque, miracle, un drapeau blanc s’agita au premier étage. L’édifice était tenu par des territoriaux allemands qui ne voulaient pas en découdre. Et c’est comme cela, conclut-il, dans un éclat de rire, que je pris la Tour Eiffel sans avoir fait Saint Cyr ».
Il entre à Coëtquidan en 1945 avec une rétroactivité de deux ans (promotion 1943, du fait de sa présentation au concours cette année là). Cette mesure va marquer toute sa carrière du sceau de la jeunesse dans l’exercice de ses responsabilités.


La jeunesse avec ce qu’elle implique de fraîcheur d’âme, d’impétuosité, de fougue, d’enthousiasme … un enthousiasme contagieux qui galvanisait ses hommes et provoquait spontanément l’adhésion de tous à leur chef.
Le voici en Indochine où, à 22 ans, il commande une compagnie de partisans dans le nord-est du Tonkin. Il est chevalier de la Légion d’honneur à 23 ans.
De retour en France, il vous épouse, Micheline, le 24 août 1949. Vous aurez quatre enfants, neuf petits enfants et un arrière petit enfant.
Mais votre lune de miel est de bien courte durée : trois semaines plus tard, votre époux prend l’avion pour l’Indochine où il rejoint le 3ième Bataillon colonial de commandos parachutistes. Le 21 février 1950, lors d’un assaut donné contre une position rebelle à Lao Kay, une balle lui fracasse la mâchoire. Il est rapatrié sanitaire. Pendant sa convalescence il apprend, la mort dans l’âme, la disparition corps et biens de son bataillon, le 3ième B.C.C.P., le 7 octobre 1950 lors du repli sur la R.C. 4. L’idée lui vient alors, partagée avec le Père Jégo, le célèbre aumônier des parachutistes et avec quelques frères d’armes, de jeter les bases d’une Entraide pour subvenir aux besoins des familles disparus. Ce geste généreux va donner naissance à l’Entraide Parachutiste, magnifique, noble et originale institution qui a récemment fêté ses soixante ans.

Le lieutenant Guilleminot repart pour un troisième séjour en Indochine. Il retrouve le 3ième Bataillon de parachutiste coloniaux re-créé entre temps où il prend le commandement d’une compagnie. Il est promu capitaine à 27 ans, ce qui est exceptionnel à l’époque et officier de la Légion d’Honneur à 28 ans.
De retour en Métropole, il prépare le Brevet technique en physique nucléaire et intègre brillamment l’Ecole Supérieure de guerre en 1958. C’est alors qu’il apprend la terrible nouvelle de la mort au Champ d’Honneur en Kabylie de son frère Henri, capitaine au 2ième R.P.C. Henri, son cadet d’un an, aussi brillant que lui, donnera son nom à la promotion de Saint Cyr de 1975.
Marcel, son aîné, se porte alors immédiatement volontaire pour l’Algérie où il prend le commandement d’une compagnie au 6ième R.P.I.Ma.
Il est promu chef de bataillon à 35 ans.
De 1962 à 1964 il reçoit le commandement à Madagascar du 5ième bataillon de parachutistes coloniaux.
A son retour en métropole, il commande le Groupement Aéroporté de la Section Technique de l’Armée de Terre avant de prendre en 1969 à Castres le commandement du 8ième R.P.I.Ma où il est promu colonel et commandeur de la Légion d’Honneur. Il a 44 ans.


Je me permets de vous lire l’appréciation que lui porta le général commandant la 11ième Division parachutiste.
Je cite « Ses brillantes aptitudes intellectuelles et humaines, la richesse de ses connaissances professionnelles lui ont permis de réussir avec éclat dans toutes ses entreprises. Doué d’un sens élevé des réalités, énergique, clairvoyant, il sait convaincre et enlever l’adhésion de ses subordonnés par son rayonnement exceptionnel.



Cet officier supérieur de grande valeur dont l’autorité est indiscutable et la dignité de vie exemplaire, exerce sur son entourage une influence enrichissante ».
Tout est dit du colonel Guilleminot dans cette appréciation élogieuse. Une telle excellence lui vaut d’être « aspiré » par les plus hautes instances. Le Ministre de la Défense, Monsieur Michel Debré, lui confie en 1972 la rédaction du Livre Blanc de la Défense. Mais l’ébauche de ce livre indispose le général CEMAT qui intime l’ordre au colonel d’en modifier les termes.
Au nom de la discipline, celui-ci refuse. C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.

Le colonel Guilleminot donne sa démission en 1973. C’est ainsi qu’à cause de la réaction caractérielle absurde d’un chef, l’Armée de terre perd le plus valeureux de ses colonels, celui dont le passé et l’âge ouvraient les portes, à terme, vers les plus hautes responsabilités de l’Institution militaire.
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Le voici à la rue . Il n’a que quarante-huit ans et il a charge d’âmes avec trois enfants à la maison. Mais sa renommée est telle qu’il n’éprouve aucune difficulté à se recaser dans le civil. Il sert pendant neuf ans à la Colas, la grande société de travaux publics, où il est le directeur de la Société informatique. Puis il prend en charge pendant huit années les Systèmes informatiques du groupe Bongrain.
Parallèlement il déploie une forte activité dans le monde associatif : il est le tout premier président de l’Amicale des Anciens du 8ième R.P.I.Ma dont, fidèle parmi les fidèles, il ne manqua, en trente ans, aucun rassemblement. Il œuvre également au Conseil des Gueules Cassées et à celui du Souvenir de Verdun.
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Voilà la carrière résumée de ce chef d’exception que fut le colonel Guilleminot : une fois blessé, douze fois cité dont sept fois à l’ordre de l’Armée, il eut la fierté le 15 octobre 2004 de se faire remettre les insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur par le Président de la République, ici-même dans la Cour d’honneur des Invalides.
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Je voudrais, maintenant, m’adresser à ses petits-enfants et à son arrière-petit-enfant :
Vous avez eu la chance d’avoir pour grand-père et pour arrière-grand-père un homme d’honneur au courage absolu et un chef de guerre prestigieux. Puissiez-vous puiser, dans le souvenir de son étonnant parcours, les raisons de ne jamais désespérer !
La mort vous fait peur parce qu’elle vous paraît la fin de tout. Vous êtes croyants et vous savez que la mort, selon l’Evangile, est une Pâque, c’est-à-dire un passage qui s’ouvre  sur l’éternité et la plénitude de l’Amour.
Charles Péguy le disait de façon imagée :
« Votre grand’père ne vous a pas quittés

Il est juste passé dans la pièce d’à côté ».
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A l’issue de l’office religieux, les honneurs militaires seront rendus au colonel Guilleminot dans la Cour d’honneur par un détachement du 8ième R.P.I.Ma sous les armes en présence des Anciens parachutistes attachés à sa personne.
A l’occasion, nous chanterons le chant du 8ième R.P.I.Ma.
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Je voudrais enfin, au nom de la famille et au nom des amis du colonel Guilleminot, exprimer notre profonde gratitude au général Cuche, Gouverneur des Invalides, pour avoir spontanément ouvert les portes de cette magnifique « Eglise des Soldats » à un chef d’exception qui le méritait vraiment.

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