Bibliographie chapitre premier








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Mahométisme. L'islamisme est connu en Chine sous le nom de Houei houei-kiao. Les musulmans sont venus de bonne heure en Chine, grâce aux marchands arabes et persans qui fréquentaient les ports ; les Arabes connaissaient la Chine sous le nom de Tchin, Maha-tchin ; p.031 ils connaissaient Canton sous le nom de Sin Kîlân, Zaïtoun, Hang-Tcheou, la Quinsay de Marco Polo ; ils désignaient l'empereur de la Chine sous le nom de Faghfoûr, altération du mot persan Baghpoûr « Fils de Dieu » qui est l'équivalent du « Fils du ciel » des Chinois ; leurs voyageurs ou leurs géographes, Maçoudi, Aboulfeda, Ibn Batoutah, etc., décrivent les villes qu'ils ont parcourues ; une rue de Ning-po porte encore le nom de rue des Persans ; les mosquées étaient nombreuses et importantes. L'introduction de l'islamisme fut plus lente ; répandu dans le Turkestan dès l'époque des Soui et des Tang il a fini insensiblement, après la mort de Djenghis-Khan, par s'emparer de tout le domaine de Djagataï, prenant la place du bouddhisme ; au milieu du XVIIe siècle, c'est-à-dire vers la fin de la dynastie chinoise des Ming, un certain Mohammed (Ma mo tô) descendant du Prophète à la vingt-sixième génération, devint le premier roi de Kachgar ; deux de ses descendants, Boronidou et K'odzidchan, eurent à lutter en 1755 contre l'empereur Kien-loung (guerre des deux Kodjas). Le petit-fils de Boronidou, Djihanguir, renouvela la lutte (1820-1828) ; le fils de ce dernier, Bourzouk, entreprit, avec l'aide de Yakoub, de nouveaux efforts en 1862. En dehors des musulmans nombreux répandus dans toute la Chine, leurs deux principaux centres sont les Tien-chan et le Yun-nan et ils ont été le lieu de rébellions, dont l'une a mis la Chine à deux doigts de sa perte.

Rébellion du Yun-nan. La rébellion commença au Yun-nan par une querelle entre mineurs, les uns musulmans, les autres Chinois. Vers 1855, des gisements de galène argentifère situés à cinq jours de marche de Ta-li-fou, étaient en pleine voie d'exploitation ; ils étaient fort riches ; musulmans et Chinois les exploitaient en commun. Cependant le Chinois, âpre au gain, chercha de bonne heure à écarter son compatriote musulman ; celui-ci, d'abord peu heureux dans ses efforts, les avait vus devenir prospères, tandis que le contraire avait lieu pour son concurrent qui, lui ayant demandé du travail, éprouva un refus. Des rixes eurent lieu, quelques hommes furent tués, les Chinois furent repoussés, un mandarin incapable ne réussit pas à calmer l'effervescence, eut peur, quitta son poste, et retourna à Yun-nan-fou, capitale de la province, où il rédigea un rapport foudroyant contre les mahométans. Les musulmans, craignant une nouvelle attaque, se fortifièrent ; les Chinois revinrent en effet en nombre, battirent leurs adversaires, les poursuivirent jusque dans les villages voisins où ils massacrèrent tous ceux qu'ils purent saisir. Cependant les mandarins apaisèrent les combattants, les travaux furent repris, les troubles cessèrent, mais pour recommencer bientôt. Un certain Houang-chung, vice-président du ministère de la guerre et ennemi p.032 mortel des musulmans, organisa un massacre général qui eut lieu le 19 mai 1856. Mais cette Saint-Barthélémy n'eut qu'un médiocre succès. Les musulmans prévenus se défendirent ; leur grand-prêtre, Ma Teh-sing, vieillard de soixante-cinq ans, organisa la défense et aidé d'un jeune bachelier, Tou Wen-sieou, très considéré de ses coreligionnaires, qui se mit à la tête du mouvement, s'empara de Ta-li-fou, désormais la capitale et la forteresse des mahométans dans le Yun-nan. Né en 1793 de commerçants établis non loin de Ta-li, le grand-prêtre musulman Ma Teh-sing fut mis à l'école dès son enfance ; après avoir obtenu une teinture suffisante de la littérature chinoise, il alla dans une mosquée suivre un cours de langue arabe. Plus tard (1839), il se joignit aux caravanes de marchands qui font le négoce entre le Yun-nan et la Birmanie, descendit jusqu'à Rangoun, où il s'embarqua à bord d'un voilier chargé de pèlerins qui se rendirent avec lui à la Mecque pour y célébrer les fêtes du Ramadan. Après avoir fait quelque séjour dans la ville sainte où il continua l'étude de la langue arabe, il parcourut toute l'Égypte et alla jusqu'à Constantinople ; il s'arrêta deux ans dans cette ville. Sa double qualité de Chinois et de prêtre musulman l'y avait fait bien accueillir ; mais ses ressources touchant à leur fin, il lui fallut retourner dans son pays. D'Alexandrie, où il s'arrêta peu de temps, il partit directement pour Singapour. Il demeura un an dans cette colonie, afin, dit M. Rocher, de s'assurer que les jours y sont égaux toute l'année, ainsi qu'un astronome de Constantinople le lui avait affirmé. Son retour eut lieu en 1846 par la rivière de Canton. L'intéressant voyage de sept années qu'il venait d'accomplir, les objets qu'il avait rapportés de l'étranger, les connaissances qu'il avait acquises, le renom de sainteté qui s'attache aux pèlerins de la Mecque, ne firent qu'accroître le prestige dont il jouissait avant son départ. Un certain Ma Hsien, dont le frère avait été tué dans une des premières échauffourées de mineurs, fut le chef militaire qui seconda Ma Teh-sing, son maître, dans cette guerre. Ma Hsien qui, par ses connaissances, ses talents, son énergie poussée jusqu'à la témérité, avait mérité l'estime de ses coreligionnaires, fut, par la force même des choses, appelé au commandement des troupes que la révolution naissante se proposait de lancer contre ses persécuteurs. Les vingt mille hommes qui suivirent sa fortune se mirent bientôt en marche, et, sans entrer dans le détail de leur campagne, non plus que dans celui des opérations des troupes réunies sous les ordres de Tou Weu-sieou, on peut dire qu'en 1860, les musulmans étaient vainqueurs sur tous les points. Ma Teh-sing et Ma-Hsien, qui auraient pu dicter aux troupes impériales les plus dures conditions, p.033 consentirent à traiter sur des bases dérisoires. Le grade de général de brigade accordé à Ma-Hsien, dont le nom est changé en Ma Jou-lung, des grades correspondants dans l'armée impériale donnés aux chefs subalternes, de larges gratifications réservées aux soldats amenèrent entre les partis belligérants une entente que la rébellion des Taï-ping et autres luttes intestines firent approuver sans enquête par le gouvernement de Peking. La soumission des deux Ma (1860) fut une faute irréparable, car elle causa la ruine du parti musulman ; les succès temporaires de Tou Wen-sieou montrèrent que si les sectateurs de Mahomet, au lieu de se diviser, étaient restés unis, rien ne leur eût été plus facile que de rétablir à leur profit dans le sud-ouest de la Chine les deux anciens royaumes de Ta-li et de l'Est. Les conséquences d'un établissement musulman dans cette partie de la Chine eussent été incalculables pour l'Inde et la Kachgarie, et la théorie avancée il y a quelques années, avant que les deux grands groupes musulmans dirigés par Tou Wen-sieou et Yakoub beg eussent été écrasés l'un après l'autre, théorie d'après laquelle la prochaine dynastie chinoise serait mahométane, pouvait être défendue avec quelque apparence de raison. La soumission des deux chefs n'amena en aucune façon celle de leur parti ; ils entraînèrent leur armée à leur suite, mais ils ne purent obtenir que les troupes de Tou Wen-sieou imitassent leur exemple. Leur défection, en même temps qu'elle diminuait la force de leur parti, augmentait celle des Chinois : c'était prolonger la guerre avec des chances moindres de succès pour leurs frères dont ils avaient espéré servir les intérêts, et qu'ils allaient se trouver obligés de traiter en ennemis. Chinois eux-mêmes. Ma Jou-lung et Ma Teh-sing, auraient dû savoir, malgré leur loyauté et leur désintéressement personnels, que la Chine n'oublie rien, ne pardonne rien, et qu'assurer sa victoire, c'était en même temps préparer le massacre des musulmans dans le Yun-nan. Ma Jou-lung, dorénavant chargé par les impériaux de la pacification de la province, se trouva placé dans une position fort difficile. A la tête des troupes où l'avait mis la confiance des Chinois, il allait être obligé d'agir contre ses propres coreligionnaires. Tou Wen-sieou, de son côté, n'avait pas perdu son temps ; ses campagnes furent désastreuses pour ses adversaires ; son ancien allié le grand-prêtre, qui avait rempli temporairement les fonctions de vice-roi de la province, essaya, mais en vain, de le ramener à ses idées (1863). La guerre continua donc ; Ma Jou-lung fut battu ; des peuplades autochtones, les Miao-tseu et les Man-tseu, s'étant révoltées, ajoutèrent aux embarras des troupes impériales, et les musulmans victorieux se répandirent dans tout le Yun-nan. En 1868, Tou Wen-sieou, qui avait pris le titre de sultan, marche sur la capitale de la p.034 province, dont il fait le siège après s'être emparé des puits à sel, principale source du revenu du pays. Les deux Ma refusent de passer aux musulmans ; Ma Jou-lung même est blessé ; rien n'ébranle sa loyauté. Heureusement pour les Chinois, le siège traîne en longueur, des relations s'établissent entre assiégeants et assiégés, enfin, Tou Wen-sieou, découragé par de nombreuses défections dans son armée, se décide à lever le siège. Sa retraite est le signal des revers : le sultan Tou Wen-sieou, enfermé dans sa capitale Ta-li, se rend aux Chinois après s'être empoisonné le 15 janvier 1873. Le 19, les Chinois étouffent par un massacre épouvantable les dernières traces de la rébellion : ils peuvent désormais s'occuper du Kan-sou.

Rébellion des Tien-chan. Comme nous aurons l'occasion de revenir sur cette rébellion, nous n'en donnerons ici qu'un aperçu sommaire ; l'âme en fut Yakoub. Né près de Tachkend, Yakoub fit son apprentissage de la guerre contre les Russes en défendant contre eux un fort sur le Syr-Daria (1853). Mêlé depuis à toutes les dissensions qui agitèrent l'Asie centrale, profitant, en 1863, de l'état d'anarchie dans lequel se trouvait Kachgar, il aida Bourzouk khan à s'en emparer. Mais, lieutenant ambitieux d'un maître inactif, peu de temps après, Yakoub se mit à la place de son chef qu'il envoya en exil. Depuis lors, menacé d'un côté par les Russes, d'un autre par les Chinois, il chercha des appuis. Constantinople, impuissante à se défendre, ne pouvait naturellement que lui accorder des honneurs stériles : on lui permit de prendre le titre d'émir El-Moumenin, commandeur des croyants ; son voisin, l'émir de Boukhara, le nomma Attalik-Ghazi, chef des champions de la Foi ; l'Angleterre, qui aurait vu avec plaisir s'affermir son pouvoir dans l'Asie centrale, n'accorda à Yakoub que des encouragements platoniques ; des montagnes infranchissables l'empêchaient d'être un allié vraiment utile dans le cas où les Indes seraient menacées. Sa meilleure défense était son armée exercée à l'européenne, et Yakoub-khan, abandonné à ses propres ressources, dut s'en servir d'abord pour consolider sa puissance dans son propre pays, ensuite pour essayer de lutter contre la Chine. Le Céleste-Empire, qui ne considère l'Annam et la Corée que comme des pays éloignés dont il ne demande qu'un vasselage nominal, réclamait comme sien le territoire du khan : il ne pardonnait pas à ce principicule d'avoir profité de ses embarras pour établir à ses dépens un nouvel État. La Chine, débarrassée de la rébellion du Yun-nan, par la prise de Ta-li, tourna tous ses efforts contre Yakoub. Tso Tsoung-tang, qui s'était distingué dans la campagne des Taï-ping, ancien vice-roi du Fou-kien, nommé vice-roi du Kan-sou et du Chen-si en 1867, fut fait généralissime des troupes chargées p.035 d'opérer contre Kachgar. Yakoub mourut épuisé par la maladie au moment où les Chinois, qui venaient de conquérir la ville de Manas, dont la prise fut signalée par un massacre horrible, se dirigeaient vers lui. Avec Yakoub finit son œuvre : ses successeurs étaient incapables de lutter contre les Chinois, qui s'emparaient le 19 octobre 1877 d'Aksou, capitale de l'émir. Yarkand, le 24 décembre, Kachgar, le 26 décembre 1877, et Khotan le 4 janvier 1878, tombaient entre leurs mains. La Kachgarie était reconquise. On verra ailleurs comment les difficultés qui surgirent entre la Russie et la Chine à la suite de cette reconquête furent aplanies par le traité signé à Saint-Pétersbourg le 12 février 1884. Suivant M. Dabry de Thiersant, on compte en Chine de 20 à 21.000.000 de musulmans, sur lesquels il faut compter 8.350.000 dans le Kan-sou, 6.500.000 dans le Chen-si, 3.500.000 à 4.000.000 dans le Yun-nan.

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CHAPITRE V

Géographie politique

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1. Gouvernement

p.036 L'autorité réside dans la personne de l'empereur qui est désigné par le titre de Houang-ti ; plus ordinairement on l'appelle Houang-chang, ou Chang ; fils du ciel (Tien-tseu) est une marque de respect. Dans le langage symbolique, l'empereur est le dragon, loung, le trône, loung-wei ; l'impératrice est le phénix, fong-houang, et le mariage impérial est désigné allégoriquement comme celui du dragon et du phénix.

Le souverain porte trois noms : 1° son nom personnel, son petit nom ; 2° son nom de règne (nien-hao) ; 3° son nom dynastique ou de temple, nom posthume (miao-hao). Ainsi le célèbre prince que nous appelons Kang-hi, portait le petit nom de Hiouan-ye (étincelle bleue), prit en montant sur le trône le nien-hao de Kang-hi et il reçut le nom posthume de Cheng-tsou (saint aïeul). Ces noms posthumes (miao-hao) se retrouvent dans les différentes dynasties ; on a des Taï-tsou (grand aïeul), Taï-tsoung (grand et honorable prince), Chi-tsou Cheng-tsou, Chi-tsoung, Kao-tsoung, et on les distingue en faisant précéder leur nom de celui de la dynastie, ainsi Houng-wou, le fondateur de la dynastie des Ming, est désigné sous le nom de Ming Taï-tsou, ce qui le distingue de Gengis-Khan qui est Youen Taï-tsou, de Kaï-pao qui est Soung Taï-tsou, etc. Le nien-hao, nom de règne, est plutôt une période qu'un nom, car si les empereurs de la dynastie actuelle et de la dynastie précédente (Ming) n'ont eu qu'un nien-hao, quelques-uns de leurs prédécesseurs en ont jusqu'à huit sous les Soung. Ainsi donc il serait plus exact, pour désigner un règne, de dire la « période » Kang-hi que l'« empereur » Kang-hi. La confusion est facile, car les historiens européens désignent p.037 volontiers les anciens empereurs par leur miao-hao et les nouveaux par leur nien-hao. Quant au « petit nom », il est plus qu'inconvenant de l'employer pour désigner un empereur.

L'impératrice est désignée par le titre de Houang-heou et dans le style littéraire par celui de Tchoung-kong ; quand il y deux impératrices de rang égal, l'une est appelée Toung (est)-kong, l'autre Si (ouest)-kong ; de même qu'il y a un Fils du Ciel (l'empereur), il y a une Mère de l'empire, Kouo-Mou (l'impératrice).

Le pouvoir du souverain est despotique, mais un certain nombre de corps constitués se distribuent l'administration centrale :

1° le Kioun-ki-tchou, grand Conseil ou Conseil d'État, dont le nombre de membres n'est pas fixé ; il a été créé en 1730 ; c'est en réalité le conseil de l'empereur ; il se réunit tous les jours et n'emploie pas moins de soixante secrétaires (tchang-king ou siao kioun-ki) ;

2° le Nei-ko, chancellerie impériale ou grand secrétariat, qui a perdu beaucoup de son importance depuis la création du conseil précédent ; il y a quatre grands secrétaires ta hio-che ou tchong-tang, dont deux Chinois et deux Mandchous ; généralement ils cumulent ce titre avec un emploi ; ainsi le vice-roi du Tche-li, Li Hong-tchan, est grand secrétaire, aussi est-il toujours appelé Li tchong-tang, le grand secrétaire Li, et non Li tsong-tou, gouverneur général Li, ou Li ta-jen, son excellence Li ;

3° les liou-pou, six ministères : le Li-pou ministère de l'intérieur, divisé en quatre bureaux, s'occupe des fonctionnaires, etc. ; le Hou-pou, ministère des finances, chargé des impôts, du cadastre, etc. ; le Li-pou, ministère des rites ou des cérémonies, auquel il faut ajouter le Yo-pou, bureau de la musique officielle, qui en est une dépendance ; le Ping-pou, ministère de la guerre, dirige l'armée et la marine ; le Hing-pou, ministère de la justice ou mieux des châtiments et enfin le Kong-pou, ministère des travaux publics.

En dehors de ces six ministères, il faut noter le ministère des affaires étrangères, désigné sous le nom de Tsong-li yamen ou mieux de Tsong-li ko kouo che wou yamen. Ce ministère est d'origine récente ; il a été créé, après la guerre franco-anglaise, par décret impérial, le 19 janvier 1861 et ses premiers membres furent le prince de Kong, frère de l'empereur, Kouei-liang, grand Secrétaire, et Wen-siang, vice-président du ministère de la guerre ; le nombre des membres de ce ministère, par l'adjonction de ceux du grand Conseil, s'élève à onze depuis 1876, mais ce chiffre est variable.

La publication de la Gazette de Peking se rattache d'une manière intime au gouvernement ; ce journal, le plus ancien des périodiques en existence puisqu'il y est fait allusion dès la dynastie des Tang (VIIe-Xe siècle de notre ère), est appelé par les Chinois King-pao (Nouvelles de la p.038 cour, de la capitale). Voici comment se recueillent les renseignements destinés à composer ce bulletin officiel : un officier du Nei-ko, ou Cabinet, se trouve tous les jours au palais pour recevoir les rapports, les édits, les décrets, l'ordre des nominations et des promotions, etc., etc., que le grand Conseil croit devoir publier. Il les apporte au Nei-ko dont le devoir, comme grand bureau impérial des archives ou chancellerie de l'État, est de les envoyer à destination. Toutefois, afin de ne pas perdre de temps, des personnes appartenant aux ministères et aux différents bureaux du gouvernement à Peking vont au Nei-ko pour prendre des copies non officielles de ces documents qui sont ainsi connus avant que la notification officielle en soit publiée ; et, parmi ces copistes, les reporters de la Gazette sont toujours des premiers. C'est ainsi que l'on se procure la substance de la Gazette de Peking. Les employés officiels (ti-tang) reçoivent en même temps du Nei-ko des dépêches contenant des copies authentiques des édits et des décrets qui doivent être expédiés dans les provinces. La vraie Gazette officielle est donc celle qui est publiée par ces derniers employés. Imaginez un cahier d'une douzaine de feuilles d'un papier gris sale, recouvert de deux autres feuilles d'un papier jaune plus épais, au coin gauche supérieur desquelles on lit comme titre les deux caractères King-pao, le tout attaché à l'aide de deux morceaux de papier roulés en ficelle formant une brochure d'environ 18 cm de long sur 8 de large, et vous aurez une idée exacte de l'apparence de la Gazette. Deux autres éditions sont publiées en dehors du gouvernement, mais avec sa permission ou tout au moins sa tolérance : l'une manuscrite, sieh-pen, paraît plusieurs jours avant la ti-tang, gazette. L'autre, longue et étroite, est connue sous le nom de tchang (longue)-pen ; elle se vend également un peu plus tôt que l'édition officielle. On trouvera dans la Gazette les nominations des fonctionnaires, des notes biographiques, la chronique de la cour, des mémoires sur l'administration civile et militaire, les rapports des censeurs, l'annonce des prières publiques, l'exécution des criminels, des nouvelles des provinces, etc., etc. Celui qui possède le King-pao et le Ta tsing-kiu-chin (Annuaire de l'empire publié tous les trimestres) est parfaitement au courant du monde officiel dans toute l'étendue de l'empire.

Chacun des six ministères, pou, a deux présidents, chang-chou, l'un mandchou, l'autre chinois, et quatre vice-présidents, che-lang, également des deux nationalités. A ces ministères il faut rattacher outre le Tsong-li-yamen, le Li-fan-youen chargé des affaires de Mongolie qui jusqu'à notre époque servait d'intermédiaire avec la Russie. Un contrôle général sur les fonctionnaires, qui s'étend quelquefois même jusqu'à l'empereur, est exercé p.039 par la cour des censeurs (Tou-tcha-youen). Les censeurs (yu-che), au nombre de deux, l'un chinois, l'autre mandchou, examinent les documents publics, les dossiers des affaires criminelles, etc. On se rappellera que le rapport au trône contre les Russes du fameux Tchang Tche-tong a fait la carrière de ce censeur qui est devenu gouverneur du Chan-si, gouverneur général des deux Kouang (1884) et des deux Hou (1889). Les Européens désignent d'une façon générale les fonctionnaires par mandarin, du portugais mandar ; en réalité, ils sont appelés kouan. Il y a neuf rangs de fonctionnaires qui se distinguent par la boule ou bouton porté sur le chapeau officiel, la broderie de la poitrine et la boucle de la ceinture ; la broderie des mandarins civils représente un oiseau, celle des militaires un quadrupède.

BOULE

BOUCLE

BRODERIE PECTORALE

civil

militaire

1. Pierre rouge transparente ou rubis

2. Corail

3. Saphir

4. Lapis lazuli

5. Cristal

6. Pierre de lune

7. Or uni

8. Or ciselé

9. Argent

Jade et rubis

Or et rubis

Or ciselé

Or ciselé avec bouton d'argent

Or uni et bouton d'argent

Nacre

Argent

Corne

Corne de buffle

Grue

Faisan doré

Faisan

Oie sauvage

Faisan argenté

Héron

Canard mandarin

Caille

Geai à longue queue

Licorne

Lion

Léopard

Tigre

Ours

Chat-tigre

Ours tacheté

Phoque

Ours tacheté


Les fonctionnaires jusqu'au grade de tao-taï inclusivement sont appelés ta-jen, ce qui correspond à excellence ; de tche-fou à tche-hien, ta lao-ye, très honoré ; les autres lao-ye, honoré ; ces expressions signifient littéralement : grand homme, grand vieux père, vieux père. Ils portent souvent à leurs chapeaux soit des plumes de paon à un, deux ou trois yeux (hoa-ling), soit p.040 de corbeau, la plume bleue (lan-ling), et s'ils sont militaires des queues de renard : ce sont des décorations. On appelle ya-men, la résidence d'un mandarin ayant un sceau officiel, et kong-so celle des mandarins d'un rang inférieur n'ayant pas de sceau. Les fonctionnaires sont recrutés par voie d'examens (V. Éducation et Mandarin).

Noblesse. Outre huit familles princières dont la noblesse est héréditaire : princes (wang) de Li Tsin, de Joui, de Yu, de Sou, de Tcheng, de Tchouang, de Chun et de Kê auxquels il faut ajouter le prince de I, il y a neuf rangs de noblesse héréditaire dont cinq principaux : kong, heou, pé, tseu, nan que l'on traduit souvent par duc, marquis, comte, vicomte, baron. Ces degrés de noblesse donnés aujourd'hui pour services militaires sont tantôt à vie, tantôt héréditaires, hérédité qui parfois ne s'étend qu'à une ou deux générations ; l'hérédité pour le duc (kong) s'étend à vingt-six générations ; la descendance de Confucius porte ce titre. Le célèbre vice-roi Tseng Kouo-fan, anobli à la suite de ses succès contre les rebelles Taï-ping, est le père du diplomate bien connu en Europe, le marquis (heou) Tseng qui a hérité du titre. Quelquefois la noblesse est ascendante, c'est-à-dire que l'on anoblit un certain nombre des ancêtres directs du fonctionnaire qui mérite des honneurs : c'est une distinction dont a été récemment l'objet sir Robert Hart, l'inspecteur général des douanes.

2. Divisions politiques

L'empire chinois comprend la Chine proprement dite ou dix-huit provinces, la Mandchourie, la Mongolie, l'Ili et le Tibet. Nous ne nous occupons dans cet article que des dix-huit provinces (Che-pa seng), qui sont :

Provinces du Nord : 1, Tche-li, capitale Paou-ting ; 2, Chan-toung, cap. Tsi-nan ; 3, Chan-si, cap. Taï-youen ; 4, Ho-nan, cap. Kaï-foung.

— Provinces de l'Est : 5, Kiang-sou, cap. Kiang-ning (Nan-king) ; 6, Ngan-houei, cap. Ngan-kin ; 7, Kiang-si, cap. Nan-tchang ; 8, Tche-kiang, cap. Hang-tcheou ; 9, Fou-kien, cap. Fou-tcheou.

— Provinces du Centre : 10, Hou-pé, cap. Wou-tchang ; 11, Hou-nan, cap. Tchang-cha.

— Provinces du Sud : 12, Kouang-toung, cap. Kouang-tcheou (Canton) ; 13, Kouang-si, cap. Kouei-lin ; 14, Yun-nan, cap. Yun-nan ; 15, Kouei-tcheou, cap. Kouei-yang.

— Provinces de l'Ouest : 16, Chen-si, cap. Si-ngan ; 17, Kan-sou, cap. Lan-tcheou ; 18, Se-tchouan, cap. Tching-tou.

Depuis la guerre franco-chinoise on a donné une certaine indépendance à Taï-ouan-fou (Formose) administré maintenant par un Fou-taï qui peut correspondre soit avec le vice-roi du Fou-kien, soit directement avec Peking ; le p.041 titulaire de ce poste est Li Ming-tchouan, originaire du Ngan-houei, qui fut dans le Fou-kien l'adversaire de l'amiral Courbet. Cette division en dix-huit provinces ne date que du règne de Kien-loung (XVIIIe siècle) ; auparavant il n'y avait que quinze provinces : le Hou-pé et le Hou-nan formaient le Hou-kouang ; le Kiang-sou et le Ngan-houei, le Kiang-nan, le Kan-sou étant confondu avec le Chen-si. Outre leurs noms propres, les provinces et leurs capitales sont parfois désignées dans la littérature d'une façon spéciale, ainsi : le Tche-li sera Pe-tche, le Se-tchouan le Si-tchouan, le Ho-nan le Tchoung-tcheou ; Paou-ting deviendra Pao-yang, Tsi-nan, Liu-tseu, Nan-tchang, Kiang-tou, etc. On trouvera la liste de ces noms littéraires dans le Journal Asiatique, I, 1881, pp. 262-3. D'ailleurs les divisions territoriales de la Chine ont subi de grandes modifications suivant les dynasties : à l'époque de Yu le Grand et de la dynastie des Hia, la Chine était répartie en neuf tcheou : Ki, Tsing, Yen, Hsu, Yu, Young, Liang, Tching et Yang ; le même nombre de divisions, 9, se retrouve avec quelques noms différents sous les Chang et les Tcheou ; puis nous arrivons à une époque de luttes où la Chine est divisée en principautés (781-519 av. J.-C.) sans compter le royaume de Tcheou : Lou, Wei, Tsai, Tsin, Tsaou, Tcheng, Wou, Yen, Tchen, Soung, Tse, Tsou, Tsin. Sous Chi Houang-ti (IIIe siècle av. J.-C.), la féodalité étant anéantie, 36 provinces sont créées ; sous les Han (206 av. J.-C.-25 ap. J.-C.), 32 provinces (tao) plus tard (25-220 ap. J.-C.) réduites à 13 tcheou ; sous les Tang (618-907), 10 provinces ou tao ; sous les Soung, 26 provinces ou lou ; sous les Kin (tartares), 25 ; sous les Youen (mongols, XIIIe et XIVe siècles), 10 provinces, 12 gouvernements militaires ; enfin, avec les Ming (1368), qui précèdent la dynastie actuelle, nous arrivons au chiffre de 15 provinces ; nous laissons de côté les subdivisions à l'époque des petites dynasties. La plus vaste de ces provinces est le Se-tchouan, 479.268 km² ; la plus petite est le Tche-kiang, 92.383 km².

La capitale de la Chine est, depuis 1411, époque à laquelle le troisième empereur Ming, Yong-lo, y transféra de Nan-king le siège du gouvernement, la ville de Peking. Peking n'est qu'une désignation, et veut dire cour du Nord, de même que Nan-king signifie cour du Sud, Tong-king et To-kio, cour de l'Est, Si-king, cour de l'Ouest, King marque une capitale, et le Peking des Kin par exemple avait été le Tchoung-king (cour du milieu) des Liao, c'était Ta-ting fou. En réalité la capitale Peking s'appelle Chun-tien et forme un des onze fou de la province du Tche-li qui porte souvent le nom de Pe (nord)-Tche-li parce qu'elle renferme l'administration directe, centrale dans le nord en opposition avec p.042 Nan (sud)-Tche-li que portait le Kiang-nan lorsque la capitale de l'empire était Nan-king (Kiang-ning). Comme on le voit, les capitales ont souvent changé en Chine ; en voici la liste avec les noms modernes et la province entre parenthèses : sous les Tsin (349 av. J.-C.), Hien-Yang (Si-ngan, Chen-si) ; sous les Han (200 av. J.-C.), Tchang-ngan (Si-ngan) ; sous les Han orientaux (25 ap. J.-C.), Lo-Yang (Ho-nan, Ho-nan) ; à l'époque des Trois Royaumes (221 ap. J.-C.), Tching-tou (Tching-tou, Se-tchouan) ; sous les Wou (vers 221), Wou-tchang (Wou-tchang, Hou-pé) ; sous les Wou (vers 229), Kien-yeh (Nan-king, Kiang-sou) ; sous les Wei (vers 225), Pou-tcheou (Tchang-té, Ho-nan) ; sous les Tsin occidentaux (280), Lo-yang ; sous les Tsin orientaux (317), Kien-yeh ; sous les Soui (582), Si-ngan et (529), Tchang-ngan ; sous les Tang (618), Tchang-ngan et Lo-yang ; sous les Soung (960), Pien-liang (Kai-foung, Ho-nan) ; et (4429) Lin-ngan (Hang-tcheou, Tche-kiang) ; sous les Youen (1262), Yen-king, Khân bâliq, ville du Khan (Peking, Tche-li) ; sous les Ming (4368) Kiang-ning (Nan-king, Kiang-sou) et enfin 1411, Peking.

Gouvernement provincial. Le gouvernement des dix-huit provinces est confié à des tsong-tou (vice-roi, gouverneur général) et à des fou-taï (gouverneur). Les tsong-tou sont désignés par le nom des provinces qu'ils administrent et ils sont au nombre de huit :

1° Le tsong-tou, pour la province de Tche-li ; 2° le liang (deux) kiang tsong-tou pour les provinces de Kiang-sou, Ngan-houei, Kiang-si ; 3° le min tche tsong-tou pour les provinces de Fou-kien et Tche-kiang ; 4° le liang hou tsong-tou pour les provinces de Hou-pé et Hou-nan ; 5° le liang kouang tsong-tou pour les provinces de Kouang-toung et Kouang-si ; 6° le yun kouei tsong-tou pour les provinces de Yun-nan et Kouei-tcheou ; 7° le chen kan tsong-tou pour les provinces de Chen-si et Kan-sou ; 8° le tsong-tou pour la province de Se-tchouan.

Sauf le Tche-li, le Kan-sou, et le Se-tchouan, les provinces de la Chine proprement dite ont un fou-taï (gouverneur) ; ces fonctionnaires sont donc au nombre de 15. Les fou-taï, à l'exception de ceux du Chan-toung, du Chan-si et du Ho-nan, qui sont à peu près indépendants, sont sous les ordres des tsong-tou. Ces derniers portent de droit le titre de président du bureau de la guerre, et les fou-taï, celui de vice-président. A ces deux hauts fonctionnaires, pour compléter le gouvernement provincial (Tou fou Se Tao), il faut ajouter les quatre mandarins (se tao) suivants qui forment un conseil d'administration provinciale ; 1° le receveur général des finances (pou tching che-se, fan-taï) ; le Kiang-sou en ayant deux, il y a 19 fan-taï) ; 2° le juge provincial p.043 (ngan-tcha che-se, nié-taï, il y a 18 nié-taï) ; 3° le contrôleur de la gabelle (yen-yün che-se, tou-tchouan), et 4° le contrôleur des grains, ou du moins de l'impôt sur les grains (liang-tao).

Au-dessous des fou-taï, viennent les tao-taï (Fên Sün Tao), intendants de circuit, au nombre de 92 : Tche-li, 7 ; Chan-toung, 6 ; Chan-si, 4 ; Ho-nan, 5 ; Kiang-sou et Ngan-houei, 9 ; Kiang-si, 4 ; Tche-kiang, 6 ; Fou-kien, 6 ; Hou-pé, 5 ; Hou-nan, 5 ; Kouang-toung, 6 ; Kouang-si, 3 ; Yun-nan, 5 ; Kouei-tcheou, 3 ; Chen-si, 5 ; Kan-sou, 8 ; Se-tchouan, 5. Les provinces (seng) étant divisées en fou, ting, tcheou et hien, chacune de ces divisions territoriales est administrée par un tche-fou, un toung-tche (165) un tche-tcheou (142) ou un tche-hien (1288) (du mot tche, savoir ; celui qui connaît) ; le tche-fou (au nombre de 182, il y en a 14 dans le Yun-nan, 7 dans le Chen-si) reçoit les rapports des autres officiers pour les faire parvenir au gouvernement provincial ou plutôt au tao-taï. Cependant les administrateurs de quelques ting et tcheou sont indépendants, c'est-à-dire qu'ils ne dépendent pas d'un tche-fou, mais qu'ils relèvent directement d'un tao-taï ou du gouvernement provincial ; on fait précéder leur titre des mots tche-li qui marquent leur indépendance et ils sont par suite appelés tche-li toung-tche (ils sont au nombre de 16 : Tche-kiang, 2 ; Hou-nan, 3 ; Kouang-toung, 3 ; Yun-nan, 4 ; Kouei-tcheou, 3 ; Se-tchouan, 1), et tche-li tche-tcheou (68). Puis viennent, au-dessous du Toung-tche : le toung-pen (151) ; du tche-tcheou : le tcheou-toung (38) et le tcheou-pen (46) ; du tche-hien : le hien-tchun, etc. De même qu'il y a des tche-li toung-tche et des tche-li tche-tcheou, il y a des tche-li toung-pen (aujourd'hui il n'y en a qu'un, dans le Hou-nan), des tche-li tcheou-toung (25 ; il n'y en a pas dans le Chan-si, le Kiang-sou, le Kiang-si, le Tche-kiang, le Yun-nan et le Kouei-tcheou) et des tche-li tcheou-pen (37), officiers indépendants des toung-tche et des tche-tcheou. Ces fonctionnaires, jusqu'au tao-taï inclusivement, ont droit à l'appellation de ta-jen ; de tche-fou jusqu'au tche-hien on les adresse ta-lao-yé. Les gouverneurs de province jouissent d'une grande autorité ; ils sont responsables de tout ce qui se passe dans leur juridiction qui s'étend pour les provinces maritimes aux îles environnantes (Haï-nan, au Kouang-toung ; Tai-ouan, au Fou-kien ; les Tcheou-chan au Tche-kiang, etc.) et à la défense du littoral, et pour les provinces frontières aux pays limitrophes (ainsi les affaires de l'Annam passent par l'intermédiaire du liang kouang tsong-tou à Canton, celles de l'Asie centrale par le chen kan tsong-tou à Lan-tcheou).

3. Armée

p.044 L'armée de la Chine mandchoue, qui comprend des Mandchous, des Chinois descendants de ceux qui ont aidé les conquérants actuels et des Mongols, est désignée sous le nom des huit bannières, pa-ki, dont trois supérieures et cinq inférieures, qui se distinguent par leurs couleurs : jaune avec bordure, jaune, blanc, blanc avec bordure, rouge, rouge avec bordure, bleue, bleue avec bordure. Chacune de ces bannières est représentée par les trois nationalités kou-chan désignées ci-dessus, ce qui fait en réalité vingt-quatre bannières ou huit ki divisées en trois kou-chan. Chaque kou-chan a à sa tête un lieutenant général, tou-tong. On peut considérer les huit bannières comme l'armée de la capitale ; l'armée provinciale chinoise est désignée sous le nom de l'étendard vert lou-ying ; il se divise en forces de terre : lou-lou, et forces de mer : choui-che ; les généraux en chef de provinces portent le titre de ti-tou, de ti-taï, puis viennent le général de brigade tsong-ping, le colonel fou-tsiang, le lieutenant-colonel tsan-tsiang, les commandants yo-ki, les capitaines en premier tou-sse, en second cheou-pei, les lieutenants tsien-tsoung, les sergents pa-tsoung, etc. L'armée régulière est d'ailleurs mal organisée, mal armée, et n'atteint pas pour un empire aussi considérable le chiffre de 500.000 soldats. En cas de besoin, on fait des engagements temporaires irréguliers, yong, que les Européens appellent généralement les braves. Grâce aux arsenaux de Fou-tcheou et de Kao-tchang-miao et de la flotte du Nord, la défense des côtes, quoique impossible contre une force européenne, est un peu mieux assurée, particulièrement par la série alphabétique des canonnières construites en Angleterre ; malheureusement pour eux, les Chinois n'ont pas l'esprit de suite et ne savent pas retenir leurs serviteurs ; leur principal instructeur, le capitaine de vaisseau anglais, Lang, qui faisait fonction d'amiral, qui aurait pu être pour la Chine ce que Hobart-pacha a été pour la Turquie, vient de donner sa démission à Li Hong-tchang, à cause de la difficulté insurmontable qu'il rencontrait à l'endroit de la discipline dans son escadre (1890).

4. Instruction

Les fonctions publiques étant mises au concours, il en résulte que l'instruction est tenue en Chine en grand honneur ; un livre Siao hio, École des enfants, composé de petits paragraphes tirés des anciens classiques, sert à l'éducation ; il y a un Niu-hio, traité de l'éducation des femmes. Généralement, on met entre les mains des enfants le San tseu-King, livre de trois caractères, p.045 composé au XIIIe siècle par Wang Pe-heou ; le Pe Kia-sin, le livre des cent familles, qui en contient en réalité 454 ; et le Tsien tseu-wen, livre des mille mots, de Tcheou Hing-sse ; plus tard on y ajoute les Se chou, quatre livres classiques. Les jeunes gens, après un examen préliminaire devant un magistrat de leur district, s'ils obtiennent un certificat de mérite, deviennent candidats, et sont étudiants (toung-cheng). Le premier examen littéraire (siu-tsai), qui correspond au baccalauréat, se passe tous les deux ans dans les villes préfectorales ; le second degré (ku-jen) s'obtient seulement dans la capitale de la province, enfin le troisième degré, docteur (tsin-che) s'obtient par un concours triennal à Peking. Les premiers de ces candidats portent les titres de tchouang-youen, pang-yen, tan-noa, tchouen-lou ; les trois premiers appartiennent à la première classe des tsin-che, le dernier est le premier de la seconde classe de ces mêmes tsin-che, dont il y a trois classes. Les plus heureux des concurrents sont admis à l'académie Han-lin (Han-lin youen).

Avec une légère connaissance théorique de l'art militaire et de la musique, le bagage scientifique d'un lettré, à quelque degré qu'il appartienne, se compose donc essentiellement des livres classiques (King), mais ces King, il les a étudiés, retournés, commentés de telle sorte que son esprit, plié à cette gymnastique intellectuelle spéciale, acquiert, sinon beaucoup d'ampleur, du moins beaucoup de finesse et de subtilité. C'est grâce à cette subtilité qu'il apporte dans l'exercice de ses fonctions publiques, que le mandarin chinois retors fait surgir tout à coup des difficultés inattendues. Comme on le voit, c'est la mémoire, moins que l'intelligence et le raisonnement, qui est mise en jeu dans l'éducation chinoise. Dans la classe moyenne, les enfants ne passent guère que deux ou trois années à l'école, et c'est dans la pratique même des affaires, dans la maison paternelle ou amie qu'ils complètent leurs connaissances, qui se bornent, en général, à savoir lire, écrire et compter ; les opérations d'arithmétique sont d'ailleurs singulièrement facilitées par l'usage du souan-pan ou abacus. L'ignorance des sciences exactes, des langues étrangères, de l'histoire et de la géographie non seulement des pays lointains, mais encore des nations voisines, contribue, malgré l'opinion généralement accréditée, à faire du Chinois des classes supérieures et moyennes, un homme singulièrement ignorant, auprès duquel le dernier de nos bacheliers est une véritable encyclopédie. Depuis quelques années, le contact avec les Européens oblige les Chinois à donner plus d'attention à l'étude des sciences et des langues, de là la création du collège de Peking, Tung-wen-Kouan, de l'école de Fou-Tcheou et l'envoi de missions d'instruction en Europe.

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CHAPITRE VI

Géographie économique

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1. Industrie

p.046 Nous avons indiqué au paragraphe Géologie et dans d'autres parties de cet article l'emploi du charbon, l'exploitation des minerais, la fabrication de l'encre de Chine, l'imprimerie, les armes de guerre, les beaux-arts, etc., nous croyons donc devoir renvoyer du présent article déjà fort long, à des mots spéciaux comme Coton, Opium, Ramie, Riz, Soies et Soieries.

2. Voies de communication

Dans un pays avec des fleuves en nombre d'une importance considérable, les cours d'eau sont des voies de communication indiquées par la nature que la main de l'homme a complétées par des canaux, c'est dire que le Kiang, le Han, le Yun-ho, etc., servent au trafic de province à province, jusqu'à la mer. Dans certaines provinces comme le Kouang-toung, le système fluvial est tellement important qu'il sert presque exclusivement au transport des marchandises. On voit courir sur ces fleuves les rapides bateaux des postes, et les nombreuses jonques des voyageurs et des négociants. L'influence des étrangers s'est fait sentir par la création de compagnies de navires à vapeur qui remontent les rivières de Canton, de Fou-tcheou, de Ning-po, de Chang-haï, de Tien-tsin (Pei-ho), de Niou-tchouang ; la plus grande pénétration des vapeurs dans l'intérieur est par le Kiang, qu'ils n'ont pu remonter, pendant longtemps, que jusqu'à Han-keou ; leur but est maintenant I-tchang et Tchoung-king. Sans supprimer les routes de terre, ces routes de cours d'eau leur enlèvent beaucoup d'importance ; la principale est peut-être celle qui, partant de p.047 Peking va dans le tchouan en passant par le Chan-si et le Chen-si ; il faut reconnaître que ces routes sont aujourd'hui généralement mal entretenues et parfois trop étroites ; quand elles ne sont pas pavées, la pluie ou la poussière, suivant la saison, en rendent l'usage extrêmement difficile ; quand elles sont pavées, les larges dalles disjointes n'ajoutent en aucune façon au confort du malheureux voyageur, affreusement cahoté. Ceux qui ont pratiqué la route dallée de Toung-tcheou à Peking, et ce n'est pas la plus mauvaise, en savent quelque chose. On voyage sur ces routes, soit à cheval, soit en chaise à porteurs, soit en charrette ; nous donnons ici un


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