Bibliographie chapitre premier








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Mines. On trouve dans le pays une grande quantité de charbon ; le Kiang inférieur, quoiqu'il en renferme, n'est pas dans des conditions favorables à l'exploitation, pas plus que les provinces de Tche-kiang, de Fou-kien, de Chan-toung ; on trouve cependant une petite mine fort riche à Lo-ping, dans le Kiang-si, à l'est du lac Po-yang. Mais le vrai bassin charbonnier de la Chine est au nord des Tsing-ling, dans les provinces du nord-ouest et en particulier dans le Chan-si, dont le Chen-si est, au point de vue géologique, une continuation. Le Kan-sou est riche aussi en charbon ; citons encore le Hou-nan et le Tche-li ; les environs de Peking et en particulier Kai-ping, sont connus pour leurs mines de charbon.

Avant l'ouverture du canal de Suez, les vapeurs brûlaient du charbon de Cardiff et de Newcastle ; les Américains employaient de préférence l'anthracite ; depuis, le bon marché des charbons du Japon mis en exploitation, particulièrement ceux de Kagosima, a excité la concurrence en Chine, et l'on brûle largement dans ce pays les p.011 charbons de Formose et ceux du Hou-nan, transportés à Han-keou. En 1888, on n'a pas exporté de Han-keou moins de 28.907 tonnes de charbon représentant 144.816 Haïkouan taëls, et de Tam-soui 26.639 tonnes valant 76.355 Hk. tls. Le Hk. tl. vaut environ 5 fr. 93.

On trouve des marbres dans presque toutes les provinces, principalement dans le Chan-toung ; du jade (pierre de Yu) dans le Tibet et en particulier dans l'Asie centrale. Le fer se trouve généralement dans le Chan-si, mais aussi dans le Se-tchouan, le Ho-nan, le Hou-nan et le Chan-toung. Le plomb, le cuivre et le zinc viennent surtout du Yun-nan (l'étain vient de Malacca) ; on trouve l'or dans le sable des fleuves et en particulier dans le haut Kiang ; l'argent natif se rencontre plus spécialement dans le Kouang-toung.

6. Régime des eaux

La Chine est divisée en deux grands bassins principaux et plusieurs secondaires, celui du Ho et celui du Kiang. Le Ho, Houang-ho, fleuve Jaune, dont le bassin est moindre que celui du Kiang, a été appelé parfois le fléau de la Chine à cause de ses nombreuses inondations ; il rend peu de services à la navigation, en raison de la différence de niveau entre sa source et son embouchure et à cause de la rapidité de son cours. Il prend sa source non loin du Kiang ; suivant la légende chinoise, rapportée par les Mémoires concernant les Chinois, à la suite d'une mission au XVIIIe siècle sous Kien-loung et citée par M. Dutreuil de Rhins, le Houang-ho aurait un cours souterrain entre le Lob nor et le mont Katasou tsilao (rocher de l'étoile polaire). Le rapport chinois ajoute que

« la source du Houang-ho, connue sous le nom de Altan goel (rivière d'or ou rivière Jaune), se trouve dans cette montagne, sur le versant nord de la chaîne Bayen-kara. L'Altan goel coule vers l'est, traverse la plaine Odoun tala, les lacs Djaring et Oring, décrit une immense courbe au sud-est et au nord-est, et, par la latitude de 36°, il reprend la direction de l'est jusqu'à Lan-tcheou-fou.

M. Dutreuil de Rhins remarque que le mont Ka-tasou-tsilao, rapporté par les cartes chinoises à ses positions, se trouve par 34° 36' (lat.) et 93° 24' (long.) et que telle doit être à peu près la position de la principale source du Houang-ho dans les monts Bayen-kara. Le fleuve Jaune, à partir de Lan-tcheou, prend une direction nord, traverse la Grande Muraille, au pied de l'Ala-chan ; il va vers l'est jusqu'à To-to, où il commence à redescendre vers le sud, recoupant la Grande Muraille et formant une partie de la frontière entre le Chen-si et le Chan-si ; c'est dans la grande boucle qu'il vient de former que se trouve le pays des Tartares Ordos. C'est à cette frontière que le fleuve Jaune reçoit son p.012 principal affluent, le Wei ; à partir de ce confluent, le Ho semble continuer le Wei vers l'est, formant une partie de la frontière entre le Chan-si et le Ho-nan. Au delà de Kaï-foung, il se dirige à travers le sud du Tche-li et le Chantoung, dans une direction sud-est, nord-est, pour se jeter, depuis 1853, dans le golfe du Pe Tche-li ; jadis, son cours au delà de Kaï-foung se continuait dans une direction est et l'embouchure était au sud du promontoire de Chan-toung. Cet ancien lit du fleuve Jaune, ainsi que sa nouvelle embouchure, ont été explorés en 1867 par MM. Ney Elias et H.-G. Hollingworth. Les bords du Ho sont considérés comme le berceau de la race chinoise, et dans le dualisme des origines chinoises, le Ho est représenté par le Yin, principe femelle, qui correspond aux ténèbres et à la terre, comme le Kiang est représenté par le Yang, principe mâle, correspondant à la lumière et au ciel.

L'autre grand fleuve de Chine est le Kiang, le fleuve, ou le Ta-Kiang (grand fleuve) ; c'est le cours d'eau désigné ordinairement par les Européens sous le nom de fleuve Bleu et de Yang-tse-kiang qu'ils traduisent par Fils de l'Océan. Or l'appellation de fleuve Bleu n'existe pas plus que celle de mer Bleue ; d'autre part, Yang-tse-kiang ne veut pas dire Fils de l'Océan ; Yang est le nom d'une ancienne province qui comprenait le Kiang-sou, le Tche-kiang et le Ngan-houei ; une légende voudrait qu'un certain lettré, Tse, nommé Yang, ayant découvert au milieu du grand fleuve une source d'eau particulièrement bonne pour faire le thé, la partie de la rivière qui s'étend de Kin-chan à Tchen-kiang, aurait été nommée d'après lui Yang-tse-kiang. Cette dernière appellation n'est d'ailleurs usitée que dans le style élevé et ne paraît être appliquée au fleuve que dans son cours inférieur. Marco Polo n'a conservé que le nom simple et populaire de Quian. Ce grand cours d'eau porte du reste des noms différents : Ta-kiang-keou (bouche du fleuve), en face de l'île de Tsong-Ming ; Yang-tse-kiang ou Ta-kiang jusqu'aux environs de Tchen-kiang ; Houei-kiang, le long de la province de Ngan-houei ; la portion du Houei-kiang, qui est en face de Tai-ping-fou, reçoit le nom de Ou-kiang, fleuve noir ; Tsang-kiang, le long de la province de Kiang-si ; Tchou-kiang-Tchou, nom de la province de Hou-kouang ; Min-kiang dans le Se-Tchouan, et enfin Kin-cha-kiang (le fleuve qui charrie de l'or).

Le Kiang est par excellence la grande voie de communication de la Chine ; il naît non loin du fleuve Jaune, sur les plateaux du Tibet ; il prend d'abord une direction générale nord-ouest - sud-est et forme une partie de la frontière entre le Se-tchouan et le Tibet ; puis, suivant une ligne générale ouest-est, tout en se dirigeant d'une façon sensible vers le nord-est, il arrose successivement les provinces du Yun-nan, du Se-tchouan, où il reçoit le p.013 Ya-loung-kiang qui est regardé par les Chinois comme le fleuve principal (c'est à ce confluent que commence le Kiang proprement dit), le Min et le Tchoung, du Hou-pé (ou, à son confluent avec le Han, se trouve la plus grande agglomération chinoise composée des trois villes de Han-yang, Han-keou et Wou-tchang), du Kiang-si, du Ngan-houei et enfin du Kiang-sou. A ses nombreux affluents, il faut ajouter l'eau des grands lacs Po-yang et Toung-ting sur lesquels nous reviendrons tout à l'heure. Près de son embouchure, le Kiang reçoit la rivière de Wou-song, qui conduit à Chang-haï. A l'époque de Yu le Grand, le Kiang déversait ses eaux dans la mer par trois embouchures, la branche du nord (Pe-kiang) qui est sensiblement la rivière actuelle ; la branche du milieu (Tchoung-kiang), qui semble avoir été le bras de la vieille rivière de Wou-song, qui se jetait à Kan-fou dans la baie de Hang-tcheou ; enfin, la branche sud, qui arrivait à la mer près de Hang-tcheou, paraît devoir être la vieille rivière Tche-kiang, dont le nom a été donné à la province au sud du Kiang-sou. Le Kiang, qui a un parcours de près de 4.000 km, baigne de grandes villes comme Nan-king, Ngan-kin, Wou-tchang, et les ports ouverts au commerce étranger de Tchen-kiang, où il est coupé par le grand canal, Wou-hou, Kieu-kiang, près du Po-yang, Han-keou, I-tchang, au-delà duquel se trouvent les célèbres gorges de Lou-kan et de Mi-tan, avec des rapides énormes, et enfin Tchoung-king, dans le Se-tchouan, qui doit être ouvert au moment où nous écrivons ces lignes (1890). Le Kiang, visité par les missionnaires, a été remonté jusqu'à Han-keou par lord Elgin (1859), mais la première grande exploration du haut Yang-tse a été faite en 1861 par le capitaine Thomas W. Blakiston et le lieutenant-colonel H.-A. Sarel. En 1869, les délégués de la Chambre de commerce de Chang-haï, A. Michie et R. Francis, ainsi que le consul anglais Swinhoe, ont remonté le fleuve jusqu'à I-tchang. A. Wylie, Griffith John et Francis Garnier ont fait des voyages intéressants. Une des dernières et des plus importantes explorations du haut fleuve, c'est-à-dire du Kin-cha-kiang, est celle du capitaine William Gill (1877).

J'écarte de cette description de la Chine proprement dite les grands fleuves qui ne lui appartiennent pas d'une façon absolue : le He-loung-kiang ou Amour, dont nous avons parlé ailleurs ; le Ta-rim, qui se jette dans le Lob-nor ; les grands fleuves de l'Indo-Chine : la Sa-louen, la Mékong, le S'ong-koy (fleuve rouge), qui portent en Chine les noms de Lou-kiang, Lan-san-kiang et Ho-ti-kiang. Nous notons, en commençant par le nord, les fleuves chinois proprement dits : le Ya-lou-kiang, qui forme la frontière de Corée ; le Liao-ho, qui arrose Niou-tchouang ; le Peï-ho, qui se jette dans le golfe du Pe Tche-li à Ta-kou et forme, avec p.014 un cours sinueux, dans une plaine d'alluvions, une voie commerciale d'une importance considérable jusqu'à Tien-tsin, où aboutit le canal Impérial, pour continuer ensuite, route de Peking, jusqu'à Toung-tcheou, où il se divise en deux branches ; le Tsien-tang, la rivière du Tche-kiang, célèbre par son raz de marée ; le Min, dans le Fou-kien, qui conduit à la grande ville de Fou-tcheou, et enfin le Tchou-kiang, rivière de Canton. Le Tchou-kiang est formé du Si-kiang (rivière de l'ouest), qui conduit au Kouang-si et au Yun-nan, ayant par suite un haut intérêt (Lang-son, du Tonkin, appartient au bassin de ce fleuve), du Pe-kiang (rivière du nord), qui se réunissent au-dessus de Canton, et du Toung-kiang (rivière de l'est), qui se jette dans le fleuve principal à Wam-pou. La principale embouchure du fleuve a été nommée par les Portugais Boca Tigris, d'après l'équivalent chinois Hou-men, dont les Anglais ont fait The Bogue.

Les deux principaux lacs de la Chine sont le Toung-ting et le Po-yang, tous les deux dépendances méridionales du Kiang. Le Toung-ting, dans le Hou-nan, a environ 55 lieues de tour et reçoit les eaux des rivières Youen, Sou et Siang. Le Po-yang, dans le Kiang-si, avec de nombreuses îles, qui a une trentaine de lieues de long sur six environ de large, reçoit le Kan, rivière importante, qui arrose Nan-tchang, capitale du Kiang-si. Citons encore le Ta-hou, dans le Kiang-sou, près de Chang-haï, et le Si-hou, le lac poétique de Hang-tcheou. Il faut noter outre ces lacs et ces rivières le grand canal, canal Impérial (Yun-ho), qui s'étend depuis Hang-tcheou jusqu'au Pei-ho, à Tien-tsin ou plutôt jusqu'à Peking. Il a été construit par le Khan mongol Koubilaï, à la fin du XIIIe siècle, et il dessert les riches provinces du Tche-kiang, du Kiang-sou, du Tche-li et du Chan-toung ; en un mot, ce qu'on appelle la grande plaine. Sa longueur est d'environ 900 km. Le grand canal est aujourd'hui si mal entretenu qu'il n'est pas navigable en certaines parties ; il affecte des apparences fort diverses, tantôt, dans le Tche-kiang et le Kiang-sou, il se confond avec des lacs dont il a l'air de faire partie ; d'autres fois, il est extrêmement étroit, à Tchen-kiang, par exemple. Le Yun-ho trace, par ses rives, une route que l'on a songé à utiliser et que l'on utilisera certainement pour l'établissement d'une ligne de chemin de fer, qui reliera les riches provinces ouest-centrales de Chine à leur capitale.

7. Climat

Le climat de la Chine varie beaucoup suivant la latitude, mais il est généralement salubre. La position même des villes amène de grands changements dans la température ; Peking, par exemple, qui se trouve dans la plaine, est extrêmement froid en hiver, ouvert aux vents de Mongolie, extrêmement chaud en été, ouvert aux vents du sud. Canton, au sud, a également des chaleurs extrêmes, mais de moins grands froids ; on y a vu une fois la neige, en février 1835. Chang-haï, au centre, a des variations de température considérables aussi, chaleur humide en été, très débilitante, froids en hiver, qui ne sont jamais excessifs ; d'une façon générale, étant données les latitudes extrêmes de la Chine, les chaleurs sont plus fortes et les froids moins rigoureux qu'en Europe. Dans une ville centrale comme Chang-haï, la température moyenne à l'ombre est de 15°, mais elle s'élève parfois jusqu'à 28° dans les mois de juillet et d'août, et elle baisse quelquefois, mais rarement, au mois de janvier, au-dessous de zéro. La moyenne annuelle de la pression atmosphérique varie entre 762, 5 mm et 763, 5 mm, disons une moyenne de 762,88. La chute d'eau moyenne, d'après Reclus, est à Canton (16 années d'observations) de 1,18 m ; à Siu-ka-wei (20 années d'observation) de 1,67 m ; à Peking (16 années d'observation) de 0,61 m. Les côtes sont bouleversées souvent par ces grands vents appelés en chinois ta-foung, dont les Occidentaux ont fait le nom de typhon. Ces typhons qui ravagent particulièrement les côtes sud de Chine et du Japon, font sentir leurs terribles effets jusqu'à Chang-haï ; on a compté jusqu'à quatorze typhons en 1880, et vingt en 1881. La zone dans laquelle ces typhons paraissent tout d'abord est comprise entre le 10e et le 17e parallèle ; on en a vu commencer aux Philippines, mais généralement, ils viennent de la mer plus à l'est. Ces typhons décrivent des courbes paraboliques, dont l'apex, tourné vers l'ouest, s'étend dans l'intérieur de la Chine, entre 25° et 30° de latitude. Lors des dépressions minima sur les côtes de la Chine centrale et méridionale, c'est-à-dire aux mois de juillet, août et commencement de septembre, les typhons se font parfois sentir à Chang-haï et même, mais rarement, à Tche-fou. Août et septembre sont les deux mois des typhons au Japon ; ils paraissent cesser avec les vents de nord-est, qui commencent à souffler sur les côtes de Chine en septembre.

Depuis longtemps, les missionnaires jésuites ont fait des observations météorologiques et magnétiques en Chine ; les astronomes du XVIIe siècle et en particulier le père Ferdinand Verbiest, sont restés célèbres ; les jésuites d'aujourd'hui ont repris la tradition de leurs devanciers et ils ont créé deux observatoires, l'un dans le Kiang-sou, à Siu-ka-wei, et l'autre à Tchang-kia-tchouang.

Zi-ka-wei, en mandarin Siu-kia-hoei, est un petit village situé dans une vaste plaine à 6 km au sud-ouest de Chang-haï. L'observatoire est bâti à 1 km du village, dans un jardin complètement isolé ; il domine les habitations voisines à une p.015 distance de plus de 200 m. La latitude de l'observatoire est de 31° 12' 30" nord ; sa longitude de 7 h. 56 m. 24 s. est de Paris, l'altitude de la cuvette du baromètre est de 7 m environ.

Les premières observations météorologiques faites en 1873 ont été publiées par les pères Colombel et Le Lec ; depuis lors, l'observatoire a été dirigé avec une rare distinction par le père Marc Dechevrens, et il publie régulièrement des bulletins ; il est en rapport avec le bureau central de Washington et il reçoit des subventions des douanes impériales maritimes chinoises, et des conseils municipaux de Chang-haï.

Tchang-kia-tchouang est un petit village chinois situé à 38° 17' de lat. nord sur le 114° 50' de long., dans la province de Pe Tche-li. Ce village, où les missionnaires ont une résidence avec séminaire, collège, etc., se trouve à 160 km environ au sud de Peking, tout près de Shien-hien, sous-préfecture de quelques milliers d'habitants, et à 25 km environ de la préfecture de Ho-kien-fou. Ces deux villes sont traversées par la route impériale allant de Peking vers le sud.

A ces deux observatoires il faut ajouter celui, moins important d'ailleurs, des Russes à Peking.

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CHAPITRE II

Démographie

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Il est extrêmement difficile de donner un chiffre exact de la population de la Chine qui a varié considérablement à toutes les époques. Sans remonter à des temps trop éloignés, nous notons d'après les documents chinois les chiffres suivants sous la dynastie des Ming : en 1390, 16.052.860 familles et 60.545.812 personnes ; en 1500, 9.113.446 familles, 53.281.158 personnes ; en 1619, 10.621.426 familles, 60.693.856 personnes. La population augmente singulièrement sous la dynastie actuelle : les Mémoires concernant les Chinois donnent pour la première année du règne de Kien-loung (1736) 125.046.245 habitants ; vers la fin du même règne, Lord Macartney (1792) portait le chiffre à 333.000.000. Les évaluations des auteurs modernes varient entre 300.000.000 et 400.000.000. Le chiffre de 380.000.000, donné par les rapports des douanes, paraît se rapprocher assez sensiblement de la vérité. Toutefois des rapports officiels (!) ont donné pour 1887, 302.088.114 hab., et pour 1888, 303.241.369 habitants. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, la très grande déperdition de population, causée par des guerres intérieures, comme celle du Yun-nan et surtout par la grande révolte des Taï-ping, pendant laquelle des villes entières ont disparu.

Il nous est plus facile d'avoir une idée vraie de la population dans les ports ouverts au commerce étranger, grâce à la statistique des douanes de 1885 ; la population étrangère, au nombre de 6.698 personnes appartenant à 396 maisons, est ainsi répartie par nationalité : Grande-Bretagne, 233 maisons, 2.534 habitants ; États-Unis d'Amérique, 27 maisons, 761 hab. ; Allemagne, 57 maisons, 638 hab. ; p.018 France, 23 maisons, 443 hab. ; Hollande, 36 hab. ; Danemark 3 maisons, 78 hab. ; Espagne, 3 maisons, 289 hab. Suède et Norvège, 66 hab. ; Russie, 15 maisons, 112 hab. Autriche, 2 maisons, 80 hab. ; Belgique, 16 hab. : Italie 3 maisons, 165 hab. ; Japon, 24 maisons, 747 hab. Brésil, 4 hab. ; États sans traités, 6 maisons, 729 hab. — La population chinoise dans les mêmes villes est estimée à 5.499.600 hab., ainsi répartis dans les ports suivants : Niou-tchouang, 60.000 hab. ; Tien-tsin, 950.000 hab. ; Tche-fou ; 32.000 hab. ; I-tchang, 34.000 hab. ; Han-keou, 750.000 hab. ; Kiou-kiang, 53.000 hab. ; Wou-hou, 60.000 hab. ; Tchen-kiang ; 135.000 hab. ; Chang-haï, 355.000 hab. ; Ning-po, 240.000 hab. ; Wen-tcheou, 80.000 hab. ; Fou-tcheou ; 630.000 hab. ; Tam-soui, 95.000 hab. ; Taï-ouan, Ta-kao, etc., 235.000 hab. ; Emoui, 95.600 hab. ; Chan-teou ; 30.000 hab. ; Canton, 1.600.000 hab. ; Kioung-tcheou ville et Hoi-heou, 40.000 hab. ; Pakhoi, 25.000 hab. Par suite, 5.499.600 indigènes contre 6.698 étrangers.

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CHAPITRE III

Ethnographie

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p.019 Il n'y a pas plus d'unité de races que d'unité de langue dans l'empire chinois ; généralement, le Chinois est de taille moyenne, plutôt petite, aux membres souvent grêles, aux extrémités fines ; sa maigreur est extrême comme dans le cas des fumeurs d'opium et fait contraste avec l'obésité d'un certain nombre d'individus. La couleur de la peau varie depuis un jaune presque blanc jusqu'au brun-noirâtre ; le nez, le plus souvent écrasé, est quelquefois aquilin chez les mahométans et toujours chez les juifs chinois ; les poils, noirs et grossiers, ne poussent que fort tard, la barbe est peu fréquente et les longues moustaches sont le privilège des gens âgés ou des hauts fonctionnaires, par conséquent mûrs ; toute la force des cheveux se porte chez les hommes presque sur un seul point, pour former la longue natte caractéristique ; ils ne laissent pousser toute leur chevelure qu'en cas de deuil ; chez les femmes, la chevelure soigneusement peignée est également rude, mais la calvitie est fréquente dans l'un et l'autre sexe par suite de la fermentation qu'amène l'emploi des huiles et des graisses dans des coiffures qui ne sont pas faites tous les jours. L'écrasement du nez, l'élévation des os maxillaires, la saillie des pommettes, donnent à l'œil cette obliquité qui n'existe pas cependant dans un grand nombre de cas. Malgré une nourriture en général peu substantielle, les coolies et les bateliers chinois atteignent quelquefois un développement musculaire considérable, et ce sont d'excellents travailleurs pour les docks, où, à l'aide d'un grand bambou passé sur l'épaule, et aux extrémités duquel pendent deux cordes, ils portent des fardeaux considérables. Ce qui frappe surtout les étrangers chez les p.020 Chinois, c'est cette longue natte qui part de l'occiput et qu'ils laissent flotter librement le long du dos, et les longs ongles des doigts ; l'image classique du Chinois, surtout au XVIIIe siècle, était un gros poussah accroupi, les deux bras relevés avec les index en l'air, des yeux obliques, une natte et un chapeau pointu, souvent couvert de grelots. La coutume de porter les cheveux longs est cependant d'origine récente ; elle a été imposée aux Chinois par les conquérants tartares-mandchous lors de leurs premières incursions au commencement du XVIIe siècle. Beaucoup de Chinois se réfugièrent au Japon plutôt que de se raser la tête, et lorsque les rebelles Taï-ping se révoltèrent contre la dynastie actuelle, renouant la tradition des Ming, ils laissèrent pousser tous leurs cheveux. Quand cet appendice caudal n'est pas suffisamment épais, les indigènes le complètent avec de la soie noire en temps ordinaire, blanche pour les deuils de famille et bleue pour le deuil impérial. Les ongles longs sont plutôt l'apanage des scribes et des lettrés, c'est le signe que l'on n'est pas employé à des travaux manuels ; quelquefois ces ongles atteignent des dimensions extraordinaires et pour les protéger, on les revêt d'un étui en métal. Cette coutume est fort ancienne, elle est déjà signalée au commencement du XIVe siècle par le moine Odoric de Pordenone. L'usage qu'ont un grand nombre de femmes de déformer leurs pieds est purement chinois et d'une origine ancienne qui remonte, dit-on, à la dynastie des Tchin, VIe siècle de notre ère, époque à laquelle l'empereur Heou-tchou ordonna à l'impératrice Yao, sa femme, de lier ses pieds de façon à leur donner l'apparence d'une nouvelle lune ; quoi qu'il en soit, de très bonne heure les doigts sont ramenés sous la plante du pied et le gros orteil qui les surmonte sert en quelque sorte de point d'attache ; il en résulte un développement considérable du calcaneum, qui supporte entièrement les os de la jambe, et une déformation des os du tarse et du métatarse. Cette coutume, qui appartient aussi bien aux pauvres qu'aux riches, offre cependant de nombreuses exceptions en Chine ; outre les Mandchoues qui ne l'ont pas adoptée (les femmes de la famille impériale ont de grands pieds) un grand nombre de femmes, particulièrement dans le Midi, ont des pieds ordinaires. Comme nous l'avons dit plus haut, la population de la Chine est loin d'être homogène ; peu à peu, les Chinois ont repoussé devant eux les premiers occupants du sol, qui, tout en se réfugiant dans les provinces frontières de l'Ouest et du Sud, ont laissé derrière eux de petites agglomérations. D'une façon générale, les Chinois désignent ces tribus sous le nom de man ou de i ; ce nom de i était même appliqué autrefois aux étrangers et par l'article 51 du traité de Tien-tsin (26 juin 1858), il a été stipulé que ce terme injurieux ne p.021 serait plus employé à l'égard de sujets britanniques. Le nom même de Man-tseu dont on a fait au moyen âge man-zi pour désigner la Chine méridionale, est aujourd'hui plus particulièrement réservé à certaines tribus du Se-tchouan, visitées en 1871 par l'abbé Armand David. On trouve plus spécialement dans le Kouang-si et le Kouei-tcheou les Miao-tseu, les Iao-jen et les Chan-jen ; les Miao-tseu, dont M. Boume nous a rapporté un spécimen de l'écriture, s'étendent même jusqu'au Tche-kiang. Ils ont donné assez d'inquiétudes à l'empereur Kien-loung pour donner lieu à une expédition en 1775. Les Chan ou Pan-y paraissent être venus du sud, des Indes peut-être, par la Birmanie, et ils occupent plutôt le massif montagneux qui sépare ce pays du Yun-nan, où ils se sont répandus. Le Yun-nan est plus particulièrement le pays d'origine des peuplades Lolos qui s'étendent jusqu'au Se-tchouan, avec les Si-fan. Ces Lolos, qui sont désignés par les Chinois sous le nom de man ou de i, suivant qu'ils sont indépendants ou soumis, ont une écriture hiéroglyphique qui existe encore, qui a été déchiffrée par MM. de la Couperie et Baber, et plus complètement encore par le père Paul Vial des missions étrangères (1890). Nous ne pouvons passer non plus sous silence les Hak-kas, répandus dans la province de Canton, qui ont leur religion, des chants populaires, un dialecte spécial. Depuis quelques années, de nombreux documents relatifs à ces tribus primitives arrivent en Europe et, qu'ils soient lolo, mosso ou miao-tseu, leur déchiffrement jettera un jour absolument nouveau sur des questions ethnographiques à peine entrevues jusqu'à ce jour.

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CHAPITRE IV

Religions et mœurs

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1. Religions nationales

p.022 On désigne par le nom de San kiao les trois religions officielles de la Chine : le jou-kiao, religion des lettrés, confucianisme ; tao-kiao religion des disciples de Lao-tse, taoisme ou taosséisme ; Fo-kiao, religion de Fo ou Bouddha, bouddhisme. Le jou-kiao est la religion enseignée par les maximes et les préceptes renfermés dans les ouvrages de Confucius, de ses disciples et de ses commentateurs ; c'est moins une religion qu'une morale, mais le côté religion se traduit d'une façon tangible par le culte rendu officiellement par l'empereur au Ciel et à la Terre. Nous aurons d'ailleurs occasion d'y revenir à l'article Confucius.

Le taoisme a été inventé par les disciples de Lao-tse. Lao-tse s'élève à des hauteurs inaccessibles à Confucius et son spiritualisme est incompréhensible pour ce dernier. Confucius est humain, vivant, pratique ; Lao-tse se perd dans de profondes méditations sur les besoins de l'âme : il ramène la création à un premier principe existant par lui-même, se développant lui-même, source de toutes choses ; il faut se débarrasser de tous soucis du monde, se renfermer en soi-même. Sa doctrine est renfermée dans le Tao Te king, le livre de la Voie et de la Vertu, et le Kan ying pien, le livre des récompenses et des peines. Mais lorsque les idées de Lao-tse doivent être mises en pratique, sa philosophie pure, élevée, se perd, ses disciples, se livrant à l'alchimie et à l'astrologie, tombent dans la superstition et l'idolâtrie, et inventent un panthéon.

Le bouddhisme a été déjà traité dans un article spécial, nous n'avons ici à en parler qu'au point de vue de son histoire en Chine. Dès le IIIe siècle avant notre ère, des pèlerins bouddhistes pénètrent en Chine, mais ils n'y font p.023 que peu de progrès et leurs partisans semblent préférer la masse des superstitions du taosséisme au système de morale créé par Confucius. Cependant, l'an 61 de notre ère, l'empereur Ming-ti reconnaît officiellement le bouddhisme comme troisième religion de l'empire et envoie aux Indes une ambassade qui revient en 75 avec un prêtre bouddhiste, une statue de Bouddha et un livre sacré. A partir de cette époque des pèlerinages, des ambassades, des expéditions ont lieu en grand nombre pour obtenir les livres sacrés du bouddhisme, mais malgré ces efforts, ce n'est qu'en 1410 que les Chinois obtiennent enfin une collection complète des livres bouddhistes. Le bouddhisme s'étendit de la Chine en Corée (372), puis au Japon, où il ne p.024 pénétra qu'en 552. La Mongolie et la Mandchourie reçurent leur religion du Tibet. Le
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