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pré-science –science normal- crise-révolution- nouvelle science normale- nouvelle crise. Le mot paradigme donne l’idée d’un modèle à suivre. Ainsi, Le paradigme sociologique est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un langage, un vocabulaire, un ensemble de théories qui sont compatibles avec cette vision du monde. Il s’agit d’un « Ensemble d’énoncés portant, non sur tel ou tel aspect des sociétés, mais sur la manière dont le sociologue doit procéder pour construire une théorie visant à expliquer tels ou tels aspects des sociétés ». Boudon R. et Bourricaud F. (2000). Dictionnaire critique de la sociologie. 7 Étude d’un phénomène dont la structure se base sur l’analyse directe de l’expérience vécue par un sujet. On cherche le sens de l’expérience à travers les yeux d’un sujet qui rend compte de cette expérience dans un entretien ou dans un rapport écrit. Soulignons ici que l’herméneutique désigne à l’origine une interprétation critique des textes, visant notamment à situer ceux-ci dans leur contexte socio-historique afin de pouvoir en pénétrer la signification, moyennant un va-et-vient constamment renouvelé entre chaque élément de sens et l’univers de signification dont il participe. Par opposition, à cette herméneutique des textes, on peut parler ici d’une herméneutique des structures sociétales, des processus historiques et de l’expérience des acteurs. Il s’agit de saisir d’un point de vue synthétique un ensemble d’orientations significatives et de modalités de régulation des pratiques qui président à la mise en forme des rapports sociaux, à leur reproduction et à leur transformation. A cet égard, comme le remarque Yves Bonny ; la distinction entre « structure » et « signification » est totalement artificielle, toute « mise en sens », et inversement. Le sens n’est pas second par rapport à la « matérialité » de la vie sociale ou aux « intérêts » des acteurs, dans la mesure ou c’est toujours à travers des cadres symbolique (imaginaires sociaux, systèmes de représentation, valeurs, doctrines, discours) que la vie matérielle et l’objectivité sociale se construisent, de même que les identités subjectives et les raisons d’agir. Appréhender sociologiquement la réalité sociale, ajoute-il, ce n’est jamais traiter d’une réalité en soi, à caractère universelle, c’est toujours viser une réalité sociohistorique pour des acteurs, qui fait sens pour eux, qui structure et oriente leur subjectivité et leur expérience.la démarche herméneutique vise à saisir les significations et les valeurs sociales inscrites dans les formes ordinaires de la vie sociale comme dans ses institutions les plus réflexives, celles qui encadrent le droit et le pouvoir politique. Il s’agit de dégager un ensemble de logiques sociétales pouvant rendre compte sous une forme schématisée tant de la structuration des rapports sociaux que des dynamiques de transformations. A cet égard ; la notion de « logiques » doit être bien comprise : elle désigne des tendances dominantes, des lignes de force qui constituent la charpente de l’interprétation proposée, soit à postériori lorsqu’il est question de l’histoire passée, soit du point de vue d’un décryptage proposé du temps présent. Ce sont seulement les échelles adoptés qui conduisent à mettre en parenthèses les actions et interactions en situation. Ainsi ; et pour prévenir les risques d’une lecture en termes de processus ; ajoute-t-il ; il convient de conserver en permanence à l’esprit la nécessité d’articuler théoriquement les différents niveaux de lecture d’une même réalité sociale-historique. Il n’y a pas à choisir entre le « macro » et le « micro », entre une lecture en termes de logiques d’ensemble, de tendance, de processus, et une autre en termes d’actions et d’interactions en situation, prenant compte l’intentionnalité des acteurs .chaque échelle temporelle ou spaciale conduit à privilégier certaines médiations plutôt que d’autres. Mais quel que soit le niveau sur lequel on let l’accent, l’enjeu est toujours de proposer une intéprétation qui tienne ensemble les caractéristiques structurelles de la vie sociale et l’orientation significative de l’action. Voir à ce propos : Yves Bonny : Sociologie du temps présent : Modernité avancée ou postmodernité ? Paris, Armond Colin 2004 PP.25-26 8 Georg Simmel parle de « phénomènes "microscopiques" » : le secret, l’amitié, l’obéissance, la loyauté, la confiance, etc. C'est dans Soziologie (1908) que Georg Simmel a essayé une analyse, une classification et une interprétation de plusieurs formes de relations sociales, telles que l'isolement, le contact, la subordination, l'opposition, la persistance ou la continuité du groupe social, la différentiation sociale, et l'intégration. Dans le même sens ; Garfinkel parle « d’activités organisées de la vie courante » telles : embouteillages, files d’attente, appels téléphoniques, écritures au tableau, cours de chimie, improvisation au piano, etc. Ainsi, le sociologue sera conduit à analyser ces activités, à respécifier les détails des activités ordinaires. 9 Dans son ouvrage « La distinction. Critique sociale du jugement » Pierre Bourdieu a essayé de montrer que le gout est socialement déterminé, que l’adage populaire « les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas » est faux et trompeur. Faux parce que les goûts ne sont pas inexplicables, strictement individuels ou liés au caractère ou à la personnalité, mais au contraire produits par l'éducation, les rapports de domination, les stratégies de classement. Trompeur parce que l'influence de la position sociale sur le goût est d'autant plus grande qu'elle passe inaperçue, l'individu étant d'autant plus manipulé par celle-ci qu'il se croit libre de ses croyances, de ses choix et de ses opinions. Autrement dit, les goûts, en apparence expression intime et profondément individuelle de nos préférences personnelles, sont en fait sur-déterminés par notre origine sociale, ils sont largement transmis et hérités de notre milieu social par notre socialisation primaire (éducation parentale notamment). Nos goûts traduisent donc notre origine et notre trajectoire sociale, ils servent, de façon inconsciente et implicite à se différencier/regrouper dans la société. Autrement dit, inconsciemment nos goûts (tous nos goûts : alimentaires, vestimentaires, culturelles, sportifs etc) sont des signaux sociaux qui nous servent à classer les personnes côtoyées dans les interactions sociales quotidiennes. « Qui se ressemble s’assemble » comme le dit le dicton populaire, on a tendance à avoir du goût pour ceux qui ont nos goûts (attirance) et à avoir un sentiment de répulsion pour ceux qui n’ont pas nos goûts que l’on juge alors soit « vulgaires » soit «prout-prout » (Péjoratif : Se dit de quelqu’un qui est trop distingué, précieux, qui fait beaucoup de manières ). Ainsi nos relations amicales et amoureuses, guidés par nos goûts, sont largement endogame (ou homogame), c’est-à-dire réunissent des personnes proche socialement. Pierre Bourdieu s'emploie donc à démontrer les ressorts du goût en matière de loisirs, d'art ou d'alimentation. Il s'appuie pour cela sur la notion d'habitus: un ensemble de pratiques, de règles et de contraintes issues de notre expérience, de notre milieu social, et liées à ce que notre entourage attend de nous. Autrement dit, La liberté de choix, que nous croyons pouvoir nous attribuer, n’est rien d’autre que l’ignorance des causes qui nous font choisir. Car, disait Bourdieu, « nos choix en apparence les plus personnels, les plus intimes, et, par là, les plus chers, celui de notre discipline, de nos sujet de prédilection, de nos orientations théoriques et méthodologiques, trouvent leur principe dans des dispositions socialement constituées où s’expriment encore, sous une forme plus ou moins transfigurée, des propriétés banalement sociales, tristement impersonnelles ». 10 En examinant les contours des idéologies qui justifiaient l’exclusion de la durée dans la science politique qui réfléchit par définition sur le changement social, Bertrand Badie a écrit : « la première de ces idéologies relève de ce qu’on a communément appelé historicisme :l’histoire y marginalisée au nom de l’Histoire, celle-ci ayant un sens connu par avance, échappant au contrôle des hommes et à l’effet de leurs pratiques sociales, l’histoire n’a plus grand-chose à apprendre au sociologue, et risque même de l’égarer dans la connaissance du détail et de l’accessoire qui ne peuvent à ses yeux que relever de l’effet de brouillage. Cette attitude est celle d’une sociologie marxiste, dans ses versions les plus sommaires, mais on la retrouve aussi dans les paradigmes évolutionnistes et développementalistes : connu par avance, le pole de modernité oriente la dynamique des structures sociales et politiques, mais aussi des cultures et des croyances : ici, l’histoire ne produit pas un effet de brouillage, mais désigne en fait des survivances traditionnelles appelées à disparaitre. Paradoxalement, une telle construction se retrouve aussi dans les sociologies « hyperculturalistes » où chaque culture est porteuse d’une histoire, également connue d’avance et échappant au contrôle des hommes : la représentation islamiste de l’histoire, ou plus généralement celle qui se dégage de tout messianisme, suppose a priori un accomplissement dont la seule inconnue est la définition de son échéance). Cette critique vise particulièrement le marxisme mais vise aussi toute conception essentialiste de l’explication, faisant d’une essence le principe des explications.Cette critique de la pensée holistique vise toute conception de la société faisant de celle-ci une totalité transcendante à ses parties, affectant les comportements individuels et fixant aux individus leurs buts et leurs intentions. Elle dénonce aussi, au niveau conceptuel, l’usage d’entités confuses(le peuple, la nation..) qui sont posées comme transcendantes aux individus et explicatives de leurs comportements. Nagel invite ainsi à clairement distinguer les concepts qui font référence à des êtres concrets et les concepts hypostasiés (le capitalisme, la volonté du peuple, la société, concept holistiques dont le sociologisme fait des entités supérieurs aux agents qui les composent. Voir : Betrand Badie : Analyse comparative et sociologie historique ; In Revue internationale des sciences sociales, la sociologie historique : débats sur les méthodes, Aout 1992 N133 P.363 11 Xavier Molénat. 2006, « Vers une société des individus ? », dans Molenat X. (éds.) L’individu contemporain : Regards sociologiques, Auxerre, Editions Sciences Humaines, 2006 P.2 12 Peter Berger et Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité, Paris, Armand Colin, 1967 13 Emmanuel-Joseph Sieyès (1748-1836) est un homme d'Église, homme politique et essayiste français. Sieyès devient célèbre dès 1788 par son Essai sur les privilèges. Mais c'est plus encore sa brochure de 1789 Qu'est-ce que le tiers état ?, texte fondateur de la Révolution française, qui obtint un grand retentissement et assure sa popularité. Il prend ainsi une part active à la Révolution française jusqu'à sa fin, par sa participation au coup d'État du 18 brumaire. 14 Si l’on décompose ainsi le problème de la connaissance, on voit aisément que deux traditions rivales de la théorie de la connaissance, le rationalisme classique et l’empirisme, s’affrontent. Pour résumer brièvement et sans nuance, nous pouvons présenter les arguments suivants. Les êtres humains, en tant qu’individus, disposent de deux façons d’acquérir une connaissance sur le monde : la pensée et l’observation. Si nous privilégions le premier mode sur le second, nous obtenons une théorie rationaliste classique de la connaissance, et dans le cas contraire, l’empirisme. Suivant le rationalisme, toute connaissance certaine découle de la « raison », vue comme un ensemble de maximes irrécusables, de principes a priori, au-delà desquels on ne peut remonter, cette raison s’étant formée en nous avant toute réflexion. Autrement dit, les véritables fondements du savoir sont accessibles à l’esprit humain. Les propositions qui constituent ces fondements se révèlent vraies de façon claire, distincte, elles constituent leurs propres preuves à l’issue d’un raisonnement et d’un examen approfondis. Or, sous la double influence de John Locke et de Isaac Newton, les maîtres à penser du XVIIIe siècle, émerge un courant de pensée s’opposant au rationalisme : l’empirisme moderne qui suppose qu’on accéde aux véritables fondements du savoir par les sens et qui prend son point de départ dans les critiques adressées par Locke à la doctrine cartésienne des idées innées. Selon Locke, et contrairement au rationalisme, toutes les idées, définies comme étant tout ce qui est l’objet de la pensée, tirent leur origine de l’expérience; elles ont deux sources : il y a les idées qui viennent de la sensation et qui résultent de l’action des corps extérieurs sur nos organes des sens, et les idées de réflexion qui apparaissent après les idées de sensation lorsque l’âme, par une sorte de sens interne, fait un retour sur ses propres opérations. Condillac, en France, et Hume, en Angleterre, sont les principaux représentants de l’empirisme moderne. Deux problèmes importants surgissent lorsque l’on réfléchit aux conditions de la connaissance : son origine et sa légitimité. Or, contrairement au rationalisme, l’empirisme affirme que la source de toute connaissance est non pas l’esprit humain, mais bien l’action du monde extérieur sur le sujet : la connaissance tire sa légitimité de la vérification expérimentale et non pas d’une démonstration rationnelle. Pensons ici à l’axiome d’Aristote qui exprime, en quelque sorte, la thèse fondamentale de l’empirisme : « rien n’est dans l’esprit qui ne fût d’abord dans les sens » ; ou encore à la proposition de Locke selon laquelle « l’esprit est une page blanche vide de tout caractère », une « tabula rasa ». De plus, puisque la science newtonnienne se développe par l’expérimentation et qu’elle refuse les hypothèses et les principes abstraits, Condillac et Hume, par exemple, prendront la science expérimentale comme modèle de la connaissance. Ils l’utiliseront, entre autres, pour attaquer les doctrines rationalistes du siècle passé. 15Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances - et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu»,- acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Les philosophes veulent asseoir le règne de la raison, de la lumière naturelle qui accumule des connaissances, ils suggèrent aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc bien tant une dimension sociale qu’une dimension spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ». 16 L'ordre social et politique féodal - c'est-à-dire la domination de l'aristocratie et de la noblesse - se présente, au niveau idéationnel, comme un ordre instauré par la divinité : l'autorité a une légitimité qui vient de Dieu (le roi est roi par la grâce de Dieu), et les hiérarchies sociales (la division de la société en « états » ou strates) répondent à une légalité « naturelle », parce que voulue par Dieu. Ainsi donc l'autorité et la société sont, dans leurs principes, immuables et éternels. 17 À croire certains commentateurs ; cette citation reposerait sur une lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche où Voltaire aurait écrit : « Monsieur l'abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire ». En fait, cette lettre existe mais la phrase n'y figure pas, ni même l'idée. 18 Pour Voltaire, la croyance en un Dieu est utile sur le plan moral et social. Il est l'auteur du célèbre alexandrin : Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. 19La laïcité repose sur quatre principes censées réguler le rapport entre l’Etat et toutes les religions sans discrimination ou stigmatisation: la neutralité religieuse de l'État, la séparation institutionnelle (la séparation entre les producteurs de savoir et des normes religieuses et les gestionnaires de l’Etat), la liberté religieuse (la liberté publique de conscience c’est-à-dire la liberté de croire ou de ne pas croire ou de changer de religion. Soulignons que la notion de liberté de conscience est souvent mal comprise en étant réduite au for intérieur, simple fait de penser ce qu’on veut sans l’exprimer publiquement); la garantie de l’autonomie réciproque des pouvoirs publics par rapport aux institutions religieuses et vice versa. Grosso modo, la laïcité signifie que les convictions religieuses sont renvoyées à la liberté de conscience individuelle au même titre que les gouts et les préférences qui différent de l’un à l’autre. 20 Les principes de la démocratie sont : l’Etat de droit, la citoyenneté égalitaire, la séparation des pouvoirs, le suffrage universel, l’alternance, le fait d’avoir un mandat et on doit en rendre compte (la responsabilisation des élus), la séparation des autorités c’est-à-dire le fait de distinguer l’autorité religieuse qui s’impose à l’Etat de l’autorité de l’Etat qui est négocié par le peuple, et qui vient par les élections. 21Dans le système politique du Royaume de France, on désignait par États généraux les assemblées extraordinaires réunissant les trois ordres (les états) de la société (Noblesse, Clergé, Tiers) convoquées par le Roi pour traiter d'une crise politique, en général une guerre ou une question diplomatique et décider d'une aide militaire ou fiscale. Les derniers états réunis, convoqués le 5 mai 1789 par Louis XVI pour résoudre la crise financière due aux dettes du Royaume, évoluèrent, à la suite du Serment du Jeu de paume et à la réunion des trois ordres le 27 juin, en une Assemblée nationale constituante qui décida de rédiger une constitution écrite qui marqua le commencement de la Révolution française. 22 Le coup d'État du 18 brumaire An VIII (9 novembre 1799, Brumaire est le deuxième mois du calendrier républicain français fut crée pendant la révolution et fut utilisé de 1792 à 1806 ) de Napoléon Bonaparte marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat. Emmanuel-Joseph Sieyès souhaite renverser la Constitution de l'an III. Celle-ci ne pouvant être révisée qu'au bout de 9 ans, il lui faut imaginer un coup d'État. Pour cela, il utilise la complicité du Conseil des Anciens, en prétextant un soulèvement menaçant la vie des députés, et en les obligeant à se déplacer à Saint-Cloud. Il lui faut aussi un soutien militaire, qu'il trouve auprès de Bonaparte, qui assurera le commandement des troupes de Paris ainsi que la garde du corps législatif. Puis, il faut que le Directoire s'effondre pour permettre la rédaction d'une nouvelle Constitution. Sieyès, Roger Ducos et Barras démissionnent, et les deux autres directeurs, Moulin et Gohier, sont placés sous surveillance. Résultat du ce coup d’Etat : Le Consulat est mis en place, un régime autoritaire dirigé par trois consuls, dont seul le premier détient réellement le pouvoir : la France entame une nouvelle période de son histoire en s'apprêtant à confier son destin à un empereur. 23 Au début, les transformations économiques qu’entraîne la révolution mercantile ne se produisent que dans certains secteurs de la vie économique et dans certaines régions de l'Europe. L'aristocratie féodale les considère donc comme des phénomènes marginaux. Le secteur marchand peut alors se développer rapidement et augmenter d'une manière considérable sa richesse. Ainsi naît et se consolide une nouvelle classe sociale dans les villes ou bourgs qui sera dès lors désignée sous le nom de « bourgeoisie ». Cette nouvelle classe bourgeoise finira par revendiquer, face à l'aristocratie féodale, un pouvoir social et politique correspondant à son pouvoir économique. Les XVIIe et XVIIIe siècles surtout seront marqués par les conflits et les luttes entre ces deux classes sociales. Ces conflits et luttes prennent la forme de grandes révolutions bourgeoises : la Révolution anglaise d'abord au XVIIe siècle, la Révolution française un siècle plus tard, et enfin la Révolution allemande dans le dernier tiers du XIXe siècle. 24 Pour la première fois dans l'histoire se développe au sein des unités de production - les usines ou fabriques -une organisation spécifique de travailleurs, le syndicat, qui lutte pour des conditions meilleures de travail. À ces luttes syndicales succéderont des luttes plus politiques, portant d'abord sur le droit à participer au choix des représentants politiques (droit de vote), ensuite sur le droit à l'association politique ouvrière (partis ouvriers ou « laboristes ») et à l'accès des classes ouvrières aux institutions de décision politique (le Parlement). Les luttes ouvrières pour de meilleures conditions de travail qui marquent une bonne partie de l'histoire de l'Europe occidentale au XIXe siècle ne peuvent être comprises qu'en prenant en compte les conditions matérielles particulièrement cruelles auxquelles sont soumises les nouvelles classes ouvrières. Nous distinguerons deux moments dans l'examen de ces conditions matérielles : l'expropriation de la population campagnarde lors du mouvement des enclosures, et la formation de la classe ouvrière dans les systèmes de la manufacture et de l'usine. 25 les premiers espaces à s'être industrialisés sont la Grande-Bretagne et la Belgique à la fin du XVIIIe siècle puis la France au début du XIXe siècle : ce sont les pays de la première vague. L'Allemagne et les États-Unis, quant à eux, se sont industrialisés à partir du milieu du XIXe, le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXe : ce sont des pays de la deuxième vague. 26 L'invention de la machine à vapeur par James Watt en 1781 signale le point de départ d'une recherche toujours plus poussée de sources d'énergie puissantes. La découverte de ces sources est, en effet, la condition nécessaire pour l'utilisation de plusieurs outils mécaniques couplés à un seul moteur, ainsi que pour l'accélération du mouvement des outils. 27Une notion est opératoire parce qu’elle a la propriété d’identifier avec le moins d’erreurs possibles l’objet concerné. La définition proposée sera fondée sur les caractères extérieurs communs à tous les phénomènes. Il en va de soi qu’elle ne soit pas satisfaisante et qu’elle soit l'objet de trop nombreuses controverses pour qu'elle puisse constituer le socle d'une définition acceptable. De fait, nous avons déjà souligné que toute tentative de définition de la sociologie est condamnée à être partielle et incomplète. 28Plusieurs savants doutent ou renient la scientificité de la sociologie de fait de l’absence d’un paradigme qui renvoie au consensus théorique et méthodologique entre les sociologues et de la grande incertitude qui caractérise sa méthodologie et la corroboration de ses théories. A titre d’exemple, dans son ouvrage « les trois cultures : Entre science et littérature, l'avènement de la sociologie », Wolf Lepenies soutient que la sociologie est une troisième voie entre les sciences de la nature et la littérature. Notons que cette controverse sur le caractère scientifique de la sociologie a conduit Pierre Bourdieu, chef de file des artisans contemporains d’une sociologie scientifique, d’avancer l’argument suivant : La sociologie, disait Bourdieu, a le triste privilège d’être sans cesse affrontée à la question de sa scientificité. On est mille fois moins exigeant pour l’histoire, ou l’ethnologie, sans parler de la géographie, de la philologie ou de l’archéologie (…), parce qu’elle dévoile des choses cachées et parfois refoulées comme la corrélation entre la réussite scolaire, que l’on identifie à « l’intelligence », et l’origine sociale ou, mieux, le capital culturel hérité de la famille. Ce sont des vérités que les technocrates, les épistémocrates- c'est-à-dire bon nombre de ceux qui lisent la sociologie et de ceux qui la financent- n’aime pas entendre. Une des façons de se débarrasser de vérités gênantes est de dire qu’elles ne sont pas scientifiques ; ce qui revient à dire qu’elles sont « politiques », c’est-à-dire suscités par « l’intérêt », la « passion », donc relatives et relativisables (…) En effet; conclut-t-il, me parait avoir toutes les propriétés qui définissent une science. Mais à quel degré ? La question est là. Et la réponse que l’on peut faire varie beaucoup selon les sociologues. En tout cas, il y a belle lurette que la sociologie est sortie de la préhistoire, c’est-à-dire de l’âge des grandes théories de la philosophie sociale à laquelle les profanes l’identifient souvent. L’ensemble des sociologues dignes de ce nom s’accorde sur un capital commun d’acquis, concepts, méthodes, procédures de vérification. Elle reste que, pour des raisons sociologiques évidentes- et entre autres parce qu’elle joue souvent le rôle de discipline refuge-, la sociologie est une discipline très dispersée (au sens statistique du terme) et cela à différents points de vue. Ce qui explique que la sociologie donne l’apparence d’une discipline divisée, plus proche de la philosophie que des autres sciences. Mais le problème n’est pas là : si l’on est tellement pointilleux sur la scientificité de la sociologie, c’est qu’elle dérange. Voir : Pierre Bourdieu, Questions de la sociologie Paris les éditions de Minuit P.19 29 A ce propos on peut évoquer Paul Feyerabend qui a écrit un livre portant le titre « contre la méthode : Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance » dans lequel il a estimé que la science ne possède aucune caractéristique intrinsèque qui la rendait supérieure aux autres branches du savoir, comme les mythes antiques ou le vaudou. Ainsi il rejette l’idée qu’il existe un argument décisif favorisant la science sur d’autres formes de savoir qui lui sont incommensurables. Dans cette optique, le choix entre des théories se réduit à des choix déterminés par les valeurs subjectives et les souhaits des individus. 30Ici on peut présenter une objection plus sérieuse, évoqué par Alain Chalmers, contre ceux qui croient que la science commence par l’observation ou estiment que l’observation fournit une base sure à partir de laquelle la connaissance peut être tirée (tels les inductivistes à savoir ceux qui se basent sur le raisonnement inductif parce qu’ils croient que la vérité ne vient pas de la logique mais de l’expérience, que la base de la connaissance scientifique est fournie par les observations faites par un observateur dénué de tout préjugé) : ce que voit un observateur, c’est-à-dire l’expérience visuelle qu’il éprouve en voyant un objet, dépend en partie de son expérience passée, de ses connaissances et de ses attentes. En effet, des observateurs, témoins de la même scène au même endroit, voient la même chose, mais l’interprètent différemment. Voir à ce propos : Alain Chalmers, Qu’est ce que la science ? Traduit de l’anglais par Michel Biezunski , Paris, La Découverte 1987 PP : 50-57 31 François Dépelteau La démarche d'une recherche en sciences humaines. De la question de départ à la communication des résultats, Bruxelles, De Boeck, 2000, PP.62-63 32 Rappelons que ces principes furent d’abord adoptés en sciences naturelles avant d’être importés par les sciences humaines qui se servirent des sciences comme la physique et la biologie comme modèle. Autrement dit, les grands principes des sciences de la matière et de la vie sont repris et traduits dans le champ de la société. 33 Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale 1865 P .114 disponible sur : http://www.acgrenoble.fr/PhiloSophie/file/bernard_medecine_exp.pdf 34 Pierre Bourdieu Questions de sociologie Paris Editions de Minuit 2002 P. 44 35Ici on peut rappeler l’exemple de Durkheim qui ne confond pas concomitance (Ou régularités statistiques qui renvoie aux convergences progressives vers la moyenne, que l'on constate dans les phénomènes sociaux) et causalité : toute corrélation entre deux variables n’implique pas, en effet, l’existence d’un rapport de causalité directe. Dans certains cas, une variable intermédiaire peut s’intercaler. Ainsi, le parallélisme observé, dans « le suicide », entre l’allongement du jour et l’augmentation des taux de suicide trouve son explication dans le fait que l’allongement du jour induit lui-même une intensification de la vie sociale. On a donc le schéma d’explication suivant : accroissement du jour→ intensification de la vie sociale→ augmentation des taux de suicide. Dans d’autres cas, le parallélisme observé dans l’évolution de deux phénomènes peut s’expliquer par l’impact d’une troisième variable. Ainsi, la corrélation établie entre le développement de l’instruction et l’accroissement des taux de suicide n’autorise pas à en induire que le développement de l’instruction est la cause de l’augmentation des taux de suicide. En effet, l’évolution des deux phénomènes s’explique par l’action d’une tierce variable : la perte d’influence de la tradition religieuse, lorsque le développement et l’instruction n’est pas lié à cette érosion de la tradition, il n’induit pas une augmentation des taux de suicide. Voir : Henri Mendras, Jean Etienne: les grands auteurs de la sociologie : Tocqueville, Marx ; Durkheim, Weber, Paris Hatier, 1996 P: 98 |
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