I-qu’est ce que la sociologie ?








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3- L’origine, la nature, le fonctionnement et la transformation des groupes et ensembles humains :

Comme l’a bien montré Guy Rocher, la réflexion sociologique s’articule autour de trois grande questions/thèmes de recherches transversales/transversaux.

Quelles sont ces trois grandes questions?

A) Comment expliquer l'existence et le maintien des collectivités humaines? Et corrélativement de quelle manière l'individu s'y rattache-il?

Cette question cherche à définir le social, et pose le problème de l’action sociale en interrogeant ses fondements normatifs, idéaux et symboliques de l’action sociale, à savoir les liens qui unissent les hommes (fonction et rôle, contrôle social, socialisation, norme et valeur, symbole, idéologie, culture, conformité et déviance).

Rappelons à ce sujet que La question initiale de la sociologie selon Durkheim est celle du lien social43 : comment les hommes forment-ils ensemble une société ? Comment se tisse le lien social dans les nouvelles sociétés industrialisées ? Sous différentes formes, cette question, qui l’inquiète, traverse toute son œuvre.

Témoin de la naissance de la société industrielle, Durkheim se pose la question de savoir comment s'unissent les hommes dans une société qui s'individualise de plus en plus. Autrement dit, le grand problème de Durkheim est de comprendre les facteurs de cohésion d’une société, qu’est ce qui lie les individus entre eux, qu’est ce qui peut faire tenir ensemble les membres d’une société, comment l’individu est-il intégré dans la société.

B) Comment les cadres sociaux de la vie humaine sont-ils organisés ?

Cette question pose le problème de l’organisation sociale. Autrement dit, par le biais de cette question les sociologues cherchent à saisir la logique souterraine de la vie collective, à identifier l’élément explicatif déterminant du fonctionnement des structures sociale (pour Marx les forces productives par exemple) et à élaborer des classifications et des typologies des sociétés (société traditionnelle et société moderne).

Pour l’analyse de l’organisation sociale, les sociologues ont mobilisés un arsenal conceptuel suivant : organisation sociale, structure et système, société, stratification sociale, statut social, groupe social, classe sociale, intégration sociale, division du travail, pouvoir, rapport social.

C) Comment se produisent et s'expliquent le changement  et l’évolution des sociétés humaines ?

Cette question pose le problème du changement social et cherche à expliquer les différentes formes historiques des structures, à identifier les facteurs, les conditions et les acteurs du changement social. Parmi les notions les plus mobilisés, on peut citer : changement social, capitalisme, classe sociale, conflit, économie, élite, idéologie, mouvement social, groupe de pression.

4- La norme :

Une norme, au sens sociologique du terme, représente un comportement généralement observé dans un contexte donné.

Il existe deux types de normes en sociologie. La première, la norme formelle, est une loi ou une règle officielle régie par des personnes influentes. La seconde, la norme informelle, est une façon de se comporter dans la société qui n'est pas obligatoire, mais dont les membres de la collectivité trouvent nécessaire à son bon fonctionnement.

5-La valeur :

Si la valeur au sens philosophique à trait à la vérité, le bien et le beau, au sens sociologique, elle correspond à « la manière d’être ou d’agir qu’une personne ou collectivité reconnait comme idéale et qui rend désirables ou estimables les êtres et les conduites auxquels elle est attribué. Dans cette perspective, la notion embrasse les « idéaux, les préférences et les orientations profondes qui structurent les représentations et les actions d’un individu ».

Les systèmes de valeurs comprennent des idées et des matériaux qui semblent importants dans la vie. Elles guident les croyances qui composent la culture en partie.

Rappelons ici que la valeur est une norme qui guide et oriente le choix et l’action humaine.

Quelques fondements de l’approche sociologique :

Quelle est la spécificité de la sociologie par rapport aux autres disciplines des sciences sociales ?
1- Une approche qui permet de connaitre la société telle qu’elle est, et non qu’on voudrait qu’elle soit, susceptible de produire une connaissance qui ne cherche pas sa légitimité dans l’utilité politique immédiate, ou dans la satisfaction des attentes du public. Une connaissance qui évite le ton polémique et la logique de dénonciation, où le jugement et la condamnation remplacent la recherche de jeu des régularités structurales ou fonctionnelles, la mise à jour des mécanismes cachés, les manières d’être réguliers et la définition de leurs principe, la découverte des mécanismes généraux, les logiques sociales émergentes. Une connaissance qui cherche à mettre de l’ordre où semble régner le désordre, à rendre cohérent et intelligible un monde en apparence désordonné en saisissant les processus, les conjonctions, les principes, les rapports, les mécanismes stables, les chaines, les invariants. Elle cherche à mettre en évidence les corrélations, les concordances et les tendances lourdes, et à formuler/construire des types-idéaux.

2- Elle oblige à une impérative distanciation critique par rapport au fait divers, à l’émotionnel, à l’événementiel ou, plus généralement, au factuel, qui marque souvent le discours médiatique qui reste souvent tributaire à la logique du plébiscite, de l’applaudimètre et de l’audimat.

3- Elle oblige à rompre avec les prénotions et les jugements de valeur parce que le sociologue doit s’astreindre à une certaine neutralité, en s’abstenant de tout jugement moral. La connaissance sociologique consiste à se demander comment les différents faits existent en mettant en suspens nos opinions et nos convictions politiques, idéologiques et religieuses et étudier ces faits sans jugements de valeur.

Une des exigences de la discipline : si vous avez à réfléchir sur les jeunes, la famille, l’école…etc, vous ne devez pas donner votre opinion personnelle.

Il faut dépasser ses propres convictions et sympathie pour comprendre comment existent les phénomènes, qu’on les déteste ou qu’on y tienne (on peut reprendre ses convictions après !).

Il faut étudier les faits tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être. Il faut aussi dépasser des idées très répandues souvent fausses qui renvoient à des préjugés divers.

Il faut récuser la critique dénonciatrice, voire le militantisme. Le sociologue ne cherche ni à séduire afin d’attirer la popularité, ni à manipuler dans le but d’influencer. Il est voué à la création du savoir.

Les explications spontanées ou tirées de notre expérience sont toujours approximatives et souvent sans fondement, ce sont de fausses évidences, des préjugés. Exemple des filles et des maths, les études montrent qu’elles sont des résultats supérieurs ou égaux au primaire et au secondaire.

3- La démarche sociologique est une démarche qui ne prend pas le réel pour un donné, mais le construit. Parce que les faits ne sont pas objectifs par eux-mêmes, ils sont objectivés par des méthodes et selon des points de vue différents. Ici on évoque Bachelard qui estime que le fait scientifique est :

A-Conquis : car il suppose de rompre avec les présupposées; les prénotions.

B-Construit : car un scientifique ne peut aborder le réel sans disposer auparavant d’une théorie qui lui permette de formuler une question et d’avancer une hypothèse.

B-Constaté : car toute théorie doit être confrontée aux faits et ne pas être invalidé.

4- Les sociologues estiment que les phénomènes sociaux ne vont pas de soi, ils sont complexes, parce que leur émergence et leur évolution sont le fruit d’un processus. Autrement dit, chez les sociologues il y a une espèce de culture du social, un reflexe qui consiste à dire « les choses ne vont pas de soi, les processus sociaux émergent, évoluent, sont organisés ». Cette attitude sociologique nous semble aussi caractérisée par la conviction de l’intelligibilité du social.

A cet égard, et comme l’indique Alain Touraine44, « les sociétés apprennent à se connaitre sociologiquement quand elles se reconnaissent comme le produit de leur travail et de leurs rapports sociaux, quand ce qui semble d’abord un ensemble de ‘’données’’ sociales est reconnu comme le résultat d’une action sociale, de décisions ou de transactions, d’une domination ou de conflits ».

5- La sociologie part de présupposé que « les sociétés ne sont jamais ce qu’elles apparaissent être ou ce qu’elles prétendent être. Elles s’expriment à deux niveaux au moins, l’un superficiel, présente les structure ‘’officielle ‘’, si l’on peut dire, l’autre, profond, assure l’accès aux rapports réels les plus fondamentaux et aux pratiques révélatrices de la dynamique du système social45 ». Par conséquent, la sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle ne faisait que conforter, répéter et valider les croyances qu’entretiennent les acteurs sur le monde social. C’est pourquoi, il convient toujours de rechercher le caché qui permettra d’expliquer l’apparent. Car, il n’y a de science que du caché, disait Bachelard.

6- Une des idées directrices de la sociologie, remarque Jean-Marie Tremblay46, consiste à mettre en évidence, à faire apparaître les causes sociales (les déterminants sociaux) des activités des êtres humains en société. Autrement dit, elle étudie l'influence complexe de la structure des relations sociales sur les actions sociales et sur les acteurs sociaux.

Le sociologue peut mesurer, par exemple, l'influence de la position sociale sur les performances scolaires, le niveau de scolarité, les comportements politiques, culturels et économiques. Nous pouvons ainsi comprendre que, pour le sociologue, « étudier le suicide, c'est étudier les causes sociales du suicide. De même, la sociologie du crime est communément définie comme l'étude des causes sociales du crime; la sociologie politique ou la sociologie de l'éducation comme l'étude des causes sociales expliquant les choix politiques ou les comportements scolaires…etc»47.

7- L'interrogation sociologique correspond à une interrogation sur la ou les causes sociales d'un phénomène social ou d'un processus social, qu'il s'agisse d'un événement (le succès électoral du PJD48 en novembre 2011) ou d'une donnée (par exemple, la fraude aux examens universitaires). Il existe donc un mode de pensée sociologique, une façon de poser les problèmes et d'expliquer les faits qui caractérise la sociologie. Il s'agit d'une analyse scientifique du social en tant que tel, de la réalité sociale par elle-même, des activités êtres humains en société par la totalité de ce qui se passe en société. Que le sociologue s'intéresse à des faits sociaux macro-sociologiques (des faits sociaux mettant en branle la totalité sociale) ou micro-sociologiques (des faits sociaux restreints plus près des acteurs sociaux eux-mêmes), c'est toujours la même intention qui inspire la recherche sociologique, soit l'explication des faits sociaux, quelque soit le processus de recherche utilisé.

8- L’interrogation sociologique, c'est-à-dire les questions que le sociologue pose à la réalité sociale, «n'atteint sa maturité»  qu'au moment où le fait social est saisi en relation avec toute l'activité sociale des êtres humains en société. Les questions ou interrogations du sociologue ne sont sociologiques que si elles saisissent un fait social (une activité ou une pratique sociale) et que si l'explication est recherchée dans les activités des êtres humains en société et dans les relations qui existent entre ces activités en société. Parce que Les questions du sociologue portent sur la réalité sociale, «une réalité originale, irréductible à tout autre et dont les changements ne dépendent plus d'une essence (divine ou naturelle) immobile et définie49».

Ici il n’est pas indu de souligner que les sciences sociales naissent de refus d’expliquer la société en faisant la référence à une cause qui lui serait externe, c'est-à-dire à Dieu, de juger la société d'un lieu extérieur à lui. Autrement dit, on comprend alors que les fondements de la société soient recherchés ailleurs que dans un ordre hiérarchisé et reposant seulement sur la volonté de Dieu .C’est autour de la loi, du politique, du contrat social et de l’idée de nature que ces fondements seront d’abord recherchés. Dans ce sens on peut considérer que la sociologie en tant qu’elle est une discipline de « désacralisation » et du « désenchantement » du réel.

Rappelons à ce sujet que pour expliquer le suicide Durkheim a éliminé les facteurs extra-sociaux. Autrement dit, il a réfuté les thèses non sociologiques qui expliquent le suicide. D’abord il rejette50 les causes psychopathiques : folie, monomanie, neurasthénie, alcoolisme…etc. Il les admet seulement comme un terrain favorable. Puis, il rejette les théories raciales qui énoncent que chaque " race " serait plus ou moins sujette au suicide. Ensuite, il rejette le déterminisme cosmique qui prétend que les astres influencent les comportements humains. Enfin, il rejette les causes imitatives. Si l’idée de suicide se communique, elle n’est en aucun cas une cause : elle ne fait que renforcer l’action des facteurs réels.

De fait, et comme l’a bien remarqué Mucchielli Laurent51 la naissance de la sociologie s’identifie à « la découverte du social ». Elle marque une révolution dans la façon de penser l'humain. Qu'il s'agisse d'étudier les comportements criminels, le suicide, la religion ou les inégalités sociales, l'approche sociologique possède une perspective spécifique. Elle s'attache à dévoiler les facteurs proprement sociaux qui expliquent ces conduites, le crime, la religion ou les inégalités ne pouvant être simplement expliqués par des causes « naturelles » (déterminisme biologique) ou par la psychologie individuelle.

Pour éclaircir cette idée Mucchielli Laurent a retracé l’histoire de l'autonomisation de la discipline comme science et comme discipline universitaire. A ses yeux, elle s’est faite en deux temps :

La première phase correspond à la période durant laquelle la sociologie française s'émancipe d'une anthropologie naturaliste qui domine les sciences sociales pendant les années 1870. La seconde est celle où la sociologie s'institutionnalise et trace ses frontières avec des disciplines voisines, et parfois concurrentes comme l'histoire, la géographie ou la psychologie.

Dans les années 1870, les sciences sociales naissantes sont, en France, sous l'influence de l'anthropologie physique52 dont Paul Broca (1824-1880) est la figure de proue. Pour le fondateur de l'école d'anthropologie, les différences et les inégalités entre les peuples s'expliquent par le déterminisme de chacune des grandes « races » (Blancs, Jaunes, Noirs) de la planète. Sur le plan individuel, les différences de comportements sont reliées aux configurations du cerveau. Paul Broca, (qui fut le premier à isoler l'aire cérébrale comme siège du langage) est un adepte de la «crâniologie»53. Sur cette base, la plupart des faits humains - du crime au mariage, de la culture aux inégalités des peuples - peuvent s'expliquer en termes biologiques.

A la même époque, l'Italien Cesare Lombroso (1835-1909) défend la thèse du « criminel né » selon laquelle la criminalité s'explique par des causes héréditaires. De son côté, Gustave Le Bon (1841-1931) professe une théorie raciste et inégalitaire de la psychologie des peuples.

C'est à ce moment que s'élève la voix des premiers sociologues qui s'opposent au biologisme dominant en montrant la part du social dans les conduites humaines. Parmi ces voix, il y a celles de Gabriel Tarde (1843-1904), puis celle de René Worms (1867-1926), et enfin celle d'Emile Durkheim (1958-1917). Tous trois contestent l'hégémonie du naturalisme, s'attachent à montrer la part du social dans les conduites humaines, parlent au nom de la sociologie naissante et prétendent la représenter. De ces trois prétendants, seule la pensée de Durkheim va réussir à s'imposer durablement. Pourquoi ? Selon L. Mucchielli, les raisons en sont autant intellectuelles qu'institutionnelles.

1 Vilfredo Pareto, Traité de la sociologie générale, Genève, Droz,‎ 1917 P.1

2 Émile Durkheim (1900), «La sociologie et son domaine scientifique ». Version française d'un article publié en italien, « La sociologia e il suo domino scientifico » in Rivista italiana di sociologia, 4, 1900, pp 127-148. Disponible sur : http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.due.soc1

3 Aron Raymond Aron, 1962, Dix-huit leçons sur la société industrielle, Paris, Gallimard 1962, P. 13

4Rocher Guy, Etre sociologue-citoyen : La dynamique des pratiques de l'action et de l'interprétation. Conférence de clôture du colloque “Présence d'un sociologue” tenu le 24 février 2006 à l’université de Montréal.

5Elle s’est institutionnalisée dés 1913 avec, entre autres, la création d’une chaire de sociologie à la Sorbonne occupée par Emile Durkheim. Car, une fois, l’université conquise, la sociologie a été légitimée durablement, comme science humaine, auprès de l’opinion publique par les médias.

6 Le terme de « paradigme », mis en avant par Thomas Kuhn en 1962 dans « La structure des révolutions scientifiques », est maintenant couramment employé pour désigner l’ensemble des principes et méthodes partagés par une communauté scientifique. Rappelons ici que la vision de Kuhn de la façon dont une science progresse peut être résumée par le processus sans fin qui est le suivant :
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