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Sport, Santé et Préparation Physique N° 85 Lettre électronique des entraîneurs du Val-de-Marne NOVEMBRE 2010 … Université Paris 12 – Conseil général du Val-de-Marne …Sommaire de ce numéro :
1) L’entraînement foncier à très haute intensité : nouveauté ou vieille recette ? Thierry MAQUET - Professeur agrégé d’EPS - Université Paris-Est Créteil Dans un article de la revue Sport et Vie de juin 2010, Guy Thibault signait un article qui bousculait les idées reçues en matière d’entraînement. Il était en effet question d’« améliorer son VO2max en sprintant ». Idée surprenante de prime abord car allant à l’encontre des connaissances physiologiques traditionnelles ; idée séduisante néanmoins, car s’inscrivant dans la problématique de l’optimisation de la charge de travail afin d’obtenir les résultats les plus probants dans le temps le plus court. Pourtant, depuis longtemps, des entraîneurs d’athlétisme concoctent des séances qui ressemblent à ce travail à très haute intensité pour la préparation foncière de leurs sprinters. Faisons le point et comparons ces propositions. Le travail aérobie du sprinter. C’est bien connu, rares sont les spécialistes des sports qui nécessitent des qualités de vitesse, d’explosivité, de vivacité, qui aiment s’astreindre à de longues séances à faible intensité pour améliorer le fonctionnement de leur système aérobie. Cela reste malgré tout un incontournable de la préparation foncière pour améliorer les possibilités de récupération entre deux efforts de vitesse et donc de développer sa capacité à multiplier les efforts courts pour progresser dans ce registre. La reconstitution des stocks énergétiques dédiés aux exercices de vitesse nécessitent en effet une consommation d’oxygène performante. Mais dans le même temps, à trop travailler à de faibles intensités, les qualités d’appuis et d’explosivité s’altèrent. Pour faire face à ces contraintes, les entraîneurs proposent des séances de type « efforts intermittents de courte durée ». Il s’agit d’efforts d’une quinzaine de secondes réalisés à des intensités correspondant à 125 % voire 133% de VMA (VMA+ ¼ ou VMA+1/3) avec 1’30 à 2’ de récupération en marchant, le tout répété 10 à 15 fois. Pour un athlète ayant une VMA à 18 km/h, cela pourrait donner par exemple 10X100 m en 15 secondes, avec 100 m de retour marché soit environ 1’30. Ce travail répond parfaitement aux exigences du sprinter tout en mobilisant fortement son système aérobie durant les récupérations pour le remboursement des dettes d’oxygène accumulées lors des phases d’effort. Qu’apporterait ce type de séance aux spécialistes d’effort de longues durées ? C’est sans doute la question que se sont posée les chercheurs. L’entraînement à très haute intensité. Des recherches se multiplient pour démonter que l’on peut améliorer ses performances aérobies grâce à des efforts très intenses et de courtes durées. Des séances de type 4 fois 30 secondes à 175 % de PMA (autant dire quasiment à fond) avec 4 minutes de récupération, 6 fois 20 secondes à 170 % de PMA ou encore 4 à 8 sprints de 10 secondes, sont expérimentées. A chaque fois, des progrès substantiels sont rapportés dans les efforts anaérobies, mais également pour les efforts aérobies de plus faible intensité. Ces méthodes seraient même plus efficaces que les formes de travail traditionnelles pour améliorer les aptitudes aérobies. Pour comprendre ce phénomène, les chercheurs ont mis en évidence que les efforts très intenses provoquent une augmentation de l’activité des enzymes du métabolisme aérobie. Mais pour comprendre la progression des performances aérobies, ont n’oubliera pas bien sur l’implication presque systématique des processus anaérobies et les dimensions psychologiques, notamment par rapport à la tolérance à la douleur qui sont fortement mobilisées lors de telles séances. Les limites du terrain. Si l’optimisation de la préparation doit faire la part belle à l’intensité plutôt qu’à la quantité, il ne sera sans doute pas toujours prudent ou réaliste d’amener les spécialistes de sport d’endurance sur des efforts qui pour eux risquent d’être contre nature. Lorsque l’on court très vite, les contraintes sur les muscles et les tendons sont plus importantes. Pas sûr que cela ne débouche sur une lésion, qui plus est lorsque la température est basse (c’est souvent le cas dans la phase de préparation hivernale pour tous ceux qui s’entraînent dehors). Ce type de séance est exigeant sur le plan physique, mais aussi nerveux et mental. Les spécialistes de course à pied savent bien dans quel état on se trouve après un effort quasi maximal de 30 secondes. Les répétitions à venir seront très difficiles et les performances moindre. Il faudra puiser au plus profond de ses ressources. Si ces séances sont fréquentes, il faudra une grande motivation pour les supporter. Conclusion. Il est souhaitable que les entraîneurs se tiennent informés des innovations et des recherches conduites dans le cadre de l’optimisation de la performance. Mais il est important aussi de savoir faire la part des choses. Les expériences menées dans des contextes particuliers ne sont pas toutes transférables stricto sensu sur le terrain. Entraîner, c’est gérer de l’humain donc, de la complexité, avec une multitude de paramètres en interaction. Certains éléments peuvent être pris en compte, d’autres pas, car on entraîne généralement un groupe d’individus marqué par des caractéristiques et des caractères singuliers. Les travaux de recherche sont alors des explications, des pistes de réflexion, des réponses supplémentaires à disposition pour faire face à la complexité, mais ils ne constituent pas la réponse absolue aux problématiques de l’entraîneur. Entre applicationisme et imperméabilité à la science, il convient de trouver un juste milieu. Références : La préparation physique, Michel PRADET, Editions INSEP 1996 Revue Sport et Vie n° 120, p17 , Et maintenant le nano entraînement, Guy Thibault Fiche savoir sport, Xavier BONACORSI ****** 2) Activités physiques et sang dans les urinesPar Rachid Ziane – Docteur en Sciences de l’Education Aussi appelée hématurie, la présence de sang dans les urines est toujours inquiétante. Elle peut se produire à la suite d’efforts physiques ou sans rapport avec la pratique sportive.
Qu’est-ce qu’une hématurie ?C’est la présence d’une quantité anormalement élevée de sang et en particulier d’hématies1, dans les urines. Les hématuries peuvent être classées en deux catégories :
Les causes possibles sont nombreuses et sont classées en deux catégories selon leur localisation. Il s’agit essentiellement de pathologies, d’infections, d’inflammations et plus rarement de cancers :
Dans plus de 80% des cas, l’hématurie est liée à une pathologie des voies urinaires. Cependant, pour en identifier la cause, le médecin réalise un diagnostic différentiel et oriente le patient vers des examens… A ![]() (fig. extraite de : cyrilpoujoulat.over-blog.com) Un rein comprend 500 mille à 1 million de néphrons comprenant chacun un glomérule. Certains médicaments peuvent aussi causer une hématurie : contraceptifs oraux, pénicilline, anti-inflammatoires non-stéroïdiens, cyclophosphamides… Il existe aussi des hématuries d’effort. Hématurie d’effort« La survenue d’urines rouges au cours ou au décours d’un exercice physique peut correspondre à une myoglobinurie6, à une hémoglobinurie7 ou à une hématurie ». L’hématurie d’effort apparait après un effort physique prolongé et intense (marathon, trail…), même chez des personnes en bonne santé. C’est un phénomène fréquent. La présence de globules rouges dans les urines est due, soit :
Mais, elle peut aussi être révélatrice d’une lésion urologique. Aucune investigation n’est nécessaire si elle disparait spontanément après 24 à 48 heures. L’hématurie d’effort doit entraîner des examens médicaux :
Il s’agit alors de savoir si l’hématurie a été induite par l’effort ou si elle existait déjà et a été révélée voire majorée par l’effort. ConclusionL’hématurie microscopique est souvent découverte lors d’examens d’urine de routine. L’hématurie macroscopique doit amener à consulter un médecin. La coloration rouge ou brune des urines n'est pas forcement liée à la présence anormalement élevée de globules rouges. La coloration rouge des urines peut aussi être causée par une grande consommation de betteraves ! Références :Collectif d’auteurs. (2003). Hématurie. Wikipedia. En ligne. Lebreton, N., Paruit-Portes, M.C. & al. (1992). Course pédestre Paris–Gao–Dakar. Préparation et suivi médico-physiologique de onze sujets. Médecine d'Afrique Noire : 39-1. En ligne. Vonlanthen-Roth, E., Pechère-Bertschi, A. & Stalder, H. (2001). Hématurie microscopique. En ligne. ****** 3) Vitamine K et activités physiquesPar Rachid Ziane – Docteur en Sciences de l’Education La pratique de nombreuses activités physiques et sportives peut entraîner des hématomes (boxe, karaté, judo, sports mécaniques) et des coupures (boxe thaïlandaise, VTT…). Pour cicatriser plus vite, certains augmentent leur consommation de viande. D’autres en applique sur les hématomes pour accélérer leur disparition grâce à sa teneur en vitamine K… - Qu’est-ce que la vitamine K ? - Quels sont ses rôles dans l’organisme ? - Quelles sont les sources alimentaires ? - Quelles sont les besoins des sportifs ? Qu’est-ce que la vitamine K ? Il en existe trois types : - la vitamine K1 ou phylloquinone, provenant d'une synthèse végétale. - la vitamine K2 ou ménaquinone, synthétisée par des bactériennes. - la vitamine K3 ou menadione, est une forme synthétique de vitamine K, qui présente un risque de toxicité. Les vitamines K1 et K2 sont liposolubles, c'est-à-dire solubles dans les graisses. La vitamine K3 est hydrosoluble (soluble dans l’eau). Les structures et les modes d’actions de ces trois vitamines sont différents. Rôles dans l’organismeUne carence en vitamine K peut entraîner des saignements, la formation de caillots voire des embolies. En effet, la vitamine K intervient dans la synthèse de facteurs de coagulation sanguine (vitamine K1), dans la biologie vasculaire et dans la fixation du calcium par les os (vitamine K2). La vitamine K est indispensable à la fabrication de protéines qui participent à la régulation de la coagulation du sang. Ceci concerne particulièrement les sportifs soumis à des chocs, des coups ou des blessures (rugby, football américain, sports de combat, sports mécaniques). Sources alimentairesLes vitamines K sont apportées par l’alimentation.
La vitamine K2 est faiblement présente dans la viande (muscles de bœuf, de mouton ou de porc). Par contre, elle est synthétisée par les bactéries de la flore intestinale. ![]() Dix sources de vitamines k(Photo extraite de : media.photobucket.com) ConclusionLes carences en vitamine K sont très rares même chez les sportifs. Elles ne concernent que les personnes qui à la fois ne consomment pas de légumes et qui sont sous antibiotiques pendant 3 à 4 semaines. Les sportifs n’ont donc aucun intérêt à se supplémenter en vitamine K, ce qui est particulièrement dangereux (risque de thrombose), ni à consommer plus de viande dans l’espoir de cicatriser plus vite. Une alimentation équilibrée, donc comprenant des fruits et des légumes frais assure des apports suffisants. Les personnes végétariennes et végétaliennes ne risquent pas de carences en vitamines K ; il en est autrement des risques de carence en vitamine B12. Références :Collectif d’auteurs. (2003). Vitamine K. Wikipedia. En ligne. Leboulanger, J. (1975). Les vitamines : Biochimie – Mode d’action – Intérêt thérapeutique. Editions Roche. Coordinateurs SSPP : Thierry Maquet : Université Paris 12 – thierry.maquet@sfr.fr Corinne Bouvat : Service départemental des Sports - Conseil général du Val-de-Marne - 2, rue Tirard - 94000 Créteil Tél. 01.43.99.73.92 / Fax : 01.43.99.73.96 / e-mail : sds@cg94.fr 1 Les globules rouges sont aussi appelés hématies ou érythrocytes. 2 Examens cytologiques des urines : bandelette urinaire, compte d'Addis… 3 Urologie : domaine de la médecine qui étudie l’appareil urinaire dans son ensemble (reins et voies) des hommes et des femmes et à l’appareil génital masculin. 5 Glomérulopathie : maladies des glomérules, qui ont pour fonction de filtrer le sang et de former l'urine. 6 Myoglobinurie : présence de myoglobine dans l'urine. Elle s’accompagne d’autres signes : douleurs musculaires, fatigue, contractures voire coup de chaleur, état de choc…chez des sujets peu entraînés, mal hydratés ayant réalisé un effort intense en ambiance chaude et humide. 7 Hémoglobinurie : présence d'hémoglobine dans les urines. Elle s’accompagne de douleurs abdominales pelviennes. Elle ferait suite à la libération massive de globules rouges à la plante du pied le plus souvent après une course sur sol dur. |