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Serge Guérin, La société des seniors, Paris, Michalon, 2009, 236 pages. Introduction La vieillesse, sujet de préoccupation à partir des années 1980, autour de deux questions, celle de la retraite et de l’emploi des plus de cinquante ans. Depuis, multitude de discours et documents, le plus souvent négatifs sur les « vieux » : isolement, dépendance des personnes très âgées, avenir incertain des régimes des retraites, déclin de la solidarité intergénérationnelle, description de seniors ( les plus de 50 ans) comme des privilégiés, parallèle entre vieillissement et déclin d’une nation. Vision négative traditionnelle en Occident depuis 3000 ans, allant de pair avec une idéalisation de la jeunesse, la beauté, la force. Quelques exceptions cependant : par exemple la Gérousie, conseil de citoyens âgés, gouvernant la cité de Sparte aux Vie IV e siècle av JC, ou l’image du vieux sage dans la littérature… A partir du XVIIIe s , prise ne compte progressive de la vieillesse par la société ( en 1905 par ex en France, loi sur l’assistance obligatoire aux vieillards indigents). Mais les personnes âgées, avant 1945 sont surtout perçues comme une charge, difficile à prendre en charge par l’Etat et les familles. Les systèmes de retraites, mis peu à peu en place, après 1945, vont mieux les insérer dans la société, comme consommateurs et citoyens. Cela contribue peu à peu à une mutation de l’image de la société sur la vieillesse, visible surtout depuis une dizaine d’années : études, articles, émissions sur vieillesse et sexualité, vieillesse et maturité, bonheur etc. I : QUAND LE MONDE PREND DES RIDES.
II/ MODIFIER NOTRE REGARD SUR L’AGE
III/ DYNAMISER L’EMPLOI DES SENIORS
IV/ LA REVOLUTION DE LA RETRAITE
V/ DES GENERATIONS
VI/ DE LA GUERRE DES GENERATIONS A LA COOPERATION INTERGENERATIONNELLE -L’intergénérationnel comme processus d’altérité : les discours opposant entre elles les générations ignorent largement l’ampleur et la diversité des liens informels entre jeunes et seniors, dans le cadre familial ou de voisinage ou associatif. Liens possibles dès lors qu’il n’y a pas jugement de valeur, mais écoute mutuelle : aide financière des grands parents, seniors encadrant des jeunes au sport, à l’école (aide au travail), jeunes aidant des retraités, apprenant l’informatique à parents et grands parents, etc. -Coopération sans hiérarchie donc entre les générations. -Coopération forte dans les zones rurales fragiles : vieux ont besoin de services portés par les plus jeunes, mais sont en même temps la source d’emplois et d’activités pour ces derniers (commerces, aide à la personne, santé, etc). Essor en ville des quartiers intergénérationnels, avec habitats spécifiques en fonction de l’âge, lieux de rencontres, commerces de proximité, etc ( par exemple à Ambilly en Haute Savoie, depuis 2009). - La démarche intergénérationnelle est « la traduction, dans le domaine des générations, de la demande de cohésion sociale » (p 135) : elle ne nie pas les conflits mais promeut le dialogue, la négociation, la recherche du compromis et du consensus. - Cette démarche est recherchée par les seniors qui craignent leur marginalisation dans la société. Mais d’autres préfèrent la séparation d’avec les plus jeunes au nom de leur sécurité : même phénomène que les gated communities, quartiers fermés pour riches. Cet enfermement des personnes âgées peut être aussi la conséquence de politiques publiques qui au nom de la protection et du principe de précaution vont ficher, encadrer, contrôler les vieux, au détriment de leur autonomie : idée par exemple du bracelet électronique pour suivre leurs déplacements et intervenir en cas de problème. -attention à ne pas limiter les relations intergénérationnelles à l’échange entre les petits enfants et les personnes très âgées, càd deux âges où l’autonomie est limitée. C’est une manière de laisser les vieux dans un monde à part. -Une solution passe par la non spécialisation des lieux en fonction de l’âge : devpt de centres de documentation et de restaurants scolaires ouverts à tous, crèche ou centre de formation intégrés à une maison de retraite. VII/ L’HABITAT COMME ENJEU - Les jeunes retraités sont très mobiles, changeant de lieu d’habitation ( « retour au pays » ou choix du soleil, etc), et souvent revenant ensuite au point de départ ( difficultés d’insertion dans un nouvel espace). Ces déplacements jouent un rôle important dans le coût de l’immobilier, encore plus dans les régions du Sud de la France, terre d’élection d nombreux retraités étrangers aisés. Dans les espaces où il y a de nombreux retraités se pose aussi la question de l’aménagement progressif des habitations et de la ville et de ses services à cette population spécifique qui vieillit peu à peu. - Prévoir l’évolution de l’âge d’une population et s’y adapter, sur un espace donné, ce sont les missions du Conseil économique et social de chaque Région, et des SCOT ( Schéma de Cohérence de l’Organisation du Territoire) : à l’heure actuelle il s’agit de ne plus se polariser que sur l’encadrement médical mais créer des quartiers intergénérationnels et respecter le plus possible le droit de chacun de vivre dans son logement en toute autonomie, quel que soit le revenu des personnes âgées : loi de 2005 sur l’accessibilité au logement ; difficultés des politiques de la vieillesse des communes et départements pour s’adapter à tous les revenus. Retards aussi car les politiques ont longtemps minimisé ces questions. - quelques exemples : - en Franche-Comté, immeubles avec au rez de chaussée des personnes âgées et dans les étages des jeunes travaillant pour eux ; municipalités favorisent leur installation en donnant les terrains. - A Longwy (Lorraine), des retraités participent à l’élaboration de leur futur logement. - Papy loft de Normandie : espace intergénérationnel en centre ville, avec résidences collectives et individuelles et lieux de rencontres, services et activités. - Quels que soit les projets et les situations, l’essentiel demeure l’échange, donc l’investissement humain pour ne pas marginaliser les personnes âgées. VIII/ VERS DE NOUVELLES SOLIDARITES DE PROXIMITE - Il est caricatural de dire que la société est de plus en plus individualiste et donc moins solidaire. C’est la manière dont s’exprime la solidarité qui a changé : moins de grandes structures, de grandes campagnes ponctuelles, et davantage de solidarité de proximité. - Solidarité continuant à s’exprimer au sein de la famille, « pilier des identités », même si la famille est plus diverse qu’avant : hommes prenant plus en charge qu’avant les membres âgées de leur famille, même si femmes très majoritaires encore ; devpt du partage de l’aide entre les enfants et parfois aussi d’autres membres de la famille ; les jeunes seniors sont la première génération ayant en charge à la fois les enfants et les parents. - Une modernité évolutive : aujourd’hui on peut être à la fois citoyen, consommateur, salarié, actionnaire, parent, enfant, petit enfant, grand parent. Cela multiplie les responsabilités, les contradictions, les attentes différentes de soi et des autres. - la solidarité de proximité exige soutien, écoute, et structures adaptées : entre personnes âgées, et entre eux et les plus jeunes. La puissance publique (Etat, Région etc) doit intervenir en même temps que les familles et les associations, afin de rendre pour tous compatible l’aide aux personnes âgées avec l’emploi, l’équilibre familial et individuel, etc. En adoptant la notion de flexisécurité ( plus de souplesse dans le contrat de travail contre plus de protection sociale) le Conseil de l’Europe, en 2007 a ouvert la voie à des politiques prenant en charge notamment la manière d’aider les aidants des personnes âgées. Des philosophes comme Marcel Mauss ont enfin montré que l’aide aux personnes âgées ne peut être vue que comme une contrainte mais que chacun peut en retirer du plaisir, une estime de soi. IX/ FINANCER LE GRAND VIEILLISSEMENT - Aux quatre risques pris en charge traditionnellement par la sécurité sociale ( famille, santé, retraite, vieillesse) s’ajoute celui de la dépendance des plus âgés. Il faut s’attendre à une augmentation rapide de l’ordre de 40% des personnes en perte d’autonomie. De qui nécessite une réponse collective et politique. -Prise en compte très lente et progressive par la loi de la dépendance : 2002, APA ( Allocation Personnalisée d’Autonomie), financée par les Conseils généraux essentiellement et concernant un million d’allocataires. Les débats se poursuivent depuis pour parvenir à un compromis entre Etat, collectivités territoriales, assureurs, personnes . X/ LES SENIORS QUEL POIDS POLITIQUE ? - L’âge n’est pas un critère très pertinent pour analyser les comportements électoraux : ainsi est-il exagéré de dire que Nicoles Sarkosy est le Président des seniors parce que 60% des plus de 60 ans ont voté pour lui. Leurs motivations étaient trop diverses pour en faire un vote générationnel. - Mais en France par exemple, les seniors de plus de 60 ans représentent 1/3 des électeurs ; ils s’abstiennent moins que les plus jeunes. Aux Etats-Unis les seniors sont un lobby puissant : 40 millions d’adhérents dans l’AARP ( American Association of Retired Population). D’où l’idée d’un « pouvoir gris » potentiel. L’AARP fait du lobbying auprès des élus, a ses organes de presse, produit des vidéos proposées chaque semaine aux chaines de TV, des émissions de radio, interpelle les politiques sur les questions de santé, retraite, finance des programmes de recherche scientifique sur le vieillissement. - Il existe aussi des partis politiques dédiés aux seniors : pas exemple aux Pays-Bas, l’AOV (parti des retraités) depuis 1994 ; le parti Gil (âge) en Israël en 2006 ; en 2003, création au Japon du « parti des vieux » : plateforme électronique sur les revendications des seniors. - En France les seniors sont plus sujets qu’acteurs ; ils sont encore enfermés dans une vision misérabiliste et dramatique ( vieux = malade, conservateur, dépendant…).Mais l’absence de pouvoir gris s’explique par les principes anticommunautaires de la République , qui ici rendent inopérants un vote générationnel. Celui-ci ne ferait qu’amplifier la séparation entre seniors et reste de la société que les politiques publiques veulent réduire. De plus les retraités sont peu organisés : la CFR ( Confédération Française des Retraités) a peu d’adhérents, peu de moyens, peu d’experts, pour influer dans les débats et se faire reconnaître une légitimité. Elle souffre aussi de l’étendue de la protection sociale qui limite la possibilité d’aides qu’elle pourrait apporter. Enfin les syndicats, qui comportent 1/3 de retraités parmi leurs adhérents, ne souhaitent pas une séparation entre salariés et retraités. -Il existe cependant des organismes de consultation : le CNRPA ( Conseil National des Retraités et des Personnes âgées) auprès du gouvernement ; les CODERPA ( Conseils départementaux des Retraités et Personnes âgées) auprès des Conseils Généraux, pour les politiques départementales d’aménagement du territoire. S’ils ne forment pas un pouvoir politique, les seniors en France ont une forte culture militante et sont très investis dans les réseaux associatifs. CONCLUSION Le vieillissement accéléré de nos sociétés les conduit à réinterroger l’image et la place des seniors. Cela passe par un nouveau contrat social, de partage des revenus et des charges. Cela condamne aussi une société fondée uniquement sur la compétition, la vitesse, le matérialisme. D’où la nécessité d’un nouveau regard sur les personnes âgées, de politiques intergénérationnelles, une évolution de la notion d’utilité sociale qui ne peut plus reposer que sur le travail ( au sens traditionnel). |
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