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Les Bourses de la Fondation GuggenheimParrainée par la Fondation créée par John Simon Guggenheim, c'est l'une des plus importantes et prestigieuses bourses des Etats-Unis. Une subvention conséquente, destinée aux artistes de toutes sortes, écrivains, scientifiques, bref, à toute personne créative afin qu'elle mène à terme son œuvre. Cette bourse (ou prix) couvre les dépenses d'une année entière, afin que celui ou celle qui la reçoit puisse consacrer tout son temps à son projet, sans recourir à quelque occupation annexe, et ainsi être dégagé de tout souci financier. L'obtenir est d'une extrême difficulté, à la limite de l'impossible. Certains, très célèbres, qui la sollicitèrent, ne l'obtinrent pas. Ce fut le cas pour Arnold Schoenberg (1). Un exemple très, très regrettable. « Je n'avais que dix-neuf ans lorsqu'elle me fut allouée, et, jusqu'à ce jour, je demeure le plus jeune artiste qui l'ait jamais obtenue, dans quelque domaine que ce soit. La plupart des bénéficiaires avait largement dépassé la trentaine et quelques uns atteignaient la cinquantaine parfois même plus, car les critères d'attribution tenaient compte des travaux déjà accomplis, en sus des recommandations personnelles et confidentielles de personnes influentes du domaine artistique concerné. Ma première bourse Guggenheim (1958) coïncida avec la bourse scolaire Doráti (Université du Minnesota). Cette dernière, je l'ai déjà évoquée, m'avait été attribuée afin d'étudier la direction d'orchestre (avec Doráti lui-même) et de passer mon diplôme d'études supérieures de composition. La Fondation Guggenheim n'accepta pas le fait que je profite d'une deuxième bourse, simultanée. Je lui proposai, en recours, un arrangement inhabituel : diviser la bourse en plusieurs parties, à n'utiliser qu'en dehors des périodes passées à Minneapolis. Je n'avais guère d'espoir que la fondation acceptât. A ma grande stupéfaction, elle acquiesça à ma requête. Quand cette bourse fut épuisée, j'en sollicitai, sans complexe, une seconde. Ce qui ne s'était jamais vu ! Là encore, je fus agréé. J'avais tout juste vingt ans. Et de plus, on renouvela le versement de l'argent par mensualités comme précédemment. J'étais béni des dieux ! » N.B. : La seule différence existante entre des bourses scolaires ou universitaires et des bourses d'élèves par des fondations, réside dans le fait impératif que les premières sont exclusivement réservées à des étudiants, et que les secondes sont attribuées à des professionnels confirmés et jouissant d'un plus grand prestige. Prix de la Fondation Rockefeller Pendant quelques années seulement, hélas, cette immense et puissante institution américaine, mit sur les rails un programme de « Compositeur en Résidence » auprès des orchestres les plus prestigieux des Etats-Unis. Les compositeurs étaient choisis, conjointement, par les orchestres et l'administration de la Fondation Rockefeller. « C'est en 1968 que je bénéficiai de ce programme et ce, auprès de George Szell, directeur musical du formidable orchestre de Cleveland. Szell qui avait déjà été membre du jury de la Fondation Ford (American Conductors Project Award) en 1963, nous avait alors remarqués James Levine (2) et moi, et invités comme assistants. Levine avait accepté d'emblée et était parti s'installer à Cleveland. J'avais, pour ma part, refusé l'invitation, car je travaillais déjà avec Stokowski à New York et ne tenais guère à écourter une telle chance, d'autant plus que Stokowski avait déjà dépassé 80 ans et que son enseignement était exceptionnellement enrichissant. L'année suivante, lorsque Szell renouvela sa proposition, cette fois en tant que Compositeur en Résidence de son Cleveland Orchestra, sous condition d'acceptation de diriger aussi le Cleveland Philharmonic, une formation semi-professionnelle (composée, rappelons-le de membres du prestigieux Cleveland Orchestra et d'étudiants), j'acceptai avec joie. La Fondation Rockefeller fut d'accord. En 1969, j'accomplis une deuxième saison avec enthousiasme. Puis Szell mourût. Le programme Rockfeller s'arrêta net. Pour compenser la perte de cette manne financière dont j'avais désespérément besoin, une nouvelle organisation new yorkaise, Affiliate Artists, m'octroya une aide inespérée qui me permit d'accomplir une troisième saison à Cleveland. Elle m’alloua la même allocation que j'utilisais, notamment, pour diriger le Plainfield Symphony Orchestra, autre formation semi-professionnelle, mais en possession d'une solide tradition, car étant le plus vieil ensemble orchestral de l'état du New Jersey. J'en fus le directeur pendant cinq ans. Dans le même temps de 1966 à 1968, on me confia la charge d’enseigner le violon et la direction d'orchestre à Ypsilanti (Eastern Michigan University) ». Prix de la Fondation Ford pour chefs d’orchestre Peter Mennin, compositeur américain de grand talent (dont Serebrier effectuera plus tard le premier enregistrement mondial de sa Neuvième Symphonie avec l'orchestre d'Adelaide, en Australie) était le directeur du Conservatoire de la ville de Baltimore (Peabody Conservatory) et faisait preuve d'une imagination débordante, d’une originalité certaine, d'inventivité et d'initiative. L'un de ses nombreux projets menés à bien fut d'instituer un prix pour les jeunes chefs d'orchestre. Mais pas seulement un prix assujetti à une récompense financière. Son idée était la suivante : chaque année, quatre vainqueurs, de même valeur, passeraient trois mois auprès de l'orchestre de Baltimore, travaillant répétitions et concerts sous la férule de chefs de haut niveau international. « Je demandai à Stokowski la permission de participer à la compétition de la deuxième année (1965). Le jury comprenait George Szell, Leonard Bernstein, Max Rudolf, Alfred Wallenstein, Fausto Cleva. Les vainqueurs furent Lawrence Smith, James Levine, John Canarina (3) et moi . Ce fut pour moi une expérience unique. Pendant trois mois, je dirigeai l'orchestre chaque jour, sous la supervision (et les corrections) des grands professionnels sus-nommés ,à l’exception de Bernstein et Szell. » Après leur passage à Baltimore, Levine devint assistant de Szell, Smith co-répétiteur et assistant au Metropolitan Opera, Canarina, chef d'orchestre en Floride, et Serebrier retourna auprès de Stokowski. Le projet de Mennin s'avéra bénéfique pour tous. La Fondation Ford paya les bourses des vainqueurs, les frais de l'orchestre, les émoluements des professeurs, les indemnités des jurés. A cette époque, l'orchestre de Baltimore ne travaillait que trente semaines par an. Le concours augmenta de douze semaines le temps de travail annuel de ses musiciens qui furent loin de s'en plaindre. Pendant trois saisons, cela fonctionna à merveille. Puis Mennin partit pour New York, devint président de la Juilliard School, et le projet prit fin. Prix Alice M. Ditson de la Columbia University Au tout début de sa carrière, José Serebrier reçu le Alice M. Ditson Award de l’Université de Columbia. Cet honneur est attribué de temps à autre à un chef d’orchestre dirigeant le maximum de musique contemporaine, parmi les récipiendaires précédents : Leopold Stokowski. Prix du National Endowment for the Arts La première année de sa création , le National Endowment For The Arts, commanda à Serebrier une musique de ballet, destinée à la compagnie Joffrey Ballet. Il utilisa son concerto pour harpe Colores Mágicos comme base de sa nouvelle partition. La première eut lieu à New York, au City Center For Music And Drama, sous sa direction. Le Joffrey Ballet le présenta ensuite, à travers tous les Etats Unis . Le ballet était intitulé Orphée + Lumière et s’inspirait de la légende d’Orphée. NOTES (1) Arnold Schoenberg (1874-1951) : compositeur autrichien puis américain. Au départ autodidacte, il étudie ensuite avec celui qui deviendra son beau-père, Alexandre von Zemlinsky (1872-1942). D'abord adepte d'un post-wagnérisme au chromatisme poussé : les Gurre-Lieder, la Nuit transfigurée, Pelléas et Mélisande, c'est avec le quatrième mouvement de son deuxième Quatuor qu'il bascule du monde tonal à l'atonal. Il écrit un traité d'harmonie (1911) et crée avec Pierrot Lunaire un mode nouveau de déclaration lyrique, le Sprechgesang. D'une œuvre gigantesque, on retiendra les Variations pour orchestre opus 31, les Quatre lieder avec orchestre, des concerti pour piano, pour violon, une Serenade opus 24, un Quintette à vents opus 26 où la technique sérielle atteint une complexité inouïe. Il s'assagira par la suite (à partir de 1934) et retrouvera un dodécaphonisme plus « classique » pour revenir définitivement à la fin de sa vie à l'expressionnisme (le Survivant de Varsovie). Son influence musicale et pédagogique est incalculable et il a marqué de façon indélébile tout le XXème siècle. (2) James Levine (né en 1943) : pianiste (élève de Rosina Lhévinne) et chef d'orchestre américain (élève de Jean Morel) . Assistant de George Szell à Cleveland. Directeur du Metropolitan Opera de New York. A dirigé toutes les grandes formations mondiales (Berlin, Chicago, Vienne). Les Festivals de Salzbourg (1975), et de Bayreuth l'ont aussi accueilli avec succès. (3) John Canarina : contrebassiste, ex-élève de Pierre Monteux. Chef invité par de nombreux orchestres européens et américains (années 60/70). Directeur musical de l'orchestre de Jacksonville, Floride, puis de celui des étudiants de Des Moines (Iowa) à la tête duquel il resta ces vingt dernières années. A joué des ondes Martenot dans l’enregistrement de Trois petites Liturgies de la présence divine (Messiaen) sous la direction de Bernstein. Cinquième Partie |
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![]() | ![]() | «alors, tu as fini par la trouver, la planche !…». Le grand-père, devant son air passablement ahuri, commence alors à lui expliquer... |