La Princesse de Clèves
Résumé
Première partie
La France, sous Henri II, connaît une période faste et heureuse. À la cour, princes et princesses rivalisent de beauté et d'élégance et la vie semble douce pour les gens de la noblesse. C'est dans ce contexte que paraît pour la première fois au Louvre une jeune fille jusqu’alors inconnue : Mlle de Chartres. Élevée par sa tutrice Mme de Chartres, elle cultive à la fois beauté, esprit et vertu. Au palais, sa personne ne manque pas d'attirer les regards et de susciter l'admiration. Parmi les gens de la cour, un homme en particulier s'éprend de sa personne : le prince de Clèves. Il conçoit rapidement pour la jeune fille une passion sans bornes et fait savoir à la cour ses intentions. Touchée par son attitude, Mlle de Chartres fait part à sa mère de ses bontés, et, bien que n'ayant aucune attirance particulière pour lui, accepte de l'épouser. Mme de Chartres, ravie de cet arrangement, leur donne sa bénédiction. La joie du prince de Clèves se voit cependant altérée par le sentiment d'indifférence polie qui émane de sa jeune épouse. Elle n'éprouve pour lui ni impatience ni jalousie, ce qui l'attriste et donne lieu à de nombreux reproches au sein du nouveau couple.
Un soir, alors qu’elle se trouve aux noces du duc de lorraine et de Claude de France, la princesse de Clèves fait la rencontre du duc de Nemours. À sa vue, naît en elle un trouble dont elle peine à saisir l'origine. Les jours suivants, le duc de Nemours paraît plus que jamais à la cour ; et la princesse de Clèves, impressionnée par toutes les qualités de sa personne, commence à concevoir pour lui un amour naissant. Mais dans le même temps, Mme de Chartres tombe malade : la fièvre la saisit et ne descend plus. Avant de mourir, comme rien ne lui échappe, elle met sa fille en garde contre la dangerosité des passions naissantes. À l'annonce de son décès, la princesse de Clèves, affligée, se retire avec son mari à la campagne dans leur maison de Coulommiers. À son chevet, l'homme est très présent ; il lui permet d'affronter sa douleur mais également de se sentir protégée contre l'inclination de son cœur pour Nemours.
Un jour, alors que la princesse de Clèves apprend la mort de Mme de Tournon qu'elle tient en haute estime, son mari lui conte les frasques de cette femme avec son très bon ami le comte de Sancerre.
Seconde partie
Commence alors un récit emboîté. Il y a quelques années, le comte de Sancerre est tombé fou amoureux de Mme Tournon, jeune veuve éplorée. Sans rien laisser paraître aux yeux de la cour, il courtise la jeune femme et entretient rapidement une liaison avec elle. Le prince de Clèves, découvrant par hasard les faits, met en garde son ami, mais le comte ne veut rien entendre et s'enferme dans l'idée qu'un jour, lui et Mme de Tournon seront mariés. Les mois passent et la veuve repousse chaque jour un peu plus le mariage. Sa mort, il y a seulement quelques jours, met un terme définitif aux espoirs de Sancerre, mais elle permet également de révéler les mensonges de la défunte : son ami Estouteville entretenait lui-même une liaison avec Mme Tournon et devait bientôt l'épouser. Sur ces entrefaites, le prince de Clèves termine son histoire. Souhaitant retourner au chevet de son ami, il propose alors à son épouse de regagner dès le lendemain Paris à ses côtés, ce à quoi elle consent.
Heureuse de son retour, la princesse de Clèves se pense par ailleurs guérie de son amour pour le duc de Nemours. Il apparaît cependant rapidement que ses sentiments sont loin de s'être estompés. En effet, la princesse apprend que le duc, fou d'amour, est prêt à renoncer à un possible mariage avec la reine d'Angleterre pour elle. Touchée, Mme de Clèves conçoit à son égard une plus grande tendresse encore.
De son côté, le duc, ayant appris le retour de sa bien-aimée, se rend à ses appartements et lui révèle qu'elle est bien l'objet de toutes ses pensées. Il lui avoue, de manière détournée, qu'il déplore que tout le monde, sauf elle, ait remarqué le grand changement qui s'est effectué en lui depuis son retour de Flandres ; autrefois quelque peu volages, ses regards se sont en effet concentrés. Terriblement gênée, Mme de Clèves ne sait si elle doit répondre ou non à cette déclaration, ses sentiments lui échappant totalement. Mais l'arrivée impromptue de M. de Clèves met rapidement fin à l'entrevue des deux amants. Cet entretien plonge la princesse dans un tel trouble qu'elle décide, pour remédier à son état, d'éviter toute sortie, toute occasion de rencontrer le duc. Son mari, constatant l'attitude casanière de sa femme, la contraint à revenir à son comportement d’antan, sans rien entendre de ses suppliques.
À la cour, la reine dauphine prend un certain plaisir à faire peindre des portraits des belles personnes du palais. Ainsi, Mme de Clèves n’y fait pas exception. La princesse de Clèves surprend Nemours dérober le sien, et elle se sent à la fois si embarrassée et flattée qu'elle n'ose rien dire. Quant au duc, il prend le silence de la jeune femme pour un aveu d'amour.
Quelque temps après ces événements, alors que Nemours vient de disputer une partie de paume avec sa majesté, son cheval bute violemment contre un pilier et le cavalier s'évanouit quelques instants. Quand l'homme retrouve ses esprits, l'inquiétude manifeste de la princesse de Clèves ne lui échappe point. Gênée, la jeune femme se retire pour mieux comprendre les inclinations de son cœur. C'est alors que la reine dauphine lui apporte une lettre adressée à M. de Nemours provenant selon toute vraisemblance d'une de ses maîtresses. La princesse de Clèves connaît alors pour la première fois la jalousie.
Il s'avère cependant que cette lettre n’était pas destinée au duc mais au vidame de Chartres, fort contrarié par sa perte, et qui très inquiet va conter ses mésaventures à Nemours. Il le supplie de se proclamer officiellement le destinataire de la lettre. En effet, les révélations qu’elle contient pourraient causer non seulement le déshonneur d'une femme qu'il aime énormément mais aussi engendrer la colère de la reine et provoquer la fin de sa vie au palais.
Troisième partie
Le duc de Nemours voit cet arrangement d'un mauvais œil : il craint en effet que l'affaire n’entraîne une méprise avec la princesse de Clèves. Comprenant les craintes qui l'animent, le vidame de Chartres tend à son ami un billet doux qui lui permettra de s'innocenter auprès de sa propre maîtresse si besoin. Avant de se rendre chez la reine, le duc prend donc soin de voir la princesse de Clèves afin de tout lui révéler. Il lui apprend ainsi les aventures du vidame de Chartres, preuve à l'appui, et achève de rassurer la jeune femme sur ses liaisons à lui.
Quand enfin le duc de Nemours se retire, la princesse de Clèves s'en va rejoindre la reine. Celle-ci lui réclame alors la fameuse lettre d'amour, déjà repartie entre les mains du vidame de Chartres. Fort embarrassée, Mme de Clèves décide, avec l'aide du duc, de réécrire de mémoire le texte. Le moment d'intimité qu'ils passent ensemble ravive de forts sentiments chez la jeune femme, lui inspirant pour sa propre personne un profond dégoût. Elle décide alors de retourner vivre à la campagne, malgré l'incompréhension de son mari.
À cette nouvelle, le duc de Nemours prétexte rejoindre sa sœur, la duchesse de Mercœur, dont la maison se trouve à quelques kilomètres seulement de Coulommiers. Et alors qu'il chevauche seul, ses pas le conduisent directement à la demeure des Clèves. Mais, surpris par l'arrivée du couple, il se cache précipitamment dans un cabinet, d’où il entend alors malgré lui les confessions de Mme de Clèves à son mari : malgré la tendresse qu'elle éprouve pour celui-ci, elle se dit amoureuse d'un autre homme, dont elle se défend de révéler le nom. M. de Nemours, qui ne perd pas un mot du discours, ne peut concevoir être la cause d'un tel aveu. Son amour pour la jeune fille est tel qu'il s'imagine que chaque homme a sur elle les mêmes vues. Persuadé que Mme de Clèves en aime un autre, il en conçoit une mortelle jalousie. De son côté, M. de Clèves, qui tente de connaître le nom de l'amant de sa femme, est interrompu par un gentilhomme. Contraint de s'en aller rejoindre le roi à Paris, il supplie sa femme de le rejoindre dans la capitale le lendemain.
Le duc de Nemours fait également son retour dans la capitale, tandis que Mme de Clèves reste encore quelques jours dans sa maison de campagne. Le duc commet une imprudence en partageant avec son grand ami le vidame de Chartres ses inclinaisons amoureuses, et en lui révélant le contenu de la conversation qu'il a surprise sans lui dire de quelle dame il s’agit.
De son côté, M. de Clèves réclame le retour de sa femme à Paris ; l’aveu qu’elle lui a fait le tourmente et il éprouve le besoin de connaître le nom de son amant.
C'est en observant le comportement de sa compagne qu'il finit par comprendre vers qui vont ses sentiments. Dévasté mais toujours amoureux, il l’implore de rester à ses côtés, tout en conservant envers lui son entière fidélité.
À la cour, les confidences du duc au vidame commencent à se répandre : la princesse de Clèves est fort embarrassée devant un tel étalage, même si elle n’est pas la cible de soupçons. Fasse à la rumeur grandissante, les époux ne savent sur qui rejeter la faute : certains de n'avoir rien dit et n'imaginant pas l'autre dévoiler une telle chose, ils ne voient aucune explication plausible à cette exposition de leur intimité. Il n'en reste pas moins que leur secret se trouve entre les mains d'un autre. Un silence persistant s'installe au sein du couple, qui ne sait comment réagir.
C'est dans ce climat tendu que M. et Mme de Clèves se rendent au tournoi organisé pour les noces de Mme Élisabeth et du duc d'Albe. Quatre hommes de la cour, dont le duc de Nemours, ont été sélectionnés pour être avec le roi les tenants du tournoi. Comme le veut la coutume, chacun se pare des couleurs de son choix : le duc se vêt de noir et de jaune, Mme de Clèves lui ayant révélé qu’elle aimait cette dernière couleur. La cour, excepté la princesse, s’interroge sur la signification d’un tel geste.
Toute la journée, des combats de toute beauté ont lieu. Mais alors que la joute prend fin, Henri II, contre l'avis de tous, décide de mener un dernier combat, lequel lui sera fatal – épisode historique.
Quatrième partie
À Reims, un nouveau règne se prépare, celui du fils d’Henri II, François II. Le duc prenant part au voyage du couronnement, Mme de Clèves demande la permission à son mari de ne pas les accompagner et de se retirer à Coulommiers. Là, la jeune demande à ce qu'on lui apporte certaines toiles du palais, parmi lesquelles figure un portrait du duc de Nemours.
Une fois le couronnement terminé, le duc conçoit l'idée d'aller observer la princesse à son insu. Cependant, les questions qu'il pose autour de lui n'échappent pas à la vigilance de M. de Clèves qui comprend très vite les intentions du jeune homme et dépêche un de ses espions pour le filer. Arrivé à Coulommiers, le duc vient chaque nuit observer sa bien-aimée. Un soir, il la surprend en train d’accrocher des nœuds jaunes et noirs à une canne qui lui a appartenue. Cette attitude sans équivoque le transporte de joie. Mais c'est au moment où elle se met à contempler amoureusement un portrait de lui qu'il s’enhardit et décide de l'approcher. Cependant, le bruit qu'il fait alerte la jeune femme qui, soupçonnant l'identité de son visiteur nocturne, préfère s'enfuir. Loin de se décourager, M. de Nemours réitère chaque nuit sa venue.
Le gentilhomme envoyé par M. de Clèves, de son côté, n'a rien perdu des scènes qui se sont jouées sous ses yeux à Coulommiers. Il retourne rapidement aux côtés de son maître qui, sans attendre le récit de toute l'histoire, le congédie. Persuadé d'avoir été trahi, le prince tombe fort malade. Alertée de son état, son épouse rentre au plus vite à Paris pour être à ses côtés. L'accusant tout d'abord d'infidélité, il comprend finalement que sa femme ne l'a jamais trompé. Les paroles rassurantes de Mme de Clèves ne restaurent cependant pas la santé de son mari qui meurt emporté par la fièvre. Persuadée qu’il est mort par sa faute, la princesse n'arrive pas à se le pardonner et reste plusieurs mois dans un état de langueur. Malgré sa passion toujours violente pour M. de Nemours, elle se refuse encore à lui.
Dans un élan désespéré, le jeune homme va alors voir M. de Chartres, l'oncle de la princesse, pour lui faire part de ses sentiments dévorants. L'homme, touché par sa requête, accepte d'organiser une rencontre entre les deux amants. Mme de Clèves se laisse alors pour la première fois aller à son inclination, avouant ouvertement les sentiments qu'elle éprouve pour le duc. Mais la jeune veuve détrompe cependant rapidement son amant : malgré ses sentiments, leur histoire n'ira pas plus loin. Sa vertu et son devoir la contraignent à garder une fidélité sans faille à son défunt mari. Par ailleurs, elle n'imagine pas M. de Nemours capable d'une passion éternelle et se refuse à le voir un jour la quitter. Hébété devant une telle décision, le duc tente par tous les moyens de faire renoncer la princesse à son choix. La volonté de la jeune femme est cependant telle qu'aucune parole ne parvient à l’ébranler. Cette entrevue sera la dernière entre les deux jeunes gens.
Les années passent, aucun des deux amants ne peut oublier ses sentiments. Malgré les tentatives répétées du duc pour obtenir les grâces de la princesse, celle-ci ne cédera jamais, préférant mener une vie monacale et reculée, « qui fut assez courte, [et] laissa des exemples de vertu inimitables. »
Présentation Genre littéraire : roman
Auteur : Madame de La Fayette
Année de publication : 1678
La Princesse de Clèves fut un énorme succès littéraire à son époque. Premier roman d’analyse reconnu de l’histoire, cette nouvelle marqua un point déterminant dans l’essor de ce style littéraire. L’aspect dramatique de ce roman est créé de prime abord par les relations intrigantes entre les personnages et le rôle que chaque caractère porte dans l’histoire.
La Princesse de Clèves est un roman qui renseigne à plusieurs niveaux sur la société mondaine. Madame de Lafayette témoigne avec précision du savoir-vivre des gens d’alors et de leurs mœurs. Elle fait part de l’élégance qui la caractérisait, mais aussi elle introduit à son récit des modifications pour montrer la perception qu’elle a de ce que devrait être la conduite morale exemplaire.
Plus qu’un récit historique d’une précision remarquable, La Princesse de Clèves est un guide moral représenté dans la conduite de la princesse qui parvient malgré ses sentiments, à conserver la dignité propre à une dame de son rang.
Présentation des personnages La Princesse de Clèves fut un énorme succès littéaire à son époque. Premier roman d’analyse reconnu de l’histoire, cette nouvelle marqua un point déterminant dans l’essor de ce style littéraire. L’aspect dramatique de ce roman est créé de prime abord par les relations intrigantes entre les personnages et le rôle que chaque caractère porte dans l’histoire.
La princesse de Clèves Elle est d’emblée une femme de belle figure, décrite comme une jeune « beauté ». Elle fut élevée uniquement par sa mère. Seulement âgée de 16 ans lorsqu’elle entre pour la première fois dans la Cour Royale d’Henri II, Mademoiselle de Chartes n’est encore qu’une jeune fille naïve et inexpérimentée. Mais ceci n’empêche pas le prince de Clèves de tomber amoureux d’elle. Il reconnaît tout de suite sa beauté, sa grâce et son innocence.
Mademoiselle de Chartres a été éduquée selon les vertus morales d’une jeune femme, loin des passions déchirantes du monde et des intrigues de la Cour royale. Elle représente la jeune fille exemplaire, l’adolescente vertueuse. Elle a un respect immense pour sa mère, raison pour laquelle elle accepte d’épouser le Prince de Clèves (sur la recommandation de sa mère) malgré son manque d’amour pour lui.
Soucieuse de demeurer l’enfant exemplaire qu’elle a toujours été, mademoiselle de Chartres renonce à son titre original et devient la Princesse de Clèves. Toutefois, elle est loin de savoir que cette union nouvellement célébrée avec le Prince de Clèves sera la cause de sa démise émotionnelle, et ce durant toute sa vie à la Cour Royale. Elle ne s’en rendra compte que lorsqu’elle tombera amoureuse du Duc de Nemours.
Le prince de Clèves Jeune homme courageux et de belle figure, le Prince de Clèves est armé de bravoure et a un caractère magnifique. C’est un homme vertueux aux valeurs morales respectables.
Le Duc de Nemours Sa beauté physique est remarquable, mais on ne peut pas en dire autant de son caractère. Doté de pouvoir et de contrôle, il utilise son charme pour séduire les femmes. Plusieurs indices nous montrent qu’il a multiplié les conquêtes tout au long de sa vie et de son séjour à la Cour Royale.
Mais tout bascule dans son cœur lorsqu’il fait la rencontre de la Princesse de Clèves lors d’un bal donné à la Cour Royale. Le Duc de Nemours, habituellement capable de se prémunir contre toute émotion envers les femmes; sent son cœur fondre pour cette belle jeune femme mariée. Il tombe immédiatement amoureux d’elle, et ne peut plus la quitter des yeux. C’est l’amour, la passion, la folie. Ses activités à l’égard de la princesse consistent principalement en de l’espionnage, car il lui est impossible d’avoir une relation publique avec elle. Leurs rencontres amoureuses se limitent ainsi au salon privé de la Princesse.
Il démontre sa solidarité au Vidame de Chartes lorsque celui-ci risque d’être impliqué dans un scandale de relations illégitimes à la cour. Conscient du danger qui plane sur la tête du Vidame de Chartes, il accepte de l’aider en portant la faute, sachant que les conséquences en seraient moins dramatiques. Le Duc de Nemours incarne une liberté et une joie de vivre qui le hisse à un niveau plus élevé que le reste de la société ; lui donnant ainsi l’impression d’être au-dessus des lois.
Madame de Chartes Mère de l’héroïne, elle est un personnage secondaire important. C’est l’une des « plus grandes héritières du royaume ».
Madame de Chartes est une femme vertueuse, pleine de qualités et au caractère moral remarquable. C’est ainsi qu’elle éduque sa fille suivant les mêmes valeurs. Elle encourage sa fille à épouser le Prince de Clèves car il est un homme remarquablement bon, et elle dissuade sa fille de se leurrer dans sa passion pour le Duc de Nemours car cela représente une action immorale.
Le Vidame de Chartes C’est l’oncle de la princesse. Il est aussi un ami proche du Duc de Nemours. Du point de vue historique, il représente également un personnage important. Avec le Duc de Nemours, il est l’idéal du personnage libertin et insoucieux des conséquences de ses actes (comme cela est démontré par leur frivolité et leurs ébats amoureux avec de multiples femmes).
Axes de Lecture
Marques de Préciosiété La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette est un roman à multiples facettes. Du fait que l’intrigue soit centrée autour de la Cour sous le règne d’Henri II, Madame de La Fayette s’assure de faire ressortir dans son œuvre quelques repères historiques, ainsi que des indices marquant la vie royale et le courant littéraire de la préciosité.
Grâce à sa familiarité avec les salons littéraires (tels que l’Hôtel de Rambouillet ou celui de Mlle de Scudéry), Madame de La Fayette incorpore cette influence dans ce roman à portée historique. La préciosité était un courant littéraire du XVIIème siècle qui se distinguait par son élégance dans la tenue et le langage, sa pureté des mœurs et son idéalisation de l'amour.
Ainsi l’amour idéalisé qui est l’un des thèmes principaux de son œuvre est ennobli sous plusieurs aspects. Cet amour est personnifié par la Princesse de Clèves qui en est la source et la bénéficiaire. Il s’agit de l’amour que le Duc de Nemours manifeste aux femmes, et en particulier celui qu’il éprouve pour la Princesse de Clèves. C’est également l’amour que le Prince de Clèves a pour son épouse, mais aussi l’amour que cette princesse ressent pour le Duc de Nemours.
« Elle ne pouvait s'empêcher d'être troublée de sa vue, et d'avoir pourtant du plaisir à le voir ; mais quand elle ne le voyait plus, et qu'elle pensait que ce charme qu'elle trouvait dans sa vue était le commencement des passions, il s'en fallait peu qu'elle ne crût le haïr par la douleur que lui donnait cette pensée ».
Cette relation entre la Princesse de Clèves et le Duc de Nemours est intrigante, on est amené à se demander si cet amour aurait dû être révélé au Prince de Clèves comme ce fut le cas dans le roman, ou si une relation semblable aurait dû demeurer le secret d’une passion cachée jusqu’à la fin de leurs jours. Cette préciosité que Madame de Lafayette attribue à ses personnages se manifeste ailleurs que dans les sentiments nobles qu’ils éprouvent. Elle se manifeste aussi dans l’élégance dont ils font preuve à tout moment. Une élégance de leur apparence et une élégance du langage. Ainsi, le registre de langue est soutenu, et les expressions qu’utilisent les personnages sont éthérées.
Les personnages de l’œuvre incarnent donc la tenue exemplaire, la parfaite élégance que nécessite le courant de la préciosité. Ceci se remarque à travers le personnage du Duc de Nemours : un bel homme, élégant, gracieux et raffiné.
« … enfin, il était seul digne d'être comparé au duc de Nemours, si quelqu'un lui eût pu être comparable. Mais ce prince était un chef-d’œuvre de la nature ; ce qu'il avait de moins admirable était d'être l'homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettait au−dessus des autres était une valeur incomparable, et un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions, que l'on n'a jamais vu qu'à lui seul ; il avait un enjouement qui plaisait également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s'habiller qui était toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir être imitée, et enfin, un air dans toute sa personne, qui faisait qu'on ne pouvait regarder que lui dans tous les lieux où il paraissait ».
En tant que roman littéraire du style précieux, La Princesse de Clèves représente aussi un ouvrage qui reflète l’avènement d’un style d’écriture novateur. C’est le tout premier style de roman qui se permet de narrer en profondeur les émotions du personnage principal, d’analyser ses sentiments et de permettre ainsi au lecteur non pas d’imaginer, mais de ressentir ce que ressent l’héroïne.
Le fondement historique de l’œuvre Pratiquement tous les personnages de cette nouvelle (à part la Princesse de Clèves et sa mère, Madame de Chartres), sont inspirés de la véritable histoire de la Cour sous le règne d’Henri II. Le récit de Madame de La Fayette est tellement authentique et proche de la réalité que même les personnages les moins importants sur le plan historique (telle que la sœur du Duc de Nemours, Mme de Mercœur par exemple) sont présents dans la narration.
Bien que l’héroïne soit l’un des deux caractères fictionnels de ce récit, certains critiques soutiennent l’idée selon laquelle la princesse de Clèves aurait été créée à partir d’un personnage réel. Anne d’Este, à qui le Duc de Nemours aurait fait la cour alors qu’elle était mariée au Duc de Guise. Néanmoins, contrairement à la princesse de Clèves qui mourut isolée de peur de céder aux avances du Duc de Nemours, Anne d’Este quant à elle épousa le Duc de Nemours après la mort de son mari.
De plus, Madame de La Fayette retrace – assez fidèlement – les événements historiques qui prirent place sous le règne d’Henri II, entre autres les traités de paix à Cercamp, traités de paix à Cateau Cambrésis, etc.
« Néanmoins, comme le malheur de Saint−Quentin avait diminué l'espérance de nos conquêtes, et que, depuis, la fortune avait semblé se partager entre les deux rois, ils se trouvèrent insensiblement disposés à la paix.
La duchesse douairière de Lorraine avait commencé à en faire des propositions dans le temps du mariage de monsieur le dauphin ; il y avait toujours eu depuis quelque négociation secrète. Enfin, Cercamp, dans le pays d'Artois, fut choisi pour le lieu où l'on devait s'assembler. Le cardinal de Lorraine, le connétable de Montmorency et le maréchal de Saint−André s'y trouvèrent pour le roi ; le duc d'Albe et le prince d'Orange, pour Philippe II ; et le duc et la duchesse de Lorraine furent les médiateurs. Les principaux articles étaient le mariage de madame Élisabeth de France avec Don Carlos, infant d'Espagne, et celui de Madame soeur du roi, avec monsieur de Savoie ».
C’est au milieu de ce compte-rendu méticuleux des faits historiques que l’auteur introduit le personnage de la Princesse de Clèves. Elle construit des ponts qui relient la réalité où elle situe son œuvre, à la fiction qui en est inspirée. Plus encore, l’auteur se sert de ses personnages imaginaires pour s’ériger en donneuse de leçons. Contrairement à la tendance de l’époque, le personnage de Madame de Chartres se voue à l’éducation de son enfant et la forge contre les influences néfastes de la vie à la Cour. Elle la prépare à résister aux tentations que cette vie comporte et qui ont fait la mauvaise réputation de la vie mondaine.
« La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant lesjeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux …
… elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi−même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée ».
A l’origine, Madame de La Fayette nous présente la princesse de Clèves comme un personnage vertueux, honnête et innocent. Mais une analyse plus fine du personnage de cette princesse de manière nous amène à remarquer, malgré ses apparences naïves ; les inconsistances sur sa personnalité qui semble si parfaite. A plusieurs instances (bien que minimales) l’auteur dévoile la mauvaise foi de notre héroïne à travers ses mensonges par exemple. De ce fait, Madame de La Fayette réitère l’impossibilité de perfection du caractère humain, même chez les personnes les plus vertueuses.
Madame de La Fayette Madame de La Fayette de son véritable nom, Marie-Madeleine Pioche de la Vergne est une écrivaine de nationalité française née au cours de l’année 1634 en France à Paris. C’est au cours des années 1660 que Madame de La Fayette va se mettre à l’écriture. Elle ne se fera pas connaître à ses débuts, car ses premières œuvres publiées l'ont été sous le nom de certains de ses proches. Il en fut ainsi avec de Jean Regnault de Segrais, par exemple, à qui elle emprunta le nom pour remplacer le sien. Et c’est ainsi que sans pour autant avoir été le véritable auteur, Jean Regnault de Segrais s’est vu attribuer certaines des œuvres de Madame de La Fayette. Il faut noter que Jean Regnault de Segrais lui aussi est un écrivain et poète français.
Au cours de l’année 1662, elle fait la publication d’un roman qu’elle intitule La Princesse de Montpensier. Ecrit dans un style, élaboré La Princesse de Montpensier est une courte histoire d'une femme qui est forcée dans un mariage. Mais qui continue une relation avec son premier amour.
Madame de La Fayette aimait tout ce qui était vrai en laissant après chaque son œuvre une leçon de vie, donc ce qu'elle apporte c'est la pesanteur de la réalité de la vie en exposant l'avant-scène et l’arrière-scène.
Elle publiera ensuite, au cours de l’année 1671, son roman intitulé Zaïde, qui sera publié en deux volumes. Ces deux romans seront ses premières publications à succès. Le succès que lui ont valu ces deux romans va propulser sa carrière d’écrivaine, et va lui permettre de sortir de l’anonymat. Dès lors, Madame de La Fayette va commencer à faire des publications sous son propre nom. En effet, au cours de l’année 1678, Madame de La Fayette va devenir un grand nom de la littérature française avec la publication d’un roman qui fut un véritable succès en France pendant les années 1680. Ce roman intitulé La Princesse de Clèves, qui va même se faire connaître hors des frontières françaises. Ce roman sera traduit en langue anglaise et publié en Grande Bretagne, où son succès ne sera pas des moindres.
Après une pause volontaire, en rapport avec certains événements tragiques qu’elle a vécu au cours de la fin des années 1670, elle revient au cours de l’année 1689 avec une œuvre qui va être non seulement sa dernière œuvre mais aussi l’une des plus réussies qu’elle ait faite. Il s’agit des Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689. Situé sous le règne de Louis XIV, on retrouvera dans les Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689 un récit de la vie politique et royale mais on découvre aussi les intrigues et autres événements derrière la scène qui donnent un élément d'excitation aux mémoires.
Il faut souligner que Madame de La Fayette au cours de sa carrière n’a pas bénéficié d’une véritable reconnaissance. Ceci s’explique par le fait qu’elle fit ses premiers pas dans le monde de la littérature anonymement. Elle n’a pas été reconnue à sa juste valeur comme une des grandes figures de la littérature française. En effet, plusieurs de ses livres n’ont pas été publiés en son nom. De façon assez exceptionnelle à cette époque où les femmes ne bénéficiaient pas des mêmes droits que les hommes dans la société française et surtout dans le domaine de l’instruction ; Madame de La Fayette a eu à animer de façon régulière des salons littéraires ce qui lui a permis de faire la connaissance de plusieurs figures importantes de la littérature française, à l’instar de Regnault de Segrais et de La Rochefoucauld, deux écrivains français avec qui elle a collaboré pendant plusieurs années.
L’œuvre de Madame de La Fayette sera en majeure partie destinée à la gente féminine. En faisant une peinture de la mauvaise condition sociale dont bénéficiaient les femmes à cette époque, elle dénonce cette situation. Elle est centrée sur les courants littéraires tels que le courant précieux et le courant tragique. Cela se remarque surtout dans son roman le plus connu : La Princesse de Clèves. Situé sous le règne de Henri II et sa relation illégale avec Diane de Poitiers. La princesse de Clèves est, entre autres, un roman historique, car l'écrivaine veut décrire la vie quotidienne de la noblesse et des événements historiques. C'est aussi un roman d'analyse, ou elle a fait des analyses des caractères avec un accent sur leur moral tout en ayant une écriture habile. Rien n’est plus caché, même l'analyse des sentiments interdits est exposé dans cette œuvre. Son style est réaliste, sobre mais élégant. Madame de La Fayette est considérée par l’académie française comme étant la pionnière du roman à caractère psychologique. Les courants littéraires qu’elle a prônés ont été suivis par plusieurs autres écrivains de son époque et même par des auteurs modernes. Le sujet traité est le mariage arrangé opposé au mariage romantique qui était très rare à l’époque. Comme La Fayette était très avancée pour son temps, elle trouve que le vrai mariage implique l'amour. Avec ses romans elle a ouvert un monde de délicatesse humaine au niveau des sentiments.
Madame de La Fayette est décédée à l’âge de cinquante-neuf ans, au cours de l’année 1693.
Certaines de ses œuvres seront publiées à titre posthume. C’est le cas du roman intitulé La Comtesse de Tende publié au cours de l’année 1718. Suivra ensuiteUne Histoire de Madame. |