Colloque sentimentale








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LECTURE ANALYTIQUE

BAC Français


Colloque sentimentale

Introduction :

Le texte soumis à notre étude a été écrit par Paul Verlaine. Ce poète français est né le 30 mars 1844 et décédé le 8 janvier 1896. On a souvent retenu de lui sa liaison avec Rimbaud, à la suite de laquelle il a d'ailleurs fait de la prison durant deux ans, et une fin de vie assez triste et misérable. Il ne faut toutefois pas oublier qu'il fut, encore en 1891, élu « Prince des Poètes » par ses pairs.
En 1866, il fait paraître son premier recueil Poèmes saturniens qui est très marqué par la mélancolie. On peut retenir aussi Fêtes Galantes en 1869, La Bonne chanson en 1870, Sagesse et Romances sans paroles en 1873, Jadis et naguère en 1885.

Le texte que nous allons étudier est issu du recueil Fêtes galantes écrit en 1869 et s’intitule «Colloque sentimentale». Il est composé de huit distiques, le mètre est régulier en décasyllabes et les rimes, riches ou suffisantes, sont suivies.
Nous nous demanderons comment Verlaine détourne-t' il le thème poétique traditionnel du rendez-vous sentimental pour illustrer la désillusion amoureuse ?

Après avoir étudié comment le poète met en scène de manière funèbre un rendez-vous sentimental, on se penchera sur la dénonciation de l'illusion amoureuse à travers l'incommunicabilité des personnages.

Axe 1 : Mise en scène funèbre d’un rendez-vous amoureux. 

Le poème suit une construction qui rappelle le genre théâtral. Cette mise en scène passe notamment par la description initiale du cadre spatio-temporel et le choix du dialogue direct. La structure générale du poème est composée de trois strophes descriptives, suivies de quatre strophes de dialogue entre les deux personnages, et enfin une strophe finale qui clôt la scène.

Les 3 premiers distiques permettent de mettre en place le décor et les personnages. Dès la première strophe, des éléments précisent le décor (« dans le vieux parc, v1) et indiquent un temps imprécis mais proche (« tout à l'heure », v2) ce qui immerge d'emblée le lecteur dans la description. On n'a néanmoins pas d’image précise (v2 « Deux formes ») ;on ne distingue que des silhouettes. Le distique suivant fait une brève description physique de ces personnages (v1 « yeux »  « lèvres »).Enfin le dernier distique nous renseigne sur le sujet de leur conversation (v6 « Ont évoqué le passé »

D'emblée, on s’aperçoit que ce rendez-vous a une connotation très funèbre alors que le titre inscrit le poème dans un discours amoureux :  « Colloque sentimentale. ». Le poème place la scène décrite sous le signe de la vieillesse et de la mort. On trouve dans tout le poème un lexique du passé v1 «  Vieux », v6 « passé », v7 « Souvient », v7 « ancienne » ; mais aussi un lexique de la mort v2 « formes », v3 «  morts », v3 « molles », v6 « spectres ».

Par ailleurs, on comprend que la nature ici n'est pas un havre de paix mais un lieu à l'abandon : on voit que les herbes dans le parc ont poussées notamment par l'emploi de l’adjectif « folles » au v15 qui devrait être synonyme de joie ou de fantaisie mais qui prend ici un sens morbide et une connotation très négative. Le parc est également qualifié par les adjectifs « vieux », « solitaire et glacé » (v1). L'accumulation de ces trois adjectifs dans le même vers permet d'insister sur son caractère lugubre.

Verlaine est hanté par les fantômes et il se sent abandonné. La mort semble encore plus présente au vers 3 grâce au parallélisme et à la rime intérieur « mort » et « molles » et le champ lexical de la mort se prolonge dans la description métaphorique de personnages-fantômes : « Deux formes[...] ont passé »(v2) « Deux spectres »(v6).

Ces personnages fantomatiques ne sont plus que l'ombre de ceux qu'ils ont été, ils semblent errer sans but dans ce décor sinistre qui fait écho à leur propre état. Ils semblent décomposés, ils ne sont pas clairement identifiés comme en témoigne l'emploi des termes « formes » au v2 et « spectres » au v6. Leurs corps sont usés par la vieillesse. Le parallélisme « leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles » témoigne d'une absence de réalité physique. Tout au long de cette strophe, les allitérations en « m » et en « l » renforcent cette impression de mollesse et de fuite, d'écoulement irréversible : « Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles/ Et l'on entend à peine leurs paroles ».

Le poème tout entier est construit selon une structure qui évoque cette errance confuse, cyclique et oppressante. L'utilisation par Verlaine de distiques et de rimes plates accentue cette lourde monotonie. La reprise exacte du vers 1 au vers 5 « Dans le vieux parc solitaire et glacé » puis en partie celle du vers 4 au vers 16 («  Et l'on entend à peine leurs paroles » devient « Et la nuit seule entendit leurs paroles ») crée un cycle lancinant. Les personnages semblent piégés dans leur errance et dans leur passé.

Un dialogue, indiqué par des tirets (comme au théâtre), va être mis en place entre les deux personnages. Pourtant, on voit bien que cette mise en scène sera seulement partielle puisque le vers 4 annonce qu’on « entend a peine leur parole » et le vers 16 nous montre que « la nuit seule entendit leur paroles ». Ce serait donc une pièce ou les acteurs ne sont pas identifiés et ou on n’entend pas leur paroles v16 «  Et la nuit seule entendit leurs paroles ». C’est donc un « théâtre du néant ».


On a donc bien vu que ce poème présente une parodie de rendez-vous amoureux qui est ici mis en scène de manière grinçante où l'on ne peut non seulement entendre les paroles des protagonistes mais où l'on peut également voir une incommunicabilité totale entre ces derniers.

Axe 2 : L’incommunicabilité pour illustrer la désillusion amoureuse

C’est dans les strophes 4 à 7 que se trouve le contenu du « colloque sentimental », l’entretien entre les deux personnages. Mais ce dialogue est déséquilibré tant dans la forme que dans le fond.

Le dialogue nous montre deux personnages totalement antagonistes: l'un cherche à raviver une flamme que l’autre déni. Leur discours n’est pas développé, ils se répondent vers a vers et d’emblée l’un  tutoie l’autre v6 « Te » v8 « Ton » tandis que l’autre personnage le vouvoie v7 « Voulez-vous ». Cela témoigne d’un certain décalage entre les deux personnages. Par ailleurs, on peut remarquer que l’un des deux personnages emploi des possessifs : il est dans une optique de regroupement et de réconciliation « nous, nos ».

L’autre répond d’une manière impassionelle. On voit bien que le lyrisme crée par l’un est stoppé net par la réponse de l’autre comme en témoigne la réplique « C’est possible » au vers 12 qui répond sur le même vers à la parole de l'autre ce qui va donner l’impression qu'il lui coupe la parole. On retrouve le même procédé au vers 10 « Toujours vois- tu mon âme en rêve ? –Non » avec la césure brutale séparant les 9 premières syllabes de la dernière.

Cette impossibilité de communication est d’autant plus xruelle que les personnages ont partagé dans le passé une histoire d’amour désormais révolue et reniée par l’un d’entre eux.

Tout au long de leur dialogue, les deux interlocuteurs s’opposent sur la manière dont ils appréhendent leur passé sentimental.

L’un des deux personnages utilise des hyperboles « Extase » v7 ou encore «bonheur Indicible » v11. Il utilise également un vocabulaire sentimental et sensuel «  Bouche, âme, cœur, rêve, bonheur ». On peut aussi noter qu’il utilise une métaphore du ciel bleu pour exprimer le bonheur ;cette métaphore a d’ailleurs une connotation d’infini. Il évoque l’amour à la fois sentimental (« vois tu mon âme en rêve »

Le deuxième personnage répond soit par de courtes réponses soit il répond à une question par une autre question (V7-8). Aux vers 13-14, il répond par un chiasme « Ciel bleu, espoir » et v14 «  espoir vaincu, ciel noir ».

On remarque qu’il reprend la même structure rythmique au vers 14 qu’au vers 13  « Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! –L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir ». On peut voir une correspondance entre « ciel » et « vaincu », le second personnage retourne toute la logique du premier.

Enfin le dialogue se déroule sur 8 vers pour un discours « inutile » qui est rapporté au néant à travers le dernier terme du dialogue « ciel noir ». Il est donc impossible de ressusciter cet amour mort. Le poème se termine de façon un peu grinçante sur le mot « paroles » alors que ce dialogue est précisément un échec de la parole.

Conclusion :

L'étude de ce texte a donc permis de voir que l'on assiste ici à la rencontre de deux anciens amants qui n’ont plus rien à se dire ce qui va ainsi conduire à l’échec de ce rendez-vous galant.

Ce poème pourrait presque faire figure de dernier acte du cortège que poursuivait Colombine dans le poème de Verlaine du même nom et qui est précipité vers le gouffre.


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