On a donc bien vu que ce poème présente une parodie de rendez-vous amoureux qui est ici mis en scène de manière grinçante où l'on ne peut non seulement entendre les paroles des protagonistes mais où l'on peut également voir une incommunicabilité totale entre ces derniers.Axe 2 : L’incommunicabilité pour illustrer la désillusion amoureuse
C’est dans les strophes 4 à 7 que se trouve le contenu du « colloque sentimental », l’entretien entre les deux personnages. Mais ce dialogue est déséquilibré tant dans la forme que dans le fond.
Le dialogue nous montre deux personnages totalement antagonistes: l'un cherche à raviver une flamme que l’autre déni. Leur discours n’est pas développé, ils se répondent vers a vers et d’emblée l’un tutoie l’autre v6 « Te » v8 « Ton » tandis que l’autre personnage le vouvoie v7 « Voulez-vous ». Cela témoigne d’un certain décalage entre les deux personnages. Par ailleurs, on peut remarquer que l’un des deux personnages emploi des possessifs : il est dans une optique de regroupement et de réconciliation « nous, nos ».
L’autre répond d’une manière impassionelle. On voit bien que le lyrisme crée par l’un est stoppé net par la réponse de l’autre comme en témoigne la réplique « C’est possible » au vers 12 qui répond sur le même vers à la parole de l'autre ce qui va donner l’impression qu'il lui coupe la parole. On retrouve le même procédé au vers 10 « Toujours vois- tu mon âme en rêve ? –Non » avec la césure brutale séparant les 9 premières syllabes de la dernière.
Cette impossibilité de communication est d’autant plus xruelle que les personnages ont partagé dans le passé une histoire d’amour désormais révolue et reniée par l’un d’entre eux.
Tout au long de leur dialogue, les deux interlocuteurs s’opposent sur la manière dont ils appréhendent leur passé sentimental.
L’un des deux personnages utilise des hyperboles « Extase » v7 ou encore «bonheur Indicible » v11. Il utilise également un vocabulaire sentimental et sensuel « Bouche, âme, cœur, rêve, bonheur ». On peut aussi noter qu’il utilise une métaphore du ciel bleu pour exprimer le bonheur ;cette métaphore a d’ailleurs une connotation d’infini. Il évoque l’amour à la fois sentimental (« vois tu mon âme en rêve »
Le deuxième personnage répond soit par de courtes réponses soit il répond à une question par une autre question (V7-8). Aux vers 13-14, il répond par un chiasme « Ciel bleu, espoir » et v14 « espoir vaincu, ciel noir ».
On remarque qu’il reprend la même structure rythmique au vers 14 qu’au vers 13 « Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! –L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir ». On peut voir une correspondance entre « ciel » et « vaincu », le second personnage retourne toute la logique du premier.
Enfin le dialogue se déroule sur 8 vers pour un discours « inutile » qui est rapporté au néant à travers le dernier terme du dialogue « ciel noir ». Il est donc impossible de ressusciter cet amour mort. Le poème se termine de façon un peu grinçante sur le mot « paroles » alors que ce dialogue est précisément un échec de la parole.
Conclusion :
L'étude de ce texte a donc permis de voir que l'on assiste ici à la rencontre de deux anciens amants qui n’ont plus rien à se dire ce qui va ainsi conduire à l’échec de ce rendez-vous galant.
Ce poème pourrait presque faire figure de dernier acte du cortège que poursuivait Colombine dans le poème de Verlaine du même nom et qui est précipité vers le gouffre.