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Les limites de la magieProspéro n'incarnerait-il pas tout autant une critique qu'un éloge de la magie ? C'est la thèse que soutient l'un des derniers traducteurs de la Tempête le poète Yves Bonnefoy, dans sa longue et riche préface à la récente édition de la pièce dans la collection « Folio Théâtre ». Son premier argument est le désintérêt que Prospéro manifeste envers les êtres humains, à l'exception de sa fille Miranda. Il est bleu sûr normal que ce duc dépossédé n'éprouve qu'aversion et mépris pour son frère Antonio et ses complices et ne soit guère attiré par le roi de Naples Alonso et ses courtisans. S'il semble en revanche montrer de l'estime, voire de l'affection au vieux conseiller Gonzalo et une certaine bienveillance à son futur gendre Ferdinand, fils du roi de Naples, n'est-ce pas parce que le premier l'a aidé au moment où il a été exilé et parce que le second représente un des moyens qu'il a choisis pour mener à bien sa présente entreprise? Car c'est la société dans son harmonie et non les individus qui importent pour Prospéro, personnage qui se complaît dans une certaine réclusion sur soi. En outre, ce représentant de la magie blanche n'est pas exempt de zones d'ombre. Elles se révèlent en particulier à travers l'hostilité qu'il manifeste à l'égard de son frère et de Caliban. Pour se venger du premier, il imite ses méfaits, puisque l'attirant à sa manière dans ses filets, il reproduit l'action dont Antonio fut coupable ; ainsi «A voir maintenant Prospéro calquer le comportement de son frère [...] on se dit qu'Antonio est une part de lui-même ", une part mauvaise qu'il a voulu écarter pour devenir mage, mais qui subsiste néanmoins en lui. Pareillement, son acharnement contre Caliban ne refléterait-il pas un autre aspect nocturne de Prospéro, qu'il n'a pas su sublimer? Plus généralement, le sage qu'il prétend être trahit à plusieurs reprises un mauvais caractère, des sautes d'humeur, de l'agressivité à la mélancolie. Dès lors, la pièce se termine-t-elle vraiment par une victoire de Prospéro ? Certes, il a su piéger ses rivaux et, mieux encore, il va dominer son instinct de vengeance à leur égard en leur accordant son pardon, mais le désordre du monde n'en sera pas pour autant anéanti : Antonio le traître et Sébastien son complice ne se repentent pas ; même le mariage de Miranda et de Ferdinand ne rétablira peut-être pas l'harmonie, car la future épouse s'apprête à subir les lois de son mari, sachant qu'elle comptera moins pour lui que ses ambitions d'homme de pouvoir. De toute façon, en choisissant de pardonner, Prospéro décide simultanément de renoncer à ses pouvoirs de mage, qui ne pourraient désormais que le détourner de la vertu : au début de l'acte V, il abjure solennellement " Cette magie primaire" qui ne conduit pas au salut de l'âme. Plus nettement encore, dans l'épilogue, élément inhabituel dans les pièces de l'époque, Prospéro, s'avançant vers le public, le dos tourné à l'île des illusions, avoue : "J'ai renoncé tous mes channes Et n'ai donc plus d'autres armes Que ma pauvre humanité." . Le mage qu'il était, cet « être arrogant, brutal même, qui ne doutait ni du bien-fondé de son droit ni de la valeur de sa science, voici qu'il se consent désormais et s'avoue l'homme le plus ordinaire : duc de Milan peut-être, mais sans vrai bien que saconscience de soi, d'ailleurs précaire ; et en risque de désespoir s'il ne reçoit pas d'autres êtres la sympathie que tout au long de cejour il n' a guère su accorder lui-même ». Jamais peut-être Shakespeare n'a aussi directement et intimement parlé à son spectateur que dans cet épilogue émouvant qui suggère finalement que le surnaturel n'était qu'illusion et que la vérité est humaine, mais aussi que les limites sont floues entre le réel et le rêve et que, comme le dit le passage le plus célèbre de la pièce, « Nous sommes de l'étoffe dont les songes sont faits ». Dès lors, le vrai magicien, celui qui fait (le ses songes une vérité, ce n'est pas Prospéro, c'est Shakespeare, c'est le théâtre, qui met en scène cette magie. C'est peut-être pourquoi la Tempête a été si souvent représentée. Fortune scénique de la pièce |
![]() | «… dans la mesure où vous avez fait cela pour l’un de ces plus petits, l’un de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» | ![]() | «… chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi–même que vous l’avez fait.» |
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