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3e Episode de la chronique familiale de Jean Galindo Alors que se profile le départ du nid familial du Clos Saint Roch pour Pierre, Rodrigue Salvador et Marc, les quatre aînés, le devenir des petits derniers Lucie, Rosette et Jean se dessine à l’école primaire. Après le travail scolaire les petits écoliers taillent les sarments, traitent la vigne. Rosette et Lucie ont en charge l’ordre ménager et le tricot et Jean le nettoyage de l’écurie… Pendant toutes ces années de présence à la maison mes frères contribuèrent à renflouer le budget familial , mes deux sœurs Rose, Lucie et moi scolarisés à l’école primaire du Docteur Calmette étions réquisitionnés par notre père les jeudis et dimanches pour ramasser les sarments de vigne parfois givrés les matins de grand froid, parfois boueux après les pluies de Mars, cote à cote , pliés face à terre, nous récitions les leçons apprises en classe. Ma sœur Rose, appelée plus couramment Rosette, mon ainée de cinq ans était la responsable en second de l’ordre ménager de la maison, elle se faisait respecter pour les économies en tout genre et très adroite de ses doigts elle tricotait pullovers, chaussettes, bonnets et autres vêtements pour la famille, ma mère comptait beaucoup sur elle. Nous ayant accompagnés pendant deux ans à l’école elle passait son examen de fin d’études primaires avec succès, elle était devenue la plume littéraire, d’une très belle écriture elle faisait toute la correspondance administrative et sans connaitre la langue de Cervantes elle faisait suivant son instinct le courrier destiné aux tantes d’Espagne. Dés sa sortie scolaire, elle était employée chez une éleveuse de volaille dont le travail était démesuré pour une jeune fille de quatorze ans, sa volonté et son courage étaient trahi par l’expression de son physique, ma mère aussitôt la faisait renoncer à cette dure activité. Ma mère, mes deux sœurs et moi allions tous les dimanches à la messe dans une chapelle d’un orphelinat tout proche appelé Bon Secours non loin du célèbre Château d’Ô. Notre assiduité était remarquée par les religieuses et ayant besoin de personnel de service, Rosette était employée. Déjà éduquée religieusement par ma mère, ma sœur n’avait pas de mal à s’intégrer, son dévouement pour nous tous était sans compter. La foi grandissante, elle s’engageait auprès de cet orphelinat et les religieuses reconnaissant beaucoup de qualités la prenaient en charge et à sa majorité après l’accord de mon père elle rentrait dans le monde des Sœurs Garde Malades créé par le Père Soulas qui a donné son nom à la portion de route de Grabels située entre l’avenue d’Assas et l’avenue des Moulins. Rosette ne s’arrêtait pas seulement à la vie religieuse et à toutes ses activités d’assistance aux malades, elle était autorisée à reprendre ses études secondaires et passait avec succès son diplôme d’infirmière d’Etat. Rosette nous ayant quitté après avoir passé son examen de fin d’études primaires, je n’avais que ma sœur Lucie pour m’accompagner à l’école du Docteur Calmette et pendant deux ans nous prenions toujours à pied le chemin de l’école en passant par les chemins de la Galéra, de la Carriérasse, la Valsière, des Moulins, du Pic St Loup. En chemin nous récupérions d’autres amis ce qui nous permettait de bavarder et de trouver le trajet moins long. Lucie avait trois ans de plus que moi et pour les vendanges pour tenir la cadence nous tenions la même rangée de vigne en faisant bien attention de se mettre sur deux ceps différents et éviter ainsi de se couper mutuellement les doigts avec les sécateurs. Mon père ne nous oubliait pas après le ramassage des sarments de vigne de nous utiliser lors de la pousse des nouveaux bourgeons et sarments aux mois de Mai, Juin, Juillet quand la maladie de l’oïdium apparaissait de nous faire saupoudrer avec un sac rempli de soufre micronisé les nouvelles feuilles et raisins naissants. Cette opération devait se faire tôt le matin avant que le soleil chauffe de trop car après quelques heures de saupoudrage nos visages jaunissaient et la sueur descendait dans nos yeux, c’était irritant, le soufre mélangé à la sueur nous faisait pleurer et il était temps de faire notre toilette mais les yeux continuaient à pleurer longtemps. A quatorze ans Lucie passait son examen de fin d’études primaires avec succès et son désir de continuer ses études était contrarié par l’autorité de ma mère qui considérait que l’égalité d’études avec sa sœur Rosette s’imposait et Lucie est employée comme sa sœur au service de l’orphelinat de Bon Secours mais n’avait pas les mêmes objectifs. Les sorties en ville de mes sœurs se limitaient à faire les emplettes avec ma mère, d’aller au cinéma avec mes frères et pour aller dans les fêtes de village les moyens de locomotion manquaient, quelques années plus tard j’accompagnais Lucie le dimanche au cinéma mais dans la rue ma présence ne devait pas inciter l’attraction du sexe opposé, c’est vers ses vingt trois ans qu’un jeune italien la demandait en mariage à ma mère. Par souci égalitaire familial, le certificat d’études primaires clôture le parcours scolaire de chaque enfant. Alors que Jean doit aussi se plier à cette règle, tous ses frères et sœurs l’incitent à continuer ses études… Lucie ayant quitté l’école je me trouvais tout seul à prendre le même chemin caillouteux et malaisé qui menait au Plan des Quatre Seigneurs et c’est avec joie que je retrouvais des copains sur le chemin de la Valsière pour glisser sur les ruisseaux gelés de l’hiver ou chaparder les cerises de fin d’année scolaire, j’ avais toute liberté de faire quelques bêtises de gosse. Je me trouvais en classe du cours moyen deuxième année, mon instituteur, monsieur Malaval, avait demandé parmi quelques élèves les volontaires pour passer au collège en classe de sixième, j’étais très heureux de me désigner comme candidat mais dans la famille l’égalité des chances était de rigueur le certificat d’études primaire devait en principe clore mon instruction. Je travaillais relativement bien à l’école et l’instituteur avait distribué aux trois meilleurs élèves des livres, je recevais avec honneur un petit livre d’Histoire de France. En réunion de famille, mes frères et sœurs à l’unanimité me poussaient à continuer mes études sur une voie légèrement différente des leurs. En fin d’année je passais avec les deux autres élèves l’examen d’entrée en classe de sixième au collège nommé Cours Complémentaire Cambon situé rue Méditerranée à Montpellier. ![]() 1949 Loiras du Bosc. Je suis entre mes deux sœurs Rose et Lucie Dés mon arrivée à la maison, mon activité scolaire était complétée par un devoir pratique qui devait se réaliser avant l’entrée à l’écurie du mulet et par la suite du cheval, il s’agissait de débarrasser le sol du logis de l’animal du crottin et de le remplacer par de la paille, il ne fallait pas oublier ou tarder à exécuter cette tache car une fois en place les quatre pattes étaient des obstacles à ne pas blesser avec la fourche ou la pèle. La brouette chargée de fumier j’allais la verser sur le grand tas qui se trouvait derrière la maison prés du jardin, parfois le tas était si haut que la brouette basculait avant le sommet alors je devais tout ramasser avec la fourche et projeter vers le sommet. Le jeudi je devais vider le réservoir à purin, ce n’était pas une punition mais c’était une attribution que je n’appréciais pas, courbé au dessus de la fosse je plongeais le seau dans le liquide qui dégageait une odeur forte à me faire vomir et je transportais le contenant avec son contenu vers le tas de fumier sur lequel je le répandais. Pour les vacances de Pâques une nouvelle activité m’était donnée, avant les grosses chaleurs je devais débarrasser les cages à lapins de toutes les pettes et le poulailler de toutes les fientes, ainsi tout ce résidu partait directement dans le jardin. Ma mère m’assurait que de beaux et bons légumes profiteraient de ce que la basse cour laissait derrière elle. Je ne demandais pas d’autres explications car me nourrir de carottes ou de salades alimentées par des choses sales n’était pas du meilleur gout. A Loiras nous avions une petite chèvre qui nous donnait son lait et c’est mon frère Marc qui était chargé de la nourrir mais parfois il oubliait de lui couper des branches dans le bois et mon père le grondait sévèrement et en pleurs il partait à la nuit tombée faire un fagot de branches garnies de feuilles, je n’étais pas de grand secours mais je l’accompagnais et nous nous rassurions l’un à l’autre. Cette chèvre avait fait le voyage avec toute la famille et devait nous donner son lait pour le petit déjeuner, attachée à une longue corde elle pouvait brouter l’herbe du champ voisin mais de ses mamelles le lait ne sortait plus, il fallait un petit chevreau pour lui tirer le lait mais le chevreau n’était pas venu, alors comme la chèvre de Monsieur Seguin, nous l’avons dévorée. Mon petit déjeuner et celui de mes sœurs dépendaient d’un litre de lait, alors pendant quelques années mon frère Marc était chargé d’acheter le lait en ville au retour de son activité dans la fabrique de réglisse Deleuze. Dans la rue Saint Louis il y avait une fromagerie laiterie, le lait était agité et puisé avec une louche dans une cuve en aluminium et versé dans la bouteille, anciennement à limonade, à bouchon céramique et caoutchouc qui faisait étanchéité une fois le mécanisme de blocage abaissé. Le matin le lait était amené à ébullition en faisant attention qu’il ne déborde pas de la casserole et versé dans les bols pleins de morceaux de pain de la veille, il était agrémenté de poudre de chocolat Banania et de deux morceaux de sucre St Louis. Nous partions à l’école le ventre plein. Mes frères étaient déjà partis au travail à vélo la musette en bandoulière, ma mère leur avait préparé la veille de quoi se nourrir le midi, Pierre chauffait sa gamelle sur un tas de sarments de vigne quand il travaillait à Flogergues et Salvador sur le chantier sur des bouts de planches. Marc faisait les allers retours avec son vélo Royal Barbier tout neuf qu’il avait acheté chez Galsy. A cette période mon frère Rodrigue était nourri par l’armée de terre à la caserne de la ville d’Orange. Mais sœurs et moi restions le midi à l’école avec nos compagnons de trajet, il y avait une petite pièce avec table et chaises pour une dizaine de places, une dame de ménage nous chauffait le repas sur un réchaud à gaz butane, la boite de bonbons Carpentras contenait, le lundi, le reste de la marmite de riz au poulet préparée le dimanche. Pendant quatre ans de scolarité ma mère ou ma sœur préparait le repas de midi. Le soir nous étions tous réunis autour de la grande table et nous mangions notre soupe ou le ragout, le morceau de jambon ou le fromage et le fruit. Mon père posait les questions nous donnions les réponses. Parfois la conversation s’installait entre nous et insidieusement un brouhaha se créait, alors subitement les assiettes fourchettes cuillères et couteaux sautaient dans un bruit de couverts renversés, c’était mon père qui avait abaissé son énorme poing sur la table, l’assemblée surprise mais obéissante retrouvait la sérénité. Les deux premières années au Clos Saint Roch, avant le repas du soir mes sœurs et moi faisions les devoirs pour le lendemain à la lumière de la lampe à pétrole que mon père approchait prés de nos livres et cahiers, il nous regardait écrire et nous écoutait réciter les leçons, à quoi pensait- il ? Je m’en doutais un peu, mon père aurait bien aimé savoir lire et écrire mais son enfance en Espagne ne l’avait pas gâté, après des journées au champ avec son père, les rares cours que pouvait lui donner son oncle et prêtre se passaient les yeux alourdis de sommeil. Et puis en 1952 « la modernité rentre dans notre vie » avec l’arrivée de l’électricité et l’écoute tous les soirs de la radio… C’est en 1952 que la compagnie EDF installait un réseau électrique dans la zone Nord Ouest de Montpellier, les quartiers Malbosc et Puech Villa où se trouvent nos deux maisons en étaient équipés. Enfin la modernité rentrait dans notre vie, les ampoules au plafond éclairaient toutes les pièces, la peur que mon père mette le feu accidentellement au foin avec la lampe à pétrole était écartée. Le poste de radio installé dans la salle à manger donnait les informations du soir écoutées attentivement, les nouvelles sur la guerre d’Algérie étaient toujours satisfaisantes mais nous apprenions de temps à autres par les journaux locaux la mort d’un jeune soldat, nous craignions l’accident pour mon frère Salvador qui faisait son service armé à Blida ou à Oran et les histoires racontées par André Castelot, Alain Decau et Colin Simard nous faisaient trembler, ma sœur Lucie et moi, dans la série « Les Maîtres du Mystère ». L’hiver aux tremblements que nous procuraient les histoires, s’ajoutaient les tremblements dus au froid et la radio uniquement réglée par mon père, une fois l’émission terminée était arrêtée jusqu’au lendemain soir. Il ne fallait pas utiliser l’électricité abusivement, quand mon père voyait de l’extérieur la lumière dans la chambre, alors que je faisais mes devoirs ou apprenais mes leçons il ne manquait pas de me crier d’aller me coucher. Quelques années plus tard j’avais réussi à économiser un peu d’argent et sans rien dire au trésorier familial, je m’achetais un petit radiateur avec un tube à quartz que je plaçais sous ma table de travail dans la chambre, j’arrivais à maintenir mes pieds dans une petite chaleur qui paraissait bien plus grande quand je passais de la pièce voisine à ma chambre. Les hivers ne facilitaient pas mes lectures, souvent je plaçais mes mains à réchauffer entre la chaise et mes fesses et pensant que dans le lit la lecture serait plus agréable je m’endormais le livre ouvert. Les obligations du dimanche…. Je n’étais pas très heureux de ne pas pouvoir faire la grasse matinée le dimanche matin, ma mère tenait à ce que je l’accompagne avec mes deux sœurs à la messe. C’était pour ma mère le moyen de sortir de ses habitudes, de s’habiller avec les vêtements noirs des jours de fête et de voir des dames venant à pied des propriétés voisines comme madame Ginoulhac ou la bonne de madame Baumel épouse du professeur en médecine à Montpellier propriétaire de la campagne de Gimel. Nous faisions un petit groupe à nous diriger vers la chapelle de l’orphelinat nommé Bon Secours situé au croisement de la route de Grabels et du chemin des Moulins. Après un quart d’heure de marche, assis sur un banc de la chapelle, je voyais entrer alignées deux par deux, les têtes baissées, toutes de bleu vêtues les orphelines précédées par la Mère Maria et le cortège se terminait par d’autres religieuses. J’essayais de voir parmi ces jeunes filles laquelle étaient la plus jolie. Parmi les fidèles, nous avions la surprise de voir avec sa veste en velours côtelé et un très long cache col multicolore en laine tricotée qui pendait de part et d’autre de son épaule, notre célèbre voisin et écrivain de la Campagne Tuilerie de Massane, Monsieur Joseph Delteil. Cet homme maigre avec verrue sur le visage avait embauché mes sœurs âgées de quatorze et seize ans pour ramasser les sarments de vigne de sa propriété voisine à la notre, il les accompagnait dans le travail et leur disait qu’il fallait arracher du cep le sarment américain oublié par la taille, il y avait là un peu d’ironie : sa femme était américaine. Une autre fois Madame Baumel au visage fripé comme une boule de papier déployée était venue en compagnie de la propriétaire du Château d’Alco et de ses filles pas jolies. Je n’étais pas très attentif à la cérémonie, je regardais les statues et j’essayais de suivre les tableaux du chemin de croix et m’imaginais la tragédie de la Passion. Depuis longtemps la messe en latin avait accoutumé mes oreilles mais personne ne m’avait expliqué les paroles jusqu’au jour ou la messe a été dite en français et ayant fait le rapprochement j’ai réalisé que j’avais appris le latin sans le savoir. De retour à la maison, nous nous mettions les habits de travail et à la recherche de mon père pour qu’il définisse l’animal qui devait passer de vie à trépas et à la marmite ![]() Le bonheur de mes parents se lisait sur leurs visages. Mon père avait le moyen de locomotion à la main gauche, le futur gardien de la maison à la main droite, ma mère assurait la nourriture, le bois de chauffage ne manquait pas, l’olivier, le figuier et la vigne donneront bien leurs fruits. En 1956 le nid familial se vidait de mes quatre frères et de ma sœur Rosette |
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