Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6








télécharger 0.72 Mb.
titreRapport commun academie des sciences / cadas N° 6
page7/19
date de publication31.03.2018
taille0.72 Mb.
typeRapport
p.21-bal.com > comptabilité > Rapport
1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   ...   19

I. L'evaluation de la perception de la science

par le public
La science, comme le reste, est matière à sondage. Des mesures plus ou moins quantitatives intéressent surtout les éducateurs et les Institutions, ou les sociétés commerciales, qui doivent évaluer un chiffre d'affaires apporté par des visites, des lecteurs, ou des spectateurs. On distingue deux types fondamentaux d'enquêtes. Les unes tentent d'évaluer le savoir du public par un choix de questions de nature à révéler les connaissances réelles autrement que d'après des indications sur le niveau des études effectuées par les personnes interrogées. Les autres sont essentiellement concernées par les attitudes vis à vis de la science et de la technologie et sont donc beaucoup plus voisines des études ordinaires d'opinion. Ces deux mesures sont fondamentalement différentes. La seconde permet d'avoir une idée du degré d'attraction ou de répulsion qu'inspirent les questions scientifiques. Naturellement celles-ci sont très diverses et le contexte, l'actualité, les modes, comptent. La première semble dépendre essentiellement du niveau d'éducation. Mais la situation est compliquée à cause, comme nous l'avons souligné dans la première partie, du rôle considérable des différentes formes du "spectacle" qui exploitent des thèmes scientifiques (et dans cet ensemble, nous incluons les informations véhiculées par la presse qui, en matière de science, sont souvent présentées sous la forme d'un récit). Des éléments de croyance passionnelle et des réflexes culturels (dus au poids des "mythologies" traditionnelles) interviennent dans les réponses aux questions posées. La science et la technologie contribuent beaucoup aux représentations sociales. Celles-ci varient avec les individus et les groupes sociaux.
1. La mesure du savoir
Elle a surtout été entreprise par des universitaires anglo-saxons. Les études comparatives montrent que les différences sont faibles entre les pays du monde occidental (et même avec le Japon). Les questions posées ressemblent beaucoup à celles qui font la substance des jeux télévisés. Les gens répondent facilement à ce genre de test sans avoir l'impression de subir un examen. Dans le lot, on dispose un certain nombre de questions auxquelles on est sûr que tout le monde donnera la bonne réponse... (par exemple : "est-ce que l'air chaud monte ?"). On s'aperçoit qu'un certain nombre de résultats scientifiques (qui n'étaient pas si évidents il y a une centaine d'années) sont maintenant bien connus : "la lumière voyage plus vite que le son" (75%), ou "le centre de la terre est très chaud" (86%), mais la dérive des continents est aussi connue (75%) et la radioactivité est perçue comme un phénomène qui est aussi naturel (74% en Grande Bretagne, 65% aux Etats Unis). Par contre, les choses se gâtent s'il s'agit de savoir "si la terre tourne autour du soleil ou l'inverse" (63% donnent la bonne réponse....). Seulement 42% savent que le laser est un phénomène lumineux (concurrence évidente avec le slogan commercial "le son laser"), et, curieusement, seulement 34% savent que "la terre fait le tour du soleil en un an". Un résultat à comparer avec les réponses aux questions les plus difficiles - "les électrons sont-ils plus petits que les atomes ?" ou "est ce que les antibiotiques tuent les virus ?" - qui ne sont correctes que dans 30% des cas. Il est très caractéristique que 54% (et 63% aux Etats Unis) croient que les premiers hommes ont vécu à l'époque des dinosaures. En effet, on voit là l'influence de la romance avec tant de films, de bandes dessinées, d'illustrations diverses, qui exploitent le thème de la lutte entre l'homme et le monstre ... (Les chiffres cités sont ceux d'une étude conduite en Grande Bretagne; c'est ce pays qui, avec le Danemark, semble être le plus cultivé scientifiquement (scientifically litterate) en Europe.)
La simplicité sinon la puérilité des questions posées montre bien qu'elles n'explorent que la croûte superficielle du savoir et de la culture. Elle suffisent cependant pour montrer l'état de confusion ordinaire du plus grand nombre sur les questions scientifiques... Des questionnaires plus détaillés ont été essayés sur la radioactivité, la physique, la biologie. Ils montrent tous qu'il n'y a pas dans les réponses d'influence visible de l'éducation scientifique à l'école : celle-ci ne semble avoir laissé que peu de souvenirs chez les adultes ...
L'une des raisons évidentes de cette situation est que le savoir correspondant aux questions posées ci-dessus, à l'exception peut-être de celle sur les antibiotiques, ne sert à rien dans la vie ordinaire. On n'a pas vraiment besoin de savoir que le sel de cuisine est du chlorure de sodium (une autre "question" classique...) et encore moins d'en connaître la formule. Les réponses aux questions qui sont plus techniques (liées par exemple à l'électricité) sont en général plus satisfaisantes.
La très grande majorité du public ignore donc en général le détail des questions scientifiques, même à un niveau qui peut paraître très élémentaire aux chercheurs. Seul le public cultivé ayant fait des études scientifiques peut, un peu, pénétrer le discours fondamental de la recherche (c'est-à-dire aller au delà de ses aspects romanesques). Nous avons vu dans la première partie que cette fraction de la population est estimée à moins de 10%. Ce n'est donc pas à travers son contenu formel que la science est perçue dans la société.
2. La mesure de l'image de la science et de la technique
Ce genre d'études a une finalité moins "pédagogique" que les précédentes. Elles sont plus faciles à conduire par les différents Instituts de sondage. En France, plusieurs enquêtes ont été faites pour mesurer les attitudes et l'opinion des français à l'égard de la science. Le CEVIPOF, Centre d'Etudes de la Vie Politique française (Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP) / CNRS) a mené une enquête en 1972. Le Centre de Prospective et d'Evaluation du Ministère de l'Industrie et de la Recherche en a commandé une autre, pratiquement sur les mêmes bases, en 1982. Le Ministère de la Recherche et de la Technologie a réalisé un sondage en 1989. Toutes ces enquêtes ont été conduites par la SOFRES. Le Département Evaluation et Prospective de la Cité des Sciences et de l'Industrie a enquêté sur "la culture scientifique et technique des Français" en 1991.
Ces travaux montrent d'abord qu'il y a confusion sur ce qu'est une science. Environ 40% (y compris chez les sondés ayant un niveau d'éducation supérieure ) croient que l'astrologie et la graphologie sont des sciences (la même proportion considère que l'histoire doit être rangée parmi les sciences). Dans l'enquête de 1982, l'idée que "la connaissance scientifique pourra toujours continuer à progresser" est largement admise de 58% (éducation primaire) à 84% (éducation supérieure). Mais une distinction est nettement tracée entre le domaine de la vie matérielle, pour lequel l'apport des sciences est considéré comme bon par 65 (e.p.) à 79% (e.s.), et celui de la morale et des relations humaines, où ils ne sont que 15 (e.p.) à 28% (e.s.) à penser que la contribution des sciences est souhaitable... Globalement en 1972 comme en 1982, l'image de la science et des chercheurs est positive en France. 90% en 1972, 80% en 1982, pensaient que "les chercheurs scientifiques étaient des gens dévoués qui travaillaient pour le bien de l'humanité". Des signes de dégradation étaient toutefois déjà perceptibles, surtout dans les milieux les plus populaires. Il faut noter que dans le contexte de ces enquêtes on déduit que l'opinion publique a, vis à vis des savants, une attitude opposée à celle que mettent au jour des méthodes différentes (comme "dessine moi un savant") dans lesquelles l'aspect romanesque du travail scientifique l'emporte largement. La nature subjective de toutes ces enquêtes doit être soulignée. Un bon exemple est le travail ancien de deux ethnologues célèbres, Margaret Mead et Rhoda Métraux, paru dans Science en 1957 (vol. 126 pp 384-390) sur l'image des chercheurs (trouvée très négative) chez les élèves des "high-schools" américaines, dont les méthodes désuètes et les connotations sociales d'époque (rôle traditionnel assigné aux femmes) prêtent aujourd'hui à sourire ...
En 1989, les problèmes d'environnement sont devenus importants. L'enquête pose évidemment de nombreuses questions pour les cerner. Il apparaît que 43% sont pour l'énergie nucléaire, 55% contre; alors que la proportion était inverse en 1982 (57% pour, 37% contre). Tchernobyl est passé par là ... Les jeunes et les femmes sont particulièrement hostiles (60%), mais le jugement d'ensemble sur l'utilité des objets techniques est extrêmement positif. On considère aussi que les changements techniques ont modifié le travail mais la plupart des cadres jugent que c'est d'une manière positive. Par contre, le sentiment que "les valeurs morales et la sociabilité tendent à se dégrader sous l'effet du développement scientifique et technique" persiste.
L'enquête de la Cité des Sciences confirme les grands espoirs que les Français mettent dans la recherche, en particulier en médecine, et leur confiance dans les hommes de savoir. Mais aussi elle montre l'étendue des croyances dans le paranormal et les attentes d'explication que ces croyances soulèvent. On observe également une très grande rigueur sur les questions d'éthique et beaucoup d'exigences. Un élément intéressant est le classement par le public en fonction de ses centres d'intérêt de 29 disciplines (tableau joint) qui montre que tout ce qui touche au corps et à la nature est en tête alors que les disciplines traditionnelles, physique, mathématique, chimie, sont en queue de peloton... (respectivement 27ème, 28ème, et 29ème ...). Dans cette liste on peut être surpris de trouver en position trés moyenne l'astronomie dont on sait (à cause de ses récits de création) qu'elle est l'un des sujets favoris des medias. Cette différence est due à la double attitude du public mentionnée dans la première partie (chapitre IX). Directement interrogé sur ses préférences il pense d'abord à ce qui le concerne physiquement ou socialement. La répartition serait sans doute différente s'il s'agissait de juger l'intérêt des diverses sciences comme composantes du spectacle offert par les medias
Dans ces enquêtes, les divisions scolaires du savoir sont mises à l'écart, elles ne font presque pas l'objet de recherche d'informations. L'enquête de 1989 montre qu'une large majorité (73%) considère que les connaissances scientifiques ne font pas partie de la culture. Cela se traduit par le souhait que les programmes scolaires soient plus développés en français et en langues étrangères. Le récent (Mai 1994) Nouveau Contrat pour l'Ecole, qui définit des objectifs pour le collège, donne une liste de "fondamentaux" pour l'école dans laquelle l'enseignement des sciences n'apparaît pas, alors qu'y figurent les langues étrangères (dont on sait que l'enseignement est un échec en France) et l'enseignement artistique. L'enquête du CEVIPOF sur les jeunes et la science, effectuée en Mars 1988, montre qu'il n'y a pas beaucoup de différence avec l'attitude de leurs parents. Pour eux, les images les plus fortes de la science tournent autour du mot "laser", parce qu'il fait partie du folklore de la littérature populaire, de la figure de Pasteur, parce que c'est l'un des archétypes de savant que l'école glorifie, et de la fusée Ariane. Les jeunes ne pensent pas que le savant ressemble à un professeur ..., plutôt à un explorateur ... Ils croient à la possibilité de toutes sortes de choses que propose la science-fiction, dont le plus célèbre est le fameux télétransporteur des personnes (dans Star Trek). Ils font finalement assez confiance à la science, surtout ceux des milieux aisés, mais beaucoup croient qu'ils apprennent plus de science de la télévision que de l'école...
Une autre information apportée par les enquêtes concerne les préférences des français pour la science en fonction des supports médiatiques. L'enquête de 1989 indique que les supports préférés sont la télévision et les revues scientifiques et techniques. Mais 53% des sondés qui ont un niveau d'instruction primaire préfèrent la télévision et 10% les revues. Alors que 50% de ceux qui sont passés par l'enseignement supérieur scientifique préfèrent les revues et seulement 19% la télévision. Les autres médias - radios , livres, journaux quotidiens, hebdomadaires -, sont beaucoup moins prisés. Ceci est confirmé par l'enquête de la Cité qui montre que la télévision domine : 16% des sondés disent regarder régulièrement des émissions scientifiques et 65% de temps en temps. Les chiffres pour les revues scientifiques et techniques et les pages spécialisées des quotidiens sont respectivement 10 et 45%. Pour l'écoute des émissions scientifiques à la radio, les proportions régulier /occasionnel sont 7 et 35%. Un autre sondage Louis Harris du 4 et 5 Décembre 1991 publié par Valeurs Actuelles le 6 janvier 1992, laisse entendre que, s'ils avaient le choix, 36% des Français regarderaient une émission scientifique et technique à la télévision et 35% un film (2% un jeu télévisé !)... Il ne semble pas que les programmateurs tiennent le moindre compte de ces désirs supposés ... Un récent sondage (octobre 1995) publié à l'occasion du lancement d'Eurêka, revue de vulgarisation scientifique du Groupe Bayard Presse, indique que 65% des sondés s'intéressent beaucoup, ou assez, à la science, que 38% font confiance aux scientifiques pour résoudre les problèmes de l'humanité, et que 34% estiment savoir au moins un certain nombre de choses dans le domaine des sciences et des techniques...
Il faut se méfier des déclarations. Dans l'article sur l'analphabétisme en France publié par Libération le 7 Décembre 1995, Alain Bentolila, conseiller de l'Observatoire national de la lecture, fait remarquer que, d'après l'une de ses expériences, "65% des individus ayant les performances les plus basses disent n'avoir que peu ou pas de problèmes en lecture ou en écriture". Une enquête sur l'illettrisme a été conduite dans différents pays de l'OCDE (Littératie, économie et société, OCDE, Décembre 1995). Après y avoir participé, il semble que la France se soit retirée du groupe en raison de la nature des résultats ... Il parait que 40% des français "sont incapables de repérer dans un texte écrit les éléments d'information qui définissent les caractéristiques d'une plante" (un sujet presque scientifique), alors qu'il n'y a dans ce cas que 7,5% des suédois, 10,5% des hollandais, 14,4% des allemands, 20,7% des américains (et 42,6% des polonais) (source : Libération, 7 Décembre 1995, p.28). L'ampleur de l'analphabétisme en France est confirmée par l'observation des appelés du contingent : 20% au total ont des difficultés de lecture, et 8% font preuve d'un illettrisme profond. Plus grave, 38% des allocataires du RMI sont pratiquement illettrés (source : Libération, 7 Décembre 1995, p.29). On imagine le handicap social et économique que cela représente. Cette situation est le signe d'une crise profonde du système éducatif par rapport à laquelle le cas particulier des sciences parait relativement secondaire.
On sait que la vulgarisation des sciences n'intéresse qu'une minorité, que l'on peut évaluer à 25% environ de la population (voir la première partie). Naturellement des facteurs émotionnels associés à des questions d'origine scientifique et technique (Tchernobyl par exemple) peuvent concerner une fraction beaucoup plus large de la population ... On constate qu'entre les différents sondages les contradictions sont parfois fortes. Ceci indique que l'attitude du destinataire des messages à contenu scientifique fluctue. Probablement en fonction de l'image qu'il veut donner de lui même, et il est assez clair que montrer de l'intérêt pour les sciences et les techniques est, le plus souvent, une attitude valorisante dans le contexte culturel habituel. Celui-ci, comme l'exprime clairement la philosophie du projet de l'AAAS, "Science for all Americans", favorise la vision d'un monde "illuminé par les principes et les concepts de la science" pour le rendre "plus compréhensible et plus intéressant". Cette conception scientiste du rôle de la science reste la doctrine officielle de la grande majorité de la communauté scientifique. Elle a certainement encore une grande influence. On le voit par les réponses aux questions des enquêtes. Mais elle fait sûrement partie, elle aussi, des "mythologies programmées" qui dominent nos comportements sociaux. Car les pratiques (la consommation télévisuelle, par exemple), et le niveau réel des savoirs, montrent que la réalité est beaucoup plus nuancée.
Bibliographie
Frédéric Bon et Daniel Boy : Les français et la science La Recherche n°120, Mars 1981 pp 344-352
Frédéric Bon et Daniel Boy : Evolution de l'opinion publique à l'égard de la recherche scientifique entre 1972 et 1982 CPE Ministère de l'Industrie et de la Recherche, Novembre 1983, 63pp.
Daniel Boy : Les attitudes des français à l'égard de la science Ministère de la Recherche et de la Technologie, 1989, 46pp
Daniel Boy et Anne Muxel : Les jeunes et la science, étude sur les attitudes des onze-dix-sept ans à l'égard de la science CEVIPOF 1989
Jean-Paul Dufour : La science hors l'école Le Monde Mercredi 30 Août 1989
La culture scientifique et technique des français Département Evaluation et Prospective, CSI, Février 1991, 54pp.
John R. Durant, Geoffrey A. Evans and Geoffrey P. Thomas : The public understanding of science Nature, 340, 11-14, 6 July 1989
A.M. Lucas : Public knowledge of elementary physics Phys. Educ. 23 (1988) 10-16
A.M. Lucas : Public knowledge of Biology Journal of Biological Education 21 (1987) 41-45
A.M. Lucas : Public knowledge of radiation Biologist (1987) 34 125-129
A.M. Lucas : Interactions between formal and informal sources of learning science in Communicating Science to the Public John Wiley and Sons, London, 1987, pp 64-87
Ward Worthy : AAAS offers guidelines to combat scientific illiteracy problem, Chemical and Engineering News, 13 March 1989, pp 22-24
P.L. Lijnse : Does science education improves the image of science ? Science Education 67 575-582 (1983)

II. Journaux, revues et radios

Articles et émissions sont le plus souvent l'oeuvre de journalistes. Il existe une Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d'Informations, (AJSPI) créée en 1955. Elle regroupe la plupart des professionnels. Le contenu de leurs productions oscille entre l'information pure, l'exposé factuel des découvertes presque dans les termes de la communauté scientifique, et une reconstruction du discours savant, une mise en scène séduisante pour le public. Le journalisme est l'une des voies royales par lesquelles la science pénètre dans la culture. Le sujet sera traité brièvement, car nous avons montré dans la première partie que la presse avait toujours joué un rôle primordial dans la diffusion de la culture scientifique par la "route du spectacle". En effet, les bons journalistes scientifiques utilisent toujours un certain nombre de procédés littéraires éprouvés pour retenir l'attention du lecteur. C'est tout leur art et on ne saurait le leur reprocher. Par ce moyen, de vraies informations scientifiques sont acceptées "en douceur" par lecteurs ou auditeurs.
Le degré de complexité du contenu, et la dose de romance, dépendent de la culture de la clientèle à laquelle s'adresse le média. Par exemple, des articles très scientifiques peuvent être écrits dans La Recherche, qui est une sorte de revue "secondaire" que lisent les chercheurs, les ingénieurs, les gens dont le métier est proche de la science ou qui ont une forte attraction pour ces sujets. Il en est ainsi de quelques articles de journaux "graves" (comme Le Monde) et des revues techniques qui font le point sur beaucoup de découvertes, comme l'Usine Nouvelle. D'autres, comme beaucoup d'articles de Libération ou du Figaro, soignent l'aspect "littéraire" de leurs articles, même si le niveau de complexité est assez élevé. Libération publie en outre des encadrés très pédagogiques qui expliquent d'une manière très claire comment fonctionnent certaines technologies (ces articles viennent d'être rassemblés dans un ouvrage en deux volumes : "Le pourquoi du comment").
On doit distinguer dans la presse les journaux qui publient régulièrement des pages scientifiques, par exemple avec un rythme quotidien ou hebdomadaire. Ce sont en général les grands quotidiens de la presse parisienne. Pour assurer la production, les journalistes dépouillent les dépêches de l'AFP Sciences, exploitent leurs carnets d'adresse ou les communiqués de presse des organismes de recherche. Ils sont généralement très bien informés et fonctionnent comme des intermédiaires, quelquefois recherchés, entre la presse et le monde scientifique. Leur rôle est particulièrement important lorsque se présentent des affaires éthiques ou qui mettent en jeu des problèmes polémiques (pollutions par exemple). Ils fonctionnent quelquefois comme des révélateurs, des "chevaliers blancs", comme pour les autres affaires, politiques, économiques, judiciaires, etc.... Ils sont là aussi en équilibre entre l'information nue et les fantasmes sociaux du moment.
Les hebdomadaires, qui sont construits sur une structure mosaïque couvrant tous les aspects de la société, ont en conséquence des rubriques scientifiques plus ou moins suivies. Elles sont en général beaucoup moins didactiques que les pages spécialisées de leurs confrères quotidiens.
Les revues de vulgarisation scientifique mensuelles mélangent textes et images (un problème fondamental dans la vulgarisation scientifique -- voir la première partie et le chapitre consacré au sujet --). A l'intérêt "littéraire" se juxtapose donc la nécessité d'éléments de séduction esthétiques visuels. Un nouveau mensuel, Eurêka, proposé par Bayard Presse, est apparu en Octobre 1995. Il semble que sa formule soit basée sur une exploitation particulièrement soignée (au goût du jour...) des thèmes dominants dans l'iconographie et le récit conventionnel de vulgarisation scientifique. On ne sait pas encore si ce nouveau venu abordera des sujets vraiment polémiques. Jusqu'à présent, seul Science et Vie s'est fait une spécialité de ce genre de "papiers". Ce mensuel adopte aussi une position vigoureusement rationaliste. Un risque courant pour ces revues est en effet de se laisser tenter par les spectaculaires récits para-(ou méta- ?)scientifiques (les OVNIS par exemple...)
On distingue les revues grand public mensuelles généralistes qui traitent de plusieurs domaines de la science ou de la technique et celles qui sont plus spécialisées. Parmi les généralistes, outre La Recherche et Pour la Science qui s'adressent à un public déja trés informé, on peut citer : Science et Vie, Les Cahiers de Science et Vie, Science et Vie Junior, Sciences et Avenir, Sciences et Nature, la Revue du Palais de la Découverte, Ca m'intéresse. Du coté spécialisé, l'Astronomie, Ciel et Espace, Minéraux et Fossiles, Terre Sauvage , ... Il y a de multiples publications qui traitent des questions de santé, de médecine, d'agriculture, d'électronique, de mécanique, et bien entendu d'informatique (voir tableau). Il existe un certain nombre de revues, destinées à un public spécialisé, qui débattent les questions liées aux rapports entre la science et la société notamment Alliage : culture-science-technique, une revue trimestrielle.
L'Université de Caen abrite une banque de données qui décrit le contenu d'environ 15000 articles de vulgarisation publiés par ces revues. Elle est accessible par telnet://articlesfr@caen1.unicaen.fr (en utilisant "USERNAME : ARTICLESFR)
Dans le cas des hebdomadaires, comme dans celui des revues mensuelles de vulgarisation scientifique, l'attention du lecteur sur le contenu du numéro courant est captée par des affichettes déployées dans les kiosques. Lorsque le thème du dessin est scientifique, il faut noter que le graphisme est très fréquemment agressif avec des formes de pointes, des éclats de métal, des couleurs violentes. Ces affichettes, que tout le monde voit, contribuent à créer une image de la science qui est celle d'une force affirmée et conquérante qui s'impose à tous...
La grande presse provinciale ne contient pratiquement pas de rubriques scientifiques. Les patrons de ces groupes de presse ont affirmé récemment en public (à l'occasion d'un Colloque organisé en 1994 par l'Admitech) que leurs lecteurs ne s'intéressaient pas à ces sujets et que par conséquent, il n'était pas nécessaire de les traiter régulièrement... Par contre, il existe de petites revues locales qui n'hésitent pas à proposer à leurs lecteurs des articles scientifiques.
Pour faciliter l'information des journalistes, en particulier ceux qui n'ont que des rapports occasionnels avec des sujets scientifiques, le CADAS, l'Académie des Sciences et la Cité des Sciences et de l'Industrie ont mis en place le service "Science Contact", qui permet de les mettre très vite en relation avec des experts sélectionnés qui peuvent répondre à leurs questions. La presse provinciale, les radios, les télévisions et les journaux pour enfants utilisent ce service. Dans le cadre des Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, l'équipe de Science Contact a publié en 1993 un ouvrage sur "Les sources de l'information scientifique et technique : environnement, médecine, énergie, agroalimentaire, biologie, informatique, ..." qui donne les adresses de plus de 800 organismes répartis dans 28 rubriques thématiques avec l'indication de la nature de leurs ressources documentaires et des index par mots clés.
Il existe d'excellentes émissions scientifiques radiophoniques. Des émissions de fond, à l'occasion desquelles les chercheurs s'expriment, sont produites par France-Culture. Radio France, et des radios "périphériques", quelquefois membres d'un réseau national, diffusent des "spots" de quelques minutes qui présentent un thème scientifique ou technique quelquefois assez complexe. La science s'introduit aussi spontanément dans beaucoup d'émissions destinées à des catégories socioprofessionnelles, comme les industriels, les agriculteurs, les femmes, etc...
1   2   3   4   5   6   7   8   9   10   ...   19

similaire:

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconConférences et colloques de l’Académie des sciences

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconLa place des sciences juridiques par rapport aux Autres sciences
«La connaissance claire de quelque chose fondée soit sur des principes évidents et des démonstrations»

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconFaculté des Sciences Département d’Informatique Masters : Socle Commun...
«génération des nombres pseudo aléatoires» qui est primordiale pour les différentes applications, qui sont

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconSciences de l'Education Sciences Sociales – Sciences Techniques des...

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconTp-td de Sciences de la Vie et de la Terre – Classe de seconde Enseignement commun
«maj» () puis maintenir le bouton gauche de la souris et la déplacer vers l’avant pour s’éloigner et vers l’arrière pour zoomer

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconLa haute montagne française
«pays» remarquablement individualisés les uns par rapport aux autres tout en étant intimement soudés par l’incomparable dénominateur...

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconEmmanuel Leriche
«Mécanique» est proposé à l’Université Lille IL s’inscrit dans le domaine «Sciences, Technologie, Santé» et est accessible via le...

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconFranz Kafka «Rapport pour une Académie»
«devenu» homme, qui, pour s’en sortir, a trouvé une issue, non pas la liberté, «bien souvent source d’illusion parmi les hommes»...

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconRapport : Un rapport général de votre parc de pc est disponible....

Rapport commun academie des sciences / cadas N° 6 iconRéunion de l’Académie nationale de médecine des États-Unis d’Amérique








Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
p.21-bal.com