Socialisation, rapports sociaux de classes et construction des goûts sportifs








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Socialisation, rapports sociaux de classes et construction des goûts sportifs

Introduction :

Définition de la socialisation : Murielle DARMON, « la socialisation, c’est le processus qui forme et transforme les individus ».

Le corps est un support de communication, il fait parti de la vie quotidienne. C’est par le corps qu’on est perçu. Les acteurs sont en représentation, le corps est l’objet de cette représentation selon GOFFMAN.

Le corps est façonné par le social dans ses apparences (Ex : inégalités de santé, de poids et de taille) et dans les manières de le présenter.

Marcel MAUSS parle de techniques du corps qui évoluent (Ex : techniques de nage, façon de marcher).

Luc BOLTANSKI parle d’usages sociaux du corps et montre qu’en fonction des groupes sociaux, il y a une culture différente du corps (Ex : la consommation médicale).

Pierre BOURDIEU considère que le corps fonctionne comme un emblème de classe, il symbolise la position sociale. Il dit aussi que le corps est un « pense-bête » du social. Les expériences sociales marquent notre corps d’une façon particulière.

A. L’espace des sports et ses évolutions

1. L’espace des positions sociales de Pierre BOURDIEU

C’est un espace construit autour de deux axes, BOURDIEU cherche à schématiser la structure de la société française. Sur cet espace, il positionne les différents individus en fonction d’un certain nombre de ressources.

Cet espace permet de classer les individus selon leurs ressources, leur capital économique et leur capital culturel.

On peut voir également une superposition des corps :

- Plus on va vers le haut de l’espace, plus les corps vont être grands, minces, avec une espérance de vie plus grande, des pratiques sportives spécifiques et un corps plus esthétisé.

- Plus on va vers le bas de l’espace, plus les corps vont être petit, avec une corpulence plus forte, une espérance de vie plus basse et un corps outil.

2. La construction de l’espace des sports

a) Les premières classifications

Michelle METOUDI va étudier la répartition des pratiques sportives. Elle identifie quatre critères 

- Le coût de l’activité

- Pratique collective ou individuelle

- Pratique de pleine nature ou non

- L’instrumentation

Elle va combiner ces différents critères entre eux et met en évidence deux groupes de pratiques aux caractéristiques bien différentes. Le premier ensemble de pratiques est constitué de pratiques peu chères, pas de pleine nature, collective et peu instrumentées. On y trouve tous les sports collectifs, certains sports de combat.

A l’opposé, le deuxième ensemble est composé de pratiques chères, de pleine nature, individuelle et instrumentées.

METOUDI montre qu’il y a une correspondance entre les caractéristiques techniques des pratiques et des caractéristiques sociales des individus.

Cette classification est assez grossière mais elle va inspirer des travaux.

b) L’espace des sports de Christian POCIELLO

Son premier travail sur l’espace des sports date de 1981. Il va systématiser le travail de METODI, il va utiliser une analyse multifactorielle pour repérer des caractéristiques techniques qui sont socialement représentatives. Par exemple, les activités instrumentées demandent des connaissances techniques voire scientifiques et vont donc attirer d’avantage les populations favorisées.

POCIELLO va utiliser des outils statistiques et son analyse va mettre en évidence un certain nombre de critères :

- L’instrumentation et la distanciation : il défend l’idée que plus il y a d’instrumentation, plus il y a de distanciation, plus la pratique va attirer les individus des milieux favorisés.

La distanciation est la distance par rapport à l’adversaire. Par exemple, en lutte il n’y a pas de distance avec l’adversaire. On peut faire la même remarque concernant les sports collectifs (Ex : volley = distance, milieux plus favorisés ; rugby = pas de distance, sport populaire).

- Ancien et nouveau : l’histoire des pratiques a une influence sur les pratiquants. Les pratiques nouvelles ont un rôle de distinction sociale. Les pratiques anciennes se sont divulguées.

- La force, la grâce, l’énergie et les réflexes : POCIELLO identifie des modes dominant de mise en jeu du corps : les pratiques de force (Ex : l’haltérophilie), de grâce qui valorisent la dimension esthétique (Ex : la danse), énergétiques (Ex : les sports collectifs, le cyclisme) et à dominante réflexe où la prise d’information est plus importante que l’énergie (Ex : la planche à voile). La plupart des sports combinent ces différents critères.

3. L’homologie entre l’espace des sports et l’espace des positions sociales

L’espace des sports traduit les différences de rapport au corps des individus occupant des positions sociales différentes. Cet espace des sports est un espace de demande et celui des positions sociales est un espace d’offre. On peut les superposer et voir quelles pratiques attirent plutôt les individus de telle situation sociale.

POCIELLO remplace les « réflexes » par les « sports technologiques et informationnels », « énergie » par « corps outil/instrument », « grâce » par « sports écologisés » et « force » par « sports motorisés ».

Un des premiers intérêts est de montrer que ce qui intervient dans le choix d’une pratique n’est pas toujours le critère économique mais plutôt le degré d’affinité entre les caractéristiques de cette activité et les dispositions de l’individu. Les dispositions sont des tendances à agir de telle ou telle manière.

Pour le tennis, POCIELLO différencie le « tennis chic » du « tennis quick ». Il suppose qu’une activité peut se pratiquer selon différents styles de jeu. En fonction des styles de jeu, le tennis ne va pas occuper la même place dans l’espace des sports et donc ne va pas être pratiqué par le même type de population.

Il y a des différences techniques mais aussi symboliques.

Cet espace des sports s’inscrit dans un espace des styles de vie. Les pratiques sportives ne sont pas à part mais s’insèrent dans les pratiques quotidiennes, on parle de cohérence de l’habitus.

La socialisation familiale joue un rôle central dans la construction des goûts sportifs. Les cas de transmission des pratiques des parents aux enfants sont très courants. Les pratiques sportives sont transmises de père en fils et de mère en fille.

Pour conclure sur cette relation d’homologie entre les deux espaces, des sports et des positions sociales, on peut noter deux points essentiels :

- Il ne faut pas essentialiser les caractéristiques d’une activité : un sport se caractérise par sa position par rapport aux autres sports. Dans l’espace des sports, le football se place plutôt vers le bas, par rapport aux autres sports.

- L’habitus oriente les individus vers un ensemble d’activités et non vers une seule pratique.

4. Les limites de l’espace des sports

• Une représentation valable à un moment historique et dans une société donnée

• Difficulté à rendre compte des oppositions entre des pratiques relativement proches : l’exemple de la course à pied (Defrance) ( au-delà des épreuves sur piste il va s’intéresser au développement des courses sur route (années 70) touchant un public différent plus favorisé, ayant plus de capital culturel. Il remarque des différences symboliques : course sur piste plus accès sur la victoire, course sur piste plus accès sur la convivialité.

• Sport de compétition et sport loisir : des différences socialement significa tives. Dans les sports de compétition on a un public plus populaire que dans le sport loisir. Les manières de s’engager dans la pratique vont être différentes. Les milieux populaires ont « moins à perdre » que les classes plus aisées dans le sport de compétition car elle est souvent au détriment de d’autres choses.

• Tend à durcir les caractéristiques des pratiques (esthétique vs énergétiques) : certaines pratiques combinent ces deux dimensions

5. L’évolution de l’espace des sports

A° L’évolution des modes de vie : structure de l’espace des sports et conjoncture (Clément et Defrance)

Avec l’évolution des modes de vie les habitus et le rapport au corps se modifient. Après la 2nd guerre mondiale : montée des classes moyennes et donc massification des sports. Il va y avoir un changement de conjoncture autour de la fin des années 60- début 70. Dans les années 60 le model sportif traditionnel (sport fédéral) domine où la performance prime. Début 70 une nouvelle conjoncture apparaît avec le questionnement sur les institutions en place, conjoncture anti institutionnelle. Période favorable au développement de nouvelles pratiques opposées au model fédéral (sport de nature, de glisse…). Elles vont être plus accès sur le plaisir que sur la performance. Le model dominant va basculer. Dans les années 90 des pratiques vont se sportiviser (snowboard, free ride…). On voit aussi des permanences à travers les évolutions.

B° Les évolutions technologiques : le cas de la perche (Defrance)

C’est un facteur de l’évolution des sports. Certaines innovations peuvent permettre le développement de nouvelles activités (sports de glisse : nouveaux matériaux industriels). Les nouveaux matériaux peuvent permettre de nouvelles modalités de pratiques : la perche par exemple. Le saut à la perche a été révolutionné fin des années 60 avec de nouveaux matériaux issus de l’aérospatiale : la fibre de verre.

Il va donc y avoir deux types de perchistes :

- perche ancienne : puissance

- perche fibre de verre : vitesse

Au début il va y avoir des résistances sur le marché aux perches en fibre de verre. Tout d’abord interdites par la fédération car on va considérer que ce n’est pas du vrai saut, du vrai sport mais plus du cirque. Il s’est passé la même chose avec le surf qui est resté une pratique marginale longtemps car on se disait que ce n’était pas du sport mais des acrobaties dans les vagues.

Il faut que les mentalités soient favorables à l’activité pour qu’elle se développe.

C° Les processus de divulgation et de distinction (Le Pogam)

Un sport qui se divulgue est un sport qui se démocratise, qui s’ouvre à une catégorie de pratiquants plus modestes : le tennis par exemple. Ce processus de divulgation est associé au processus de distinction, quand certaines pratiques se divulguent on observe un départ des pratiquants les plus favorisés vers des pratiques plus récentes le plus souvent assez onéreuses pour continuer à se distinguer. Cela peut se faire au sein même de la pratique : le ski par exemple.

D° Des usages différents dans des conjonctures différentes

• Une pratique peut faire l’objet d’usages différents à des moments différents

• Une « plasticité » variable : certaines activités changent plus que d’autres. Plasticité malléable selon l’activité. Lorsque des nouveaux entrent dans l’activité ils cherchent à la modeler à leur image

• Le rôle des nouveaux entrants : l’exemple de la sportivisation du judo (Clément) ( Objectif éducatif à la base car importé par les professeurs d’éducation physique puis ensuite courant compétitif et non compétitif. Le parachutisme : d’un sport militaire à un sport de glisse (Loirand) ( la plupart des pratiquants ont appris durant leur service militaire. Avec le développement de certains clubs le parachutisme va se développer vers d’autres pratiquant plus aisés qui vont l’interpréter différemment avec des caractéristiques symboliques nouvelles.

E° Des usages différents dans une même conjoncture : l’idée de sous espace de pratique

• L’exemple du tennis (Waser) : des styles de jeu et des sociabilités spécifiques. Elle a étudié l’espace des clubs de tennis à strasbourg. Elle va comparer les caractéristiques sociales : clubs élitistes et plus ouverts. Elle va comparer leur lieu d’implantation, la réglementation la cotisation, la sociabilité au sein du club. Différents types de jeu selon les classes.

• L’exemple du canoë-kayak (Lapierre) : Activité beaucoup pratiquée hors club. Il repère trois grands groupes de pratiquants : touristes (pratique en rivière), compétiteurs (niveau culturel faible, pour la compétition) et puristes (pratiquants avec un très bon niveau de maîtrise et contre la compétition, niveau culturel important).

• Le rugby ou la guerre des styles (Pociello) : rugby de tranchée et rugby champagne. Il a étudié les joueurs de première division, leur style de jeu. La répartition des joueurs sur le terrain ne se fait pas de manière aléatoire d’un point de vue social. Parmi les avants les agriculteurs et les petits commerçants sont surreprésentés. Les cadres sont surreprésentés à l’arrière. Dans des équipes du sud ouest on retrouve le rugby de contact, de tranchée. Alors qu’on remarque chez certains clubs parisiens un rugby plus aérien, un rugby champagne.

6. L’évolution des goûts sportifs

A° Effets d’âge et de trajectoire sociale

L’habitus peut évoluer avec la trajectoire sociale. On va voir des transfuges de classe : ascension ou descente sociale. L’habitus peut avec cela se transformer.

L’exemple du squash, tennis, golf (SUAUD) : il illustre ces effets d’âges avec des pratiques distinctives dans la trajectoire sociale. Il montre que dans ces 3 pratiques les pratiquants sont originaires des milieux favorisés. Mais ils n’ont pas le même rapport au sport.

Le squash va associer des caractères techniques particulières : des spécificités techniques : vitesse, réflexes et énergie. Cela va plaire à un public : les jeunes sont très représentés (effet d’âge), jeunes originaires de classes supérieures mais en début de carrière, ils n’ont pas encore une position sociale établie. Il va y avoir une correspondance entre leur manière de concevoir leur vie et leur manière de pratiquer.

Au squash Suaud oppose le golf qui a des caractéristiques inversées. Sport de « vieux » (40-45ans), le golf est un sport individuel par excellence où la progression est lente, l’apprentissage technique prend du temps. Cela permet d’entretenir un corps vieillissant. Pour être golfeur il faut disposer de deux types de ressources : économiques et une certaine position sociale.

Il est fort probable qu’une grande partie des squasheurs deviennent des golfeurs. Il y a donc des effets d’âge dans une même catégorie sociale.

B° La cohérence de l’habitus en question (LAHIRE, 1998, 1999, 2002)

Idée chez Bourdieu que l’habitus va produire des pratiques et des représentations qui auront une certaine cohérence. Aujourd’hui les socialisations sont multiples dés le plus jeune âge. Socialisations multiples et hétérogénéité de l’habitus car ces socialisations ne transmettent pas toutes les mêmes valeurs. Il va dissocier les individus consonants et les individus dissonants (associer des pratiques culturelles que l’on pourrait penser contradictoires). Lahire ne s’intéresse pas aux priorités que donnent les gens à leurs activités. Ils associent des fois des pratiques qui ne sont pas proches dans l’espace des sports car ils ont certainement eu des socialisations contradictoires.

Lahire va faire des différences entre des dispositions fortes et des dispositions faibles. En fonction du type de socialisation les dispositions vont être plus ou moins fortes.

Des dispositions d’autant plus fortes que la socialisation est :

- précoce

- intense

- prolongée

- chargée affectivement

La socialisation familiale reprend ces 4 caractéristiques c’est pour cela qu’elle est très imprégnée.

Exemple des socialisations enfantines inversées des footballeuses (MENNESSON) : En fonction des caractéristiques de leur socialisation elles vont avoir des dispositions sexuées plus ou moins fortes (manière dont elles vont se conformer à leur appartenance de sexe). De manière générale on remarque qu’elle sont engagées dans des processus de socialisation inversés du point de vue du genre : une socialisation dans le milieu sportif précocement, dans le groupe des pairs (scolairement avec des garçons), socialisation dans la famille où elles occupent souvent la place du garçon manquant.

Lahire suggère que des dispositions fortes sont transférables et les dispositions faibles dépendent du contexte : l’exemple des étudiants des milieux populaires (BEAUD). Beaud va suivre des étudiants dans leur première année d’AES et pourquoi certains vont se trouver en échec à la fin de l’année. Ces étudiants ont eu des processus de socialisation différents : dispositions scolaires peu fortes et socialisation par les pairs dans le quartier (dispositions hédoniques ( plaisir immédiat). Le problème est que ces dispositions hédoniques sont plus fortes que les scolaires et que donc elles vont avoir tendances à ressurgir en dehors du cadre de l’université même si ils ont de la bonne volonté. Ils n’arrivent à travailler que quand ils se contraignent à aller à la bibliothèque.

Lahire dit qu’en faite les dispositions fortes vont être difficiles à modifier mais les dispositions faibles vont être plus faciles à modifier : exemple des boxeuses (MENNESSON). Les boxeuses ont une socialisation enfantine assez proche de celles des footballeuses. Elles s’entraînent avec des hommes, des partenaires d’entraînement qui insistent pour que les filles restent des filles. La famille insistait aussi beaucoup sur ce fait (les frères, le père), la disposition sexuée inversée est faible. Si les dispositions sexuées inversées sont fortes la modification va demander beaucoup de travail (marcher avec des talons chez sois, apprendre à se maquiller…). Parfois la modification est impossible car les dispositions inversées sont trop fortes.

Conclusion de l’espace des sports au champ sportif (BOURDIEU)

Un domaine historiquement constitué, centré sur un enjeu spécifique ayant ses règles du jeu fonctionnant de manière relativement autonome : l’exemple des professionnels du sport.

B. Sport et socialisation : mythe et réalités

1. Introduction

Le sport apparaît comme un instrument privilégié, solution miracle aux problèmes sociaux.

Dans ces discours la le sport n’a que des valeurs positives.

Cette idée d’utiliser le sport pour transmettre des valeurs et contrôler le social des jeunes générations. Le sport diffuse des valeurs que ses promoteurs veulent bien lui donner. Politique forte de développement d’infrastructures en réponse à une certaine marginalité sociale. A la fin des années 80-90 certains groupes de jeunes sont identifiés en situation de marginalité sociale, le sport fédéral apparaît comme assez peu adapté à la prise en charge de ces jeunes et donc apparaît des dispositifs spécifiques. Il y a peu d’évaluations sur ces dispositifs, ont les mets en place sans véritablement apparaît leurs effets.

2. Le sport, un vecteur de valeurs positives ?

(Un monde largement idéalisé

Certains auteurs attribuent au sport des vertus positives mais il y a aussi des dispositions assez diverses. BROHM va avoir une vision plus critique et parle du sport non comme libérateur (DUMAZEDIER) mais comme aliénateur. Il parle d’opium du peuple comme excellent moyen de diffusion du model capitaliste. Le sport moderne se développe en même temps que la société capitaliste. Le monde sportif est tellement divers qu’on ne peut pas parler de socialisation par le sport au singulier.

Le sport de haut niveau fonctionne souvent comme un model de référence hors la cette référence est à questionner. Les valeurs véhiculées peuvent être diverses. Le sport de haut niveau est aussi le rendement, l’exploitation des corps. Certains sociologues disent que le sport de haut niveau diffuse les valeurs de la société capitaliste. C’est difficile de considérer que le sport à une valeur en soi, le sport diffuse les valeurs qu’on veut bien lui donner. Le monde sportif peut parfois diffuser des valeurs contradictoires.On pense souvent que la pratique sportive est un bon moyen d’apprendre le contrôle de soi et permettrait de contrôler des comportements déviants. Certains travaux observent l’inverse, qu’à l’issu d’une compétition sportive le taux d’agressivité des participants à tendance à augmenter. Réguler la violence par le sport n’est pas évident.

Le sport est un phénomène pluriel qui peut diffuser des vertus variables.

Les individus des différents groupes sociaux ont des pratiques différentes ainsi que des rapports au corps différent. Dans un même sport en fonction des clubs il y a des réputations particulières, des techniques de jeu différentes.

3. Le sport comme lieu de socialisation

A° Le sport comme lieu de socialisation secondaire, CALLEDE

La socialisation secondaire est une forme de socialisation qu’on retrouve chez BERGUER et LUCKMAN. Pour eux la socialisation primaire est la socialisation précoce. Ils considèrent qu’après la socialisation primaire les individus vont être confrontés à des socialisations secondaire : travail, milieu associatif ( socialisation moins intense.

CALLEDE montre qu’on peut considérer le sport comme lieu de socialisation secondaire. Le sport est un outil privilégié des politiques d’insertions car le sport est un outil qui peut être relativement attrayant et qui peut permettre d’accéder à des publics difficiles. C’est une pratique qui peut être appréciée par les publics en difficulté. Par le sport l’apprentissage se fait par le corps, en travaillant sur le corps on peut diffuser un certain nombre de valeurs de manière efficace selon des procédés qui conviennent mieux aux publics en difficultés que ceux dits scolaires. Importance des règles dans le milieu sportif, place centrale, il faut maîtriser les règles pour s’engager dans une activité.

CALLEDE renvoi aux travaux d’HELIAS sur le processus de civilisation où le sport est un processus de civilisation pour diminuer la violence dans les sociétés modernes. Le processus de civilisation va se traduire dans le monde sportif par une réglementation des activités.

Cette règle sportive va permettre à l’individu d’acquérir des savoirs spécifiques et en même temps les règles sportives régulent le rapport aux autres, aux adversaires : forme d’apprentissage de la vie sociale.

Il insiste sur la nécessité de respecter un certain nombre de conditions à la socialisation au sein d’un groupe sportif :

- adhésion volontaire de l’individu au groupe (si un individu est obligé d’y participer il ne va y adhérer facilement, ex des prisonniers)

- il faut qu’il y ai un minimum de valeurs communes entre l’individu et le groupe qui l’accueil

CALLEDE montre qu’il y a des formes de socialisations multiples.

b° Des formes de socialisation multiples

Les caractéristiques des clubs sont diverses et donc les modes de socialisation qu’ils proposent le sont aussi.

Il propose 4 dimensions :

- normative : renvoi aux normes qui font fonctionner le club plus ou moins fortes (venir en blanc sur le cours…), plus elle va être importante plus cela va transformer l’individu

- communicative : volume des relations au sein du club, plus il est important plus la socialisation est importante

- fonctionnelle : manière dont est organiser le club, différentes fonctions plus ou moins organisées ou informelles. Plus cela est organiser plus la socialisation est importante

- culturelle : culture diffusée par le club (compétition, distinctive, populaire…)

CALLEDE dits que ces différentes dimensions se combinent et donc la socialisation est plus ou moins intense.

Il distingue deux grands types de clubs qui fonctionnent plutôt de manière :

- communautaire : intensive, intégration forte

- sociétaire : intensité plus faible, l’individu participe à l’élaboration des normes ( transforme moins l’individu

Si on prend un même club tous les sportifs ne vont pas être transformés de la même manière. Ils peuvent adhérer différemment aux valeurs du groupe. Etre très investi ou plus ou moins distant. En fonction de la position de l’individu son intégration va être plus ou moins forte et sa socialisation aussi.

Les pratiques auto organisées sont souvent critiquées car la socialisation est moins forte. Ce n’est pas la même forme de socialisation avec une fonction différente pour des publics différents que les pratiques institutionnalisées.

Ex : Opposition entre le basket en club (contraintes temporelles : entraînements fixes, compétitions prévues, joueurs catégorisés) et le basket de rue (pas de contraintes temporelles, les liens affinitaires sont privilégiés plutôt que le niveau de jeu).

Dans la pratique auto organisée ceux sont les pratiquants eux même qui fixent leurs règles ( socialisation sociétaire. Pratiques institutionnalisées ( socialisation communautaire. Ces pratiques sont plutôt complémentaire qu’antagonistes.

Certaines pratiques auraient des avantages au point de vue de la socialisation (sports collectifs) ( idée reçue. Ils ne sont pas forcément plus socialisants qu’un sport individuel où on s’entraîne rarement seul. Au contraire parfois les sports collectifs vont engendrer d’avoir à gérer des conflits incessants.

Il n’y a pas d’activité plus intéressante que d’autres mais peut être que certaines sont plus adaptées à certains publics, se rapprochant de leurs valeurs. Ce n’est pas la pratique qui est importante mais l’objectif.

4. Socialisation sportive et modification des dispositions

A° L’exemple de l’inculcation de l’habitus pugilistique (WACQUANT)

Il a étudié la manière dont la socialisation dans ce club de boxe va transformer les dispositions des boxeurs. La socialisation dans le « gym » va se faire avec et contre les dispositions construites dans le quartier. Les jeunes vont adhérer à la boxe car cela va leur permettre d’exprimer leurs dispositions du quartier, proximité avec les dispositions acquises dans le quartier et avec ce qu’ils vont devoir mobiliser dans le « gym ». A partir du moment où ils adhèrent au club ils vont devoir se transformer, entraînements intensifs, entraîneur exigent…

Liens affectifs avec les boxeurs et l’entraîneur. Les jeunes qui étaient le plus en difficulté socialement ne vont pas tenir, ils vont soit partir d’eux même soit se faire virer par l’entraîneur.

Exercices intenses, apprentissage d’une technique corporelle. Ils vont devoir transformer leur manière de se battre, la bagarre au sein du « gym » est différente que celle de la rue.

Leur rapport à la bagarre va changer, ils vont apprendre à contrôler la violence physique. A la fois apprentissage physique de la culture pugilistique mais l’entraîneur va interdire quand on est boxeur de participer aux bagarres de rues.

Cette socialisation pugilistique va régler l’ensemble de leur existence. Ils vont être fortement inciter à avoir une hygiène de vie correcte et donc transformer leur vie quotidienne ( rationalisation de leur existence consécutive à leur engagement dans la boxe.

Pour supporter les contraintes seuls les boxeurs qui avaient un cadre de vie relativement structuré, les moins en difficulté vont tenir.

On parle d’école de la marginalité, apprentissage moral en rapport à la pratique. Transformer les corps et les esprits. Apprentissages corporels et mentaux. En travaillant sur le corps l’entraîneur arrive à transmettre des valeurs morales. Cette socialisation pugilistique permet aux boxeurs d’atteindre une certaine distinction pouvant être économique mais aussi une reconnaissance sociale.

LEPOUTRE a travaillé sur le site de La Courneuve dans un club de karaté avec des jeunes de quartier. Il montre qu’un jeune mal investi dans sa carrière scolaire va se réinvestir scolairement après des années d’investissement sportif : apprentissage du goût de l’effort.

La socialisation par le sport peut transformer les individus à condition qu’elle soit intensive.

B° Transformer les dispositions des jeunes des quartiers populaires : le cas du hip-hop (FAURE et GARCIA)

Les politiques publiques : une tension entre soutien et contrôle. Désir d’aider, de contrôler et de transformer. Ces dispositifs mis en place par des services culturels (mise en place d’aides financières) vont favoriser la création chorégraphique du hip hop et différentes formes de pratiques. Organisation de battle/Organisation de spectacle. Favorisation de la dimension chorégraphique avec plus de mouvements debout que d’acrobaties, pratique plus féminisée. Les jeunes les plus en difficultés ne se retrouvent pas dans ce dispositif : pour eux ce n’est pas du « vrai » hip hop et vont quitter la structure en ne bénéficiant pas des aides financières.

L’objectif des dispositifs va être d’apprendre à se prendre en main, de construire des projets, ces jeunes vont adhérer à la formation de spectacles, cela concerne certains jeunes et donc pas les plus défavorisés.

Les dispositifs sont donc efficaces pour certaines jeunes. Ils sont en train de se professionnaliser dans le monde du hip hop (pratique intensive.

C° Socialisation sportive et inculcation de la vocation : l’exemple du haut niveau

Travaux sur la question des carrières (HUGUES) : pour devenir SHN il faut obtenir des niveaux de performances et qu’il y ait des transformations subjectives, il va falloir construire l’idée qu’on est fait pour ça.

Si on n’a pas la vocation on peut avoir les compétences mais on aura pas l’idée de les exploiter, il faut avoir l’idée d’être « élu ». Cette idée là se construit au sein de la socialisation familiale) : photos de l’enfant en pratique dans la famille, médailles, trophées…

Ainsi certains sportifs se construisent l’idée qu’ils sont doués pour ça mais il faut aussi penser cela comme une carrière enviable. Voir le haut niveau comme un monde enchanté. L’exemple de l’athlétisme (FORTE) et de la gym (PAPIN). A un moment donné les familles des milieux favorisés sont assez réticentes face au haut niveau car ils ont peur car la réussite scolaire en pâtisse. Alors que dans les milieux populaires ils n’attachent pas trop d’importance à la carrière scolaire et donc ont plus de facilité à s’engager dans le haut niveau.

Il va y avoir une étape centrale où il va y avoir des transformations majeures, moment où le SHN va être pris en charge par une institution (sport études, études aménagées…). La distance va se créer entre les sportifs et les jeunes normaux. Socialisation exclusive centrée sur la performance (SABLIK). Les réseaux relationnels vont se réduire à la sphère sportive.

La socialisation sportive va avoir des conséquences :

- physique : développement important de la musculature

- façon de s’engager dans l’activité : le rapport à la violence (POUPART)

Quand la carrière s’intensifie la carrière scolaire apparaît comme concurrente, malgré le discours rassurant sur la double carrière quand on regarde la réalité les objectifs sportifs sont privilégiés. On voit souvent une distanciation apparaître face à la carrière scolaire, les choix des études se font souvent en fonction de la carrière sportive et très peu l’inverse.

Cela va les transformer en terme de rapport au corps mais aussi en terme de rapport au monde. Si la réussite sportive facilite l’insertion sociale, la socialisation sportive intensive complique l’insertion sociale. Effets un peu paradoxaux en matière d’insertion sociale.

5. Les limites de la socialisation par le sport

A° Les spécificités des publics cibles et l’inadaptation des dispositifs traditionnels (DURET)

On va s’intéresser aussi aux travaux de DUBET. Il a travaillé sur les jeunes en situation de difficultés scolaires et de marginalité sociale et il a qualifié leur situation « la galère ». Ils montrent qu’ils ont un problème avec les horaires : incapacité de s’inscrire dans des horaires définis. Ils ont une difficulté d’envisager l’avenir, ils n’ont pas de logique d’investissement et donc on des problèmes pour l’entraînement. Ils ont du mal à s’engager dans l’apprentissage. Ils ont une manière de s’exprimer particulière : « la tchatche », ils utilisent régulièrement l’injure comme moyen de communication sans avoir forcement l’objectif d’offenser l’individu. Ces jeunes là vont avoir des difficultés à s’adapter aux dispositifs. Peu de clubs s’intéressent à cette question là. L’objectif premier du club est de faire des résultats, ce sui est contradictoire avec une logique d’insertion de certains publics.

DURET distingue de groupes de jeunes :

• ceux en galère, en très grande difficulté. Il dit que ces jeunes là sont très attachés au quartier et que des politiques ont été mises en place pour les faire sortir du quartier mais ceux sont ceux les moins en difficultés qui ont accepté cette politique. Il prpose des dispositifs en bas d’immeubles.

• ceux précaires, en moins grandes difficultés. Il dit que pour ces jeunes là on peut envisager des dispositifs pas forcement en contact immédiat avec leur habitation. Il propose de construire des projets de pratique sportive, discuter des règles, s’impliquer dans les tâches d’encadrement, d’arbitrage…

B° La ségrégation sociale des pratiques : le sport comme lieu d’exclusion et de ségrégation : une socialisation différentielle (PARISOT)

Beaucoup de beaux discours sur le mixage, le brassage de cultures dans le sport. Mais il y a des clubs socialement différenciés. Le sport socialise mais chacun à sa place.

C° Intégration sportive et intégration sociale : quand la socialisation sportive compromet l’intégration sociale

L’intégration au groupe sportif n’est pas forcément l’intégration sociale. La socialisation transforme le comportement mais pas forcément les autres domaines. Cette socialisation sportive intensive va même parfois compromettre l’intégration scolaire. La socialisation sportive dans ce cas s’oppose à l’intégration sociale.

Conclusion :

On pense souvent le sport comme un remède miracle mais c’est plus compliqué. Le sport est un lieu de socialisation secondaire parfois efficace : thérapie pour personnes en difficulté mais accompagné de d’autres dispositifs. Elle est efficace car elle passe par le sport, implique un apprentissage par corps. En transformant le rapport au corps bien souvent on transforme le rapport au monde. Néanmoins cela marche en cas d’apprentissage intensif. La socialisation sera d’autant plus efficace qu’elle sera précoce, intensive, prolongée et chargée en affectivité. Dans le cas d’une pratique 2 fois par semaine, on peut parler de socialisation mais elle ne va pas changer de manière fondamentale l’individu, ce sera des transformations plus périphériques.

La socialisation par le sport peut transmettre des choses très différentes, on peut transmettre les normes qu’on veut en fonction du niveau de pratique, du lieu de pratique, des PCS des pratiquants…

Les effets de la socialisation par le sport sont des effets socialement situés.

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